La traite des esclaves noirs en Lybie dans les temps modernes

La traite des esclaves noirs en Lybie dans les temps
modernes

 Les mauvaises conditions économiques

Les conditions de vie et les fléaux naturels ont influé fortement sur la situation économique de la Libye, car les périodes de sécheresse et de disette étaient fréquentes et duraient longtemps, ce problème venant renforcer celui de la pénurie en eau. Comme nous l’avons déjà mentionné, il était difficile dans ces conditions de s’appuyer sur les seules rentrées, insignifiantes, des activités agricoles et pastorales, pas plus que sur les maigres ressources industrielles. C’est la raison pour laquelle le commerce était privilégié par la population locale, et en particulier le commerce des esclaves, exercice rentable s’il en fût et par là même très usité. Les activités économiques étaient l’objet de travaux pénibles, notamment l’irrigation des terres, qui nécessitait de creuser à une profondeur de plusieurs mètres sous le sable, le ramassage du bois et du stipe pour la fabrication des cordes. Toutes ces tâches difficiles, méprisées par la population locale, exigeaient de rester longtemps loin de la ville dans des conditions de vie inconfortables et étaient autant de raisons qui poussaient les gens à se tourner vers le commerce des esclaves, demandant moins d’efforts, et à le faire fructifier sur les marchés libyens41 . Nous avons consulté un grand nombre de documents montrant que les esclaves accomplissaient les tâches et les travaux les plus ingrats ; cela concernait non seulement des hommes mais aussi des femmes. Ces dernières s’occupaient de la cuisine et du nettoyage et durant la saison, de la récolte et de la cueillette. Les champs se trouvant loin des villes et des villages, il était rare, voire impossible que des femmes libres se chargent de ces travaux42 . En outre, les esclaves coûtaient chers sur le marché de Tripoli et les autres marchés libyens, alors que ce n’était pas le cas sur les marchés africains d’où ils provenaient généralement. Par exemple, un esclave acheté à Kanou par un commerçant de Ghadamès coûtait 0 Maতboub43, tandis qu’à Tripoli, il dépassait 600 Maতboub44. Ce bénéfice réalisé ne faisait qu’inciter les marchands libyens à acheter des esclaves sur les marchés africains.  En consultant les archives de la Cour de Justice de Tripoli, nous avons trouvé un grand nombre de documents évoquant le coût des esclaves, informations qui viennent renforcer ce qui a été dit précédemment. Un document trouvé au Tribunal de Justice de Tripoli, datant de la fin octobre de l’Hégire /61, parle d’ « un lot de marchandises confié par un marchand à un autre pour être vendues, parmi lesquelles du safran en quantité, du fer blanc, huit épées, de la garance, le tout estimé à 1.000 Réals, accompagné d’une esclave soudanaise dont la valeur était de 1.0 Réals, n’avait pas vu sa vente honorée jusqu’à ce jour et que le premier marchand demandait maintenant des comptes au second »45 . Si nous comparons le prix de l’esclave à celui de la marchandise nous en déduisons que l’esclave représentait à elle seule 47,8% de la valeur totale des marchandises. Dans un registredatant du 11 Rabi II 34 de l’Hégire/ 6 février , il a été déclaré que le prix d’une esclave s’élevait à cent jarres d’huile et celui d’une autre à la valeur d’un chameau plus un tiers46 . Ainsi, les éléments naturels et climatiques difficiles générant de mauvaises conditions de vie ont poussé les Libyens à se tourner vers ce genre de commerce lucratif, qui, mené sur les marchés intérieurs et extérieurs au pays, leur permettait de réaliser de gros bénéfices, les conduisant, pour certains à la richesse.

