La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel

La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel

interlignes est au rendez-vous de juin avec un numéro 42 consacré à « La bivalence en lettres-histoire » thème presque jamais abordé du fait de la place marginale de la bivalence dans l’organisation de l’Éducation Nationale française. En effet, les professeurs bivalents de lettres-histoire et géographie qui enseignent aussi l’éducation civique, les professeurs d’anglais-lettres, exercent uniquement dans les lycées professionnels. Ce numéro apporte un regard neuf sur notre identité de professeur de lycée professionnel et des réponses à nos interrogations. Maryse LOPEZ, qui conduit un travail de recherche sur l’enseignement de la littérature dans l’enseignement professionnel de 1945 à 1985, lance une réflexion sur cette bivalence « La bivalence lettre-histoire, un objet aux contours flous ? » en s’appuyant sur l’histoire de l’enseignement professionnel. Françoise BOLLENGIER, Christine ESCHENBRENNER enquêtent auprès de quelques collègues sur « Vivre la bivalence au quotidien » pour tenter de cerner la construction de la bivalence sur le terrain, les avantages et les inconvénients relevés par ces professeurs. Dans l’article « La bivalence du côté des élèves », Françoise BOLLENGIER rassemble les témoignages d’élèves autour de la question : « Appréciez-vous le fait qu’un seul professeur enseigne à la fois le français, l’histoire et la géographie ? ». Régis SIGNARBIEUX et Ingrid DUPLAQUET abordent la bivalence dans le cadre des stages de formation continue et nous livrent leur analyse sur « La bivalence lettres-histoire », exposent les conceptions de la bivalence, la place et le croisement des disciplines dans la bivalence. Avec Pierre BRUNET, nous avons recensé les expériences pédagogiques, introduisant la bivalence, présentes sur le site académique et dans les anciens numéros du bulletin : « La bivalence sur www.lettres-histoire.ac-versailles.fr ».

À partir d’un objet d’enseignement : le récit, Régis SIGNARBIEUX fait le constat des pratiques du récit en lycée professionnel et de son utilisation dans les classes : « Le récit, raconter en histoire, un objet bivalent ? ». Françoise GIROD élargit notre champ de réflexion en allant voir « Du côté des lettres-langues ». L’échange qu’elle conduit donne la parole à deux inspecteurs d’anglais-lettres : Patricia LASAUSA et Marc LEWIN. Enfin Stéphane RENAULT interviewe une professeure d’anglais-lettres qui enseigne le français. Dans «Dialogue avec Estelle, PLP anglais-lettres », il montre l’intérêt, pour le professeur d’anglais, d’enseigner aussi cette discipline. Avec ce numéro d’interlignes, l’équipe de rédaction a donné une place importante à l’enquête de terrain afin de mieux nourrir la réflexion sur la bivalence. La relecture a été réalisée avec l’aimable collaboration de Georges BÉNET et Pierre BRUNET. interlignes poursuit sa mission de mutualisation des expériences. Le bulletin de liaison des PLP est encore, pour 2012, tiré sur papier, envoyé dans les lycées professionnels et publié sur le site des PLP lettres-histoire de l’Académie de Versailles. Avec l’ère du tout numérique, vous retrouverez le bulletin uniquement sur le site académique en 2013. Nous vous souhaitons une bonne lecture.

En 1998, André RETTIG alors IEN dans l’académie de TOULOUSE, posait la question suivante : « La bivalence, pour quoi faire ? ». Cette question en apparence banale est pourtant celle que se pose tout jeune professeur qui entre dans le métier et qui va l’accompagner durant toute sa carrière de professeur de lettres-histoire. Nous pourrions compléter cette question par une autre : Pourquoi la bivalence en lycée professionnel ? Cette dernière interrogation incite alors à se tourner vers le passé et à repenser la bivalence dans une perspective historique, en lien avec l’histoire même de l’enseignement professionnel. Nous développerons donc dans cet article une approche diachronique de la bivalence lettres-histoire , approche qui nous paraît utile pour éclairer le présent et pour comprendre ce que signifie être aujourd’hui professeur bivalent en lycée professionnel. Bien que la bivalence soit une notion aux contours relativement flous, peu évoquée dans les programmes ou dans les discours officiels, bien que les recherches universitaires -plus particulièrement dans le champ de la didactique- soient quasi-inexistantes, la grande majorité des PLP LH lui sont attachés et considèrent ce statut constitutif de leur identité professionnelle. Nous avions, à ce sujet et dans un autre contexte , souligné un apparent paradoxe : une adhésion en demi-teinte à l’idée d’être bivalent lorsqu’il était question des contenus d’enseignement et un attachement revendiqué lorsqu’il s’agissait de pédagogie.

Ce paradoxe est révélateur des tensions qui traversent l’enseignement général en LP : d’un côté, le souci de prendre en compte l’élève, au centre des préoccupations du professeur de LP, de l’autre, la nature des contenus à enseigner, tension donc entre un modèle universitaire monovalent et une réalité du métier qui conduit les enseignants à apprécier la bivalence. Or, les récentes évolutions de la voie professionnelle -baccalauréat en trois ans, alignement des programmes, disparition de toutes références au métier dans les programmes de français- reposent la question du croisement des deux logiques qui traversent la bivalence : logique verticale des disciplines et logique horizontale au croisement des disciplines. Comme le note Edgar MORIN (1990), la discipline est « une catégorie organisationnelle au sein de la connaissance scientifique » ; elle s’organise selon des lois qui lui sont propres et qui lui assurent une certaine autonomie tout en s’inscrivant dans un domaine de connaissances beaucoup plus large. La bivalence dans ce cas permettrait de pouvoir dépasser un cloisonnement disciplinaire ce qui, dans l’enseignement professionnel, pourrait aider les élèves à appréhender la connaissance de manière plus globale.

 

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