Généralités sur la culture

Généralités sur la culture

La culture est un concept très vague – vague sur le point qu’on ne sait plus par quoi l’on va la déterminer et comment l’on doit la définir. Mais en inspirant les œuvres de plusieurs auteurs à ce sujet et via de notre thème en question, nous allons essayer de cerner celle-ci avec plus de précision. Pour commencer, nous allons remonter notre étude par la définition étymologique de notre sujet.  Culture L’étymologie même du mot culture la rend proche de la nature : elle vient du mot latin « colere », qui a donné le mot « agricultura ». Pour les latins, elle se réfère ainsi d’abord à la culture du champ puis à la culture de l’esprit (« animi cultura ») qui, chez Cicéron, désigne la philosophie. Et il a affirmé que : « Un champ si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement, tant il est vrai que chacun des deux facteurs de la production est impuissant en l’absence de l’autre. Or la culture de l’âme, c’est la philosophie : c’est elle qui extirpe radicalement les vices, met les âmes en état de recevoir les semences, les leur confie et, pour ainsi dire, sème ce qui, une fois développé, jettera la plus abondante des récoltes. » La culture sert une notion clé de l’anthropologie, définie en 1871 par Edward Burnet Tylor comme « un tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l’art, la morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société ». Si cette définition demeure une référence, la notion de culture fait l’objet de nombreuses autres acceptions et théories. Le débat autour du concept de culture s’articule par la suite autour de la question de la distinction entre culture et société. Les structuralistes proposent une vision moins inclusive de la culture et moins déterministe dans la mesure où ils considèrent que seule l’analyse de la structure sociale peut rendre compte de façon pertinente de la manière dont les individus et les groupes produisent et sont les produits de leur contexte culturel. La culture, considérée alors comme un ensemble de normes de comportement, de symboles et d’idées, apparaît secondaire par rapport au système social. La philosophie de Jean-Jacques ROUSSEAU8 , nous confirme que c’est la propriété qui donne lieu à la naissance de la société, a corrompu les hommes et développé l’inégalité. Il 8 Jean-Jacques ROUSSEAU, Les discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, 1975 19 disait : « Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : « Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire » , fut le vrai fondateur de la société civile… » Ainsi la culture éloigne-t-elle peu à peu l’homme de l’état de nature qui assurait son bonheur. Les enrichissements successifs de l’idée de culture permettent de la définir à la fois comme : – Les croyances, les comportements, les langages, le mode de vie propre à un groupe d’individus à un temps donné ; – L’ensemble des connaissances acquises par un individu. La première renvoie à un sens proche de celui du concept civilisation, qui désigne l’ensemble des croyances, des conventions sociales, et l’état d’avancement social qui caractérise une société. La deuxième définition nous emmène au sens très proche de la culture générale. Cela implique que cette culture individuelle est comme la culture du groupe, instrument de cohésion et d’exclusion : certains individus sont considérés comme cultivés car ils maîtrisent les mêmes connaissances, adoptent les mêmes pratiques culturelles et se reconnaissent entre eux comme cultivés. Pour Claude Lévi-Strauss :« Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l’étage de la culture. »Une culture9 peut être présentée comme un ensemble de représentations et de pratiques agencées en ordre symbolique (…) quiorganise et donne sens au monde dans une signification singulière, propre à un groupe social et à une époque déterminée. »Pour Lévi-Strauss, dans l’au-delà de toute humanité se trouve la culture. Ainsi, il nous donne une explication très claire à ce point de vue et on ne plus se peut passer d’elle. Ainsi affirmait-il : « Posons donc que tout ce qui est universel, chez l’homme, relève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. »  Acculturation Définition classique de l’acculturation selon Redfield, Linton, Herskovits (culturalistes)10 : ensemble des phénomènes qui résultent ducontact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les modèles initiaux de l’unou des deux groupes ». En somme, c’est un processus par lequel d’anciennes significationssont attribuées à des éléments nouveaux ou parlequel de nouvelles valeurs changent lasignification culturelle des formes anciennes. 