La productivité

La productivité

Niveau moyen de la productivité

Dans chaque scénario, les paramètres prF , π F F et π M F définissent respectivement la productivité moyenne du secteur des entreprises, l’hétérogénéité de la productivité moyenne des entreprises et l’hétérogénéité de la productivité des machines au sein de chaque entreprise. Ainsi, dans le scénario de base qui nous sert de point de fonctionnement de référence du modèle, la productivité moyenne du secteur est égale à 100 (prF = 100), la productivité moyenne de chacune des entreprises est égale à la productivité moyenne (π F F = 0) et au sein de chaque entreprise les machines ont des productivités hétérogènes uniformément réparties dans l’intervalle [75; 125] (π M F = 25%) 3 . Dans la présente section, nous nous intéressons au rôle du paramètre prF sur la dynamique macroéconomique du modèle. 

Etude de sensibilité

On conduit une analyse locale de sensibilité du comportement macroéconomique du modèle au niveau général moyen de la productivité des entreprises (prF ). 2. Voir la description de l’objet Machine, chapitre 4, page 92. 3. Voir les paramètres du secteur des entreprises dans le scénario de base, chapitre 6, table 6.3, page 166. 230 Paramètres On fait varier le niveau général de la productivité entre 25 et 250 4 . Comme d’habitude, tous les autres paramètres sont fixés aux valeurs du scénario de base ; on exécute 10 simulations différentes avec 10 séries de nombres pseudo-aléatoires différentes pour chaque valeur du paramètre étudié ; chaque simulation est prévue pour durer 50 ans, durée au bout de laquelle les résultats sont enregistrés. Le tableau 9.1 présente les paramètres de l’analyse de sensibilité. Paramètre étudié prF Intervalle des valeurs étudiées [25; 250] Valeur de référence (scénario de base) 100 Pas 25 Nombre de simulations par valeur 10 Nombre total de simulations 100 Table 9.1 – Etude de sensibilité à la productivité moyenne – Paramètres Conjectures Dans le scénario de base, lorsqu’on définit la productivité générale moyenne comme égale à 100, on dit que chaque dépense de force de travail donnera en moyenne naissance à un volume de marchandises égal à 100. Or, nulle part dans le modèle n’est définie une grandeur de référence réelle à laquelle ce nombre 100 pourrait être comparé — en particulier, on n’a pas introduit de niveau de consommation de subsistance qui définirait en termes réels les besoins minimaux des ménages et donnerait une échelle au niveau de la productivité. Autrement dit, on pourrait tout aussi bien poser prF = 10 ou prF = 1000 sans que la dynamique macroéconomique du modèle ne soit altérée :  La part des profits n’est pas sensible au niveau de la productivité moyenne. 4. C’est un intervalle encadrant la valeur de référence (pr F = 100 dans le scénario de base) et suffisamment large pour que la sensibilité du système à ce paramètre soit sérieusement éprouvée.  La vitesse de la monnaie n’est pas sensible au niveau de la productivité moyenne.  La demande et l’activité ne sont pas sensibles au niveau de la productivité moyenne. Cependant, si le niveau de l’activité reste stable, le volume total de la production doit être proportionnel à la productivité moyenne : Conjecture 34 Le volume de la production s’élève avec l’augmentation de la productivité moyenne. Enfin, si la part des profits reste stable alors que la production augmente, le salaire réel doit augmenter avec la hausse de la productivité. Comme le niveau des salaires nominaux n’a pas de raison d’être affecté par le niveau de la productivité puisque l’activité est supposée stable, on s’attend donc à ce que ce soit le prix unitaire des marchandises qui supporte l’ajustement : Conjecture 35 Le prix unitaire diminue avec l’augmentation de la productivité moyenne. Résultats Les graphiques de la figure (9.1) (page 248) présentent les signatures individuelles du paramètre prF pour chacune des 8 variables dépendantes étudiées. Les résultats sont disponibles sur l’ensemble de l’intervalle [25; 250] et plusieurs phases ne semblent pas pouvoir être distinguées. Ces résultats viennent pleinement confirmer toutes nos conjectures : : La part des profits dans le revenu global reste comprise entre 30 et 33% (fig. 9.1f) ; : La vitesse de la monnaie reste comprise entre 3.1 et 3.4 (fig. 9.1e) ; Conjecture 33 : Le taux de chômage oscille autour de 10.5% (fig. 9.1d), le taux de créances douteuses autour de 26.5% (fig. 9.1g), le nombre total de faillites autour de 260 (fig. 9.1h) ; Conjecture 34 : Le volume de la production est strictement proportionnel à la productivité (fig. 9.1c) ; Conjecture 35 : Le prix unitaire du produit est en relation inverse avec la productivité (fig. 9.1a). 