 Les conditions sociales

Nous devons également faire référence à certaines coutumes et traditions sociales qui prévalaient dans la période que nous avons choisie d’étudier. Certaines personnes aisées qui jouissaient d’une excellente situation prenaient des servantes à leur service. La religion islamique, qui interdit l’adultère, permettait en revanche la possession de concubines. Cette pratique s’est répandue dans les classes sociales élevées et à ce sujet nous nous réfèrerons aux déclarations faites dans les registres de la Cour de Justice de Tripoli et spécialement à travers le document suivant : « Dieu soit loué, le 2 JūmadƗ II 57 de l’Hégire / juillet 42 ‘Abdullah AƥƗ Ben SūlimƗne travaillant pour ‘Ali Pacha, admet que l’esclave nommée HaūƗ était enceinte de lui et qu’il l’avait placée chez Al-HƗğ Ahmed Ben Mohamed Al-ṣhami pour  que celui-ci la prît en charge et s’en occupât du mieux possible. Al-ṣhami a reçu pour honorer cette tâche, 50 Maতboubs de la part d’Abdallah et celui-ci s’est engagé en outre, à couvrir les dépenses qui seraient faites pour l’esclave en question. Daté du jour même »47 . Signalons à nouveau, à la lumière de ces exemples, que l’expansion significative du commerce des esclaves sur les marchés libyens est, en partie, liée au fait que les riches cherchaient à acheter des femmes pour se les attacher en qualité de servantes, voire de concubines. Dans les registres du Tribunal de Justice de Tripoli et de la Cour de Justice de Ghadamès, pléthores d’informations précieuses décrivent cette pratique ; en particulier, à la faveur de l’inventaire du patrimoine d’un défunt, nous lisons que la Cour avait à investiguer au sujet des enfants qu’il avait eus avec des femmes esclaves et des femmes libres48 . Une autre coutume sociale, concernant la surenchère dans la demande des esclaves, ne peut être passée sous silence. Il s’agit d’une tradition liée au mariage : quand un jeune homme se présentait pour demander la main d’une jeune fille, la famille de cette dernière exigeait l’apport d’un et d’une esclave pour leur fille afin qu’elle fût servie dans sa maison. Cette condition qui devait figurer dans le contrat de mariage obligeait donc le futur mari à honorer son engagement. Nous avons trouvé dans les registres de la Cour de Justice de Tripoli, beaucoup de documents parlant de ce sujet, tel le cas de cet acte de mariage : « Grâce à Dieu tout grand et à sa puissance et en suivant la démarche initiée par l’Islam, le jeune homme nommé Sada Muhammad, fils de Sada Mohamed AƥƗ drogman du Pacha de Tripoli, se marie avec sa fiancée vierge et lui apporte une dot de : … deux mesures d’étoffe de soie, deux caftans courts richement brodés (KūrdayyƗ), une paire de marqūm, des miroirs, une esclave soudanaise. »49 . Cette dernière condition, bien qu’elle n’ait été généralement pratiquée que par les classes riches, a également contribué à la croissance de la demande d’esclaves, de même que les enjeux économiques et sociaux avaient pesé dans le développement de ce commerce et à la montée de la demande des esclaves sur le marché libyen. C’est pourquoi nous avançons que les conditions économiques et sociales ont aidé à l’expansion de ce commerce et à sa propagation sur une grande échelle.

