LES DISCRIMINATIONS DISCURSIVES COMME OPERATION POLITIQUE LES MYTHES IDEOLOGIQUES

LES DISCRIMINATIONS DISCURSIVES COMME OPERATION POLITIQUE LES MYTHES IDEOLOGIQUES

Si le chapitre précédent a été consacré aux continuités discursives de l’ensemble des programmes, le présent chapitre tente de traiter, cette fois-ci, les particularités de ces discours. En effet, les constats de la comparaison analytique des programmes ne permettent de traiter de « la fin du politique » qu’en termes de tendance. Car, au-delà des proximités discursives entres les programmes qui mettent en avant cette tendance, cette comparaison permet de constater, par ailleurs, qu’il existe des différences discursives importantes entre les programmes. Partant du postulat selon lequel, le politique, dans sa dimension discursive, peut émerger (ou se maintenir) à partir d’une forme discursive polémique qui cherche à définir les conditions de production de la société et de son institutionnalisation (Bourque et al., 1994), il résulte de l’analyse des programmes qu’une opération politique européenne se révèle en train d’émerger de manière institutionnelle. Les discours programmatiques construisent en effet une polémique quant à la conscience du temps, de l’espace et de soi, des rapports sociaux, des rapports des individus ou des groupes d’individus à la société et des rapports entre les différentes institutions de pouvoir. Dans l’objectif de raffiner ce constat, nous avons procédé à une catégorisation des divergences programmatiques. Ainsi les neuf programmes du corpus de cette recherche peuvent être regroupés de deux manières au sein des trois catégories ; soit selon leur appartenance partisane : programmes liés au PPE, programmes liés au PSE et programmes liés à la GE ; soit selon leurs origines culturelles : programmes des partis français et programmes des partis chypriotes.

En ce sens, dans ce chapitre, nous ne traitons pas de l’ensemble des traits polémiques des discours programmatiques, mais seulement des traits qui permettent le regroupement et donc la distinction des programmes selon leur appartenance partisane. Plus précisément, ce chapitre est structuré selon trois facteurs analytiques transversaux : Les rapports d’énonciation, c’est-à-dire les modalités par lesquelles les propositions des partis s’expriment. Il s’agit de considérer les discours programmatiques comme polyphoniques, c’est- à-dire dans leur propriété de faire entendre d’autres voix au-delà de celles de leurs partis et par rapport auxquelles ils se situent. Ce type d’analyse permet également d’observer comment les électeurs sont convoqués dans chacun des programmes. Dans un deuxième temps, nous discutons les constats issus de ces trois facteurs de manière transversale. Nous tenterons par là de montrer les mésententes que ces programmes impliquent, tout en les regroupant selon l’appartenance partisane des discours. Quels sont les mythes idéologiques communs que les programmes construisent ? Comment ces mythes se diversifient- ils par rapports aux mythes d’autres idéologies ? une longue – géologique, et une courte – individuelle. Cette linéarité temporelle englobe trois temps : le temps passé, le temps actuel et le temps de projection. Nous montrerons dans cette section comment les programmes du corpus se ressemblent ou se distinguent selon le type de chronologie construit, en fonction de leur appartenance partisane. L’objectif est, d’analyser, en partant de cet indicateur de la temporalité, les diverses représentations et constructions de l’Histoire qui s’opèrent par les relations argumentatives entre les temps et sur lesquelles se basent les projets, en d’autres termes, la différenciation d’Avenirs que les partis revendiquent, et ceci dans des perspectives et des clôtures imposées par la temporalité sociale.

La temporalité au sein des programmes de « la droite » : la crise comme temps mort

Les programmes du parti fédéral PPE et de ses composants UMP et DISI, au-delà du fait qu’ils construisent les mêmes temporalités pour représenter la réalité, procèdent aussi d’un même traitement argumentatif des temps. Il s’agit, d’une manière générale, d’une tentative d’effacer le temps de l’actualité et de chercher des perspectives pour l’avenir dans le passé. Le temps passé au sein de ces programmes est caractérisé, d’un point de vue grammatical, par des verbes conjugués au passé composé. Ces énoncés employés au passé sont le plus souvent portés soit par un locuteur abstrait soit par le « nous » public. De cette manière, le contenu des énoncés en question prend la forme du constat historique ; il fonctionne comme un récit de l’Histoire :  « Elle (l’intégration européenne) a non seulement apporté la paix, la liberté et la stabilité, mais elle a aussi instauré une ère de compréhension, de coopération et de prospérité sans précédent (…) L’UE a réussi à couvrir la plus grande partie du continent (…) Nous nous sommes habitués à vivre dans un espace géographique et politique commun de paix, de liberté, de démocratie et de prospérité (…) dont le succès s’est démontré pendant la période de reconstruction qui a suivi la guerre (…) L’UE a accompli d’énormes progrès dans la création d’un marché commun (…) » [Programme PPE]

 

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