L’environnement bancaire le risque de taux d’intérêt

Cours environnement bancaire le risque de taux d’intérêt, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Risque opérationnel

Définition

« Le risque opérationnel est défini comme le risque de perte résultant de carences ou de défaillances attribuables à des procédures, personnels et systèmes internes ou à des événements extérieurs. La définition inclut le risque juridique mais exclut les risques stratégiques et d’atteinte à la réputation ».
Dans la pratique, on peut considérer comme réalisation d’un risque opérationnel tout événement qui perturbe le déroulement des processus et qui génère des pertes financières ou une dégradation de l’image de la banque. Donc les risques opérationnels sont réalisés essentiellement par : les employés (fraudes, dommages, sabotages,…), le processus interne de gestion (risque sur opérations, de liquidité,…), le système (risques liés à l’investissement technologique, violation,…) et par des événements externes (aspects juridiques, catastrophes naturelles,…).

Méthodes de mesures

On distingue trois méthodes pour mesurer le risque opérationnel. En effet, il s’agit de trois options avec des exigences en fonds propres décroissantes en fonction de la sophistication de l’approche. Les banques peuvent passer de l’approche la plus simple à l’approche la plus complexe à mesure qu’elles développent des systèmes et des pratiques de mesure plus élaborés du risque opérationnel.

Approche indicateur de base (BIA : Basic Indicator Approach)

C’est la méthode de mesure du risque opérationnel la plus simple. Le capital économique requis pour couvrir la perte en risque opérationnel est égal au Produit Net Bancaire (PNB) multiplié par un ratio forfaitaire  » « , fixé par le régulateur, qui varie entre 15% et 20%, généralement prend la valeur de 15%. Elle représente la relation entre l’exigence en fonds propres pour l’ensemble du secteur et l’indicateur pour l’ensemble du secteur.
Avec : FPRO = exigence en fonds propres pour le risque opérationnel PNBtotal est le produit annuel brut moyen sur les trois dernières années

Approche standard (SA : « Standardised Approach »)

L’exigence est liée aux produits nets bancaires des métiers (8 lignes métiers) multipliés par des facteurs de pondérations (donnés par le régulateur) qui varient selon le métier.
Pour chaque ligne de métier (i), un indicateur d’exposition unique (PNBi) est multiplié par un facteur de pondération ( ) reflétant le risque lié à l’activité. Ainsi, la charge de capital est fixée d’une façon arbitraire sur le « Gross Income » de chaque ligne de métier pondéré par un coefficient bêta fixé dans le cadre de l’accord de Bâle. Le comité de Bâle a divisé les activités des banques en huit catégories à savoir : banque de financement des entreprises, banque de détail, banque commerciale, négociation et vente, gestion d’actifs, services d’agence, paiements et règlements et courtage de détail.
Bêta « â » représente une mesure approchée de la relation entre l’historique des pertes imputables au risque opérationnel sur une catégorie donnée et le montant agrégé du produit brut de cette catégorie d’activité. Le produit brut est mesuré par catégorie et non pour l’ensemble d’établissement. Ainsi, l’exigence globale en fonds propres représente la somme des exigences de fonds propres pour chacune des catégories des activités.
On peut conclure que des critères d’éligibilité sont à respecter pour l’application de cette méthode. Ils prennent en compte la qualité du système de gestion du risque et le suivi des données de pertes.

Approches de mesures avancées (AMA : Advanced Measurement Approaches)