Les routes du commerce transsaharainne

Il est important d’évoquer les routes que les caravanes empruntaient, dans toutes les directions, pour transporter les esclaves afin de les vendre sur les marchés du nord ou des pays limitrophes. La connaissance de l’évolution de ces routes montre également le rôle qu’elles ont joué dans la croissance et le développement du commerce des esclaves. Des facteurs naturels ont favorisé la formation et la construction de ces routes qui évoluaient généralement dans des zones rocheuses et dans des vallées ; en effet, le déplacement des caravanes était plus pratique dans ces zones, évitant aux commerçants d’emprunter les dunes de sable, sur lesquelles les hommes et surtout les chameaux progressaient péniblement, les derniers chargés de cargaisons lourdes. En outre, il est rare de trouver des oasis au milieu des dunes50 . Il est difficile de déterminer la période pendant laquelle ces routes ont été construites. En revanche, les plus anciennes références et les premiers indices remontent au VIème siècle avant J-C, au temps des Phéniciens en Libye. Nous avons indiqué plus avant, qu’il existait des échanges commerciaux entre les Phéniciens et les Garamentes, peuple qui véhiculait les produits africains vers le nord via une route commerciale dénommée « la route de Garamente ». En dépit de ces éléments historiques, la période à partir de laquelle ces routes commerciales ont commencé à être fréquentées, reste floue51. En appui à cette assertion, il faut souligner que ces routes n’ont pas existé de façon permanente à travers les époques ; en effet, les pistes changeaient de temps à autre, sans toutefois que les directions soient modifiées. Il va de soi que ce qui encourage à fréquenter une voie, c’est avant tout la garantie de sécurité qu’on peut y trouver. Les caravanes commerciales payaient des redevances aux chefs de tribus pour 50Diaf, Najmi : madƯnat ƤhƗt waTiğƗrat al-qaūƗfƯl al-SƗۊrƗwiƗ ḳḫilƗla al-qarn Ɩl-tƗsʿa ʿAšar al-MilƗdƯ. Markaz al-ĞahƗd al-Laba, Tripoli, 99, p.21 . Harakat, Ibrahim: Daūr al-Sahra’a al-ĀfraqayyƗ fi al-tabƗdulwa al-TaswaqলḫilƗla al-‘aser al-wasa৬, mağallat al-Buۊūṯ at-TƗrƯḳۊƯyya, Tripoli, année: VI, 81, p.277 acquérir le droit de traverser les divers territoires, de s’approvisionner en eau et en nourriture et de s’assurer une protection contre les bandits qui s’attaquaient aux convois. Dans ses écrits, Richardson parle de ces routes en ces termes : « Il est dans la tradition, même considéré comme un devoir, le fait d’indiquer la route aux caravanes passant sur leur territoire. Les Touaregs de Ghat se chargent de guider les commerçants de Ghadamès jusqu’à Ghat, tandis que ceux d’Aïr accompagnent les commerçants de Ghat jusqu’à Aïr et vice et versa »52 . Depuis toujours, les routes libyennes ont offert la meilleure commodité pour traverser le désert. Deux raisons peuvent être mises en avant, la première étant l’importance revêtue par les côtes libyennes qui s’avancent à l’intérieur de l’Afrique et la seconde le grand nombre d’oasis qui parsèment le pays et, comme il a déjà été dit, la facilité qu’elles permettaient aux caravanes dans leurs pérégrinations. Les routes caravanières se divisent en deux types, les routes principales et les routes secondaires. Les principales formaient un long parcours reliant les provinces. Les caravanes y passaient un temps qui pouvait s’étaler entre deux et quatre mois. Cependant, certains voyages pouvaient durer plus d’une année (six mois pour l’aller et autant pour le retour), particulièrement ceux qui conduisaient au Bornou ou à la Mecque, pour les croyants qui