Importance de l’éducation des filles

 Importance de l’éducation des filles

L‟éducation et la scolarisation des filles ou plutôt la descolarisation des filles sont des sujets de polémique intemporels. De nombreux travaux de recherche ont été publiés sur ce thème. C‟est pourquoi il nous parait important de rappeler pourquoi l‟éducation des femmes est si importante. Education des filles synonyme de développement Une meilleure éducation des filles garantit une meilleure santé maternelle, réduit la mortalité infantile, améliore la qualité de la nutrition au sein de la famille, et renforce la main d‟œuvre potentielle ainsi que la croissance économique. Les effets bénéfiques de la scolarisation des filles ont été évoqués à de multiples occasions. Les principaux arguments sont les suivants :  La scolarisation des filles a une incidence sur la condition socioéconomique des femmes et sur le développement économique en général. La scolarisation peut déboucher sur un emploi mieux rémunéré qui favorise la croissance de la productivité économique à l‟échelle nationale. La différence entre les salaires des hommes et des femmes ayant des fonctions et des responsabilités similaires reste toutefois un problème dans la grande majorité des pays. 24  La scolarisation des filles a par ailleurs un impact important sur le succès des programmes de lutte contre la pauvreté et de développement équitable et durable. Outre les retombées économiques liées au niveau d‟instruction (opportunités d‟emploi et de revenu), la scolarisation féminine contribue à changer les attitudes face aux conditions sociologiques et psychologiques qui font perdurer la pauvreté (PNUD, 1997).  La scolarisation des filles surtout dans l‟enseignement secondaire, a une incidence sur la baisse de fécondité. A quelques exceptions près, l‟augmentation du niveau d‟instruction et la baisse de l‟analphabétisme s‟accompagnent de la baisse du nombre d‟enfants par femmes, les femmes instruites ayant tendance à se marier plus tard et à utiliser davantage les moyens de contraception.  Les femmes instruites sont mieux informées et peuvent prendre des décisions concernant la santé, la nutrition et l‟hygiène en général et de l‟enfant en particulier (baisse de la mortalité infantile). Il existe même une corrélation entre l‟éducation des femmes et l‟espérance de vie des Hommes (King et Hill, 1993).  La scolarisation des filles contribue fortement à l‟émancipation et à l‟autonomisation des femmes, mais aussi des groupes sociaux défavorisés dont elles font partie (populations rurales, minorités ethniques et linguistiques, marginaux urbains). Les femmes instruites sont en mesure d‟exiger le respect de leurs droits de citoyennes, notamment le suffrage ou d‟autres formes de participation et revendication politiques.  Enfin, dans le domaine de la paix, la participation scolaire des filles et des groupes défavorisés peut contribuer à mettre fin aux inégalités et aux discriminations qui alimentent les conflits et les intolérances au sein de la société. A cette fin, la scolarisation doit s‟accompagner d‟une adaptation du contenu des programmes et de la formation des enseignants afin d‟éviter que l‟école véhicule des attitudes discriminatoires. En résumé, atteindre l‟objectif d‟éducation de base pour tous et favoriser le progrès socioéconomique en général passe par l‟amélioration de la scolarisation des filles et par le développement