C’est une approche plus complexe, réservée aux établissements bancaires les plus avancés et les plus exposés aux risques, permettant une optimisation des exigences en fonds propres. Le comité ne précise ni l’approche ni les hypothèses concernant le type de distribution utilisée pour modéliser la mesure du risque opérationnel.
Dans le cadre de l’approche des mesures avancées, la notion de risque prend toute son importance car il s’agira d’évaluer la perte potentielle dans 99,9 % des cas. Cette méthode, permettant moins d’exigences en fonds propres, doit respecter les critères suivants :
Ø Un critère général : l’approbation préalable de l’autorité de supervision.
Ø Des critères qualitatifs : une fonction  » risque opérationnel » indépendante, une implication des dirigeants, un reporting régulier des expositions et des pertes, une documentation sur les contrôles et les procédures, des audits internes/externes.
Ø Des critères quantitatifs : processus de gestion et bases de données cohérents avec la définition du risque opérationnel, système d’information approprié, procédures en cas de changement de taille, revue périodique des méthodologies et paramètres.
La mesure du risque opérationnel est basée sur des modèles internes de l’établissement. On distingue 3 possibilités à savoir : l’approche de mesure interne (IMA : Internal Measurement Approach), les approches basées sur la modélisation des pertes (ou LDA : Loss Distribution Approach) et les approches basées sur un scoring des lignes de métier (Scorecard Approach).
Pour l’approche IMA, on distingue entre 8 lignes de métier i et 7 types d’évènements j. Ainsi, les Fonds propres pour le risque opérationnel est :
Avec : ã : un facteur de pondération
PEij : Probabilité de l’évènement j pour la ligne métier i
LGEij : Pertes moyenne en cas d’occurrence de l’évènement j
EIij : Indicateur d’exposition pour le métier i
Cette méthode considère que les pertes non anticipées sont en fonction des pertes anticipées. Aucune raison ne l’approuve, on peut déduire que c’est une approche extra réelle.
L’approche par distribution des pertes ou LDA : il s’agit d’estimer la distribution des pertes pour chaque ligne de métier et type d’évènement (hypothèses sur la forme de la distribution ou simulation de type Monte-Carlo).
La valeur en risque de l’institution correspond ensuite aux fonds propres à allouer (horizon d’un an et intervalle de confiance de 99,9%).
Les approches par « scoring  » : ce sont des approches qualitatives consistant à produire, pour chaque type de risque, une grille d’appréciation regroupant des indicateurs quantitatifs comme le taux de turn-over, le nombre d’opération,… et qualitatifs comme l’appréciation de la vitesse de changement d’une activité.
Un score est donné par un groupe d’experts spécialistes pour chaque ligne métier. Donc le capital réglementaire est égal à la somme des produits des pertes (EL), des pondérations (W) et du score de risque (RS).

Le risque de taux d’intérêt

Toute entreprise se caractérise par des besoins de financement à plus ou moins long terme, que ce soit pour financer des projets d’investissement ou simplement pour assurer son développement. Elle a ainsi recours à l’endettement soit auprès d’une banque, soit directement sur les marchés financiers à court terme ou obligataire, et se trouve alors exposée au risque de taux d’intérêt.

Définition

Les fluctuations des taux d’intérêt exposent le détenteur de titres financiers au risque de moins-value en capital. C’est paradoxalement un risque de taux dans la mesure où il se traduit pour l’investisseur par un coût effectif ou un manque à gagner en dépit du respect scrupuleux des engagements par l’émetteur.

Méthodes de mesure

On distingue trois techniques de mesure du risque de taux d’intérêt : la mesure de volume, la mesure de marge et la mesure de valeur.