effectuaient leur pèlerinage en Terre Sainte. Par contre, les routes secondaires étaient de courts chemins reliant les oasis et les villes libyennes et qu’on pouvait parcourir en l’espace d’un mois ; nous pouvons donner en exemple la route de Ghadamès à Tripoli et celle d’Augela à Benghazi. Nous allons tenter de brosser un bref tableau à propos de ces routes afin de les identifier et de faire le clair sur le passage des marchands transportant leurs marchandises, dont des esclaves- La route de Tripoli au Bornou Cette route était connue sous le nom de Garamente car elle fut utilisée la première fois, dans une époque ancienne, par les Geraments et qu’elle passait par leur capitale Germa. Elle partait de Tripoli et passait par Mourzouk, Tağarhi, BƗlama, Kaūar pour arriver à Coca la capitale du Bornou. Les caravanes mettaient six mois pour y aller et six mois pour en revenir. Connue pendant de longues périodes pour sa sécurité, elle n’était pas seulement empruntée par les 52Richardson, James: Travels in the Great desert of the Sahara in the years 45-46, Richard Bentley. London Vol II, p.448 commerçants mais aussi par les voyageurs étrangers, tels que l’Allemand Barth, en 55, son compatriote Rohlfs, en 66, et Nachtigal, en 70. Néanmoins, en d’autres temps, cette route servit de terrain à des conflits entre tribus et sa fréquentation devint dangereuse, surtout après que les Ottomans eurent décidé d’étendre leur pouvoir au royaume du Bornou, y envoyant le Cheikh Omar (46-81) en qualité de gouverneur. Les relations diplomatiques furent, de ce fait, rompues jusqu’à enrayer le passage des caravanes par cette voie. Quelques temps après, leur circulation reprit un rythme quasi normal jusqu’à l’intrusion de RƗbiত Zūbaar au centre du Soudan, qui s’empara de Kouka, en 93. A la suite de cela le commerce fut détérioré au long de cette route- La route de Cyrénaïque jusqu’au Wadaï Connue également sous le nom de route de l’Est, elle allait de Benghazi à Wadaï, en passant par les oasis d’Augela et D’Jallou, le Koufra, Tekro et Tibesti pour finir à Abéché la capitale du Wadaï. Cette route mesurait environ 2.000 km, et il fallait plus de huit mois pour la parcourir53. La route de la Cyrénaïque au Wadaï était bien sécurisée, mais par ailleurs peu commode car en cours de route, un tronçon demandait huit jours pour être parcouru, un second, douze jours, et ces deux parties ne comportaient aucun puits pour l’alimentation en eau, ce qui rendait sa traversée très difficile54. En dépit de cela, l’écrivain libyen Mohamad BazƗmƗ a relaté que cette route était surchargée par les caravanes transportant esclaves et marchandises en provenance du Soudan et que les marchés d’esclaves de Benghazi et Derna s’appuyaient fortement sur la fréquentation de cette voie55 . Il convient de noter que cette route, jusqu’à la dernière décennie du XIXème siècle s’est révélée très efficace. Il n’est qu’à relater qu’entre 76 et 79, dix-sept caravanes firent le voyage de Benghazi au Wadaï, les quinze premières, comportant pas moins de cinq cent quatre vingt deux chameaux, conduites et contrôlées par des commerçants de Benghazi ; tandis que les deux autres convois concernaient les tribus ZūaiƗ et MağabrƗ. Les documents  soulignent que cette route perdit une part de son importance lorsque les commerçants tripolitains décidèrent de se rendre directement au Wadaï via la Cyrénaïque56 -La route de Tripoli, Ghadamès, Ghat, Kanou et Agadès Elle fut connue sous le nom de route de l’Ouest. Partant de Tripoli, elle passait par Ghadamès, le pays d’Aïr, Agadés, Zendar et s’achevait à Kanou. Les caravanes qui