Les méthodes de lutte contre les ravageurs

Etude des plantes hôtes des mouches des fruits (Diptera : Tephritidae) dans les haies des vergers

INTRODUCTION

L’horticulture est une activité très ancienne au Sénégal. Le pays produit une large gamme de produits horticoles à forte valeur ajoutée pour répondre à la demande des marchés nationaux, sous régionaux et internationaux (SONED-Afrique, 2013). Ce secteur joue un rôle important dans la sécurité alimentaire, dans la lutte contre la malnutrition et la pauvreté, ainsi que dans l’équilibre de la balance commerciale (N’Depo et al., 2009). Cependant, comme le maraîchage, le sous-secteur arboriculture fruitière est confronté à de nombreuses contraintes dont le problème des ravageurs comme les mouches des fruits. En Afrique de l’Ouest et notamment au Sénégal, l’importance économique des dégâts causés par les mouches des fruits (Diptera, Tephritidae) s’accroît aussi bien au niveau des vergers de petits producteurs que des vergers à vocation d’export. Des restrictions sont imposées sur les exportations de mangues vers les pays d’Asie et d’Europe à cause du statut d’insectes de quarantaine. Ceci entraîne des rejets et destructions de cargaisons de fruits infestés par des mouches des fruits aux frontières des pays importateurs. Les coûts de destruction étant à la charge des exportateurs, ce qui accentue les impacts socio-économiques négatifs considérables pour les communautés africaines. D’après Huguenin (2010), les fruits sont menacés par les mouches des fruits et il apparaît une diminution des exportations. Les dégâts sont d’autant plus importants que les espèces de Tephritidae tropicales sont le plus souvent polyphages et que, sous un tel climat, la fructification des nombreuses espèces fruitières s’échelonne sur toute l’année et assure le maintien et le renouvellement continu des populations de mouches (Rioux, 2001). Les travaux de Ndiaye (2009) menés dans la zone des Niayes ont montré que la gamme de plantes hôtes de Bactrocera invadens (Hendel) englobe des espèces des familles des Rutacées, Anacardiacées, Capparidacées, Rhamnacées, Myrtacées, Annonacées, Brassicacées, Palmacées, Sapotacées, Césalpiniacées et Cucurbitacées. Les hôtes alternatifs des mouches des fruits en période hors saison de production de mangues et d’agrumes, principaux fruitiers hôtes, sont peu connus surtout dans la zone centre du Sénégal. L’objectif général de notre étude est de contribuer à l’identification des plantes de la haie qui hébergent les mouches des fruits en absence de mangues, assurant ainsi la pérennité des populations de mouches dans les vergers au centre du Sénégal. Plus spécifiquement, nous allons inventorier les espèces végétales susceptibles d’abriter les mouches ; puis identifier les mouches des fruits et leurs plantes hôtes dans les haies des vergers de la zone d’étude. Cette étude permet donc d’améliorer et d’étendre les méthodes de lutte élaborées contre les mouches des fruits. Elle a été menée dans les communes de Fimela et de Diofior situées dans la Région de Fatick au centre du Sénégal. Ce travail est rédigé suivant trois grandes parties intitulées comme suit : Synthèse bibliographique, Matériel et méthodes et Résultats et discussion. Il est bouclé par une conclusion et des perspectives. 

SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE

Les mouches des fruits La mouche des fruits est un terme générique qui regroupe plusieurs insectes diptères ravageurs, comme la mouche méditerranéenne, la mouche de la cerise, ou encore celle de l’olive. 

Systématique 

Règne : Animal Embranchement : Invertébrés Sous embranchement : Arthropodes Classe : Insectes Ordre : Diptères Sous ordre : Brachycères Infra ordre : Muscomorpha (Cyclorrhapha) Section(Division) : Schizophora Super famille : Tephritidae Famille : Tephritidae Le nombre d’espèces de mouches des fruits identifiées en 2003 à travers le monde était de 4448 réparties en 484 genres. Introduites en Afrique de l’ouest en 2004, elles constituent une véritable menace agronomique, économique et sociale (Norrbom, 2004 ; Ouedraogo, 2007). 

Morphologie

La famille des Tephritidae comprend 6 sous-familles dont celle des Dacinae composée de la tribu des Ceradini et celle des Dacini. La mouche adulte, longue de 5 millimètres environ, possède une seule paire d’ailes sombres et marbrées. Le corps, thorax et abdomen, présente des bandes transversales ou des tâches variées. Les yeux sont en général verts ou bleus. Les asticots, larves caractéristiques des mouches, sont blanc jaunâtre et longs de 7 à 8 millimètres. La nymphe, appelée pupe chez les diptères, de forme ovoïde, gris beige, mesure quelques millimètres. Figure 1 : Morphologie des espèces de mouches des fruits : un Ceradini à gauche et un Dacini à droite (CTA, 2013) 

Biologie

Après accouplement des adultes, la mouche femelle fore le fruit de la plante hôte à l’aide de son ovipositeur et y dépose ses œufs qui éclosent au bout de 4 à 5 jours donnant ainsi des larves. Celles-ci font 7 à 15 jours avant de se métamorphoser dans le sol après la tombée ou non du fruit: c’est la pupaison. Les pupes durent 8 à 12 jours, aboutissant à l’émergence des adultes qui peuvent vivre jusqu’à 3 mois. Ces derniers s’accouplent et le cycle continue (Ouedraogo, 2007). 