des systèmes éducatifs solides et durables. Rappelons par ailleurs que les objectifs de la scolarisation des filles sont variés et complexes. Ils touchent tous les domaines liés à l‟enseignement tels que l‟offre scolaire, l‟élaboration du curriculum ou la formation des 25 enseignants, ainsi que des aspects liés aux besoins socio-économiques comme la disponibilité de services scolaires (cantines, garderies) ou les programmes pour les enfants qui travaillent, y compris ceux qui accomplissent chez eux de lourdes tâches ménagères. Il est également largement reconnu que l‟éducation des filles est l‟un des moyens de développement les plus sûrs, non seulement pour les filles elles-mêmes, mais également pour les communautés et la société au sens plus large (dans les domaines socioéconomiques, politique et culturel). A la lumière des effets bénéfiques de la scolarisation des filles, l‟évaluation et la mesure de l‟extension, de la qualité mais aussi de l‟impact des mesures visant la scolarisation des filles s‟imposent donc comme une priorité. Aujourd‟hui, les parents malgaches reconnaissent l‟importance des études, ils envoient de plus en plus leurs enfants (filles et garçons) à l‟école. Ainsi, le problème ne se poserait plus sur le fait d‟aller à l‟école mais plutôt sur le fait d‟y rester. II.2. Les causes du décrochage scolaire des filles : C‟est dans ce climat politique troublé doublé d‟un contexte d‟extrême pauvreté (76.5% de la population se situe sous le seuil de pauvreté) qu‟on assiste aujourd‟hui à un décrochageabandon scolaire massif : « Chaque année, à Madagascar, des centaines de milliers d’enfants abandonnent l’école primaire et plus d’un quart d’entre eux sont finalement privés de toute opportunité éducative. Avec plus d’un million d’enfants non scolarisés, l’exclusion scolaire au cycle primaire est sans conteste l’un des problèmes les plus importants du système éducatif malgache » (d‟Aiglepierre, 2012, p. 10). Et ce phénomène va en s‟amplifiant selon l‟Institut national de la statistique (INSTAT) : en 2010, le taux net de scolarisation au primaire était de 73,4% alors qu‟en 2005 il s‟élevait à 83,3%, soit une baisse d‟environ 10% en seulement cinq ans (INSTAT, 2005, 2010). Plus d‟un quart des enfants en âge d‟être scolarisés au primaire sont actuellement victimes d‟exclusion scolaire à Madagascar. La situation est également très variable d‟une région à l‟autre. Par exemple, cinq d‟entre elles, Androy, Anosy, Melaky, SudEst et Sud-Ouest, ont un taux de scolarité très faible de 55%. D‟après l‟INSTAT (2010), seulement 22% des enfants entrant dans les écoles primaires du pays arrivent aux collèges, seulement 6% d’entre eux atteignent le lycée, et seulement 1% d’entre eux obtiennent leur baccalauréat. 26 Les taux de scolarisation au primaire particulièrement élevés observés à Madagascar sont tout à fait encourageants. Toutefois, ce taux semble diminuer suivant le degré élevé du niveau d‟enseignement. S‟additionne à cela un taux d‟achèvement par niveau d‟enseignement décroissant. Ces chiffres indiquent que de nombreux enfants quittent les bancs de l‟école, on parle alors de décrochage scolaire. Les raisons de ce phénomène sont nombreuses (manques d‟infrastructures, formation des enseignants ect…), mais dans ce mémoire nous ne parlerons que de quelques-unes de ces causes c‟est-à-dire de celles qui ont émergés de nos observations et de nos interviews.

