Le taux de change et l’économie algérienne sur la période 1989-1997

Le taux de change et l’économie algérienne sur la période 1989-1997

Analyse de la situation économique de 1989 à 1993

L’année 89 avait vu la signature du premier accord avec le FMI au mois de Mai. Cet accord portait sur un tirage de 480 millions de DTS et soumettait l’Algérie à une série de conditions politiquement supportables, en raison de la possibilité de leur mise en œuvre dans le respect du cadre institutionnel de type socialiste. Ce qui était demandé aux décideurs politiques par les autorités financières internationales était d’opérer une « contraction de la demande, par une politique monétaire plus austères, l’élimination du déficit budgétaire, le glissement du cours du dinar et la libéralisation des prix » H. Bénissad (1999). Le taux de change et l’économie algérienne sur la période 1989-1997 171 L’Algérie avait consenti des efforts dans ces quatre directions, en diminuant le taux de croissance de la masse monétaire, en supprimant le déficit budgétaire, en laissant le dinar se déprécier et en libéralisant les prix par la loi 89 -12 du 5 juillet 1989 relative aux prix et à la concurrence. Un second accord de confirmation avait été signé le 3 juin 1991. Cet accord était assorti d’un prêt de 300 millions de DTS (majoré en cas de nécessité d’une facilité de financement compensatoire de 210 millions de DTS). Il s’étalait sur 10 mois seulement. Au cours de l’année 91, le ministre de l’économie en charge notait que « le gouvernement entrera avec succès avec les créanciers publics et privés pour définir les nouvelles conditions de remboursement de la dette et un soutient transitoire à la libération de l’économie sans recourir aux conditionnalités du rééchelonnement ». Ces nouvelles conditions permettaient à l’Algérie d’adopter une stratégie de gestion de la dette articulée sur le reprofilage. Cette démarche consistait à rechercher des refinancements de soutien de la balance des paiements obtenus auprès de sources multilatérales. C’est ainsi qu’il y avait eu la reprofilage bilatérale avec l’Italie pour un montant de 2,4 milliards de dollars pour la période 1991-1992 et le reprofilage obtenu auprès des banques internationales (dirigé par la banque française, le crédit Lyonnais) pour un montant de 1,4 milliards de dollars pour les échéances entre Octobre 1991 et Mars 1993. Le reprofilage consiste à mobiliser des crédits nouveaux pour soutenir la balance des payements. La première remarque qui ressort du tableau 2.16 est l’effort soutenu fourni par le gouvernement algérien pour mobiliser autant de crédits extérieurs nouveaux auprès de différentes sources internationales de financements. La seconde remarque est que les crédits d’origines privée (crédits acheteurs, crédits fournisseurs, leasing, marchés fournisseurs) sont dominants. Sachant par ailleurs que leur conditions d’octroi sont les plus contraignantes (taux d’intérêt élevés et volatils, délais de remboursement entre trois et cinq ans). D’après le tableau 2.16 ci dessus, on peut dire que la dette à moyen et long terme de l’Algérie était dominée, avant les opération de rééchelonnement, par trois catégories de crédits : les crédits bilatéraux (crédits gouvernementaux directs et crédits acheteurs et fournisseurs assurés), les crédits financiers (crédits–bails, reprofilage) et les crédits multilatéraux. Ces crédits représentaient en 1993 respectivement 63,9 ; 17,9 ; et 12,4 % de la dette à moyen et long terme, soit un totale de 94,2 %. Toutefois, il y a lieu de noter l’aspect palliatif du reprofilage ressort ici, du fait qu’il a contribué à perpétuer l’endettement extérieur et son engrenage de paiement du service de la dette de plus en plus élevé.