La mesure de volume : Gap et impasse

L’objet de cette mesure est de déterminer l’assiette du risque de taux d’intérêt
Démarche et outil
La mesure du gap de taux procède d’une démarche en plusieurs étapes portant sur les emplois et ressources à taux variable sur une période donnée :
– d’abord, il faut recenser à l’actif comme au passif du bilan tous les postes à taux variable à refinancer, en prenant soin de le faire sur une même période de référence sinon la distinction fixe-variable perd son sens
– ensuite, on calcule pour chaque période le total des encours à refinancer à l’actif et au passif
– enfin, on calcule le gap de taux par différence algébrique entre les totaux à l’actif et les totaux au passif (Gap = Actif – Passif) à taux variables. Pour affiner l’analyse on calculera aussi les gaps cumulés sur les différentes périodes. Notons que l’on peut calculer le gap par différence entre passifs et actifs (Gap = Passif – Actif) à taux fixe. En faisant attention aux signes (plus ou moins) dans ses calculs, les deux méthodes conduisent le gestionnaire de risque aux mêmes conclusions.
En toute logique, il y a autant d’impasses que de taux de référence. Si l’on dispose de taux fortement corrélés avec un même taux de référence, on peut contourner cette difficulté en regroupant les lignes du bilan en encours dont les taux sont corrélés. Cela permet de calculer une seule impasse représentant le solde des encours indexés sur ce même taux. Rappelons enfin que l’on peut calculer le gap ou impasse en taux après financement en ajoutant algébriquement l’impasse en liquidité à l’impasse en taux avant financement.
Interprétation
Lorsqu’on a un excédent des ressources sur les emplois, la banque est dite sur-consolidée ou en position longue en taux et le gap (Emplois – Ressources) est négatif. Cet excédent de ressources doit être replacé sur le marché à un taux incertain. Si les taux baissent, c’est la rentabilité de la banque qui diminue car les ressources sont réinvesties à un taux inférieur à leur coût d’acquisition. C’est pourquoi un gap négatif est préjudiciable en cas de baisse des taux alors que cela devient une situation favorable en cas de hausse des taux.
Inversement, quand les emplois excèdent les ressources la banque est dite sous consolidée en taux ou en position courte et le gap (Emplois – Ressources) est positif. La banque est courte en ressources et doit se refinancer à un taux incertain. Si les taux baissent, elle se refinance à un coût inférieur aux taux client et sa rentabilité augmente de ce fait. C’est pourquoi un gap positif est favorable en situation baissière des taux pour la banque. Par contre en situation haussière des taux, ce gap positif devient défavorable, le refinancement se faisant à un coup supérieur au taux client.
Si le gap est nul, la banque est dite consolidée en taux car il y a adossement parfait entre ressources et emplois.
Le risk manager s’attellera donc à réduire autant que possible les gaps défavorables et surtout les mauvais gaps cumulés dans la mesure où ces derniers lui permettent de voir comment évoluent son gap et son exposition dans le temps.

La mesure de marge : sensibilité de la marge aux taux d’intérêt

Elle permet d’apprécier l’incidence de l’évolution des taux sur la marge de transformation et donc sur les résultats d’un établissement bancaire éclairant ainsi la décision du gestionnaire de risque, ce que la simple mesure du gap est insuffisante à faire. Par exemple, « le parfait adossement en taux des emplois et ressources garantit la stabilité de la marge de transformation dans le temps au niveau où elle s’est constituée initialement, mais cette marge peut avoir été figée à un niveau insuffisant, voire négatif ». La sensibilité de la marge aux fluctuations adverses des taux d’intérêt apporte donc plus de lumière à l’analyse du risk manager et l’indicateur de mesure dont il dispose à cet effet est le Earnings-At-Risk (EAR) ; encore appelé Income-At-Stake (IAS) ou Dollar-At-Risk(DAR). Il mesure la dégradation en valeur absolue de la marge d’intérêt suite à une fluctuation adverse des taux d’intérêt.
Lorsque la variation des taux d’intérêt est connue avec précision on peut calculer l’EAR en posant : EAR = |gap|.Ä taux d’intérêt. Lorsque la variation des taux d’intérêt n’est pas connue avec précision, on peut à partir de données historiques et pour un seuil de confiance donné, généralement 95%, estimer la volatilité de ces taux en situation normale c’est-à-dire en dehors des cas pires ou stress scenarios. Dans ce cas on calcule l’EAR en posant : EAR = |gap|.Ä95% taux d’intérêt.
Il ressort de cette formule que lorsque le gap est nul, l’EAR est aussi nul. Il y a alors un adossement parfait en taux et la marge est immunisée contre les variations de taux. L’EAR étant mathématiquement calculé en valeur absolue, il ne faut perdre de vue pour autant qu’un gap (Emplois – Ressources) positif est défavorable en cas de hausse des taux si bien que la marge décroît avec la hausse des taux et elle se croît avec leur baisse. Inversement, un gap négatif représente une situation préoccupante en cas de baisse des taux car la marge se détériore alors qu’elle s’améliore si les taux croissent.
L’incidence de la variation des taux d’intérêt, mesurée par l’EAR, reste possible dans les cas de stress scenarios par la formule précédente pourvu que l’on puisse estimer, pour un seuil de confiance donné, ce que sera la volatilité des taux.