Faire des études : une histoire de moyen

Des coûts prohibitifs sont une raison principale invoquée par les parents pour retirer leurs enfants de l‟école. La pauvreté est étendue (75% de la population se trouve sous le seuil de pauvreté) et affecte les écoles et les familles de la même façon. La crise économique a eu des effets dévastateurs sur les revenus des ménages et les systèmes d‟éducation. Par ailleurs, il y a eu une tendance croissante à faire supporter les coûts par les parents. Les textes législatifs fondamentaux mettent en exergue son attachement aux différents principes et chartes relatifs aux droits des enfants qu‟elle considère comme une partie intégrante du droit positif malagasy. Effectivement, la constitution mentionne le fait que: « Tout enfant a droit à l‟instruction et à l‟éducation sous la responsabilité des parents dans le respect de leur liberté de choix12 ». De plus, ces principes inscrivent également que l‟Etat doit organiser un enseignement primaire gratuit et obligatoire pour tous. Néanmoins, la notion de gratuité reste très obscure actuellement dans les écoles publiques notamment à l‟EPP Ambavahadimangatsiaka à cause de la présence de certain nombre de frais pour pouvoir scolariser les enfants. C‟est le cas des droits d‟inscription et des cotisations FRAM qui sont des charges acceptées mais peu supportées par les familles vulnérables ainsi que des charges relatifs à l‟équipement des élèves. L‟éducation commence par un cycle primaire de cinq années d‟étude à Madagascar et peut être dispensée dans des écoles publiques ou privées selon les textes législatifs ; mais dans les deux cas il demande toujours un important investissement financier. Dans ce contexte de pauvreté au niveau familial et d‟étude payant surgissent alors le phénomène de descolarisation 12 Article 23 Constitution 3ème République 27 et de décrochage scolaire, depuis même le cycle primaire qui est le début de la scolarisation des enfants. Les dépenses commencent dès l‟inscription de l‟enfant au sein d‟un établissement par le paiement du « droit d‟inscription ». Ce droit est payé au début des rentrées scolaires, lors des périodes d‟inscription s‟étalant ordinairement d‟une semaine avant et trente jours après le début des cours. Elle est de l‟ordre de six mille ariary à l‟EPP Ambavahadimangatsiaka et de 20.000 ariary pour le lycée d‟Ivato-Aéroport. Pour le lycée, à ce droit d‟inscription s‟ajoute 6000 ariary, prix du tee-shirt pour l‟éducation physique et 4000ariary, argent qui sera versé dans la caisse de la coopérative des parents d‟élèves le FRAM. Cette dernière somme est déduit pour chaque parent d‟élèves c‟est-à-dire que pour deux enfants scolarisés les parents ne paient que 4000ariary. Les droits d‟inscription perçus rentrent directement à la caisse des établissements concernés et servent à financer les dépenses courantes de l‟école. Certes, les établissements scolaires fonctionnent comme des institutions autonomes ces derniers temps vu l‟insuffisance de fond en raison de suspension des financements externes pour appuyer le secteur éducatif. Puis, vient l‟achat des fournitures scolaires à savoir : une blouse, un short, un écusson au nom de l‟établissement, l‟uniforme du lundi, le cartable, les cahiers,… Les enfants du primaire bénéficient des kits scolaires distribués par l‟Etat. Mais au-delà du primaire, ce sont les parents qui paient les fournitures de leurs enfants. Enfin, viennent le FRAM, argent que les élèves doivent payer chaque mois au cours de l‟année scolaire pour payer le salaire des maîtres FRAM. Il varie chaque mois en fonction des heures de cours effectués par chaque enseignant. Pour certains établissements, cet argent est payé en une fois lors de la rentrée avec le droit d‟inscription. Pour certains parents, il y a encore le frais de transport de leurs enfants pour ceux qui n‟habitent à proximité ou le loyer pour ceux qui habitent vraiment loin (ce cas se présente souvent pour les enfants qui vont au lycée ou à l‟université). Mais il peut encore y avoir des dépenses supplémentaires au cours de l‟année scolaire (rénovation ou construction d‟infrastructure scolaire, divers célébrations au sein de l‟établissement, sortie scolaire et voyage d‟étude…). Les dépenses augmentent au fur et à mesure que l‟enfant atteint un niveau d‟enseignement élevé ce qui explique la diminution du taux de scolarisation par niveau d‟étude (tableau 1) . Là nous voyons bien l‟importance de la situation économique des parents pour l‟éducation de 28 ces enfants. Ce qui contraint les parents les plus démunis à retirer leurs enfants de l‟école lorsqu‟ils n‟arrivent plus à joindre les deux bouts entre la scolarisation et les dépenses quotidiennes. D‟autres parents se serrent la ceinture pour pourvoir aux besoins de leurs enfants, pour que ces derniers ne soient pas différents de leurs camarades. Cette réalité se ressent même chez les plus jeunes élèves selon le témoignage d‟une enfant : « tes parents ne pourront pas te scolariser parce qu’ils sont en difficultés, ils pourront peut-être te scolariser jusqu’à l’E.P.P. mais au-delà c’est plus cher et ils ne pourront plus … ».Alors souvent, ce sont les enfants qui décident eux-mêmes d‟arrêter leurs études. Ce sont les plus souvent les filles qui se sentent plus touchées par cette situation et elles arrêtent leurs études pour travailler afin d‟aider leurs parents financièrement. L‟indice de parité de genre est calculé à partir du rapport entre l‟effectif des filles scolarisées en 2008-2009 et l‟effectif des garçons scolarisés la même année. Plus l‟indice de parité est proche de 0, plus l‟écart entre les taux de fréquentation scolaire des deux sexes est important au détriment de filles alors qu‟un indice égal à 1 indique l‟égalité totale. De manière générale, à Madagascar, quelle que soit la zone et quel que soit le niveau d‟études, l‟indice est soit inférieur à 1 soit tout au plus égal à 1, ce qui traduit qu‟en termes de proportions, il y a moins de jeunes filles que de garçons scolarisés. (tableau 2).

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