9 Géraud, Leservoisier, Pottier, Les notions clés de l’ethnologie, Paris, Armand Colin, 2004, p. 90 (chapitre Culture) 10Herskovits, Les bases de l’anthropologie culturelle, cité dans Les notions clés de l’ethnologie, chapitre « Acculturation » 20  Tradition11 Etymologiquement, la notion de « tradition » vient du mot latin traditio qui veut dire « acte de transmettre », et vient du verbe tradere, « faire passer à un autre, livrer, remettre ». Littré en a distingué quatre sens principaux : « Action par laquelle on livre quelque chose à quelqu’un » ; « transmission de faits historiques, de doctrines religieuses, de légendes, d’âge en âge par voie orale et sans preuve authentique et écrite » ; « particulièrement, dans l’Église catholique, transmission de siècle en siècle de la connaissance des choses qui concernent la religion et qui ne sont point dans l’Écriture sainte » ; « tout ce que l’on sait ou pratique par tradition, c’est-à-dire par une transmission de génération en génération à l’aide de la parole ou de l’exemple » (Dictionnaire de la langue française). Il faut éviter de confondre entre eux deux verbes que sous-entend la notion de « tradition » : « remettre » et « transmettre », tradere et transmittere. Le premier se rapporte à une « chose remise » ou à un « objet livré » selon une convention ou un contrat entre des parties. Le second répond à l’acte même de la transmission entre des sujets, et désigne non seulement des contenus mais aussi des opérations et une fonction, de portée universelle, car, de même que l’invention ne peut être réduite à la description, à l’histoire ou à l’analyse des objets inventés, la tradition ne saurait l’être à celles des « contenus » transmis, qu’il s’agisse de faits, de coutumes, de doctrines, d’idéologies ou d’institutions particulières. La transmission des choses et des pratiques, et des représentations collectives se fait par elle-même. Et il ne faut pas exagérer que la famille joue un grand rôle à ce niveau. Car dans les sociétés archaïques l’enfant échappe très vite à la famille proprement dite, surtout les filles au père et les fils à la mère. Ainsi cette éducation garantit les droits et la cohésion précisément par cet entrecroisement des éducations.  Us Us et coutumes sont des locutions presque inséparables. Leur sens en est les habitudes et les traditions qui sont tous les synonymes de mœurs. Les règles de savoir-vivre sont donc le moyen le plus sûr pour traiter ou pour déchiffrer les comportements de la population en question. Ces règles de savoir-vivre sont :les présentations ou la manière de se saluer, la nourriture, la conversation, les affaires, les cadeaux ; pendant les grandes occasions comme les anniversaires, les enterrements, la naissance d’un enfant, la circoncisons, le mariage,…etc.  Mœurs 11Marcel MAUSS (1931) « La cohésion sociale dans les sociétés polysegmentaires ».Communication présentée à l’Institut français de sociologie. Extrait du Bulletin de l’Institut français de sociologie, I, 21 Au terme de « mœurs » sont associées deux sortes de significations, dont la cohérence et la précision diffèrent. D’abord, ce mot peut être pris pour synonyme de manière d’être, de faire, de sentir, de penser. Rapportées à un peuple ou à un individu, ces manières constituent un ensemble de traits distinctifs. En considérant la variété des mœurs et des coutumes, les explorateurs, puis les ethnologues, ont été conduits à adopter un relativisme plus ou moins sceptique. À ce relativisme ethnographique s’ajoute parfois un relativisme historique, ou plutôt historiciste. Les mœurs de nos contemporains ne sont plus celles de nos ancêtres. Chez les Latins, on opposait à la corruption moderne les mœurs des ancêtres : « mos majorum ». Au contraire, dans la perspective évolutionniste qui a longtemps prévalu en raison du prestige attaché à l’idée de progrès, les mœurs des peuples civilisés sont censées plus raffinées, plus « humaines », que celles, grossières ou barbares, de l’ancien temps. La monogamie constituerait un progrès par rapport à la polygamie ; les conduites extrêmes de soumission et de dépendance qui marquaient les rapports entre le seigneur et ses paysans constitueraient des mœurs ridicules et odieuses dont l’homme moderne s’est défait en même temps que les préjugés absurdes qui leur étaient associés. Les mœurs, quand elles sont appréhendées comme des pratiques contingentes, particulières et datées, ne possèdent aucun des caractères que la philosophie ancienne attribue à la morale. Les mœurs n’ont évidemment rien de commun avec l’impératif catégorique. 