La mesure de valeur : VAN du bilan et sensibilité des fonds propres

Ce type de mesure fait généralement appel à l’utilisation de concepts mathématiques tels que la Valeur Actuelle Nette (VAN) ou la duration pour apprécier l’incidence des variations négatives des taux d’intérêt sur la valeur patrimoniale de la banque.

La sensibilité de la VAN et la duration

La VAN a pour objet de mesurer l’impact défavorable de la fluctuation des taux d’intérêt sur la valeur patrimoniale de la banque dans le cas d’une activité à taux fixe. Certains établissements disposent d’un important portefeuille obligataire ou de titres de créances négociables. Si la valeur de ces actifs est liée au taux du marché, l’établissement est exposé au risque de perte sur leur valeur de revente consécutivement à une hausse des taux d’intérêt. C’est donc une perte en capital et non une détérioration étalée dans le temps de la marge. Cette détérioration de la valeur patrimoniale est nulle à taux variables car dans un tel cas, la valeur des actifs est très voisine du pair malgré les variations de l’index de taux variable. En effet la fluctuation des taux variables se reporte directement sur la charge d’intérêt sans impacter véritablement sur le prix et donc sur le capital. Il n’ y a alors qu’à taux fixe que le risque est réel.
Le risk manager, soucieux de la liquidité de ses actifs et de la rentabilité de son activité devra, en appliquant la mesure de valeur, calculer puis comparer la VAN de l’actif et du passif de son bilan. Il tirera les conclusions suivantes :
– si VAN de l’actif < VAN du passif, alors il réalise une perte financière
– si VAN de l’actif > VAN du passif, alors il réalise une marge financière.
La détermination des VAN peut être couplée à celle de la sensibilité de la différence des VAN de l’actif et du passif à la variation des taux. La différence (VAN Actif – VAN Passif) est appelée VAN du bilan ou Situation Nette Actualisée (SNA) du bilan. La norme est que cette différence soit proche de zéro à tout instant. En partant du principe que l’immunisation d’un bilan est obtenue lorsque les valeurs présentes de l’actif et du passif sont égales et lorsque la variation de l’actif est égale à celle du passif, la méthode de la VAN revient à calculer la duration de l’actif et celle du passif et espérer que ces deux durations soient égales. Sinon, on conclura que :
– si duration de l’actif > duration du passif : l’actif se déprécie plus vite que le passif en cas de hausse des taux d’intérêt. La VAN du bilan se dégradera donc avec cette hausse et s’améliorera en cas de baisse des taux d’intérêt.
– si duration de l’actif < duration du passif : l’actif se déprécie moins vite que le passif en cas d’augmentation des taux, donc la VAN du bilan s’améliorera avec la hausse des taux mais elle chutera avec une baisse des taux d’intérêt.

La sensibilité des fonds propres aux taux d’intérêt

Pour mesurer la sensibilité des fonds propres aux changements de taux d’intérêt, le gestionnaire de risque utilise comme instrument la duration. La duration d’un actif permet de calculer l’exposition au risque de la valeur de cet actif (Value-at-Risk ou VAR), c’est-à-dire la perte maximale attendue sur cet actif pour un seuil de confiance donné. On démontre que cette sensibilité à la variation des taux d’intérêt, toutes choses égales par ailleurs, est donnée par la formule :
Sensibilité des Fonds Propres = -(A/FP). [(DuA – DuD.D/A)/(1 + t)].Ät Où
FP = Fonds Propres, A = actifs, D = dépôts ou dette, DuA = duration des actifs
DuB = duration des dettes, Ä = seuil de confiance, t = taux d’intérêt.
Il ressort de cette formule, après quelques manipulations algébriques, que :
Sensibilité des Fonds Propres = -Levier.Gap de duration.Ät
La sensibilité des fonds propres aux taux d’intérêt est alors le produit de trois termes : le levier, le gap de duration entre les actifs et les dettes et enfin la variation des taux d’intérêt. Si la sensibilité est négative, alors les fonds propres se détérioreront avec une hausse des taux d’intérêt. Ils s’amélioreront avec une baisse des taux car la sensibilité devient positive dans ce cas.

Tableau comparatif des mesures du risque de taux d’intérêt

Le tableau ci-dessous présente de façon synthétique les avantages, inconvénients et l’objet des trois techniques de mesures précédemment décrites.

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