La représentation des paysages, sites et monuments japonais dans les photographies de voyageurs britanniques

La représentation des paysages, sites et monuments japonais dans les photographies de voyageurs britanniques

 Science et sport : des occupations bourgeoises

En premier lieu, il s’agit de justifier le choix des ouvrages du corpus par rapport à la contribution d’Isabella Lucy Bird, du Révérend Walter Weston et d’Herbert George Ponting à la Royal Geographical Society, et à d’autres sociétés savantes. Ce contexte des sociétés semble avoir encadré leur voyage au Japon et encouragé les publications qui en résultèrent. L’intérêt pour les sciences et le progrès social étaient fondamentalement liés dans les esprits des classes instruites de la société victorienne73. Écrire était un moyen de gagner de l’argent en parallèle d’une autre profession. Ce profil correspondait majoritairement à celui de la classe moyenne, qui s’élargit avec les changements sociaux et économiques de la période74 . Isabella Bird et Walter Weston peuvent encore être assimilés à ce modèle d’individu, même si à partir des années 1870 lesdits hommes et femmes de science se professionnalisaient peu à peu en se rattachant aux universités75 . L’écrivaine Isabella Bird et le Révérend Walter Weston apportent en effet un éclairage particulier sur ces réalités de la société victorienne, puisqu’ils menaient une activité spirituelle en même temps qu’une étude scientifique au Japon. D’autre part, il sera question de présenter la pratique de l’alpinisme et la représentation de la montagne dans la culture savante et l’histoire de l’art britannique, puisque Walter Weston et Herbert G. Ponting accordèrent une place importante aux chaînes de montagnes et aux volcans du Japon. Le cadre de la Royal Geographical Society : le nœud d’un réseau plus étendu Tout d’abord, il convient de présenter succinctement cette société, qui fut fondée en 1830 pour promouvoir les avancées des sciences de la géographie. Afin de promouvoir   l’exploration des espaces colonisés par l’Empire britannique, le roi William IV et la reine Victoria prirent la société sous leur patronage en 1859. Chaque réunion des membres s’organisait autour de discussions sur les récentes découvertes et explorations. Cette société encouragea l’introduction de l’enseignement de la géographie dans les écoles, ainsi que la création des premières chaires de géographie dans les universités de GrandeBretagne76 . Dans un second temps, examinons les circonstances d’adhésion d’Isabella Bird, de Walter Weston et d’Herbert Ponting dans les différents cercles scientifiques auxquels ils appartenaient. Cela permettra de retracer leurs intérêts et leur engagement dans la vie scientifique, intellectuelle et artistique britannique. En consultant les obituaires publiés dans The Geographical Journal, le journal de la société, les dates d’élection d’Isabella Bird et le Révérend Walter Weston sont mentionnées. En effet, pour entrer dans la société, il fallait être présenté par un membre au conseil de présidence de la société, et payer des frais d’admission. Cela leur donnait accès aux réunions ordinaires de la société, ainsi qu’à la librairie et à la salle des cartes77 . Isabella Bird fut proposée en décembre 1892 par John Murray IV (1851-1928), fils de John Murray III, l’éditeur du premier récit de voyage d’Isabella Bird78 . Toutefois, Anna M. Stoddart, la première biographe d’Isabella Bird, précisa que l’accueil de femmes membres rencontra une opposition, et qu’il fut décidé de ne plus élire de femmes après elle. Le seul article d’Isabella Bird qui semble apparaître dans le journal, qui recense les lectures d’articles des réunions ordinaires, date de juillet 1897. C’est justement à cette période qu’elle fut aussi soutenue par John Scott Keltie, secrétaire de la société, pour devenir membre de la Royal Photographic Society (Société royale de photographie)79 . Isabella Bird avait justement été introduite plus tôt dans le 76 Voir « History of the Society », Royal Geographical Society with IBG, [en ligne], consulté le 12 février 2020. URL : https://www.rgs.org/about/the-society/history-and-future/. 