Interaction des Elasmobranches avec les techniques de pêche en Méditerranée

Présentation générale des Sélaciens

Peu de travaux ont été réalisés au niveau du littorale algérien, nous citerons toutefois les travaux deHemida, (1998, 2005), Hemida et al., (2002); Hemida et Capapé, (2003) ; Capapé et al., (2008) et les travaux de Hamida et al.,(2010). Les requins sont des poissonscartilagineux très rependus dans tous les océanset des mers du globe, ils sont représentés par 30 familles, 96 genres et environ 350 espèces, regroupés en 8 ordres qui se distinguent de manière assez évidente par rapport à un modèle de requin-type et de manière dichotomique (Bonnefont, 2007). Au niveau de la Méditerranée, on retrouve une faune de requins assez variée comprenant 13 familles, 27 genres et 45 espèces (Fisher et al., 1987). Ces requins faisant partie du super ordre des Pleurotrèmes de la sous classe des Elasmobranches ou Sélaciens, se caractérisent par une silhouette fuselée, allongée, cylindrique ou modérément aplatie, qui diffère des raies qui font partie du super ordre des Hypotrèmes (toujours dans la sous classe des Elasmobranches), par des fentes branchiales latérales et des nageoires pectorales, non soudées aux côtés de la tête (Fig.1).

Les squales sont représentés par un squelette entièrement cartilagineux et une silhouette particulièrement hydrodynamique, les nageoires pectorales font offices de gouvernail, la nageoire dorsale sert de stabilisateur et la caudale qui est asymétrique, est propulsive (Fig.1). Ils se déplacent en moyen d’oscillations horizontales,rythmiques, plus accentuée à l’avant qu’à l’arrière (Ivory et al., 2005) (Fig.2). Les requins ont les yeux en position dorsale ou latérale et des spiracles ou évents dorsaux ou dorsolatéraux. Ils possèdent généralement cinq fentes branchiales de chaque côté, plus rarement six ou sept, leur bouche est le plus souvent ventrale, parfois terminale ou subterminale (Fig.3).Sur la partie ventrale, ils présentent une nageoire, pectorale, une nageoire anale qui manque chez plusieurs familles et une nageoire pelvienne. Sur la partie dorsalela plupart de ces espèces possèdent deux nageoires dorsales, rarement une et parfois précédées par une épine.Au niveau de leur appareil génital, ils présentent un dimorphisme sexuel avec l’apparition de pterygopodes chez les mâles et d’un cloaque chez les femelles (Fig.3). Leur extrémité terminale est caractérisée par la présence d’une nageoire caudale hétérocerque, bien développée assurant la locomotion de l’animal (Fischer et al., 1987). Le tableau 1 présente la systématique du super ordre des requins et décrit les caractéristiques de chaque ordre (Bonnefont, 2007). Tous les requins sont plus ou moins couverts de petites écailles homologues des dents, qu’on appelle denticules cutanés. Leurs mâchoires présentent des particularités uniques dans le monde animal, elles sont entièrement mobiles, indépendantes et garnies de plusieurs centaines de dents réparties sur plusieurs rangées où seule la dernière est fonctionnelle, les autres sont des dents de remplacement. Les dents implantées sur les mâchoires en plusieurs rangées transversales, sont constamment remplacées de façon spontanéelorsqu’elles tombent ou qu’elles s’abiment à partir des rangées plus internes. Les dents dont la forme varie selon les espèces, sont donc renouvelées en permanence tout au long de la vie du requin (Fischer et al., 1987).

Description de l’espèce

Ce petit animal benthique élancé est identifié par des traits particuliers propres à l’espèce.Le corps de Scyliorhinus canicula (Linnaeus, 1758)est parsemé de tâches, sacolorationest particulière, elle est colorée d’un brun clair, son dos est tapissé de petites taches brunes à brun-noirâtres sur fond beige à roux, souvent blanches sur le dos, les côtés et les nageoires, avec un ventre crème (Fig.4). On observe aussi une première nageoire dorsale commençant en arrière de l’insertion des nageoires pelviennes et une seconde commençant au-dessus de la fin de l’insertion de l’anale, avec des nageoires caudales courtes asymétriques et une échancrure subterminale. Les fossettes précaudales sont absentes chez cette espèce (Bauchot, 1987 ; Ivory et al., 2005) (Fig.4). Au niveau de la tête on retrouve, un museau bien arrondi avec des dents similaires aux mandibules, petites et nombreuses disposées en rangées très proches du bord externe de chaque mandibule avec une base large, desvalvules nasales contigües et 5 fentes branchiales(Fig.5). Figure 4 : Aspect générale de Scyliorhinuscanicula(Linnaeus,1758) On remarque des écailles tapissant le corps de l’animal, ces écailles appelées denticules dermiques se trouvent au niveau de la tête côté dorsal et ventral imbriquées sous forme de larges lames, avec trois pointes, une centrale importante et deux latérales plus petites (Fig.6).