Considérations théoriques sur la modernité et la mondialisation

Dans des rares de cas, il est presque impossible d’évoquer le mot « modernité » sans pour autant parler la notion de la « mondialisation ». C’est pourquoi dans ce chapitre, nous allons aussi donner quelques considérations théoriques s’agissant sur cette dernière.

Modernisation, Modernité, Modernisme

L’usage du terme moderne apparaît pour la première fois en latin, et c’est un concept plurivoque. Passonstout de suite dans un aperçu étymologique de modernitas à moderne. L’histoire du mot moderne depuis la racine la plus embryonnaire jusqu’à l’acception le plus complexe dans la littérature, retracé par Hans Robert Haus, apparaît (selon ses recherches) en 1075 dans « la relation d’un synode convoqué par le PapeGrégoire VII » sous la forme de « modernitas (nostra) ».Cependant, un autre terme que « modernitas » est attesté : le mot modernus au Ve siècle au cours de la transition de l’Antiquité romaine au monde chrétien d’Occident ; ces deux termes dérivent de l’adverbe latin romain « modo » pris au sens de maintenant, récemment et du grec « modos » qui signifie aujourd’hui. En tant que concept philosophique, la modernité est pour les uns avant tout le projet d’imposer la raison comme norme transcendantale à la société, ou pour les autres la crise de la raison dans l’histoire, ou encore les deux à la fois. En termes de sociologie et selon Michel Freitag, la modernité est un mode de reproduction de la société basée sur la dimension politique et institutionnelle de ses mécanismes de régulation par opposition à la tradition dont le mode de reproduction d’ensemble et le sens des actions qui y sont accomplies est régulé par des dimensions culturelles et symboliques particulières. La modernité est un changement ontologique du mode de régulation de la reproduction sociale basée sur une transformation du sens temporel de la légitimité. L’avenir dans la modernité remplace le passé et rationalise le jugement de l’action associée aux hommes. La modernité est la possibilité politique réflexive de changer les règles du jeu de la vie sociale. La modernité est aussi l’ensemble des conditions historiques matérielles qui permettent de penser l’émancipation vis-à-vis des traditions, des doctrines ou des idéologies données et non problématisées par une culture traditionnelle. En histoire, où des jalons historiques sont communément nécessaires et/ou admis, la modernité est évoquée et associée avec l’Époque moderne ou « Temps Moderne(s) ». Elle 25 commencerait en 1453 avec la prise de Constantinople par l’Empire ottoman, et dont la fin correspond à la Révolution française pour les historiens français et en1920 pour les écoles historiques anglo-saxonnes. Cependant, certaines de ces affirmations précédentes font l’objet de discussions et de débats, par exemple Guizot fait commencer la modernité en 1492 et Illich au XIIe siècle.Ce n’est que plus tard que le terme modernité à proprement parler apparaîtra avec Balzac en 1822. Et c’est François-René de Chateaubriand qui indique être l’inventeur du terme modernité dans son ouvrage les Mémoires d’outre-tombe (4e partie). Il fait référence aux nouvelles dispositions de l’âme de ceux qui comme lui, ou au contraire de lui, ont connu ou n’ont pas connu à la fois l’Ancien Régime, la Révolution et la période qui suit. Le passage dans lequel Chateaubriand parle de modernité est à relier avec les propos qu’il tient sur Lord Byron. 