77 FRESHFIELD D.W., WHARTON W.J.L., Hints to Travellers, Scientific and General, London, The Royal Geographical Society, 1893, 7th ed., p. 499, [en ligne], mis en ligne avec la contribution de University of California Libraries le 22 juillet 2008, consulté le 05 février 2020. URL : https://archive.org/details/hintstotraveller00fres/page/n13/mode/2up. 78 STODDART Anna M., The Life of Isabella Bird, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, [réed. London, John Murray, 1906], p. 266 et suivantes. C’est en fait George Curzon, membre du conseil de la R.G.S., qui la reconnue dans une lettre au Times 30 mai 1893 sur le débat des membres femmes ; Isabella faisait en effet partie du premier groupe de 15 femmes qui allaient devenir membres, d’après IRELAND Deborah, Isabella Bird: A Photographic Journal of Travels Through China, 1894-1896, Feltham, AE Publications, 2015, p. 15 79 IRELAND Deborah, op.cit., p. 14; p. 17. 26 milieu de l’édition écossaise pour la publication de ses livres. Il est intéressant de remarquer que John Scott Keltie était également directeur de la revue scientifique Nature depuis 187380. Cette revue fut fondée en 1869, et existe toujours aujourd’hui81 . Elle était alors éditée par Macmillan & Co., maison d’édition sur laquelle nous reviendrons lorsqu’il sera question des éditeurs des ouvrages du corpus. Quant à la Société royale de photographie, également encore active aujourd’hui, son but est d’encourager la recherche et la diffusion de la photographie. Elle naquit dans le sillon de l’Exposition universelle de 1851 à Londres, où furent exposées plus de 700 photographies, ainsi que du matériel photographique sous un angle scientifique et artistique. Par la suite, la Society of Arts ouvra la première exposition dédiée à l’art et à la science de la photographie le 22 décembre 1852. Dès janvier 1853, une réunion inaugurale s’ouvrait dans les locaux de la Society of Arts à Londres pour les « dames et messieurs intéressés par la photographie ». Un journal était également édité, qui devait paraître deux fois par mois. Enfin, la société produisait des expositions. Elle devint la Royal Photographic Society grâce au patronage de la reine Victoria et du prince Albert en 189482 . D’après la base de données des membres de la R.G.S., qui fut réunie par le Dr. Michael Pritchard et cité par Deborah Ireland, Isabella Bird aurait été élue membre de la R.P.S. le 12 janvier 189783 . Dans The Photographic Journal, le journal de la Royal Photographic Society, le nom d’Isabella Bird apparaît deux fois à l’occasion de son élection, entre décembre 1896 et janvier 189784 . Cela fait indubitablement d’elle une personnalité reconnue par le monde des voyages et des publications scientifiques. L’exemple d’Herbert Ponting est encore différent. Son nom apparaît dans The Photographic Journal, mais seulement pour mentionner une exposition d’élargissements « à partir de négatifs d’Herbert Ponting F.R.G.S. » par une certaine firme nommée Raines 80 IRELAND Deborah, op.cit., p. 17. 81 « History of Nature », Nature, [en ligne], consulté le 17 mars 2020. URL : https://www.nature.com/nature/about/history-of-nature. 82 Voir PRITCHARD Michael (FRPS), « History », The Royal Photographic Society, [en ligne], consulté le 12 février 2020. URL : https://rps.org/about/history. 83 IRELAND Deborah, op.cit., p. 233. 