L’espèce Scyliorhinus canicula (Linnaeus, 1758) présente un dimorphisme sexuel au niveau de l’appareil génital mâle. Les mâles contrairement aux femelles ont une partie de leurs nageoires pelviennes transformée en organe copulateur complexe appelé« ptérygopodes », utilisés pour la fécondation des ovocytes dans les voies génitales femelles lors de l’accouplement (Casselman et Schulte-Hostedde, 2004) (Fig.7). Ptérygopodes Nageoires anales 1cm Figure 7: Appareil genital mâle Cloaque 1cm Figure 8: Appareil génital femelle L’appareil génital des femelles est caractérisé par la présence d’un cloaque, la fécondation est interne (Fig.8). La majorité des espèces appartenant à la famille des Scyliorhinidae sont ovipares, un seul oeuf est inséré dans la capsule faite de collagène, produite par les glandes nidamentaires, puis passe à l’intérieur des oviductes (Mellinger, 1994) (Fig.9). Ces capsules restent durant une période brève dans les oviductes jusqu’à ce qu’ils soient expulsés, ensuite se fixent sur des substrats de fond divers (algues, roches..etc) pour donner « des bourses de sirènes » et mettent 8 à 10 mois pour éclore selon les variation de la température. Généralement deux oeufs sont expulsés, un pour chaque oviducte. Le nombre de ponte n’est pas connu avec exactitude et la période de ponte s’étant tout le long de l’année (Capape et al., 2008).

Partie I: Bilan des connaissances-Caractéristiques de la zone d’étude Le littoral algérien fait partie du bassin méditerranéen, il s’étend des frontières de la Tunisie aux confins du Maroc, dépourvue d’estuaires, entaillant profondément le continent et donnant naissance à de vastes ports naturels, issues des baies et des golfes qui ont été aménagés, avec la construction de digues et de jetées afin de fournir des abris à une flottille importante. C’est ainsi que les différents ports tels que le port d’Alger ou le port d’Oran, fut créés (Tinthoin, 1952). Ce littoral représente l’un des 34 hot-spots de la biodiversité mondiale, soumis à l’influence de l’homme depuis des millénaires. Il se caractérise par un grand nombre d’espèces, mais surtout par un taux d’endémisme important (FFEM, 2005). Bien que la biodiversité côtière de l’Algérie reste peu connue, son littoral reste un élément clé de la conservation de la biodiversité marine et côtière du bassin méditerranéen (Boutiba, 1998 ; Rahmani, 2004 ; Saint Martin, 2008). Chaque espèce vit, se reproduit et s’épanouie dans un milieu naturel restreint de variations, qui répond à ses propres besoins.

De ce fait pour une meilleure approche de l’espèce étudiée et pour apporter plus de précisions sur ses particularités, il est très important de connaitre les caractéristiques du biotope dans lequel elle développe son cycle biologique (Zeghdoudi, 2006). La distribution et l’abondance des espèces sont régies par les conditions environnementales dont elles font face. L’environnement est ainsi considéré comme un espace multidimensionnel dont les axes sont des aspects du biotope dans lequel vit l’espèce (Levinton, 1982). Ces axes sont représentés par la profondeur, la température, la salinité, la granulométrie du sédiment ainsi que la géomorphologie (Gray, 1974 ; Somers, 1987 ; Somers et al., 1987 ; Pères, 1989). Dans cette partie, dans le cadre de notre étude, nous allons, d’une part passer en aperçu les caractéristiques générales du littoral algérien, les aspects physiques, biosédimentaires, et hydrologiques qui caractérise notre zone d’étude, la baie d’Oran, etd’autre part, nous présenterons deux zones portuaires de la Wilaya maritime d’Oran : les ports d’Oran et d’Arzew, caractérisés par une activité de pêche d’un grand intérêt économique.

Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : Bilan des connaissances-Présentation de la ressource halieutique
Introduction
I- PRESENTATON GENERALE DE LA RESSOURCE
1-Présentation générale des requins
2-Systematique de l’espèce
3-Noms scientifiques et vernaculaires
4-Description de l’espèce
5- Cycle de reproduction de l’espèce Scyliorhinuscanicula (Linnaeus, 1758)
6- Distribution de l’espèce
7- Habitude alimentaire de la petite roussette
Partie I : Bilan des connaissances-Caractéristiques de la zone de pêche
Introduction
1- Caractéristiques générales
1-1 Géomorphologie du littoral algérien
1-2 Peuplement benthique et fonds chalutables
1-3 Hydrologie
1-3-1 La masse d’eau modifiée en Méditerranée
1-3-2 La masse d’eau intermédiaire en Méditerranée
1-3-3 La masse d’eau profonde en Méditerranée
1-4 Facteurs physiques du milieu
1-4-1 Température
1-4-2 Salinité
1-5 Aperçu des ports de la zone d’étude
1-5-1 La baie d’Oran et le Golfe d’Arzew
Introduction
I-Interaction des Elasmobranches avec les techniques de pêche en Méditerranée
1-Capture accidentelle aux chaluts
1-1 Impact sur l’environnement
1-2 2-Capture accidentelle aux filets de pêche
2-1 Filets dérivants
2-1-1Impact sur l’environnement
2-2 Trémails et filets maillants
2-3 Captures accidentelles à la senne
2-3-1Impact sur l’environnement
2-4 Captures accidentelles aux madragues
2-5 Captures accidentelles aux palangriers
2-5-1 Impact sur l’environnement
Partie II: Etude de la Biologie de la Reproduction
Introduction
I-MATERIEL ET METHODES
1- ECHANTILLONNAGE
1-1 Protocole d’échantillonnage
2-PROTOCOLE EXPERIMENTAL
2-1 Détermination du sexe
2-2 Mensurations
2-3 Maturité sexuelle
3-PROTOCOLE ANALYTIQUE
3-1 Sex-ratio
3-1-1 Sex-ratio global
3-1-2 Sex-ratio en fonction de la taille
3-1-3 Sex-ratio en fonction des saisons
Partie I : Bilan des connaissances-Pêche des Elasmobranches
3-2 Ecart réduit
3-3 Etude de la maturité sexuelle
3-3-1 Etude macroscopique des ovaires
3-4Oviduco-somatique index (O.S.I)
3-5Hepatho-somatique index (H.S.I)
3-6- Etude de l’indice relatif de condition
3-7- Taille de première maturité sexuelle
3-8-Etude microscopique
II-RESULTATS
III-SYNTHESE ET DISCUSSION
Partie III:Etude de la Croissance
Introduction
I-Protocole analytique
1- Croissance
1-1Croissance linéaire
1-1-1 Principe de base de l’équation de Von Bertalanffy (1938)
1-1-2 Méthode ELEFAN (Electronic Length Frenquency Analysis)
1-2- Croissance relative (relation taille-poids)
II RESULTATS
III SYNTHESE ET DISCUSSION
Partie VI: Etude du régime alimentaire
Introduction
I-MATERIEL ET METHODES
1-PROTOCOLE D’ECHANTILLONNAGE
2-PROTOCOLE EXPERIMENTAL
2-1Prélèvement du contenu stomacal
3-Traitement des contenus stomacaux
3-1Stomacotomie et récupération des proies
3-2 Identification des proies
4- Pesée des contenus stomacaux
5- Conservation des proies identifiées
6-Analyse des contenus stomacaux
6-1Analyse qualitative
6-2Analyse quantitative
6-3-Remplissage des estomacs
6-3-1Indice de rythmicité alimentaire
6-3-2Indices d’importance numérique et pondérale
6-3-3Indices de classification des proies
II-RESULTAS
1- Analyse qualitative
2- Analyse quantitative
2-1 Variation mensuelle du coefficient de vacuité
2-2 Variation du CV% en fonction des saisons
7-2-3 Variation du CV % en fonction des sexes
7-2-4 Variation du CV % en fonction des classes de tailles
7-2-5 Variation du CV % et de l’OSI
3- Fréquences et pourcentage en nombres de proies
3-1 Variation des fréquences en fonction des saisons
3-2 Variation des fréquences et nombre de proies en fonction des classes de tailles
3-3 Variation des fréquences en fonction des sexes
8- Composition quantitatives du régime alimentaire
III SYNTHESE ET DISCUSSION
Partie V : Pêcherie
Introduction
I MATERIEL ET METHODES
1-Flottille et effort de pêche
2- Répartition spatiale et bathymétrique de Scyliorhinuscanicula
3-Faune associée à la petite roussette
II RESUTLATS
1-Flottille et effort de pêche
1-1 Flottille chalutière de la wilaya maritime d’Oran
1-2 Effort de pêche et capture par unité d’effort
2- Répartition spatiale et bathymétrie deScyliorhinuscanicula
3-Faune associée
III SYNTHESE ET DISCUSSION
Conclusion et Perspectives
Références Bibliographiques
Annexes
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