La demande de la monnaie

La demande de la monnaie

C’est un chapitre transitoire avec la fin du premier semestre qui sert aussi de base pour la compréhension des chapitres futurs. L’objectif de ce chapitre est d’étudier les fondements des comportements des agents en ce qui concerne leur détention de monnaie. Les autorités monétaires cherchent à contrôler la quantité de monnaie en circulation. Il est donc souhaitable de comprendre ce qui incite les gens à en détenir. On verra qu’il existe une autre donnée indispensable, la stabilité dans le temps ou non. Il existe trois grandes approches de la demande de monnaie : – Celle qui met l’accent sur le caractère transactionnel de la monnaie. Historiquement, ce sont les premières théories qui ont existé. La monnaie n’est jamais détenue pour elle-même mais dans le but d’effectuer des transactions rapidement. – La théorie keynésienne et post-keynésienne. Elle repose sur la vision keynésienne de la monnaie. Le concept de base est la notion de préférence pour la liquidité. Il va montrer que la demande de monnaie est de la demande de liquidités. La monnaie est par essence l’actif liquide sans risques. – Une approche plus contemporaine à la base des concepts monétaristes. On renoue avec la conception transactionnelle, réelle/ On se base surtout sur la conception de Friedman.

On va essayer de donner une base microéconomique à la fonction de demande macroéconomique de la monnaie. Il y a un point commun avec la théorie keynésienne ; la monnaie est un actif parmi d’autres. La monnaie est une forme de détention de richesse qui sera choisie en la comparant à d’autres formes (actions, obligations, …) Section 1 : La détention de monnaie dans une optique transactionnelle. L’idée de départ est que les agents détiennent de la monnaie pour acheter des biens ou des services. Plus on aura des besoins de transaction, plus on va détenir de la monnaie en quantité. C’est la logique de la théorie quantitative. On va voir comment elle est élaborée ; la quantité de monnaie présente dans l’économie est étroitement liée au nombre d’unités monétaires échangées dans le cadre des transactions. A- Les origines de la théorie quantitative. Au départ, la théorie quantitative n’est pas une théorie de la demande de monnaie. Il n’empêche. Les origines de cette théorie remontent au XVIème siècle. C’est la première fois qu’on s’oppose sur de vrais problèmes monétaires. 1- La genèse de la théorie quantitative. On fait remonter le premier débat monétaire à une controverse entre deux personnes, Jean Bodin et le seigneur de Malestroit. Au XVIème siècle, on a une forte augmentation des prix un peu partout en Europe.

Elle préoccupe les autorités royales à l’époque, d’autant plus qu’elle contraste avec plusieurs siècles de stabilité des prix. Il y a une Chambre des Comptes à Paris à qui on demande d’enquêter sur ce problème et de rendre un rapport (Enquête sur le renchérissement de toutes choses et de la dépréciation de la monnaie). Le rapport est rendu en 1556 par Malestroit. Il n’y a pas de hausse réelle des prix en France. La hausse des prix est une illusion et en fait le coût de la vie n’a pas augmenté. L’impression est la conséquence logique de la dépréciation de l’unité de compte par rapport au métal. A l’époque, l’unité de compte est la livre et la livre est définie par une certaine quantité de métal. Malestroit remarque que le souverain très souvent à l’époque a tendance à modifier la définition de l’unité de compte. Le souverain déprécie l’unité de compte en annonçant que dans une unité de compte il y a de moins en moins de quantité de métal. A partir de ce moment, une même quantité de métal va correspondre à un nombre croissant d’unités de compte. Exemple : Au départ, une livre vaut 20 grammes d’argent. Un bien vaut 10 livres Donc ce bien représente 200 grammes d’argent. Ensuite, une livre vaut 16 grammes d’argent. Ce bien vaut toujours 200 grammes d’argent. Donc ce bien va valoir 12,5 livres. Ce sont les prix en unité de compte qui donnent l’impression d’une hausse des prix.