84 “Ordinary Meeting”, The Photographic Journal, vol. 21, n°4, 8th December 1896, p. 94, et vol. 37, n° 1-12 à partir du 1er sept. 1896, [en ligne], consulté le 05 février 2020. URL : https://archive.rps.org/archive/volume-37/7237-volume-37-page-71?q=isabella%20bird. 27 & Co.85 . Son titre de membre de la Royal Geographical Society (« Fellow of the Royal Geographical Society ») apparaît également sur la page de titre de son récit In Lotus-Land Japan. Toutefois, Apsley Cherry-Garrad, l’auteur de l’obituaire d’Herbert Ponting publié dans le Geographical Journal, ne précise pas la date de son entrée dans la société86 . Ils firent partie tous les deux de l’équipe du Capitaine Robert Scott pour l’expédition Terra Nova en Antarctique, dont les préparatifs commencèrent en 1987, la même année que la publication du récit de voyage In Lotus-Land Japan. Pourtant, le 20 novembre 1905, lors de la seconde réunion des membres de la R.G.S. pour la session des élections de 1905-1906, le nom « Henry G. Ponting » est écrit88 . L’hypothèse d’une erreur dans son prénom semble vraisemblable. C’est finalement H. J. P. Arnold qui affirme dans son ouvrage biographique qu’Herbert Ponting fut élu en 1905, l’année de la publication de son premier volume au Japon89 . Dans la préface à In Lotus-Land Japan, Herbert Ponting remercie « [ses] amis Prof. B. H. [Basil Hall] Chamberlain and Mr. B. W. Mason – co-auteurs du livre de Murray Handbook to Japan- pour l’aide que [lui] ont apporté leurs conseils » 90 .Or, Basil Hall Chamberlain (1850-1935) était justement membre de la R.G.S. et professeur émérite de japonais et de philologie à l’Université Impériale du Japon91 . Le guide de voyage qu’il cite, ainsi que l’ouvrage Things Japanese publié pour la première fois en 1890, furent réédités plusieurs fois et révisés selon les modifications d’infrastructures au Japon pour orienter les  touristes de plus en plus nombreux92. Il est donc possible que ce soit lui qui ait appuyé la candidature d’Herbert Ponting auprès de la société. Par la suite, les trois publications d’Herbert Ponting apparurent dans The Geographical Journal93 . Les productions artistiques d’Herbert G. Ponting auraient enrichi les collections de la Royal Geographical Society. Cependant, le journal n’a publié aucune retranscription d’une éventuelle intervention orale de sa part comme l’avaient fait Isabella Bird et Walter Weston. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il vécut principalement en Californie à partir de la fin des années 1880, et ne retourna à Londres qu’entre 1898 et 189994 . Walter Weston, à l’instar d’Herbert G. Ponting et d’Isabella Bird, était non seulement membre de la R.G.S., mais également d’autres sociétés. Walter Weston entra dans la R.G.S. en 1892, alors qu’il était déjà membre de la Japan Society of London depuis 1891, année de sa fondation95 . Entré dans les ordres en 1885, il intégra ensuite la Church Missionary Society (Société missionnaire de l’Église). Cette société fut fondée à Londres le 12 avril 1799, et ses membres, de confession anglicane et protestante, avaient pour mission de faire abolir la traite des esclaves, de parvenir à une réforme sociale et d’évangéliser le monde96 . Les missionnaires de la Church Missionary Society contribuèrent à l’expansion de cette foi. D’après Hamish Ion, Walter Weston doit être considéré comme une figure représentante de la tradition des missionnaires savants britanniques qui étaient également engagés dans les études japonaises 97 . La particularité de cette communauté de   missionnaires anglicans britanniques, explique Cyril Powles dans un essai sur les missionnaires victoriens au Japon à l’époque de Meiji (1868-1912), était qu’ils accordaient une place importante aux traditions et aux choses du passé, et aimaient le Japon pour ces valeurs qui y étaient conservées, alors qu’elles étaient justement en train de disparaître en Grande-Bretagne98 . Cet intérêt pourrait être une piste pour comprendre les sujets choisis pour ses photographies. Enfin, Walter Weston était également membre de l’Alpine