utilisaient cette route, longue de 2.400 km, la parcouraient en un allerretour s’étalant sur huit à neuf mois, tout en se ménageant une pause de trente jours au cours du voyage. Nous disposons de moult détails sur l’importance prise par la route des caravanes entre Ghadamès et Ghat. Elle passait par de nombreux puits qui fournissaient la précieuse eau aux voyageurs et notamment les puits d’Amassin, à trois jours de Gadhamès, puis en suivant, Anazar à trois jours du précédent, Naziz à quatre jours de marche, Tahilin, à trois jours, Iznar à deux jours et enfin Ghat à deux jours. Ainsi le voyage durait dix-sept jours de Ghadamès à Ghat57 . Le chemin, entre Ghat et Kanou, durait environ cinquante-six jours et passait à Aïr et Zinder. Il fallait ajouter aux jours de marche, ceux dédiés au repos dans les grands sites tels que Ghat, Ghadamès, Zinder et Aïr, jours au cours desquels on échangeait également les chameaux fatigués contre des montures fraîches. Cela prenait évidemment quelque temps. Les villes de Ghat et de Ghadamès constituaient les centres les plus importants de cette route, sur laquelle se greffaient des routes secondaires. A titre d’exemple, à partir de Ghat on pouvait se diriger à l’Est vers Mourzouk et à l’Ouest vers Aïn Saleh ; on pouvait également rejoindre Tombouctou et Balama en allant vers le Sud et les pays du Maghreb en direction de l’Ouest. En ce qui concerne Ghadamès, nous devons préciser que c’était une ville plus renommée que Ghat. La distance entre Ghadamès et Mourzouk était de vingt jours, avec Tripoli de treize jours, Aïn Saleh de vingt-deux jours, Werqla en Algérie de dix jours et Gabès en Tunisie de 56Al-ণindiri, Saeid : op.cit, p.637Bono, Salvatore: TiğƗrat TrƗbūls ‘abra Āl-SƗতra’ fi al-‘aqed al-ƗūƗl mina al-qarn al-‘ašrayn, mağallat alBuۊūṯ at-TƗrƯḳۊƯyya, Tripoli ,81, année: 3, vol I, p.8 quinze jours58. Les positions de Ghat et Ghadamès expliquent qu’elles aient connu la plus importante concentration d’esclaves en Libye, en particulier aux XVIIIème et XIXème siècles- La route du pèlerinage (Tarīq Al-ণağ) Il s’agit d’une ancienne route, construite depuis la conquête arabe de l’Afrique du Nord. Les caravanes de pèlerins ont sans doute influé fortement sur la vie économique de la région dans la mesure où ces derniers, qui partaient accomplir leur devoir religieux transportaient, dans le même temps, avec eux diverses marchandises à des fins d’échanges commerciaux. Ce commerce avait également pour but de couvrir les frais du long voyage qu’ils s’imposaient jusqu’à la Terre Sainte59. Cette route se partageait en deux voies ; la première traversait l’Afrique du Nord en longeant la côte méditerranéenne ; elle s’initiait au Maroc, passait par l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte, pour aboutir en Terre Sainte. La seconde était appelée voie intérieure. Elle arrivait de l’Ouest, du centre du Soudan, passait par Tombouctou et Aïr, se dirigeait ensuite vers le nord et les oasis libyennes, Ghat, Mourzouk, Zawila, Koufra et Al-ĞƗƥbūb et de là partait vers l’Égypte et La Mecque60. Sur cette route avait lieu le convoyage des esclaves en vue de leur vente sur les marchés de Libye, d’Egypte et du Levant. Les historiens relatent le voyage du roi Moussa Mensah, au Moyen âge, donnant force détails sur son immense richesse ; ce roi accomplit le pèlerinage à La Mecque en 724 de l’Hégire /25. Ibn ঱ḫaldūn et Al Qalqašanda, notamment, ont parlé de la fortune qu’il emportait avec lui. Ibn ঱ḫaldūn, évoquant sa caravane, dit : « Le convoi était composé de dix-huit cargaisons de poudre d’or et chaque cargaison pesait trois quintaux ; il avait également pris avec lui cinq cents serviteurs tous habillés de vêtements cousus d’or et tenant chacun un bâton en or qui pesait six livres»61. Il emmenait également à sa suite un grand nombre d’esclaves dont il 58Tshaigi, Abdulrতman: Al-seiraʿa al-turkƯ al-FaransƯ fƯ al-SaۊrƗ’a al-kubrƗ, traduit en arabe par: Ali Iazazi, Markaz al-ĞahƗd al-Laba, Tripli, 93, p.569ণamid, Saeid Ali: Al-tiğƗrƗ wa al-ƗswƗq fa TrƗbūls ‘abra al-Taraলḫ, mağall atturƗṯ al-šƗʿab, Tripli, 92, année: 4, N° XI, p.35. 