Par contre, la quantité de métal à donner contre un même bien reste identique. Il n’y a donc pas de hausse des prix. Jean Bodin répond aux conclusions de Malestroit en 1568 (Réponse au paradoxe de Monsieur de Malestroit). La hausse des prix constatée en France n’est pas seulement purement illusoire. Il reconnaît l’incidence de la dépréciation de l’unité de compte (hausse nominale des prix) mais il considère qu’il y a aussi une hausse réelle, hausse de la quantité de métal à fournir pour acheter un même bien (hausse réelle). La hausse des prix débute en Espagne. On a de grosses découvertes d’or en Amérique. Les produits espagnols vont devenir moins compétitifs au niveau international. L’Espagne augmente ses importations et diminuera ses exportations, la balance commerciale se dégrade. On a une sortie de métaux précieux d’Espagne à destination des voisins européens, qui voient des métaux précieux arriver chez eux, entraînant une hausse des prix. Il ne théorise pas cela, c’est seulement une observation historique. Mais on le considère malgré tout comme un précurseur de la théorie quantitative : il y a une relation directe entre la quantité de monnaie en circulation dans un pays et les prix.

La poursuite de l’analyse jusqu’au XIXème siècle. Jusqu’au XVIIème siècle, l’analyse de Bodin a assez peu d’influence. On est en pleine époque mercantiliste ; or pour les mercantilistes la quantité de métal est vue comme un phénomène positif dans la mesure où on considère que c’est une manière de favoriser le commerce et l’industrie. Pendant deux siècles, on est dans une analyse totalement différente qui ne veut pas prendre en compte les avancées de Bodin. Il est isolé dans son analyse monétaire chez les mercantilistes. Au milieu du XVIIIème siècle, on a à nouveau un courant qui va essayer de mettre en relation hausse de la quantité de monnaie en circulation et hausse des prix. Ce mouvement démarre en 1752 avec David Hume. La hausse de la quantité de monnaie en circulation entraîne une hausse proportionnelle des prix selon lui. En 1755, Richard Cantillon va apporter une nouveauté à l’édifice ; il essaie de chercher les raisons qui peuvent expliquer la hausse de la monnaie en circulation. Normalement, il n’y a pas de hausse miraculeuse. La cause en sera le solde commercial, excédent pour expliquer l’afflux de monnaie. En cas d’excédent commercial, des individus vont profiter des ventes à l’étranger ; ils bénéficieront d’un supplément de monnaie. C’est ce supplément de monnaie qui va être utilisé pour augmenter la consommation. Il va y avoir une demande additionnelle de biens et services dans l’économie. C’est cette demande additionnelle qui pousse les prix à la hausse. Il y a une relation entre la quantité de monnaie en circulation, la demande réelle et le niveau des prix.

Il y a un lien entre l’activité réelle et l’activité monétaire. Il montre qu’il n’y a pas de relation systématique entre la quantité de monnaie et les prix. Il faut qu’il y ait une hausse de la consommation des agents. Si il y a épargne, la théorie quantitative ne fonctionne plus. Il n’y aura pas de hausse sur tous les produits homogène. Les biens particulièrement demandés se renchériront davantage. On a des phénomènes nouveaux intéressants, le détour par la sphère réelle pour expliquer l’évolution des prix. Malgré tout, Cantillon reste un précurseur de la théorie quantitative. Pour lui, il y a une conséquence importante à l’augmentation de la quantité de monnaie, la hausse des prix. Il justifie mieux la hausse des prix mais n’aborde pas le problème de la modification de l’activité réelle. Au cours du XIXème siècle, grande époque de la théorie classique, on a un renforcement de la vision quantitativiste. On va aller vers une vision de plus en plus extrémiste de la dichotomie. Dès 1803, on a l’analyse de Jean-Baptiste Say. La monnaie est un voile qui masque la réalité des échanges. Il montre qu’à chaque échange de produits contre de la monnaie que l’individu qui récupère de la monnaie va systématiquement réutiliser la monnaie pour acheter un autre produit dans la mesure où la monnaie a été un simple intermédiaire, elle a facilité les échanges mais rendu un service mineur. Il est inutile de la prendre en considération pour analyser l’économie. Il existe deux sphères dichotomiques l’une à l’autre, avec d’un côté la sphère réelle (biens et services) et de l’autre la sphère monétaire qui aura une importance secondaire. Ricardo, en 1817 ; puis Mill en 1848 reprennent cette analyse. Les classiques reprennent les idées et les théories de Say. Dans tous les cas, la monnaie est uniquement perçue comme un intermédiaire des échanges. Elle est détenue pour être dépensée rapidement. La détention de monnaie sera forcément égale aux marchandises qu’elle permet d’acheter. L’encaisse monétaire est une encaisse de transaction. C’est une encaisse forcément et uniquement faite dans une perspective de paiement.

 

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