Club of Britain, qui hérita de ses notes prises au Japon en 1894, et de 1912 à 191499 . Un club dans la culture britannique du XIXe siècle était un cercle majoritairement masculin qui reposait sur des affinités qui pouvaient être politiques ou intellectuelles0. Ce club fut fondé en 1857, et fut le premier consacré à l’alpinisme au monde. Sa librairie, fondée l’année suivante, était gérée notamment par les membres des conseils d’administration de la Royal Geographical Society et du British Mountaineering Council (Conseil de l’alpinisme britannique)1 . Par conséquent, le profil de Walter Weston montre comment différents réseaux savants et religieux pouvaient être au cœur de la publication d’un récit de voyage illustré au Japon. D’après ces sources principalement issues des journaux de la R.G.S. et de la R.P.S., Isabella Bird, Walter Weston et Herbert Ponting partageaient des relations communes avec certaines personnalités notables qui convergeaient à Londres pour des échanges intellectuels et scientifiques dans le cadre des sociétés et clubs. 98 POWLES Cyril Hamilton, Victorian Missionaries in Meiji Japan : The Shiba Sect : 1873-1900, Toronto, University of Toronto-York University Joint Centre on Modern East Asia, 1987, p.51, cité dans HAMISH Ion, op. cit., p. 98 : “they loved tradition and the things of the past. They loved Japan for laying hold on the very things that were disappearing in their own country”. Cyril Powles (1918-2013) était lui-même un missionnaire anglican et professeur d’histoire de l’Église à l’université de Toronto. Né au Japon, il s’engagea également auprès des Japonais anglicans du Canada qui furent internés dans des camps en Colombie britannique, en exigeant du gouvernement fédéral une reconnaissance et une compensation financière.   Poursuivons cette présentation de ces trois personnalités, par un rappel des éléments de leur parcours qui montrent comment leur perception du Japon était dirigée par une vision du monde propre à une certaine catégorie sociale de la société victorienne. Isabella Bird et le Révérend Walter Weston : d’une sensibilité spirituelle au regard scientifique Dans un premier temps nous allons présenter la personnalité d’Isabella Bird. Elle était une figure remarquable dans la société victorienne notamment par le fait d’avoir été soutenue par des hommes qui reconnaissaient ses qualités intellectuelles 2 . Elle avait d’autre part en commun avec Walter Weston, qui était plus jeune de 21 ans, de participer à des actions caritatives en Grande-Bretagne, mais aussi au Japon. Selon Luke Gartlan, Isabella Bird était une figure féminine de valeur, typique de l’époque victorienne3 . Les femmes qui exerçaient des activités philanthropiques plutôt qu’une profession rémunérée n’étaient pas rares à la fin de l’époque victorienne. Elles faisaient ce choix soit car ce n’était pas socialement acceptable de vivre dans l’oisiveté, soit car elles étaient suffisamment riches4 . La curiosité et l’esprit charitable d’Isabella Bird furent favorisés par son contexte familial. En effet, elle passa son enfance dans la paroisse de Taplow Hill, dans le Buckinghamshire. Son père y était prêtre, et suivait la tradition évangéliste rigoureuse comme l’explique Deborah Ireland5. Les représentants du mouvement évangélique prêchaient un retour à la foi face à la pensée rationaliste de l’époque, en menant une vie simple et des actions caritatives envers ce qu’on appelait à 2 MACADAMS Elizabeth, “Isabella Bird and Japonisme Travel Writing: Common Interests”, English Literature in Transition, 1880-1920, Vol. 57, n° 4, ELT Press, 2014, pp. 481, [en ligne], consulté le 16 mars 2020. URL : https://muse.jhu.edu/article/546616. 3 GARTLAN Luke, “‘A Complete Craze’: Isabella Bird Bishop in East Asia”, PhotoResearcher, n°15, avril 2011, pp. 13-14, [en ligne], consulté le 15 novembre 2019. URL :