60Al-Naqer, Omar Abdulraziq: Ɩl-ۉaj fƯ Ƥarbi ƖfrƯqƯyyƗ, DirƗsƗ tƗrƯḳḫƯyyƗ ḳḫƗsƗ be al-qƗrn al-tƗsiʿa ʿašar, traduit en arabe par: Safia Aisa, ĞƗmiat al-লḫƗr৬ūm, Khartoum, 89, p.4. 61Ibn ঱তaldūn, ‘AbdulrhmƗn: KitƗb al-ұAbar wa dƯwƗn al-mubtadaҲwa-al-ḳḫabar, mū’asast al-‘Alama, Beyrouth, 71, p.01 offrait quelques-uns aux rois et aux princes des pays qu’il traversait. Ajoutons que les pèlerins ont suivi cette pratique de don d’esclaves tout au long de la route. Ainsi, les pèlerins soudanais emmenaient avec eux plusieurs esclaves pour les servir au cours de leur long voyage vers la maison de Dieu. Au cours du voyage, si le pèlerin avait besoin d’argent, il pouvait vendre un ou plusieurs esclaves ; c’était un moyen pour lui permettre de poursuivre sa route jusqu’au bout. De nombreux documents consultés dans les archives de Ghadamès, attestent de ces faits, disant que les pèlerins qui partaient de cette ville vers la maison de Dieu, étaient escortés d’un nombre d’esclaves et certains d’entre eux étaient vendus, soit en Égypte soit dans le Hedjaz ; d’autres étaient offerts à l’administration de la Maison Sacrée afin d’être employés au service des pèlerins. Cela signifie que la route du pèlerinage a contribué d’une façon ou d’une autre au commerce des esclaves sur les marchés où les pèlerins transitaient- La route de Tripoli, de Ghadamès et de Tombouctou Cette route, au départ de Tripoli, allait vers Sinawn et Ghadamès, passant par le territoire algérien à Temasin et Al-Abūd jusqu’à la jonction avec la route de Constantine, et menait à Tombouctou62. En s’appuyant sur les archives de Ghadamès et en se penchant sur les courriers qui furent échangés entre les commerçants et dans lesquels ils évoquaient les conditions de vie sur la route et les prix du marché, on constate que cette route constituait l’un des itinéraires les plus actifs et rentables empruntés par les caravanes commerciales. Il nous a été confirmé que la plupart des esclaves arrivés à Ghadamès avaient pris cette voie, ce qui l’a rendue si célèbre en Libye63. La présence de la diaspora de Ghadamès à Tombouctou a contribué au renforcement des relations commerciales entre les deux villes, faisant de cette route la plus fréquentée par les commerçants64 . 62Buaziz, Yaতiya: ܒuruq al-qūƗfiI wa al-asūƗq al-tiğƗrƯyyƗ fƯ Al-SahrƗ al-kūbrƗ, TƯğƗrƗܒ al-qūƗfƯl wa daūrūhƗ al-ۊaḍƗrƯ ۊatƗ nihƗƯyyat al-qarn al-TasƯʿa ʿašar, ma‘ahad al-būতū৮wa al-DarƗsƗt al-‘ArabayyƗ , Baghdad, 83 , p.9. 63 J’ai trouvé aux archives de Ghadamès plus de 30 lettres envoyées entre Ghadamès et Tombouctou, et vice et versa, l’esclave a été signalé dans plus de la moitié de ces lettres et me limiterai ici à titre de référence seulement à démontrer l’importance de cette route . Partant de Tripoli vers l’Est et l’Égypte, elle suivait la côte jusqu’à Benghazi et se dirigeait alors vers Al-ĞƗƥbūb en évitant la montagne Verte, au relief difficile, puis vers Siwa, Farafra et Louxor. Cette route en croisait beaucoup d’autres en provenance de villes côtières telles que Syrte, Derna et Al-Qasr Al-ĞƗdad65. Les voyageurs qui l’empruntaient