Infrastructures et croissance économique

 Infrastructures et croissance économique

L’analyse théorique de l’effet des infrastructures sur la croissance est à l’origine de la théorie de la croissance. Arrow et Kurz (1970) ont incorporé la littérature de l’infrastructure dans la théorie de la croissance. L’infrastructure, telle que mesurée par le capital public, a été traitée comme un intrant supplémentaire dans la fonction de production globale dans le cadre des modèles de croissance exogène de type Ramsey. Barro (1990) a analysé l’impact du capital public dans le cadre du modèle de croissance endogène et Futagami, Morita et Shibata (1993) ont étendu l’étude en ajoutant le stock de capital privé. La littérature empirique soutient le rôle des infrastructures dans la promotion de la croissance, comme indiqué dans les travaux d’Aschauer (1989a), d’Easterly et Rebelo (1993) et la Banque mondiale (1994). La Banque mondiale (1994) a examiné l’importance des infrastructures sur la croissance de la productivité et a souligné que les infrastructures pouvaient influencer le développement économique en raison de leurs impacts sur : la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l’environnement. Les économies dotées de services d’infrastructures adéquats et Infrastructures et croissance économique 2 efficaces ont enregistré une croissance de la productivité plus élevée que celles disposant de services d’infrastructures inférieures et inefficaces. En outre, Canning (1998) a fourni un ensemble de données sur les stocks d’infrastructures physiques telles que les routes, les routes pavées, les lignes ferroviaires, la capacité de production d’électricité, les lignes téléphoniques pour 152 économies pour 1950–1995, qui contenait des descriptions de la base de données annuelle des infrastructures physiques construites. Les téléphones et les routes pavées ont eu un impact significatif sur la croissance, contrairement aux autres variables. Quelques études ont spécifiquement porté sur la pertinence des infrastructures pour la croissance en Asie de l’Est. Seethepalli, Bramati et Veredas (2008) ont examiné les sous-secteurs des infrastructures, tels que l’énergie, l’assainissement, l’approvisionnement en eau, les transports et les télécommunications, en appliquant des régressions de croissance standard dans 16 économies d’Asie de l’Est. En contrôlant le niveau d’investissement et le capital humain, l’étude a montré une relation positive significative entre l’infrastructure et la croissance économique dans tous les indicateurs d’infrastructure. En outre, ils ont examiné si la relation entre les infrastructures et la croissance était influencée par cinq variables : le degré de participation privée dans les infrastructures, la qualité de la gouvernance, l’étendue de l’inégalité rurale-urbaine dans l’accès aux infrastructures, les niveaux de revenu et la géographie. Seuls les télécommunications et l’assainissement soutiennent l’hypothèse a priori, tandis qu’un résultat contradictoire a été trouvé pour les routes. Dans une étude similaire, Straub (2008) a examiné l’impact des investissements dans les infrastructures sur la croissance économique de l’Asie de l’Est en utilisant un cadre de comptabilité de la croissance et une régression transnationale. Bien que l’étude ait utilisé un ensemble d’économies similaires à Seethepalli, Bramati et Veredas (2008), les résultats n’ont montré aucun impact significatif des infrastructures sur la croissance, contredisant les résultats de Seethepalli, Bramati et Veredas (2008) lors de l’utilisation d’une fonction de production. Lors de l’utilisation des régressions de croissance transnationale, les résultats étaient beaucoup plus faibles que ceux de Seethepalli, Bramati et Veredas (2008), malgré l’utilisation de stocks d’infrastructures plutôt que de flux pour atténuer le problème de causalité inverse.

