La réduction des stéréotypes de genre grâce à un projet interdisciplinaire autour du Haka

La réduction des stéréotypes de genre grâce à un projet interdisciplinaire autour du Haka

Qu’est-ce qu’un stéréotype ?

Distinguer le sexe comme donnée biologique et le genre comme construction sociale. Si le sexe d’un individu est biologique et assigné à la naissance, le genre quant à lui, renvoie à une construction sociale, il faut donc s’appliquer à bien différencier ces deux termes. Le sexe est une différence biologique permettant de différencier l’homme de la femme. Il repose sur un certain nombre de caractéristiques physiologiques plus ou moins repérables : le caryotype (avec la présence des chromosomes XY pour les hommes et XX pour les femmes), l’appareil reproducteur (pénis et testicules pour les hommes, ovaires et vagin pour les femmes) ainsi que la production hormonale (testostérone pour les garçons et progestérone pour les filles). Le genre quant à lui, fait référence à « l’ensemble des caractéristiques et des comportements qu’une société donnée associe et attend de façon différenciée des femmes et des hommes. C’est notre notion de féminité et masculinité ». (Burr, 2002). Autrement dit, le genre regrouperait un ensemble de traits communs attendus qu’on retrouverait chez l’homme ou la femme. C’est cet ensemble de traits qui conditionnera les comportements que les adultes attendront de la part des enfants ; reproduisant ainsi les stéréotypes de genre de générations en générations. Finalement, l’idée centrale qu’il faut retenir de ces deux définitions est que les rôles genrés attribués traditionnellement aux hommes et aux femmes ne découlent pas « naturellement » des différences biologiques, mais sont plutôt la conséquence d’une construction sociale. 

Comprendre le concept de stéréotype et de stéréotype de genre

Le concept de stéréotype et de stéréotype de genre

Si les stéréotypes sont essentiels aux humains pour faire face à la complexité du monde qui les entoure, ils peuvent néanmoins conduire à certaines généralisations et ainsi figer des représentations erronées d’un groupe ou d’une catégorie de personnes. En effet, selon Marie Duru-Bellat dans son article ROUSSAY Margaux 11 / 71 Mémoire de Master MEEF – Premier degré « À l’école du genre » (2016) « Les stéréotypes ont ainsi un double visage : ils sont structurants pour la pensée, mais ils peuvent conduire à des généralisations qui amènent à commettre des erreurs de jugement ». Alors qu’est-ce qu’un stéréotype ? Nous pouvons en donner la définition suivante : « […] un ensemble de croyances positives ou négatives partagées concernant des caractéristiques personnelles, généralement des traits de personnalité, mais aussi souvent des comportements, propres à un groupe de personnes. » (Leyens, Yzerbyt & Schadron, 1994). Quand ces stéréotypes sont appliqués particulièrement aux hommes et aux femmes, nous parlons alors de « stéréotypes de genre ». Ces stéréotypes peuvent être observés à la fois dans les rapports sociaux privés mais peuvent également s’illustrer dans d’autres sphères comme à l’école par exemple.

Les stéréotypes sociaux

Dans le cas des stéréotypes de genre, nous observons que dès la naissance, les enfants sont catégorisés en fonction de leur sexe ; c’est ainsi que se forment les stéréotypes de genre. Prescriptifs, ces stéréotypes sociaux séparent le masculin du féminin et participent à la construction d’un monde manichéen, sexué et différencié. Les enfants sont alors conditionnés par les comportements stéréotypés des adultes, ils doivent se conformer à un certain nombre de normes au fur et à mesure qu’ils grandissent. En effet, très tôt, les petites filles sont habillées en rose, les petits garçons en bleu. Aussi, les jeux et jouets marquent de façon encore plus significative la transmission de ces stéréotypes ; les filles se voient offrir des poupées tandis qu’à l’inverse, les garçons se verront offrir des voitures. De plus, les filles seront plus facilement complimentées sur leur apparence physique et ce dès le plus jeune âge, tandis que les garçons seront davantage complimentés sur leurs aptitudes physiques. Les enfants sont donc, dès leur enfance, préparés à devenir des « hommes » et des « femmes » avec tous les attendus sociétaux que cela implique. En effet, aux genres seront assignés des comportements et des traits de caractère ; ces derniers agiront comme des filtres, forgeant ainsi notre vision de la place des hommes et des femmes dans la société. Les femmes seront renvoyées vers des comportements souvent en rapport avec la maternité, la vie de famille, ou le soin, et à des traits de caractère comme la douceur, la fragilité, ou encore la sensibilité. Quant aux hommes, ils seront volontiers associés au sport, à la mécanique ou au bricolage et leurs traits de caractère dominants seront très souvent liés à la force, la virilité, ou encore le pouvoir. En grandissant, la société, les médias, les publicités genrées, le cinéma et même la littérature se chargeront de véhiculer encore davantage ces stéréotypes. Ceux-ci seront internalisés, et trouver un homme pompier et une femme maitresse semblera normal quand trouver un homme au foyer et une femme présidente semblera davantage étonnant, original, sortant de l’ordinaire. 