Ecologie

Les Tephritidae sont en général très sensibles aux variations des conditions environnementales, en particulier de l’humidité relative (Tinkeu et al., 2010). Les facteurs biologiques comme l’action des auxiliaires, les compétitions inter et intra spécifiques peuvent influencer également les événements du cycle de vie des mouches des fruits de façon directe ou non. Les hyménoptères parasites particulièrement de la famille des Braconidae attaquent les larves de la plupart des Dacinae. Chez certaines espèces, les parasites des œufs et des pupes ont aussi été notés. Parmi les prédateurs, il y a les fourmis qui récupèrent les larves du fruit et déplacent les pupes à partir du sol (Ouedraogo, 2007). 

Ethologie

Les mouches des fruits de la sous-famille des Dacinae sont en général actives le jour et au repos la nuit sur la face inférieure des feuilles des plantes. La période d’activité peut être subdivisée en quatre types fonctionnels qui sont l’alimentation, l’accouplement, l’oviposition et la dispersion. La durée de chaque type d’activité dépend de plusieurs facteurs, incluant l’âge, le sexe, la disponibilité de l’hôte et les conditions climatiques (Fletcher, 1987). 

Les plantes hôtes 

Plusieurs espèces de mouches sont répertoriées au Sénégal. Les mouches du genre Ceratitis sont endémiques et n’ont, jusqu’ici, pas causé d’ennuis très alarmants aux filières fruitières. Par contre, la mouche asiatique des fruits Bactrocera dorsalis anciennement appelée Bactrocera invadens, qui est une espèce invasive et récemment introduite au Sénégal (2003-2004) a très sérieusement compromis le créneau de l’exportation de la mangue. C’est un ravageur très polyphage : il s’attaque à plusieurs espèces fruitières (cultivées ou sauvages). Les travaux de Ndiaye et al. (2015) ont montré que les fruits d’espèces sauvages ont principalement été infestés par la mouche Ceratitis cosyra (Walker). En revanche, les fruits de Mangifera indica, Citrus spp, Anacardium occidentale, Psidium guajava, Saba senegalensis, et Landolphia heudelotii étaient principalement infestés par B. invadens. Les mouches tueuses (Diptera, Muscidae) telles que Coenosia attenuata Stein, C. atra Meigen et C. tigrina Fabriciusont aussi émergé des échantillons de fruits. 

La haie 

Une haie est une clôture servant à limiter ou à protéger un domaine, une propriété, un champ, un jardin ou un terrain. Il existe deux principaux types de haie : haie morte (ou sèche) et haie vive (Notteghem, 1991). La haie morte est faite de branches sèches, des morceaux de bois fendu ou de bois mort. Elle peut aussi être faite à partir du matériau métallique notamment du fil de fer barbelé ou de grillage. Quant à la haie vive, elle est constituée d’arbres et de fruticée. Pour faciliter le désherbage, la haie doit être constituée d’une seule rangée de plants car il est très difficile de désherber entre deux rangées de buissons épineux. Elle est généralement plantée (ou semée ou bouturée) serrée pour ne pas avoir à remplacer les plants morts conservant ainsi l’efficacité de la haie. Les haies plurispécifiques sont plus résistantes aux maladies que les haies monospécifiques.

Table des matières

Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des annexes
Liste des sigles et acronymes
Résumé
Abstract
Introduction
I. Synthèse bibliographique
I.1. Les mouches des fruits
I.1.1. Systématique
I.1.2. Morphologie
I.1.3. Biologie
I.1.4. Ecologie
I.1.5. Ethologie
I.2. Les plantes hôtes
I.3. La haie
I.4. Les méthodes de lutte contre les ravageurs
I.4.1. Récoltes sanitaires ou lutte prophylactique
I.4.2. Lutte biologique
I.4.3. La lutte biologique par conservation
I.4.4. La lutte intégrée
II. Matériel et méthodes
II.1. Présentation de la zone d’étude
II.2. Méthodologie
II.2.1. Collecte de fruits au niveau de la haie
II.2.2. Incubation des fruits
II.2.3. Extraction des pupes
II.2.4. Suivi des pupes, identification des mouches des fruits émergées et enregistrement des données
II.2.5. Analyse des données
III. Résultats et discussion
III.1. Résultats
III.1.1. Diversité des échantillons de fruits hôtes potentiels suivant la période de collecte
III.1.2. Les plantes de la haie, hôtes des mouches des fruits dans les vergers étudiés
III.1.3. Composition des émergences issues des échantillons de fruits collectés
III.1.4. Dynamique des émergences des Téphritidae
III.1.5. Evolution des émergences spécifiques des Tephritidae
III.1.6. Mouches des fruits rencontrées dans les haies des vergers
III.2. Discussion
Conclusion et perspectives
Bibliographie
Annexes

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