. Infrastructures de transport et croissance économique 

L’infrastructure de transport est un facteur fondamental et, par conséquent, l’approvisionnement en infrastructures routière et autoroutière, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire sont cruciales pour garantir le dynamisme et l’épanouissement économique du pays. Les économies modernes dépendent toutes d’un réseau d’infrastructures de transport, fiable et efficace. Le secteur privé représentant le tissu entrepreneurial, qui est le secteur productif par excellence de toutes les économies développées est le moteur de la croissance économique. La performance du secteur privé dépend d’un investissement public soutenu et efficace. L’importance des investissements en infrastructures de transport pour la croissance économique a été réalisée entre 1949 et 1985, lorsque les données sur l’infrastructure de base qui représentait 55% du stock total non militaire (rues et autoroutes, aéroports, installations électriques et de gaz, transports en commun, systèmes d’aqueduc et d’égouts) ont été mises à disposition (Aschauer, 1989a). L’impact sur la productivité été considérablement positif et hautement significatif. Ces tendances, ont montré que les investissements sur les infrastructures de base suivaient la même tendance que la croissance économique aux États-Unis (Aschauer, 1989a), ce qui a amené les chercheurs à étudier la relation entre chaque constituant des infrastructures de base et la croissance économique, tel que les infrastructures de transport. L’objectif principal de l’étude était de déterminer si l’accumulation de capitaux dans le secteur public et des dépenses gouvernementales en stock et en flux des biens et services provoque la production globale réelle des biens et services du secteur privé, qui, elle-même engendre la croissance économique. Les études sur la relation entre les investissements publiques en infrastructures de transport et la croissance économique ont été initiées par Aschauer (1989) qui a amorcé un large corpus de recherche. Notamment, Munnell (1990a) qui a étudié le lien entre l’infrastructure de base en capital public et la productivité aux États-Unis pour la période entre 1948 et 1987. Leurs résultats ont montré qu’il existe une relation à long terme entre l’investissements publiques dans les infrastructures de base et la productivité du secteur privé et que le capital public appartient effectivement à la fonction de production et qu’une grande partie de la baisse des chiffres de la productivité multifactorielle peut refléter l’omission de capital public dans le calcul des intrants, plutôt que le déclin de l’innovation technologique. 4 D’après l’étude d’Ashauer (1989a) et Munnell (1990a), il a été constaté que la relation entre l’investissement en infrastructure de base et la croissance économique a des implications politiques vitales. Beyzatlar et ses collaborateurs (2014) ont exploré le sens de la relation entre l’infrastructure de transport et la croissance économique pour formuler des politiques précises d’investissement public en infrastructure de transport et des mesures appropriées des choix de mode et de localisation des infrastructures de transport. Théoriquement, l’importance des investissements en infrastructures de transport pour la croissance économique et la croissance économique pour l’investissement en infrastructure de transport a été établie. D’une part, l’investissement publique a été identifié comme un intrant important dans le processus de production. Certaines études ont proposé que le capital public soit inclus dans la fonction de production avec d’autres facteurs tels que le capital et le travail, tandis que d’autres études considèrent le capital public comme stimulateur de la productivité des facteurs de production (Aschauer, 1989a). Aschauer (1990) a en outre montré que le développement des infrastructures de transport joue un rôle vital dans le développement économique et qu’une amélioration de la quantité et de la qualité des services de ses derniers devrait stimuler la productivité économique. Les améliorations de la productivité économique peuvent alors entraîner une augmentation des salaires et, par conséquent, réduire la pauvreté. Par conséquent, de manière convaincante, les infrastructures de transport peuvent améliorer le développement économique et réduire la pauvreté. En revanche, à mesure que l’économie croît, le besoin d’infrastructure évolue selon les nouvelles exigences technologiques, donc, de nouveaux investissements en infrastructure de transport seront attendus. Les études sur la relation entre l’investissement dans les infrastructures de transport et la croissance économique ont suscité un large éventail de discussion dans la littérature. Les études qui se sont concentrées dans ce sens incluent Aschauer (1990) pour les Etats Unis d’Amérique ; Delgado et Álvarez (2007), Arbués et ses collaborateurs (2015) pour l’Espagne et ces provinces, Khadaroo et Seetanah (2008) pour Maurice, Yu et ses collaborateurs (2012), Wang et ses collaborateurs (2014) pour la Chine, Pradhan et Bagchi (2013) pour l’Inde, Yasir Tariq Mohmand et ses collaborateurs (2017) pour le Pakistan, Meersman et Nazemzadeh (2017) pour la Belgique, Chi (2015), Vlahinić et ses collaborateurs (2018) pour un panel des pays de l’union Européennes et Agbelie (2014) pour un panel de quarante pays variés. 5 Bien que le débat sur cette relation ait généré beaucoup de littérature dans les pays développés et en développement, les résultats se sont révélés divergentes ; un groupe de recherche a trouvé que l’investissement en infrastructures de transport améliore la productivité et de ce fait, la performance et la croissance économique tel que Bougheas et al., (1999), Priemus et al., (2003), Fedderke et al., (2006), Hu et al., (2012), Pradhan et al., (2013a, 2013b), Tong et al., (2014), Agbelie (2014), Wang X et al., (2014). Un autre groupe de recherche a trouvé que l’investissement public dans les infrastructures de transport avait peu ou pas d’impact significatif sur la productivité ou la croissance économique tel que Holtz-Eakin et Schwartz (1995), Harmatuck (1996), Chandra et Thompson (2000), Banister et Berechman (2000, 2001), Sloboda et Yao (2008), Crescenzi and Rodríguez‐ Pose (2012), Arbués et al., (2015).