étaient soit des pèlerins venant du Maghreb, soit des commerçants libyens qui fréquentaient les marchés d’Egypte et du Levant. C’était une route longue mais facile grâce aux nombreuses villes et marchés qu’elle traversait et à la proximité des capitales qui assuraient davantage de sécurité et de stabilité que les villes intérieures souvent agitées par des troubles de toutes sortes. Cette route s’est développée de manière spectaculaire pour atteindre les marchés d’Égypte, du Hedjaz, de Syrie et de Turquie. Toutes ces régions s’approvisionnaient principalement en Libye. Les archives d’Alexandrie et de Tripoli témoignent clairement du volume de commerce passant par cette voie, des catégories de marchandises échangées entre les commerçants et principalement des quantités d’esclaves transportés et vendus. Pour exemple, on trouve dans les archives d’Alexandrie, une lettre de Mohamad Ali adressée à l’un de ses gouverneurs dans laquelle il lui ordonnait de répartir les esclaves qui avaient été achetés, entre des marchands de Tripoli, des ateliers de forgerons et des garnisons militaire.

Table des matières

Dédicace
Translittération
Remerciements
Introduction
Première partie : L’évolution du commerce et l’origine des esclaves en Libye
I-L’évolution du commerce en Libye
La Situation géographique et les conditions naturelles
Le rôle des oasis libyennes dans le développement du commerce
1 – Les mauvaises conditions économiques
2- Les conditions sociales
II- Les routes du commerce transsaharainne
III- L’origine des esclaves en Libye
Les moyens de capture des esclaves
Les zones d’approvisionnement
IV- Les marchés africains
1 – Les prix des esclaves sur les marchés africains
2 – Les opérations de transport d’esclaves vers le nord
3 – Traitement des esclaves sur la route
Deuxième Partie : Les marchés intérieurs, l’exportation et les Les impôts et les douanes
I- Les marchés intérieurs
1 – L’exposition et l’examen des esclaves (Al-‘aarḍ wa al-taqlīb)
2 – Les enchères
3 – Les prix des esclaves
4 – Les commerçants
II- L’exportation.
1 – Les principaux ports d’exportation des esclaves
2 – Les destinations d’exportation
3 – Les moyens de transport
III- Les impôts et les douanes
1 – Les taxes
2 – Les douanes
Troisième Partie : L’esclavage et la société libyenne
La position de l’Islam vis-à-vis de l’esclavage
I – La vie sociale des esclaves
II – Fonctions et métiers assignés aux esclaves
1 – Les concubines et les eunuques
2 – Les esclaves militaires
3 – Les esclaves dans la société agricole et pastorale
4 – Les esclaves dans les activités industrielles et commerciales
5 – L’esclave fonctionnaire
6 – L’instruction des esclaves
7 – Le mariage des esclaves
III – L’affranchissement et la libération
1- L’affranchissement de la « mère de l’enfant » (Umm al-walad)
2-L’affranchissement bénévole
3- Al-Mukātaba
4. Al-Tadbir
5 – Al-Walā
IV – L’impact du commerce des esclaves sur la société libyenne
1- Les esclaves dans les proverbes populaires libyens
2 – L’impact social des esclaves sur la vie publique
Quatrième Partie : L’interdiction et la fin du commerce des esclaves
I – La politique britannique à l’égard de la traite des esclaves dans l’Empire ottoman
II – Les Firman et les lois ottomans
1 – Le Firman de
2 – Le renouvellement du Firman d’interdiction de 77 et la Convention angloottomane
3 – Le projet de lois ottoman pour l’année 82-83
III – Le commerce des esclaves depuis la Conférence de Bruxelles en 91
jusqu’à l’occupation italienne de la Libye en
IV – La fin du commerce
Conclusion
Bibliographie

projet fin d'etudeTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *