Mars 1995 – Mars 2001 : De la programmation aux études d’avant projet

La naissance d’une idée, l’élaboration d’une programmation

A son arrivée à la municipalité de Strasbourg en 1989, Catherine Trautmann invite l’ensemble des conseillers municipaux à réfléchir sur les entrées de la ville. Très vite, M. Krieger conseiller municipal, tourne sa réflexion vers la porte Est qu’il juge plus intéressante de par sa complexité1 . En mars 1995, il soumet par courrier au maire, l’idée d’un jardin transfrontalier en partenariat avec la ville de Kehl. La même année, la ville allemande de Kehl présente sa candidature à la Landesgartenschau2 (Festival de l’art paysager). La ville de Strasbourg apporte immédiatement son soutien à Kehl mais ce n’est qu’en mars 1996 que, décidés à réaliser le Jardin des Deux Rives, Catherine Trautmann, maire de Strasbourg et Detlef Prösdorf, maire de Kehl, déposent une candidature commune à la Landesgartenschau de 2004 auprès du jury de sélection du Land du BadenWürttemberg. Le comité de pilotage politique Strasbourg-Kehl s’est alors réuni en juin 1996 pour discuter pour la première fois, du projet du Jardin des Deux Rives. Soutenu par de nombreuses lettres dont notamment celle du président de la Commission Interministérielle de Coopération France-Allemagne, et du directeur de l’architecture du Ministère de la Culture, et grâce à l’originalité de leur proposition (concevoir ensemble un jardin au cœur d’un axe de développement transfrontalier) les villes de Kehl et Strasbourg sont retenues en février 1997 pour l’organisation du Festival de l’art paysager. L’organisation d’un premier colloque en juin 1997 sur « Le paysage dans l’espace urbain » initie la réflexion sur le futur jardin. La volonté était de créer un aménagement prenant en compte l’histoire du site et liant les deux rives autour du Rhin. Un groupe de réflexion est alors mis en place afin de mettre en exergue les spécificités et enjeux du site. Ce groupe d’experts composé d’historiens, de théoriciens, d’artistes et de géographes a défini les orientations du projet et rédigé le cahier des charges du concours d’aménagement du jardin. Dans le cadre de ce travail d’autres colloques sont alors organisés associant ponctuellement la population locale par le biais de conférences publiques. Parallèlement, un premier dossier de demande de financement Interreg est déposé dans l’objectif d’obtenir les fonds suffisants à l’organisation d’un concours international. Ainsi, en juillet 1998, Roland Ries et Günther Petry maire de Kehl récemment élu en remplacement de M. Ambruster, signent la convention Interreg officialisant l’appui de l’Union Européenne. Ce dossier a permis aux villes de Kehl et Strasbourg de bénéficier de 260 000€. Ainsi, la moitié des frais engendrés par ce concours (520 000€) ont été financés par l’Union Européenne  . 

La conception des plans d’aménagement et les études d’avant projet 

En Août 1998, un jury de sélection de plus de trente personnes2 est constitué pour l’organisation du concours de conception et réalisation du Jardin des Deux Rives. Lancé en septembre de la même année, le concours a attiré quatre-vingt douze candidats. En février 1999, trente trois propositions sont retenues pour poursuivre le concours, puis vingt six en mai 1999. C’est finalement en juillet 1999, après de longs mois de discussion du jury, que le groupe allemand formé du paysagiste Rüdiger Brosk et des architectes Ercan Agirbas et Eckhart Wienstroer est désigné lauréat. Une exposition est alors montée dans la caserne Großherzog-Friedrich-Strasse située à Kehl, afin d’exposer le projet lauréat ainsi que les cinq projets primés et les cinq projets mentionnés du concours Suite à la sélection des plans d’aménagement, une phase de concertation est ouverte. Huit réunions (quatre à Strasbourg et quatre à Kehl) et une journée de travail (à Kehl) avec les architectes paysagistes sont organisées en janvier et février 2000. Après avoir pris en considération le bilan de la concertation, les concepteurs présentent devant les conseils municipaux les plans d’aménagement modifiés. Ces plans sont acceptés en mai 2000 par l’ensemble des parties prenantes marquant ainsi le début des études d’avant projet. Les plans d’aménagement retenus prévoyant un lien piétons-cyclistes entre les rives allemande et française, la réalisation d’une passerelle est alors débattue aux conseils municipaux. Le projet de passerelle est accepté en janvier 2000 par l’ensemble des décideurs politiques. Un concours s’est alors ouvert où seuls cinq cabinets invités ont participés. Le jury franco-allemand désigne en mai 2000 le lauréat du concours, tout en envisageant de réaliser la passerelle d’un autre candidat si les collectivités n’étaient pas capables d’assumer le financement de l’ouvrage de Marc Mimram. Après l’évaluation du coût de la passerelle à 10 millions d’euros environs, la ville de Kehl propose à la municipalité de Strasbourg une clé de financement de 2/3 pour la ville et la communauté urbaine de Strasbourg et 1/3 pour la ville de Kehl. Cette proposition est acceptée en février 2001 par les décideurs français. Malgré la saisie de M Ries de la Mission Opérationnelle Transfrontalière pour trouver un cadre légal à une maîtrise d’ouvrage commune, ce même mois, la ville de Kehl est désignée comme maître d’œuvre. En parallèle de la réflexion strasbourgeoise concernant le financement de la passerelle, l’organisation des festivités de la Landesgartenschau du côté allemand a commencé. En septembre 2000, s’est tenue la première réunion du conseil d’administration de la société « Landesgartenschau Kehl 2004 Gmbh1 » en charge de superviser l’organisation du festival : « Ce sont les mêmes équipes qui vont de ville en ville organiser les Landesgartenschau »2 . En janvier 2001, le conseil municipal de Kehl valide les études d’avant projet détaillée et vote le financement des aménagements paysagers. La réalisation du jardin sur la rive allemande a ainsi commencé en mars 2001. Ce même mois, une nouvelle équipe municipale est élue à Strasbourg.