Les stéréotypes à l’école

Cependant, les stéréotypes construits dans l’enfance, peuvent parfois se trouver renforcés par l’école. Qui n’a jamais entendu la merveilleuse règle de grammaire « le masculin l’emporte toujours sur le féminin » ? Et, même s’il ne faut pas voir l’école comme la seule instance socialisante, il faut reconnaître qu’elle joue un rôle fondamental dans la diffusion des stéréotypes de genre, et qu’elle participe consciemment ou inconsciemment au maintien des inégalités entre les deux genres. En effet, dès les premières années dans le système éducatif, les filles et les garçons vivent des expériences très différentes et une socialisation fortement sexuée. Par exemple, dès leur entrée au cycle 1, les élèves sont confrontés aux albums de littérature jeunesse qui ont une responsabilité certaine dans le maintien des rôles genrés. C’est d’ailleurs ce que fait remarquer Évelyne Daréoux dans son article « Des stéréotypes de genre omniprésents dans l’éducation des enfants » (2007) ; « Les personnages masculins offrent une présence et une visibilité plus importante que les personnages féminins : ils sont plus nombreux que ceux de sexe féminin, que ce soit dans les titres des ouvrages (78 % vs 25 %), dans les couvertures r (78 % vs 48 %) ou dans les illustrations. Ils occupent les rôles principaux, les personnages féminins occupant davantage les rôles secondaires : à titre d’exemple, 83 % des pères occupent le rôle du héros contre 17 % des mères. ». Nous remarquons d’ailleurs que les femmes occupent quasi systématiquement des seconds rôles. Rarement présentées comme indépendantes et capables de se débrouiller seule, elles ne sont que trop peu héroïnes de leurs histoires. À l’instar des filles, les garçons sont presque toujours présentés comme des « sauveurs », collectionnant les qualités, et toujours forts et braves, n’ayant d’autres options. Un long chemin reste donc à parcourir pour la représentation des genres dans la littérature jeunesse. Toutefois, il faut noter que des efforts sont faits, et que désormais il est possible de trouver des ouvrages inversant les rôles ; redonnant ainsi plus de place aux filles dans les histoires, et autorisant les garçons à rêver à d’autres rôles que celui du chevalier. D’ailleurs, nous observons également que l’éventail de métiers offert aux élèves semble plus réduit pour les filles que pour les garçons. C’est le constat qui est fait par Évelyne Daréoux (2007) ; « (…) La palette des métiers offerte aux hommes est vaste et variée. Les femmes sont cantonnées dans quelques professions : employée de maison, serveuses, institutrices, infirmières, coiffeuses, c’est-à-dire des substituts de fonctions dévolues aux femmes ; la tenue de la maison, l’éducation des enfants, l’esthétique, le soin au corps et à autrui. Toutes les professions prestigieuses comme capitaine des pompiers, explorateur, médecin, artiste, pilote, marin, astronaute, architecte, politicien, sont l’apanage des hommes. Elles représentent l’aventure, la créativité, la science, la direction des affaires et de l’État. Les manuels occultent le fait que de plus en plus de femmes exercent aujourd’hui tous les métiers et occupent des places à responsabilité. ». Cette représentation biaisée des possibilités qui s’offrent à nos élèves n’est pas la réalité, et c’est à nous, enseignants de redistribuer les cartes. D’ailleurs, cette réalité déformée par les stéréotypes se retrouve également dans les manuels scolaires. 

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