Le concept de la sécurité alimentaire

Le concept de la sécurité alimentaire

Etant un concept d’intérêt général, la sécurité alimentaire nourrit d’intenses discussions et de débats dont la résultante perce de nouvelles réflexions en la matière, entre autres, l’initiative de la communauté internationale sur la réduction de l’insécurité alimentaire, les perspectives de développement, la réduction de la vulnérabilité, la gouvernance, l’alimentation mondiale à travers l’agriculture et le cas de Madagascar en matière de sécurité alimentaire.

Besoin d’alignements de perceptions

Décortiquer la sécurité alimentaire en trois dimensions qui sont la disponibilité, l’accès et l’utilisation (FISCR, 2005) permet d’avoir une compréhension approfondie de la situation sur terrain, d’identifier les blocages et les goulets d’étranglement. Ceci permet aussi de bien cibler et spécifier les interventions depuis la conception à l’exécution afin de mâter le fléau de l’insécurité alimentaire. De telle analyse multidimensionnelle est utile pour avoir une compréhension à la fois systémique et élémentaire du concept. Elle offre une meilleure pertinence et une précision au ciblage des interventions sur le plan politique et particulièrement pour la population, la structure institutionnelle, les facteurs de production et les infrastructures. Bref, percevoir la sécurité alimentaire suivant ces trois dimensions permet de mieux intégrer et placer convenablement chacun des intervenants et chacune des interventions dans l’échiquier de la lutte pour réduction de l’insécurité alimentaire.

Définition de la sécurité alimentaire

En revanche, la définition de la sécurité alimentaire arrêtée par la communauté internationale est émaillée d’un idéal qui ne semble pas à la portée de l’humanité. En effet, le fait de poser comme conditions principales de sécurité alimentaire la satisfaction du besoin Discussions générales 156 diététique à tout moment et la préférence alimentaire suivant les exigences culturelles (PAM, 2005) risque de compromettre l’atteinte de la sécurité alimentaire totale et absolue aspirée à travers la définition elle-même. La sécurité alimentaire ne pourrait être que partielle dans ce domaine de définition étant donné que l’Homme a un panel de préférences et de besoins complexes qui sont aussi bien diversifiés que son effectif. Dans cette optique, la sécurité alimentaire d’un personne donnée ne dépend pas seulement de la disponibilité, de l’accessibilité et de l’utilisation de la nourriture mais aussi et surtout de la préférence individuelle si l’on s’en tient à cette définition. Une personne peut ne pas être totalement satisfaite diététiquement à cause de sa préférence personnelle. Déjà à ce niveau, un alignement de perceptions est nécessaire sur la sécurité alimentaire et la préférence personnelle. 

Le défi du zéro famine

En outre, le défi de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire requiert un niveau d’harmonisation et d’uniformisation de conviction, de méthodologie et de mécanisme d’interventions de toutes les parties prenantes de tous les niveaux notamment administratifs, institutionnels et géographiques (FAO, 2014b). En effet sur le terrain, des différences d’approches et de perceptions entre les intervenants du domaine de la sécurité alimentaire sont indéniables. La sporadicité et de la ponctualité de certaines interventions ainsi que les dons et les assistanats n’intègrent point la synergie de la réduction de l’insécurité alimentaire ; pourtant, ils peuvent être valorisés dans cette croisade de taille. Autrement dit, la première étape de toute initiative de réduction de l’insécurité alimentaire doit consister à relever le défi d’alignement de perception de toutes les instances politiques, économiques et institutionnelles ainsi que le secteur privé et les individus eux-mêmes. Le concept de la sécurité alimentaire, avec ces trois facteurs – disponibilité – accessibilité – utilisation, est un concept qui impose une compréhension et une vision alignée ainsi qu’une approche holistique de la sécurité alimentaire afin de bien saisir et d’appréhender sa dimension et son contexte sur le terrain. En effet, la sécurité alimentaire est étroitement liée à la personne, à la famille et à la communauté elle-même mais aussi et surtout avec leur cadre de vie en l’occurrence leurs moyens de subsistance, l’environnement, les infrastructures de service, la sécurité, le social, la politique gouvernementale voire la politique internationale (FISCR, 2005). La poursuite des objectifs de la zéro famine et de la réduction de l’insécurité alimentaire serait ainsi aléatoire sans un alignement de perception pour remédier à cette divergence d’intérêts et d’approches. 

Les indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire

Dans cette percée, les indicateurs de sécurité alimentaire conçus par les experts ont une dimension pluridimensionnelle (FAO, 2014a) et dont la mise en place nécessite une approche et une appréciation multisectorielle. La définition du concept fait comprendre à quel point la sécurité alimentaire est compliquée voire hors portée pour les pays défavorisés à l’instar des besoins en infrastructures routières qui ont un niveau de dégradation très avancé chez les pays pauvres. Au vu de la situation de leurs infrastructures routières et leur capacité économique, la sécurité alimentaire dont l’un des composantes principales est l’accessibilité est compromise au préalable et mutait en un objectif idyllique. De surcroît, l’isolement et l’enclavement obstruent la réalisation d’une véritable performance agricole et par la suite une conséquence notoire fatale sur la sécurité alimentaire. Cette dernière va de pair avec la durabilité des exploitations agricoles sinon ce serait une sécurité alimentaire fragile dans le temps. La sécurité alimentaire, dans ce contexte, ne serait jamais effective avec la seule intervention de projets de développement agricole. Elle nécessite une approche holistique et une vision systémique pour couvrir et influencer l’intégralité des facteurs externes à la production agricole et qui interagissent avec les trois dimensions du concept. Ceci pour dire qu’un alignement de perceptions est nécessaire entre les décideurs, les gouvernants et les concepteurs de projets afin de donner plus de pertinences, de force de convergence et de synergie aux actions de résilience réalisées sur le terrain. Faut-il que les parties prenantes parviennent à définir de concert un objectif commun de capabilisation de la communauté et des exploitations agricoles à travers des investissements structurants et des transferts de capabilité pour que ces dernières puissent quitter la situation de vulnérabilité et s’arrimer à une trajectoire de résilience. Pour la population locale, la sécurité alimentaire est le fait d’avoir le ventre rassasié en aliment de base (PAM, 2014). A l’instar des ouvriers malagasy qui demandent à leur patron de ne leur donner principalement que du riz en montagne russe et ça leur suffirait pour se considérer en satisfaction et suffisance alimentaire. La vision du concept est tout à fait différente en haut lieu. Autrement dit, une différence plus qu’apparente de la perception sur la sécurité alimentaire est flagrante entre le local et le conceptuel. Il en résulte une incompréhension mutuelle entre les deux sphères ; celle-ci engendre à coup sûr un manque de pertinence des interventions aux yeux de la population locale et une incompréhension du comportement de cette dernière pour l’instance décisionnelle. Cette situation est à l’origine du manque à la fois d’adhésion communautaire et de pérennité des réalisations des projets mais aussi et surtout d’un faible ancrage des institutions et des agences de développement. Cette Discussions générales 158 divergence manifeste peut se pallier par l’alignement de perception entre la communauté de base et l’instance décisionnelle d’en haut. Elle fait surtout appel à une humilité de la part de cette dernière pour intégrer une approche qui considère et acculture la perception locale sur la stratégie de sécurité alimentaire.

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