La microfinance entre logique de marché et logique de solidarité

La microfinance entre logique de marché et logique de solidarité

L’approche Welfariste (Welfarist approach)

La démarche entreprise est que ces welfaristes mettent l’accent sur le niveau de pauvreté des populations ciblées et concentrent leurs efforts sur l’amélioration à court terme des conditions de vie de leurs clients si ceux-ci demande un recours supplémentaire de subventions. Ainsi, Les tenants de cette approche se réfèrent à la qualité des donateurs, pour ainsi argumenter leur position, en considérant que ces investisseurs sociaux qui contribuent aux subventions des IMFs ne sont pas nécessairement attirés par les profits, mais plutôt sont motivé par l’objectif de réduire la pauvreté. Dans le même ordre d’idée, La vision de cette approche dite de ‘bien être’ ou (directed crédit approach) en justifiant leur position vis-à-vis des subventions : « moins intéressé par l’activité bancaire en soi que par l’utilisation de services financiers comme moyen d’alléger directement les pires effets de la pauvreté profonde chez les participants et le communauté, même si certains de ces services requièrent des subventions. Leur objectif tend à être l’auto-emploi des plus pauvres économiquement actifs, en particulier les femmes (…) le centre d’attention de la ‘famille’ ». (Woller et al, 1999) Parmi les spécificités d’une microfinance subventionnée est d’aller en profondeur en termes de (budget et de technique) dans le but d’évaluer régulièrement l’impact du la microfinance sur ses clients. De toute évidence, cette évaluation permet d’analyser les contraintes des clients et leurs raisons de succès, éventuellement l’échec ou les cas d’abondons de certains d’entre eux concernés par le programme de microfinance. En accordant un intérêt à la profondeur et au degré de la portée de la microfinance (depth of outreach), cette approche maximaliste opère d’un point de vue d’équité sociale ayant pour objectif de soulager le fardeau de la pauvreté, et l’efficacité économique n’est pas visé proprement parler, tout en s’interrogeant non pas sur la question du nombres de clients atteints, mais sur le type de clients ciblés et tout les éléments relatifs à l’inadéquation entre les besoins exprimés et les services offerts.

Que signifie le terme Subvention ?

Reprenons les principaux éléments de distinction apportée par Chao-Beroff (2001) sur le sujet concernant la nature des sources de capitaux pour les IMFs : – Les IMFs commerciales poursuivent un objectif en grande partie à rentabilité financière. – Elles servent une clientèle marginalement pauvre. – Les investisseurs sont intéressés par la rentabilité des fonds propre. Les IMFs solidaires ayant une mission sociale mais avec une volonté de viabilité financière se tourneraient vers des investisseurs socialement responsables. Woller et al (2000) utilisent une définition du terme « subvention » qui permet une forte distinction entre « les investisseurs sociaux » et « les investisseurs égoïstes »207 : – Les premiers cherchent en fait un retour social sur investissement, d’où augmentation de revenus pour les pauvres – Les seconds, malgré intéressé par la mission sociale, ne cherchent que le retour financier. Pour sa part, Van Maaneen (2005), considère que la plupart des IMFs dont les ressources de financement proviennent des premiers investisseurs, ont pour clientèle le sommet de la pyramide (voir figure III.4) puisque les profits les rendent attractives.Pour ces investisseurs, certaines d’entre eux s’adressent à un public plus ou moins solide, et en dernier lieu les clients les plus pauvres qui se mettent en dessous de la ligne de pauvreté, qui sont touchés par ces IMFs que partiellement. Figure (III.4) : Types de catégories financées par les investisseurs privées Source : Van Maneen, 2005 Dans la littérature, les subventions sont analysées autant par des intervenants externes à l’IMF que par l’IMF elle-même. Ainsi, Schreiner (1997) a identifié deux raisons qui montrent pourquoi les donateurs ont intérêt à mesurer les subventions 208 : – La première est que les IMF autosuffisantes financièrement attirent forcement des investisseurs privés. – La deuxième raison provient du fait qu’il y a une grande disproportion entre le nombre d’IMF et les subventions disponibles qui sont bien plus rares. 7.2-L’approche Institutionnaliste (Institutionnalist approach) D’une part, l’adoption de l’approche commerciale de la microfinance (financial market approach) tende à recentrer les bénéficiaires, concentrés géographiquement, autour du seuil de pauvreté, et ceci en excluant les plus pauvres (Labie, 2005). D’autre part, la microfinance ne doit plus être orientée vers un segment 208 Schreiner, Mark, “How to Measure the Subsidy Received By a Development Finance Institution. Ohio: The Ohio State University”, 1997, p.02. Chapitre III : Les grands courants de pensées se rapportant à la microfinance 168 spécifique qui est les populations pauvres, mais doit faire partie intégrante du système financier dans sa totalité (Littlefield et Rosenberg, 2004). Pour les partisans de cette approche, et afin d’assurer une autonomie financière des IMF, et couvrir les coûts, l’approche commerciale est inévitable. Ils estiment aussi que si une IMF augmente sa clientèle et enregistre des taux de remboursement, elle couvre ses coûts et ne dépend plus de subventions. Ceci est argumenté en partie par le fait que les bailleurs de fonds tels que la banque mondiale et les agences gouvernementales pour le développement sont restrictifs dans leurs aides financières au profit des institutions de microfinance qu’a la condition d’être rentables. (Cohen, 2003)209 dans un sens critique, estime que les institutions financières doivent toucher les plus pauvres si elles veulent avoir un impact. Aujourd’hui, cette approche peut répondre à une demande non satisfaite, mais débouche sur une exclusion d’une masse importante de bénéficiaires, soit les plus pauvres comme le montre la figure suivante : Figure (III.5) : impact de la microfinance Source : Cohen, 2003 209 Cohen Monique, « Contribuer à améliorer l’efficacité de l’aide », Note sur la microfinance, CGAP, N°13, juillet 2003. Misère Pauvreté Pauvreté Vulnérabilité Pas de Richesse Extrême modérée sans pauvreté pauvreté . La lecture de la figure (III.5) nous permet de constater que la plupart des clients actuels de la microfinance dans le monde semblent se situer autour du seuil de pauvreté ou juste en deçà. Les indigents (ceux qui se trouvent dans la misère), c’est-àdire les ménages qui représentent les 10 % de ménages les plus pauvres, ne sont pas généralement des clients du microcrédit. La plupart des clients de la microfinance concernent la catégorie des «modérément pauvres » (soit la moitié supérieure des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté). D’après la figure, un pourcentage minime de ménages extrêmement pauvres participent aux programmes de microfinance, et ceci est valable aussi pour les non pauvres vulnérables (ceux qui se situent juste en dessus du seuil de pauvreté) 210. Pour soutenir les aspirations d’une microfinance autosuffisante, (Mc Guire et Conroy, 2000) expliquent que les IMF peuvent atteindre l’auto suffisance financière pour les raisons suivantes : Premièrement : le financement des agences de donations est limité, ce qui fait que les IMFS ne peuvent accroître leur couverture plus que la proportion des ménages pauvres sur le bas des fonds des donateurs. Deuxièmement : Quoi que la microfinance attire l’intérêt des agences de donations, mais n’est pas toujours le cas des IMF non pérenne. Troisièmement : Les programmes subventionnés n’ont pas de fortes motivations pour être efficientes. Quatrièmement : les programmes subventionnés concernent souvent les ménages non pauvres qui sont attiré par les taux d’intérêts a bon marché, plutôt que soutenir les ménages pauvres. Cinquièmement : Comme cela a été suggéré, les programmes financièrement viables peuvent avoir un impact sur la réduction de la pauvreté que les programmes subventionnés.

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