Influence de quelques paramètres biotiques et abiotiques sur la ségrégation entre les espèces du complexe Anopheles gambiae

Influence de quelques paramètres biotiques et abiotiques sur la ségrégation entre les espèces du complexe Anopheles gambiae

Introduction Le paludisme reste encore de nos jours l’un des problèmes majeurs de santé publique. En 2019, le nombre de cas enregistré a été estimé à 229 millions dans 87 pays d’endémie et celui des décès à 409 000 dont 67% chez les enfants de moins de 5 ans (OMS, 2019). Il sévit principalement en Afrique où sont enregistrés 82% des cas et 94% des décès (OMS, 2019). Cette situation s’explique entre autres par l’existence de conditions locales et environnementales favorables au développement de ses vecteurs (Pagès et al., 2007). C’est le cas des espèces du complexe Anopheles gambiae qui assurent la plus grande partie de la transmission du paludisme en Afrique (Coetzee et al., 2000). La plupart des études menées sur les espèces de ce complexe ont toujours été axées sur la bio-écologie des populations imaginales qui du fait de leurs exigences écologiques, sont adaptés à différents habitats. Chez les populations aquatiques, la distribution est liée à l’eau douce (cas des espèces An. gambiae, An. arabiensis, An. coluzzii entre autres) ou saumâtres (cas des espèces An. melas et An. merus) avec différentes variantes selon les contextes. Les observations faites jusqu’ici mettent ainsi en évidence une préférence des stades aquatiques aux gîtes ouverts et ensoleillés (Gillies & De Meillon, 1968 ; Gimnig et al., 2001 ; Kindu et al., 2018). Chez An. arabiensis, en particulier, une préférence supplémentaire spécifique à des habitats artificiels comme les zones de riziculture et de maraîchage a été observée (Githeko et al., 1996 ; Robert et al., 1998). Cependant, malgré ces différences, les espèces peuvent souvent être retrouvées dans un même habitat (Charlwood & Edoh, 1996 ; Minakawa et al., 1999). Concernant les stades adultes, plusieurs observations ont montré une prédominance ou une présence exclusive temporaire ou spatiale d’une espèce par rapport aux autres (Touré et al., 1998). Des résultats similaires ont également été observées entre les espèces An. gambiae et An. coluzzii en zone de sympatrie au Sénégal (Niang et al., 2019). Ainsi, même si ces variations sont souvent attribuées à des différences au niveau des habitats larvaires, les mécanismes ou les paramètres en jeu restent inconnus. Il demeure cependant, que l’habitat larvaire est un des plus importants déterminants de la distribution et de l’abondance des populations adultes. L’identification des paramètres qui influent sur la présence des populations vectorielles, la dynamique et la productivité des habitats larvaires est ainsi d’une importance capitale. La présente étude est proposée dans ce contexte pour étudier dans une zone de sympatrie la ségrégation entre les populations d’An. arabiensis, d’An. gambiae et d’An. coluzzii à travers l’étude de l’influence de quelques paramètres biotiques et abiotiques dans un contexte où les seules.

Généralités sur les vecteurs du paludisme

Le paludisme est une maladie endémique en Afrique. Il est dû à des parasites du genre Plasmodium dont la transmission est assurée par une femelle de moustique du genre Anopheles. On dénombre une cinquantaine d’espèces de ce genre impliquées dans la transmission mais seulement une vingtaine d’entre elles ont une importance épidémiologique (Pagès et al., 2007). Les anophèles compétents pour transmettre le Plasmodium diffèrent selon la zone géographique, la majorité appartenant à des complexes ou des groupes d’espèces. En Afrique tropicale, on trouve entre autres, les espèces du complexe An. gambiae, du groupe funestus et du complexe nili (Carnevale & Robert, 2009).Les anophèles appartiennent à l’embranchement des Arthropodes, à la classe des Insectes, à la sous-classe des Pterygota, à l’ordre des diptères, au sous-ordre des Nématocères, à la famille des Culicidae, à la sous-famille des Anophelinae et au genre Anopheles (Tableau I). Ils sont caractérisés par la présence de pattes articulées et leur corps est segmenté en trois parties : tête, thorax, abdomen. Ils présentent deux paires d’ailes dont une fonctionnelle.

Le complexe Anopheles gambiae

Le complexe An. gambiae a été décrit à la suite de plusieurs études utilisant différentes méthodes notamment l’étude de héritabilité de la résistance à la dieldrine, les croisements expérimentaux, la cytogénétique et plus récemment la biologie moléculaire (Davidson, 1956 ; Paterson, 1964 ; Coluzzi et al., 1979 ; Scott et al., 1993). C’est ainsi qu’actuellement une dizaine d’espèces sont connues dans ce complexe (Figure 2). Il s’agit des espèces d’eau douce An. gambiae s.s., An. coluzzii, An. arabiensis, des espèces d’eau saumâtres An. melas et An. merus, An. bwambae connu de sources minérales, d’An. quadriannulatus, d’An. comorensis et d’An. amharicus (Coetzee et al., 2013). Une nouvelle espèce a été découverte (An. fonteneilli) dans des zones forestières du Gabon en Afrique Centrale (Barron et al., 2019).

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