https://www.academia.edu/download/30432468/researcher15_gartlan.pdf.

Luke Gartlan est un spécialiste anglais de la photographie au Japon et professeur à l’Université de St Andrews, cf. « Luke Gartlan », University of St Andrews, 20, [en ligne], consulté le 17 mars 2020.

URL : https://risweb.standrews.ac.uk/portal/en/persons/luke-gartlan(097b25d0-0998-462d-9bcc-c6f791e921a5).html.

4 À ce propos, voir l’article de l’historienne moderniste de King’s College à Londres, spécialisée en politiques sociales et relations de genre THANE Pat, “Late Victorian Women”, In : GOURVISH T.R., O’DAY Alan (ed.), Later Victorian Britain, 1867-1900, London, Macmillan, 1990 [reprinted, 1988], pp. 190-191. Andrzej Diniejko est docteur en littérature et en culture britannique. 5 IRELAND Deborah, op. cit., p. 13. 31 l’époque les classes laborieuses, c’est-à-dire les personnes qui gagnaient leur vie en exerçant une activité professionnelle plutôt physique que libérale6 . D’autre part, Anna Stoddart rapporte qu’Isabella Bird, à côté de son éducation domestique, passa beaucoup de temps dans son enfance à monter à cheval avec son père, qui attirait son attention sur les différents éléments du paysage, et qui lui apprit les rudiments de la botanique7. C’est sans doute ainsi qu’elle développa une sensibilité pour les sciences naturelles et l’exploration. Lorsqu’Isabella Bird perdit ses deux parents, elle n’était pas encore mariée. Elle avait alors besoin d’un tuteur pour conserver son statut, selon les normes sociales de la société victorienne. Justement, Anna M. Stoddart raconte dans sa biographie qu’elle fut introduite à John Murray III (1808-1892) par un des écrivains de voyage qu’il avait publié8. John Murray III avait fondé sa réputation d’éditeur en publiant notamment le premier des guides Murray (Handbook for Travellers) qui se déclinèrent pour chaque région du monde, ainsi que les livres du célèbre explorateur David Livingstone, envoyé en Afrique par la Société missionnaire de Londres en 18409 . C’est John Murray III qui publia le premier récit de voyage d’Isabella Bird en 1856, The English Woman in America, dont le succès permit à Isabella Bird de se lancer dans le journalisme1 . Grâce à cette activité d’écriture, elle put non seulement assumer son rôle de femme savante, mais aussi gagner une rente qui lui permettait de voyager et de se former en photographie pour son second voyage en Asie.

Table des matières

PARTIE 1 – ISABELLA LUCY BIRD, LE REVEREND WALTER WESTON ET HERBERT GEORGE PONTING REFLETS DES PREOCCUPATIONS DE LA BOURGEOISIE VICTORIENNE
CHAPITRE 1 – SCIENCE ET SPORT : DES OCCUPATIONS BOURGEOISES
CHAPITRE 2 – UN INTERET COMMUN POUR LES VOYAGES
CHAPITRE 3 – L’ATTRACTION DU JAPON
PARTIE 2 – LE CORPUS : DES PHOTOGRAPHIES PORTEES PAR DES PROJETS DISTINCTS
CHAPITRE 4 – LE RAPPORT DE CHACUN A LA PHOTOGRAPHIE
CHAPITRE 5 – CONTEXTE DE PRODUCTION DES OUVRAGES
CHAPITRE 6 – APPROCHE GÉNÉRALE DES IMAGES
PARTIE 3 – ANALYSE ICONOGRAPHIQUE
CHAPITRE 7 – LA PRATIQUE DOCUMENTAIRE : A LA LIMITE DE L’ARTISTIQUE
CHAPITRE 8 – DES SUJETS TYPIQUES DU JAPON PITTORESQUE
CHAPITRE 9 –DES CARACTERISTIQUES VISUELLES SIMILAIRES AUX ESTAMPES UKIYO-E

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