LES ETAYAGES EN SOUTIEN A LǯAPPRENTISSAGE DES SCIENCES

LES ETAYAGES EN SOUTIEN A L’APPRENTISSAGE DES SCIENCES

LA NOTION INITIALE « D’ETAYAGE » : UN TUTEUR – UN ELEVE

La notion initiale d’étayage trouve ses origines dans le domaine de la psychologie. Elle a été définie initialement par Wood, Bruner, et Ross (1976) comme le « processus par lequel un adulte prend en main les éléments essentiels de la tâche qui excèdent les capacités de l’apprenant, lui permettant de se concentrer uniquement sur les éléments qui demeurent dans son domaine de compétences et de les mener à terme » (p.9). Cette notion a été mise en rapport avec les travaux du psychologue soviétique, Vygotsky (1896- 1934). Bien que Vygotsky n’ait pas utilisé le terme d’étayage, il mettait l’accent sur le rôle des interactions sociales comme facteurs cruciaux pour le développement cognitif. En effet, pour lui, l’apprentissage se produit d’abord au niveau social ou interindividuel. Selon Vygotsky (1978), lorsqu’un enfant ȋou un noviceȌ apprend avec un adulte ou avec des pairs plus compétents, l’apprentissage se produit dans la zone proximale de développement ȋZPDȌ de l’enfant. La ZPD décrit la « distance entre le niveau de développement actuel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes seul, et le niveau de développement potentiel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes lorsqu’il est assisté par l’adulte ou collabore avec d’autres enfants plus avancés » (ibidem, p.86). Tel que Stone (1998) l’a souligné, la définition originale des étayages proposée par Wood et al. est plus pragmatique et sans lien direct avec la théorie des ZPD. Ce n’est que plus tard (Cazden, 1979 ; Bruner, 1985) que la notion d’étayage s’est liée à la notion de ZPD.

 LA NOTION « D’ETAYAGE » DANS LE CONTEXTE SCOLAIRE : LE CAS DE L’ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE

Les activités centrées sur la démarche expérimentale d’investigation exigent de la part des élèves la mise en place d’un nombre considérable de compétences et de connaissances. Comme nous l’avons étudié dans le chapitre précédent, ceci reste complexe et entraîne diverses difficultés chez les élèves. Par conséquent, ceux-ci ont besoin d’être soutenus tout au long de la mise en œuvre d’une telle démarche. Afin de rendre compte de la manière dont les élèves sont assistés, plusieurs auteurs se servent de la notion « d’étayage » (Kolodner, 1997 ; Quintana et al., 2004 ; Reiser et al., 2001). Toutefois, les enseignements scientifiques se déroulent dans des conditions qui diffèrent considérablement du contexte initial dans lequel la notion d’étayage a été définie ȋinteraction entre un adulte et un apprenantȌ. En effet, le cadre conventionnel d’une salle de classe comprend plusieurs élèves, ce qui limite les échanges de type ajusté ou personnalisé ainsi qu’un soutien en fonction de chaque élève (Rogoff, 1990). Diverses possibilités de ZPD sont possibles dans la salle (Brown, Ash, Rutherford, Nakagawa, & Gordon, 1993) face à un seul enseignant qui est censé soutenir la totalité des élèves. Ainsi, les aides apportées par l’enseignant ne peuvent pas être personnalisées en fonction des besoins individuels des élèves. Au contraire, il va soutenir l’ensemble de la classe en fonction des besoins jugés par lui essentiels pour la réussite de la tâche. 

DES EIAH POUR ETAYER LES ACTIVITES CENTREES SUR LA DEMARCHE D’INVESTIGATION

Dans le domaine des E)A(, la notion d’étayage fait référence à la manière dont les outils informatiques peuvent eux-mêmes soutenir le travail des élèves, plutôt que seulement les enseignants ou les pairs. Guzdial (1994) a introduit la notion de « software-realized scaffolding » en montrant comment les aspects conceptuels des étayages peuvent être implémentés dans un E)A(. Ainsi, le terme d’étayage est utilisé dans le cas où les outils modifient la tâche tout en permettant à l’élève d’accomplir ce qui autrement serait hors de leur portée. Soloway, Guzdial & Hay (1994) introduisent l’idée de « learner-centered design » (« conception centrée sur l’apprenant ») : une approche qui considère que les étayages apportés par un logiciel sont adaptés en fonction des nécessités des élèves. Bien que les supports apportés par un environnement informatique diffèrent de ceux qui sont apportés par les humains (professeurs et/ou pairs), deux idées leur sont communes.

L’une de celles-ci est que l’environnement informatique apporte une assistance supplémentaire, tout en permettant aux élèves d’accomplir des tâches plus ambitieuses. D’autre part, que la tâche est toujours modifiée (dans ce cas par un outil avec des caractéristiques particulières) de telle manière qu’elle devient plus assimilable pour les étudiants. Sur la base de ces idées, plusieurs travaux ont centré leurs intérêts sur les environnements informatiques ȋE)A(Ȍ destinés à soutenir les activités d’apprentissage guidées par la démarche d’investigation (Davis, 2000; Edelson, Gordin, & Pea, 1999; Guzdial, 1994; Quintana et al., 2004; Reiser, 2004; Zacharia et al., 2015). Plusieurs d’entre eux posent les bases théoriques et les lignes directrices nécessaires à la conception et à l’analyse des ces environnements. Pour ce faire, la plupart de ces auteurs reprennent in extenso ou sous des formes modifiées, les six fonctions de l’étayage proposé par Bruner. 

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *