La culture d’igname à Madagascar

La culture d’igname à Madagascar

Lieux de culture

Les ignames cultivées de Madagascar, et plus particulièrement D. alata, peuvent être plantées sous différentes conditions écologiques et sur plusieurs types de sol. Traditionnellement, la culture d’ignames cultivées se fait soit dans les jardins des cases, soit mélangées avec d’autres culture, soit dans les défriches comme les jachères de différents âges et puis dans les «baiboho» (ou bas fond à sol alluvionnaire). Tableau 12 : Récapitulation des modes d’utilisations médicinales de D. alata Sortes d’igname Morphotype Partie utilisée Préparation Maladie soignée Réponses obtenues Ovibe Ovibe Feuilles fraiches Broyats Brulure et furoncle 3 Ovibe, Ovy fantaka Ovibe Feuilles sèches Décoction Fièvre et paludisme 2 Ovibe, Ovy fantaka Ovibe Feuilles fraiches Décoction Hémorragie pendant la menstruation 2 Ovy toko Ovibe Feuilles sèches Décoction Rougeole 1 Ovy lalaina Ovibe Feuilles fraiches Décoction Diabète 1 Majôla Ovibe Feuilles fraiches Décoction Diarrhée 1 Ovy fotsy Ovibe Feuilles fraiches Décoction ou Broyat Démangeaison 2 Ovibe Ovibe Feuilles fraiches Décoction maux d’estomac 1 Bodoa Ovibe Feuilles fraiches Broyats maladie des volailles « barika » 1 Ovibe Ovibe Tubercule Cuire Sénilité 6  Culture dans les jardins de case La culture d’igname dans les jardins de case se rencontre sur les côtes Est et Ouest de l’île (Photo 68). Un jardin de case est une petite parcelle adjacente aux habitations, clôturée et qui fait l’objet de soins comme le désherbage et/ou la fertilisation. Une variété de culture telles que les cultures potagères et maraîchères, des arbres fruitiers comme les caféiers, les arbres à pain, les manguiers, les jujubiers ou les bananiers….y est rencontrée. Ethnobotanique 85 Le nombre de pieds d’igname trouvée dans ce système cultural est limité. Toutes les sortes d’ignames cultivées peuvent être plantées dans les jardins des cases mais, pour la côte Est, Ovy lalaina et Mavondro en particulier, y sont toujours rencontrées pour échapper aux voleurs. Les lianes des ignames sont supportées par les arbres fruitiers ou par la clôture ou par des tuteurs morts. La fertilisation de la culture est assurée par la litière provenant des arbres fruitiers ou par l’apport de déchets ménagers.  Igname dans des champs de culture Les ignames cultivées peuvent être également plantées en bordure ou à l’intérieur des champs de culture d’un autre produit comme le taro, la patate douce, le manioc, la canne à sucre, le maïs ou le riz (Photos 69 et 70). Ce type de système de culture appartient à ce qu’on appelle «végéculture» ou une culture mélangée, peu intensive qui se caractérise par l’absence d’un travail du sol et qui se rapproche de la cueillette. Ce système de culture d’igname bénéficie d’un petit soin au moment où la culture principale est entretenue. Il n’y a pas de véritable tuteur pour l’igname dans ce système mais les lianes s’accrochent sur la plante qui se trouve juste à côté. Photo 68 : Culture de Ovy lalaina dans un jardin de case (Andovoranto) Rajaonah Ethnobotanique 86  Culture dans des jachères Selon leur âge, les jachères ont des qualifications particulières comme la culture sur brulis ou «hatsaka» (à l’Ouest) ou «tavy» (à l’Est), les savanes ou «savoka» (à l’Est) ou «monka» (à l’Ouest) (Photos 71 et 72). Les jachères ont des propriétaires et elles appartiennent à celui qui a défriché au départ. Par contre les ignames qui s’y trouves sont accessibles pour tout le monde et sont maintenues par le pacte social («dina») pour le cas de la côte Est. Ainsi, les ignames cultivées rencontrées dans ces endroits ne bénéficient pas de beaucoup d’entretien ni d’attention de la part des propriétaires. C’est le cas également des ignames héritées ou ignames qui ont été plantées par les ancêtres et qui restent encore sur leurs terres sans qu’on ne leur donne beaucoup de soin. Dans les jachères boisées, les arbres qui s’y développent servent de tuteurs aux ignames. Mais dans les savanes arbustives les Rubus sp. et Aframomum sp. pour la côte Est et les palmiers pour la côte Ouest servent de tuteurs aux lianes. 

Type de sol

A Madagascar les ignames cultivées peuvent se rencontrer dans différents types de sol mais en général elles préfèrent les sols meubles. 1) Cas de la côte orientale : D. alata peut pousser sur les sols ferralitiques de la côte Est, aux bas des pentes où le sol est épais, riche en matière organique. Le rendement y est élevé. L’igname peut aussi se développer sur les pentes. Bien que le sol y soit moins fertile, il offre l’avantage de permettre une récolte plus aisée des tubercules; en effet la quantité de sol à déblayer pour déterrer les tubercules est moindre à cause de la topographie du sol. Le meilleur endroit pour la culture de D. alata se rencontre sur les sols alluvionnaires et à l’abri d’une inondation comme sur les bords de rizière (Photo 73) ou de cours d’eau mais protégé d’une inondation. Les paysans ne donnent pas de soin particulier à ces sols en dehors de l’apport épisodique de déchets ménagers quand ils sont localisés près de leur habitation. D. esculenta pousse de préférence dans des sols sableux de la côte orientale et les paysans y apportent généralement un fertilisant organique comme les déchets ménagers, du compost ou du fumier. 2) Cas de la côte occidentale : Sur la côte Ouest, le paysage n’est pas très accidenté comme sur la partie orientale. D. alata pousse sur les collines ou sur les «Tanety» où le sol est peu fertile. Les sols alluvionnaires limono-argileux protégés d’une inondation (baiboho) (Photo 74) des bords des rivières et fleuves constituent aussi les meilleurs sols pour le développement de la culture des ignames. Aucun soin particulier n’est apporté à la culture des ignames sur la côte Ouest. Ethnobotanique

La technique culturale

Semences : Traditionnellement, la semence utilisée par les paysans malgaches pour D. alata est la tête du tubercule, c’est-à-dire la partie sur laquelle se trouve la tige de la plante (Photo 75). Cette semence est recueillie au moment de la récolte en coupant au sommet du tubercule une portion d’environ 10cm de longueur. La semence obtenue est directement replantée ou bien gardée au frais dans un endroit ombragé (sur la côte Est par exemple à l’ombre des cases bâties sur pilotis) jusqu’au moment de plantation, c’est-à-dire au début de la saison des pluies. Les bulbilles sont aussi utilisées comme semence, mais le problème évoqué par les paysans est qu’une igname plantée à partir d’une bulbille n’est véritablement exploitable qu’au bout de 2 à 3 ans pour la côte Ouest. En ce qui concerne D. esculenta, un pied mature fournit plusieurs tubercules (jusqu’à 20 pièces) et ce sont les tubercules entiers qui servent alors de semence. Photo 75: Tête de tubercule de Ovy lalaina encore fixé sur le sol après récolte Rajaonah Photo 73 : Igname dans les bas-fonds (Fénérive est) Photo 74 : Igname sur Baiboho (Toliary) Rajaonah Rajaonah Ethnobotanique 89  Plantation : -Cas de D. alata : La tête de tubercule peut être remise en terre tout de suite après le déterrage du tubercule. Elle peut être plantée soit directement dans le trou occasionné par le déterrage et partiellement comblé, puis recouverte de terre, soit dans un trou creusé au niveau du déblai résultant de la récolte du tubercule (Photos 76 et 77). Cette technique est le plus souvent observée pour le cas des ignames qui poussent dans les jachères. Certains paysans ne remettent pas les semences en terre, mais les éparpillent dans les jachères lors de la période de plantation. Ce sont les terrains en pente qui sont privilégiées pour la plantation des ignames car la récolte y est plus facile (moins de terre à déblayer).

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *