IMPACTS DES LIMITES DE LA REPRESENTATION DES EVENEMENTS ET DES ACTIONS

IMPACTS DES LIMITES DE LA REPRESENTATION DES EVENEMENTS ET DES ACTIONS

Nous avons vu que la question de la représentation dans la gestion du risque est fondamentale dès que les acteurs envisagent d’agir. Nous verrons que la question de la représentation est aussi présente dans la formulation des modes d’actions en gestion des risques. Nous nous intéresserons ainsi aux objets sur lesquels portent les actions en gestion des risques et nous verrons en quoi ces actions induisent aussi des perturbations dans les représentations des situations formulées par les acteurs (3.1). Nous verrons ensuite, que la gestion des risques doit faire face aujourd’hui à de nombreux problèmes qui peuvent être ramenés aux limites et aux difficultés de construction des représentations. Une typologie des travaux de recherche en gestion des risques permet de faire apparaître les limites de la représentation des situations à risques comme un problème majeur, tant au niveau théorique qu’au niveau pratique de ce champ de recherche (3.2). Nous avons définit les risques. Reste à savoir ce qui concerne la gestion de ces risques. Quels objets gère-t-on ? Quels modes d’action met-on en place pour éviter – ou se protéger contre – des situations collectives porteuses de risques ? Nous allons voir, tout d’abord, que le déclenchement de l’action en gestion des risques est directement lié au caractère acceptable ou non de la situation considérée (3.1.1). Mais une fois défini l’intérêt d’agir dans une situation, il faut pouvoir mettre en œuvre des moyens pour réaliser les actions en gestion des risques. Les situations à risques pourront alors être gérables ou non (3.1.2). Enfin, nous verrons que les limites de la représentation, qui étaient sous-jacentes aux définitions des risques admises traditionnellement dans la littérature, induisent aussi des difficultés pour élaborer des actions dans les situations à risques (3.1.3).

Les actions sont entreprises généralement si les situations sont jugées inacceptables par les acteurs. Dès lors, l’acceptabilité semble être le facteur principal de déclenchement de l’action. Nous avons vu que le droit permettait de refléter l’inacceptable du point de vue du législateur (Noiville, 2003). Celui-ci crée de nouvelles lois à partir de conséquences d’accidents. Retracer les évolutions du droit conduit donc à préciser la prise en compte d’objets comme faisant partie de situations à risques. Ainsi, la formulation dans le droit des préoccupations de protection de l’environnement (Lascoumes, 1994) permet de construire une histoire de l’acceptabilité sociale des risques. Le plus souvent, les règles caractérisant l’acceptabilité de la situation suffisent à donner les modes d’actions permettant d’éviter les évènements redoutés. Mais qu’en est-il lorsque aucune règle n’existe pour caractériser une situation ? En effet, comme les systèmes de règles sont fatalement incomplets, il existe toujours des situations qui ne sont pas prises en compte. Il en résulte que l’action en gestion des risques devient plus ardue et nécessite une mise en forme préalable – ou une représentation – de la situation rencontrée afin de pouvoir mettre en œuvre les actions pour éviter les risques.

Dans le cas de situations très incertaines, le gestionnaire se trouve dans l’impossibilité de qualifier l’acceptabilité de la situation. La première tâche de gestion des situations à risques sera dans ce cadre un effort de qualification et d’acquisition de connaissances sur la situation et sur les interactions qu’elle peut engendrer. Plus précisément les acteurs devront être en mesure de dresser une représentation de la situation de manière à concevoir des outils adaptés à la gestion des risques. Ce point est d’autant plus intéressant pour la gestion, qu’il est renforcé par la dimension collective de la situation, et par la manière dont sont élaborées les représentations par les acteurs en présence. Les situations à risques sont de deux types différents au regard de l’action collective. On pourra distinguer en effet les situations gérables de celles qui ne le sont pas. Nous avons vu que le concept de situation était fécond pour analyser la capacité des acteurs à forger, en agissant, le sens de celle dans laquelle ils sont plongés. Dans les situations à risques, la capacité d’action de l’acteur va dépendre des moyens dont il dispose pour parvenir à ses objectifs. Les acteurs peuvent alors se trouver dans une situation où aucune action de leur part n’entraînerait l’évitement de l’évènement redouté. Il n’existerait alors, dans la situation, aucun moyen d’action utile dans la lutte contre le risque considéré. Celle-ci porte alors en elle un risque externe au sens d’Amalberti qui tend à la réalisation de l’évènement quelque soit les actions menés par les acteurs. Un tremblement de terre en milieu urbain, par exemple, ne peut être empêché par les acteurs. Ceux-ci pourront, à défaut de pouvoir l’éviter, en atténuer les conséquences, par la construction d’immeubles parasismiques.

 

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