Influence des facteurs climatiques et environnementaux

Influence des facteurs climatiques et environnementaux

La question du « réchauffement » de la planète et de son impact sur l’expansion du paludisme est d’actualité (LOEVINSOHN, 1994 ; JETTEN et al., 1996 ; LINDSAY & BIRLEY, 1996; MARTENS et al., 1999 ; MOUCHET & MANGUIN, 1999; PASCUAL et al., 2006, PATZ & OLSON, 2006 ; THOMSON et al., 2006). Selon l’OMS, plus de 6 % des cas de paludisme dans certaines régions du monde durant les 25 dernières années sont le résultat de changements climatiques. De façon générale, les températures ont augmenté ces dernières décennies sur toute la surface terrestre, surtout dans les zones tempérées et polaires. Et l’on s’attend à ce que les gaz à effet de serre et la température continuent d’augmenter » (National Geographic, octobre 2004).

Le développement des moustiques est en effet contrôlé par plusieurs facteurs dont les facteurs climatiques restent les plus déterminants. C’est le cas notamment de la température, de la pluviométrie et de l’humidité relative. D’une manière générale, ces facteurs extrinsèques jouent un rôle important sur le développement larvaire. En effet, les stades immatures de certaines espèces comme celles d’An. funestus, d’An. darlingi et même celles du complexe An. gambiae, sont très sensibles aux fluctuations thermiques. Si la température de l’eau augmente, ces stades accélèrent leur maturité (Rueda et al., 1990) et produisent une descendance abondante. Cet effet est aussi noté chez les femelles adultes. Celles-ci digèrent plus rapidement le sang et s’alimentent d’une Par rapport à la pluviométrie, des études ont montré que les changements de ce facteur est d’une grande importance dans la mesure où une espèce peut être abondante pendant l’hivernage et se retrouver avec une faible densité pendant la saison sèche. Ce phénomène est lié à la présence ou à l’absence de ses gîtes larvaires préférentiels.

Lutte contre les vecteurs du paludisme

La lutte anti-vectorielle repose sur quatre principales approches de lutte (chimique, biologique, mécanique et génétique) dirigées contre les stades aquatiques (lutte anti-larvaire ou LAL) et les adultes/imagos (lutte imagocide). De nos jours, la lutte chimique par l’aspersion intra-domiciliaire d’insecticide à effet rémanent (AID) et l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) restent les mesures de LAV les plus utilisées (OMS, 2012). Les autres mesures, moins utilisées, sont des mesures complémentaires ou éventuellement alternatives à la lutte chimique. Les mesures de lutte biologique et mécanique ciblent généralement les populations larvaires pour empêcher leur développement jusqu’à l’émergence et impactant ainsi sur la densité des populations imaginales. En outre, de récents travaux sur la lutte génétique ont eu pour but d’empêcher le développement sporogonique chez les vecteurs (Riehle et al., 2008, Crawford et al., 2013). Il faut, cependant, souligner la difficulté de la mise en œuvre de ces mesures et souvent de leur manque d’efficience ; ce qui a eu pour conséquence le recours à la lutte chimique, basée sur l’utilisation d’insecticides, comme principale mesure de lutte contre les vecteurs.

Les insecticides

En effet, les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action et les pulvérisations à effet rémanent à l’intérieur des habitations sont les pierres angulaires de la prévention du paludisme, en particulier en Afrique subsaharienne. Mais 60 pays ont déjà signalé une résistance à au moins une classe d’insecticide. Le problème tient en partie au fait qu’il n’y avait auparavant que quatre classes d’insecticides recommandées par l’OMS pour la lutte contre les moustiques adultes. Une seule (la classe des pyréthrinoïdes), est recommandée pour les moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée. L’utilisation continue des mêmes insecticides a permis aux moustiques hautement adaptables de développer des niveaux de résistance importants. Des alternatives sont nécessaires de toute urgence. C’est dans ce contexte que le chlorfénapyr un nouvel insecticide doté d’un nouveau mode d’action est un candidat prometteur.

Le chlorfénapyr est un insecticide de la classe des pyrroles couramment utilisé contre les acariens et les termites. Il agit comme découpleur de la phosphorylation par oxydation. Ce composé perturbe le gradient de proton à travers les membranes mitochondriales, interrompant la synthèse de l’ATP et entraînant la mort de l’organisme (Ngufor et al., 2016 ; Raghavendra et al., 2011). Le chlorfénapyr est utilisé dans le commerce pour lutter contre les termites et protéger les cultures contre divers insectes et acariens nuisibles (Lovell et al., 1990; Pimprale et al., 1997; Sheppard et al., 1998). Le chlorfénapyr est un pro-insecticide. L’élimination par oxydation du groupe N- éthoxyméthyle du chlorfénapyr par des oxydases à fonctions mixtes conduit à une forme toxique identifiée comme CL 303268 qui fonctionne pour découpler la phosphorylation oxydante dans les mitochondries, entraînant une perturbation de la production d’ATP et une perte d’énergie conduisant à un dysfonctionnement cellulaire et à la mort ultérieure de l’organisme. Cette molécule a une faible toxicité sur les mammifères et est classée comme insecticide légèrement dangereux selon les critères de l’OMS (Tomlin et al., 2000).

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