Analyse de la situation économique de 1994 à 1997

Le troisième accord de confirmation de l’Algérie avec le Fonds couvrait une période de 12 mois (juin 1994 – mai 1995). Ce dernier avait été suivi dès son terme, d’un quatrième accord de « facilité de financement élargie » pour une période de trois ans (juin 1995-mai 1998). Ces deux derniers avaient été appuyés par des opérations de rééchelonnement, dont l’effet était de desserrer, pendant une période donnée, la contrainte financière du pays. Le premier accord portait sur le rééchelonnement d’une dette de 9,8 milliards de dollars et le second, sur le rééchelonnement d’une dette de 7 milliards de dollars. Au total, 16,8 milliards de dollars avait fait l’objet d’un report de paiement. En contrepartie de ces conditions financières, l’Algérie était tenue, « de transformer en profondeur l’organisation et le système de gestion de l’économie pour passer d’une économie excessivement centralisée avec une prépondérance de la gestion administrative excluant les initiatives, à une économie fondée sur le libre jeu des forces de marché et la concurrence, ouvert à l’échange et intégrée au marché mondial, dans l’ensemble de ses compartiments ». Deux séries de mesures avaient été prises dans le PAS (après la signature de l’accord d’avril 1994). La première série portait sur les actions monétaires à mettre en œuvre, en vue de la stabilisation de l’économie algérienne. On appelle cette première série : les mesures de stabilisation. Ces mesures concernaient : i) la politique de libéralisation du taux de change; ii) la politique monétaire. La deuxième série était des mesures d’ajustement. Ces derniers portaient sur des actions de structures à mettre était en œuvre, en vue de renouer avec la croissance. Ces mesures étaient relatives à : i) la libéralisation du commerce extérieur; 177 ii) les prix intérieurs et les subventions; iii) l’assainissement et la privatisation des entreprises publiques; vi) le renforcement de la protection des investissements étrangers. En matière de change, il avait été prévu : i) au niveau des équilibres extérieurs, de viabiliser sur le long terme, la balance de paiements, en ayant recours aussi bien à la contribution particulière du secteur des hydrocarbures, qu’au développement des exportations, attendu des autres secteurs d’activités économiques comme l’agriculture et la P.M.E (petite et moyenne entreprise industriel) et d’aménager un profil raisonnable du service de la dette. ii) au niveau des équilibres internes, un solde positif et permanant de trésor public dans le cadre de la stabilisation macro- économique et de l’accumulation des ressources nécessaires au financement de la relance de l’investissement. Le 23 mai 1995, le FMI annonce l’octroi d’un crédit de DTS de 1,8 milliards de dollars pour soutenir le programme algérien de reforme. L’objectif principal de ce programme était de relancer la croissance de l’économie hors hydrocarbure. Le but de cette nouvelle politique économique était de faire en sorte qu’en moyenne, sur la période qui suivait (1995- 1997), la croissance devait être supérieure à 5 %, avec une inflation inférieure à 6 % et de dégager des excédents suffisants pour le paiement du service de la dette qui allait être contraignant à partir de 1998. Il est clair que la période de rééducation de l’économie nationale, 1994-1997, avait vu émerger certains effets. Afin de les mettre en relief, il est nécessaire de procéder à l’analyse de la situation économique à travers: – la gestion de la dette et les échanges extérieurs; – la finance publique; – la monnaie; – la sphère économique et sociale. §2-B-2-a) En matière de gestion de la dette et les échanges extérieurs : Après la demande de rééchelonnement de sa dette, les entrés de capitaux avaient diminué, en raison de la cessation de garantie de ses crédits et de ses emprunts extérieurs. 178 Tab.2.19. Evolution des emprunts extérieurs en milliards de dollars. 1994 1995 1997 Emprunts extérieurs 4,5 3,2 1,7 Source : Banque d’Algérie(2000). La comparaison du volume des emprunts extérieurs des années 94, 95 et 97 et celui de l’année 89 et l’année 90 permet de voir que ce dernier est supérieur au premier. L’étude de la structure de la dette de l’Algérie, permet de remarquer que cette dernière était essentiellement constituée de la dette de moyen et long terme, comme le montre le tableau 2.20 ci-dessous: Tab.2.20. Evolution de la dette de moyen et de long terme (DMLT) et dette à court terme (DCT) en milliards de dollars. 1994 1995 1996 1997 DMLT 28,85 31,35 33,23 31,06 DCT 0,636 0,256 0,421 0,162 DMLT en % 97,8 99,3 98,7 99,5 DCT en % 2,2 0,7 1,3 0,5 Source : Banque d’Algérie(2000). On constate d’après le tableau 2.20, qu’il y a une faible augmentation d’une année à une autre de la dette de moyen et de long terme entre 1994 à 1997, au détriment de la dette à court terme. En 1997, les deux types de dette représentent respectivement 99,5 % et 0,5 % contre 93 % et 7 % respectivement en 1993. La dette à moyen et long terme était dominée par trois catégories de crédits : les crédits bilatéraux, les crédits financiers et les crédits multilatéraux. Mais à partir de 1994, l’Algérie avait opté pour le rééchelonnement de sa dette. D’où on a une quatrième catégorie des crédits qui s’ajoute aux trois premiers. Cette quatrième catégorie est formée des crédits de rééchelonnement En 1998, les trois premières catégories de crédits représentaient moins de 50 % de la dette à moyen et long terme. 179 Tab.2.21. Structure de la dette à moyen et long terme en % durant la période 1994-1998. 1994 1995 1996 1997 Crédits multilatéraux 14 15,1 18,3 18,8 Crédits bilatéraux 53,2 44,8 37,3 31,3 Crédits financiers 13,6 9,1 5,3 3,5 Crédits de rééchelonnement 15,4 29,7 38,3 45,7 Source : Banque d’Algérie (2000). Les données du tableau2.21 montrent que les crédits bilatéraux et les crédits financiers avaient considérablement diminués. Les premiers baissent de 63,9 % en 1993 à 53,2 % en 1994, pour descendre à 31,3 % en 1997 et à 26,8 % en 1998. Les secondes baissent de 17,9 % en 1993, pour atteindre 13,6 % en 1994, 3,5 % en 1997 et 2,4 % en 1998. Par contre, les crédits de rééchelonnement augmentent sans cesse, passant de 15,4 % en 1994 à 45,7 % en 1997 et à 50,3 en 1998. En 1997, les crédits bilatéraux représentaient 31,3 % du totale de la dette et les crédits financiers s’élevaient à 3,5 %. Ces diminutions avait été faites en faveur des crédits multilatéraux et des crédits de rééchelonnement, dont les parts étaient de 18,8 % et 45,7 % respectivement. L’étude de la dette, nous ramène à analyser la situation des paiements extérieurs ainsi que les ratios de l’endettement. 

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