La plaine viticole languedocienne

La plaine viticole languedocienne

Cas d’application et démarche

Le travail de thèse a pour objectif de produire un modèle d’évaluation ex-ante des impacts hydrologiques des systèmes de culture. Dans ce chapitre nous présentons le cas d’application sur lequel a été réalisé le travail pour cerner les problématiques hydrologiques spéciques aux systèmes de culture étudiés et à leur milieu. Ensuite, la démarche opérationnelle mise en oeuvre pour traiter du cas d’étude est présentée.

Cas d’application : la plaine viticole languedocienne

En Languedoc Roussillon (première région viticole française avec 30% de la surface nationale en vignes), près d’un tiers de la surface agricole utile est cultivée en vignes. Compte tenu de la répartition spatiale des zones de production liées aux appellations des vins, ces dernières sont le plus souvent des zones de monoculture. Le cas d’application porte sur ces systèmes de culture viticole languedocien et concerne plus particulièrement la vallée de la Peyne (basse vallée de l’Hérault) située dans la partie sud-ouest du département de l’Hérault, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Montpellier (gure 1.1). La zone d’étude pour le travail de thèse est représentative de la basse vallée de l’Hérault et se structure autour de deux bassins versants emboîtés : le bassin de la Peyne de 75 km² qui comprend le bassin versant de Roujan de 1 km². Dans cette partie qui présente le cas d’application, un état des lieux de la problématique environnementale est introduit avant de présenter les systèmes de culture, le milieu et les processus hydrologiques qui y concourrent. Finalement, en se basant sur l’ensemble de ces éléments, on réalise un bilan des déterminants du problème environnemental. 

La problématique environnementale : la pollution de l’eau par les pesticides

Dans le Sud de la France, les inventaires régionaux de la qualité de l’eau réalisés en 1997 et 1999 (Agence de l’eau RMC, 1998 et 2000), ont montré que plus de 65% des eaux de surface et 80% des eaux souterraines sont contaminées par des pesticides. Plus de 50% des matières actives retrouvées sont des molécules d’herbicides. Face à cette constatation, l’utilisation de certaines molécules à caractère toxique a été interdite. On citera à titre d’exemple : simazine, lindane, diquat, paraquat, ou diuron pur pour le désherbage chimique. Cette décision suit la logique des mesures prises dans le but de limiter l’impact des pesticides sur la santé humaine. En eet, selon les conditions d’emploi, ces matières sont susceptibles de se retrouver dans l’eau, et de provoquer d’importantes perturbations sur les écosystèmes et sur l’homme.  Figure 1.1  Localisation géographique de la zone d’étude exemple, une étude récente de la DASS a montré que 18% de la population de l’Hérault, département de la zone d’étude, est concernée par des dépassements ponctuels de la norme admise de pesticides dans l’eau de consommation, et 1% par des dépassements réguliers (AME, 2003). Le constat des dangers potentiels d’un recours excessif aux pesticides, a logiquement porté les pouvoirs publics et les agriculteurs à tenter de réduire leur utilisation. La stratégie d’emploi systématique de produits phytosanitaires est aujourd’hui montrée du doigt, dans une région où la consommation moyenne de pesticides atteint 28kg/ha, soit plus du double de la moyenne française (12kg/ha), ce qui est lié à l’importance de la viticulture (AME, 2003). Nous allons donc dans la suite de la présentation du cas d’étude, présenter les éléments qui contribuent à expliquer les problèmes de pollution des eaux par les pesticides. 1.1.2 Les systèmes de culture viticoles La vigne, une culture pérenne… Les systèmes de culture viticoles, comme tous les systèmes à base de plantes pérennes, sont établis pour un horizon de temps long puisque la vigne peut être cultivée durant plusieurs dizaines d’années, certaines vignes pouvant être centenaires (Champagnol, 1984). Trois phases peuvent être distinguées au cours du cycle de la vigne : le développement végétatif, le développement reproducteur et le repos hivernal (dormance) (gure 1.2). En France, le cycle de la vigne peut s’étendre de n mars à novembre, suivant les régions et les cépages. La vigne est une plante à croissance indéterminée, ce qui suppose une optimisation du rapport croissance végétative / charge en fruits pour atteindre les objectifs de production et  Figure 1.2  Cycle végétatif et reproducteur de la vigne de qualité. Les techniques permettant de parvenir à cela sont diverses : la taille hivernale lors de la dormance et l’ébourgeonnage en début de cycle pour limiter le nombre de bourgeons par plante venant à se développer, le rognage pour limiter la vigueur végétative au cours du cycle, et l’égrappage qui vise à limiter la charge en grappes. Ces travaux sont dénis comme les travaux fondamentaux de la culture de la vigne (Jourdan, 1994). Figure 1.3  Photo d’une parcelle de vigne vue du ciel …qui couvre peu le sol … La vigne est cultivée en rangs. On distingue donc deux entités de surface sur une parcelle : le rang et l’inter-rang. Cette organisation spatiale des parcelles de vignes en rangées laisse de larges surfaces de sol non couvertes par la vigne. Les replantations progressives en nombre dans la région Languedoc Roussillon (Touzard, 1998) ont renforcé cette situation en généralisant la conduite de vignes palissées qui permettent la mécanisation du vignoble : les inter-rangs ont été élargis (de 1,5-1,6m à 2 voire 3m) et la végétation de la vigne contenue par des ls pour laisser entrer les tracteurs dans les parcelles. Le sol est donc majoritairement non couvert par la vigne (gure 1.3). … et consomme beaucoup de pesticides Du fait de l’organisation de la vigne en rangées, aux travaux fondamentaux dénis précédemment s’ajoutent les opérations d’entretien du sol qui concernent aussi bien le rang que l’inter-rang. Parmi les travaux dénis comme les travaux eectués pour maintenir le vignoble sain et en bon état, on trouve également les opérations de protection de la culture et, éventuellement, les opérations de fertilisation et d’irrigation. Ces travaux ne sont pas obligatoirement réalisés chaque année. Dans un vignoble idéal (sans mauvaises herbes, sans risques de maladies et avec susamment d’eau), ils n’auraient pas besoin d’exister (Jourdan, 1994). Ce sont ces travaux qui amènent un usage important de pesticides. En eet, d’après Aubertot et al. (2005), 20 % de la consommation (en masse) 32 Chapitre 1 : Cas d’application et démarche pourrait être imputée à la viticulture alors qu’elle ne représente que 4% de la SAU française. Cette situation s’explique par l’ecacité avérée des méthodes de lutte chimique, et le manque de méthodes alternatives.

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