La place des femmes dans l’enseignement 

Aujourd’hui, le domaine de l’enseignement est principalement occupé par les femmes. Elles représentent un taux d’occupation très important (Périsset et Darbellay, 2002). Les recherches ont relevé plusieurs causes à ce phénomène.

Tout d’abord, Cacouault et Fournier (1998) mentionnent le fait que cette profession n’offre pas spécialement de possibilités de faire carrière. Ceci rend ce métier plus attractif pour certaines femmes, celles qui ne souhaitent pas forcément se concentrer uniquement sur leur vie professionnelle, mais peut-être aussi sur leur vie privée. Ensuite, ce métier permet facilement de conjuguer ces deux mondes, professionnel et familial : les enseignants ont plus de temps libre et ont la possibilité d’avoir un emploi à temps partiel. Enfin, les hommes préfèrent occuper des places plus prestigieuses et faire des études plus poussées, par exemple un Doctorat ou un Master.

Des études ont également relevé le fait que les femmes occupent la quasi-totalité des postes du cycle 1, car elles ont un côté maternel que les hommes ont moins (Van Essen et Rogers, 2003). Plus les degrés d’enseignement sont élevés (dans les universités ou dans le Secondaire II), moins les femmes sont présentes dans ces milieux. Certaines recherches (Périsset et Darbellay, 2002 ; Coenen-Huther, 2009) expliquent également cela par le fait qu’elles ont moins tendance à faire carrière que les hommes et qu’elles se contentent de formations et de postes de travail moins prestigieux.

Autorité
André (2005) donne une définition de l’autorité. Il explique qu’il s’agit d’avoir un pouvoir (dans un sens positif, c’est-à-dire le fait d’influencer les gens d’une certaine manière), en toute légitimité. La personne qui dispose de cette autorité n’aura pas besoin d’utiliser la force, ni aucune forme de persuasion ou de coercition. Il n’y aura donc pas de règlements ou de sanctions nécessaires à l’autorité, car elle s’impose d’elle-même. De plus, il ajoute que l’autorité possède deux aspects. Il y a d’abord une « autorité naturelle » innée, une capacité à s’imposer. Les personnes qui en font preuve exercent un pouvoir sur les autres de manière très spontanée. Cependant, ce n’est pas la seule forme de pouvoir qui existe et ce n’est pas une caractéristique obligatoire pour avoir de l’autorité. En effet, ce concept peut se construire et sa légitimité se gagne auprès des élèves. Toutefois, nous trouvons que le fait de mettre ces deux aspects en opposition est plutôt surprenant. Certaines personnes parlent d’autorité naturelle mais il semble difficile de définir la frontière entre ce qui est inné et ce qui est appris grâce à des outils et des méthodes ou ce qui se construit avec le groupe-classe auquel l’enseignant a affaire. La part d’inné nous semble difficilement évaluable car la prestance d’une personne et son influence naturelle peuvent évoluer au fil des années d’expérience. Ainsi, est-ce considéré comme de l’inné ou de l’acquis ? Cette question montre que ces deux visions soulèvent un certain nombre d’enjeux, par exemple dans la formation des enseignants au niveau de l’influence des cours de gestion de classe.

Selon Gordon (1989/1990), l’autorité se définit par le contrôle ou l’influence qu’une personne exerce sur une autre. Il en existe quatre types, qui sont liées soit à la fonction d’une des personnes, à ses compétences, à des contrats ou ententes passées entre les deux parties, ou soit à un contrôle d’une des personnes sur une autre (par des contraintes, par exemple). Nous comprenons alors que l’autorité n’est pas liée au sexe des personnes concernées. Or, dans le sens commun, on définit souvent l’autorité comme un attribut masculin. Que se passe-t-il dans la réalité ? Peut-on observer des différences entre les enseignantes et les enseignants ? Ce sont des questions que nous allons traiter dans notre recherche.

Si les enfants ne respectent pas (ou moins) l’autorité des femmes (si elles n’arrivent pas à se faire respecter et à faire respecter un cadre et les règles qu’elles instaurent), nous pourrions nous questionner sur les différences de techniques disciplinaires que trouvent les femmes et les hommes pour instaurer cette atmosphère de travail agréable.

Une image masculine de l’autorité
Malgré la présence majoritaire des femmes dans l’enseignement, il est montré que notre société garde encore une image masculine de l’autorité. Nous pouvons clairement retrouver cette croyance dans l’ouvrage d’Ernst (2004), qui parle de la tendance des femmes enseignantes à parler de manière plus masculine, pour faire respecter une certaine discipline : « C’est dans une société moderne, déjà transformée par l’indistinction égalitaire des hommes et des femmes, mais encore marquée en profondeur par les imaginaires de séparation des rôles, que peut se produire une anomalie de ce genre. Les femmes de notre époque (et sans doute encore pour quelques générations) sont plus imprégnées qu’elles ne le croient d’un imaginaire ancien où leur rôle n’est pas de professer un savoir, ni d’exercer une autorité par une parole magistrale. Et elles sont à leur insu poussées à s’identifier aux hommes lorsqu’elles en “usurpent” les fonctions : c’està-dire, quand elle sont en situation d’exercer une parole magistrale un peu tenue, de se faire entendre par une assemblée un peu dissipée, qu’elles doivent faire preuve d’autorité – pour se donner plus de poids, d’autorité, bref de masculinité » (p. 16).

Climat de classe et discipline
Comme la société possède un regard différent sur un enseignant selon son sexe, il serait légitime de se questionner sur les techniques que les enseignantes femmes et les enseignants hommes utilisent afin de se faire respecter et de gérer leur classe de manière à ce que les élèves se sentent bien, en sécurité, et qu’ils se situent dans un environnement favorable aux apprentissages. La construction d’un tel environnement passe par la gestion de classe et toutes ses composantes, dont la discipline. Ce dernier concept s’oppose à celui de l’autorité selon la définition qu’en donne André (2005), car il s’agit d’utiliser des outils (règlements, sanctions ou autres) afin de faire régner ce climat agréable. Nous ne pouvons donc plus parler d’autorité en tant que pouvoir exercé en toute légitimité.

Table des matières

1. Introduction 
PARTIE THÉORIQUE
2. Problématique 
2.1. La place des femmes dans l’enseignement
2.2. Autorité
2.3. Une image masculine de l’autorité
2.4. Climat de classe et discipline
2.5. Etudes sur le lien entre l’autorité et le genre dans l’enseignement
2.6. Délimitation de la recherche
3. Cadre conceptuel 
3.1. La gestion de classe
3.2. Le climat organisationnel
3.2.1. Les dimensions du climat organisationnel
3.3. Discipline
3.3.1.Attentes communes : les règles de comportement
3.3.2.Enseignement ciblé
3.3.3.Relations positives avec les élèves
3.3.4. Les comportements appropriés et les comportements
problématiques
3.3.5. Interventions de l’enseignant
3.3.5.1. Renforcements positifs
3.3.5.2. Habiletés d’encadrement
3.3.5.3. Interventions et stratégies de soutien
3.3.5.4. Punitions et conséquences logiques
3.4. Le genre
3.5. Synthèse
4. Questionnement
4.1. Questions de recherche
4.2. Hypothèses
4.2.1. Première hypothèse : la référence systématique à la charte
disciplinaire
4.2.2. Deuxième hypothèse : le sens de la charte
Morgane Collet Mémoire de fin d’études
4.2.3. Troisième hypothèse : l’importance de la discussion
4.2.4. Quatrième hypothèse : la punition traditionnelle
5. Dispositif méthodologique 
5.1. Construction du modèle d’analyse
5.2. Echantillon
5.3. Considérations éthiques
5.4. Méthode d’analyse des données

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