Énoncé du problème 

Depuis la fin des années quatre-vingt, l’intérêt des chercheurs pour le rôle de l’investissement public et de la croissance économique s’est accentué. Cette évolution était largement motivée par la baisse des investissements publics au début des années soixante-dix et la baisse de la croissance de la productivité économique à peu près au même moment aux États-Unis. Les arguments d’Aschauer (1989a) et d’autres selon lesquels, il existe des liens importants entre la croissance économique et les investissements dans les infrastructures publiques ont alimenté le débat. Cependant, bon nombre des premières études étaient controversées en raison de leur sensibilité aux petits changements dans les données et les problèmes méthodologiques. Le large éventail d’estimations a rendu les résultats d’études plus anciennes et difficile à interpréter. Les principaux points de préoccupation de ces premières études portaient sur les difficultés méthodologiques et économétriques, notamment la causalité et la corrélation (Romp et Haan, 2005 ; Gramlich, 1994). L’infrastructure économique de base dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’eau et de l’assainissement, l’aviation, les ponts, les barrages, l’eau potable, l’énergie, les déchets dangereux, les voies navigables intérieures, les digues, les parcs publics et les loisirs, le rail, les routes, l’école, les déchets solides, les transports en commun et les eaux usées ont toujours joué un rôle important dans le maintien de la performance économique. L’infrastructure publique algérienne s’est considérablement améliorée ces deux dernières décennies, caractérisée par des investissements publics à grande échelle, particulièrement sur les infrastructures de transport. Outre ces influences positives sur l’amélioration de la productivité, une telle efficience des infrastructures affectera également la croissance économique. Aucune des études ne portait sur la 6 relation entre l’investissement public dans les infrastructures de transport et la croissance économique en Algérie. Cette étude cherche donc, à combler cette lacune en répondant à la question suivante : Quelle est la relation entre l’investissement public dans les infrastructures de transport et la croissance économique en Algérie ? Ces points de vue ont donc soulevé de nombreuses questions pour les décideurs et le grand public, comme les suivantes :  Les dépenses publiques d’investissement et la croissance économique ont-ils une relation à long terme ?  Les dépenses publiques d’investissement dans les infrastructures de transport et la croissance économique ont-ils une relation à long terme ?  Les dépenses publiques d’investissement sur les différents modes d’infrastructure de transport et la croissance économique ont-ils une relation ?  Quel mode d’infrastructure de transport a le plus d’impact sur la croissance économique ?  De quelle direction causale va la relation entre les dépenses publiques d’investissement et la croissance économique ?  De quelle direction causale va la relation entre les dépenses publiques d’investissement en infrastructure de transport et la croissance économique ?  Entre investissements publics et croissance économique, qui remplace l’autre ?  Quel est l’impact de l’emploi du secteur privé sur la croissance économique et l’investissements public en infrastructure de transport ?  Quel est l’impact du capital privé sur la croissance économique et l’investissements public en infrastructure de transport ?

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