Etude dynamique : choc de productivité

On aura compris que lorsqu’on parle des variations de la productivité, dans l’analyse de sensibilité précédente, ces variations se situent dans un temps logique très éloigné du temps réel : on lance une simulation avec une productivité donnée, on enregistre les résultats, on repart à zéro, on change la productivité, on lance une nouvelle simulation avec cette productivité modifiée, etc. C’est un avantage des méthodes de simulation que de permettre de rejouer un très grand nombre de fois la même histoire en ne faisant varier qu’un seul paramètre pour mieux en isoler les effets. C’est ainsi que nous avons pu mettre en évidence la neutralité du niveau de la productivité moyenne des entreprises sur la dynamique du modèle. Nous nous proposons à présent d’éprouver cette neutralité dans le temps historique, en simulant un choc de productivité au cours d’une simulation, puis en étudiant — comme nous l’avons fait pour le choc négatif de la dépense — la capacité du système à retrouver un équilibre. Paramètres Comme d’habitude, on part du scénario de base. On crée un choc de productivité exogène en augmentant brutalement la productivité de chacune des machines en janvier 2040, de façon à obtenir une variation brutale du paramètre (prF ) . Le tableau 9.2 présente les paramètres de l’analyse dynamique. Tous les autres paramètres du scénario de base restent inchangés ; en particulier, l’hétérogénéité de la productivité des machines au sein de chaque entreprise est maintenue, le taux d’augmentation de la productivité étant uniforme Conjectures Le salaire réel est défini par le rapport des salaires et des prix ; son niveau détermine le partage du produit entre salaires et profits. Après le changement brutal du niveau général de la productivité, la persistance de l’ancien système de valeurs — et en particulier du rapport des salaires et des prix — doit déboucher sur une nouvelle répartition du revenu global beaucoup plus favorable aux profits. Cette nouvelle répartition est en contradiction avec le rapport des vitesses de circulation du circuit revenu–dépense et du circuit force de travail–marchandises qui, elles, sont restées constantes. On s’attend donc à une crise de l’économie modélisée et à une déstabilisation de l’ancien système de valeurs : Conjecture 36 Le changement soudain de la productivité moyenne déstabilise l’ancien système des valeurs et l’économie connaît une crise. Compte tenu de ses capacités d’adaptation déjà éprouvées, nous supposons que cette fois-ci encore le système réussira à surmonter la crise par la production d’un nouveau système de valeurs compatibles entre elles ainsi qu’avec la nouvelle valeur de la productivité. L’analyse de sensibilité du modèle aux variations du paramètre prF a montré l’insensibilité de la répartition du revenu au niveau de la productivité moyenne sur un grand nombre de simulations. Nous émettons la conjecture que l’ajustement se fera par la formation d’un nouveau rapport entre les salaires et les prix — c’est-à-dire par la formation d’un nouveau salaire réel moyen — permettant le retour à la répartition des revenus observée avant le choc — répartition qui découle du rapport inchangé des vitesses des circuits revenu–dépense et force de travail– marchandises : Le système retrouve l’équilibre par la production d’un nouveau rapport des salaires et des prix compatible avec la nouvelle productivité et on observe un retour à l’ancienne répartition des revenus.

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