La modernité à travers plusieurs auteurs

On peut associer la modernité à la poursuite de l’idéal développé par les philosophes des Lumières (Rousseau, Kant, Holbach etc.), c’est-à-dire à la lutte contre l’arbitraire de l’autorité, contre les préjugés et contre les contingences de la tradition avec l’aide de la raison. La modernité, c’est vouloir donner à la raison la légitimité de la domination politique, culturelle et symbolique, remplacer Dieu ou les ancêtres par une autorité venant de l’homme lui-même à condition qu’il soit guidé par des principes universalisables plutôt qu’assujetti à ses penchants ou à ses intérêts. Au 20e siècle, les philosophes de l’école de Francfort ont constaté que la modernité comme projet d’émancipation sociale n’a pas tenu ses promesses. La raison mise au service du principe de la conservation de soi est entrée dans un processus historique de domination de la nature externe et interne de l’homme. L’homme s’est lui-même enchaîné par la médiation de cette domination de la nature. Par exemple, le développement technique permis par la raison et la science s’est mué en esclavage vis-à-vis des contraintes sociales que nous produisons grâce à elle. C’est la dialectique de la raison qui explique l’échec de la modernité. La raison, au cours de son histoire, s’est progressivement vidée de sa capacité à déterminer des buts universalisables. Elle devient muette et incapable de dire aux hommes comment vivre. Ses succès n’ont lieu que dans le champ des sciences naturelles et de la technique, pas dans celui de la morale ou de la politique. Pour Habermas, la modernité est un projet inachevé que l’humanité doit défendre et reprendre pour ne point perdre son humanité. Sa philosophie implique de ne pas abandonner le monde social au rapport de force causé par le triomphe de la raison instrumentale (simple moyen) sur la raison entendu au sens 26 de la philosophie grecque ancienne c’est-à-dire comme une recherche des fins et de leurs déterminations. Pour Bertrand Russell, l’absence de téléologie doit maintenant fonder toute entreprise philosophique durable :« L’homme est la résultante de causes qui n’avaient pas prévu les effets qui en découleraient : son origine, son développement, ses espoirs et ses craintes, ses émotions et ses convictions ne sont que le produit d’associations d’atomes accidentelles… Aucun feu, aucun héroïsme, aucune pensée ni aucun sentiment aussi intenses soient-ils, ne peuvent préserver une vie au-delà de la tombe… Tout le labeur effectué au cours des âges, toute la ferveur, toute l’inspiration, toute l’éclatante expression du génie humain, sont voués à disparaître dans l’extinction générale de notre système solaire, et tout l’édifice des réalisations humaines sera inévitablement enfoui sous les décombres d’un univers en ruines — cela n’est pas absolument indiscutable, mais si près d’être certain qu’aucune philosophie ne peut espérer perdurer si elle rejette ces notions » RUSSEL, Problèmes des philosophies, Trad. F. Rivenc, Chap. VIII, Payot, 1989 Le sociologue français Alain Touraine nous enseigne dans son ouvrage Critique de la modernité (Fayard, 1992) qu’il ne faut pas dissocier les deux visages de la modernité, à savoir la rationalisation (portée par la Renaissance et la philosophie des Lumières) et la subjectivation (portée par la Réforme). Le Sujet ne doit pas se limiter au rôle d’acteur par l’engagement. Il doit aussi préserver sa liberté, sa créativité et reconnaître celle de ses semblables (dégagement). Autrement dit, si le Sujet se limite à un projet, il ne s’incarnera plus qu’à travers lui et, une fois celui-ci abouti, il sera réduit au statut d’objet (de sa création). En cas de dissociation de la rationalisation et de la subjectivation, il existe, d’une part, un risque totalitariste et, d’autre part, un risque de replis identitaires et communautaristes. La modernité, c’est un idéal type au sens de Weber, une construction théorique qui tente de correspondre à une réalité empirique historique. Baudelaire a pour sa part affirmé : « La modernité, c’est le fugitif, le transitoire, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » (Le Peintre de la vie moderne, « La modernité »).Ce sens s’est imposé en esthétique et théorie littéraire, en parallèle aux termes anglais de « Modernism » (beaucoup plus vaste que son calque français « Modernisme ») et allemand de « Moderne ». Les œuvres de Walter Benjamin et Theodor Adorno, par exemple, s’inscrivent clairement dans cette ligne française du XIXe siècle.  

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *