Les théories sur la neutralité monétaire

Depuis l’indépendance, l’économie malgache subit régulièrement des chocs qui l’entraînent vers l’instabilité macroéconomique. Leurs origines sont divers : politique, catastrophes naturelles, variation des prix du pétrole et des matières premières, etc. Ces chocs ont eu toujours de l’impact sur l’évolution des prix et donc sur l’inflation. Cette dernière étant définie comme une hausse durable du niveau général des prix.

Dans son statut  , la Banque Centrale de Madagascar (BCM) a pour mission d’assurer la stabilité interne et externe de la monnaie. Pour ce faire, elle contrôle l’évolution des agrégats monétaires. Même si l’inflation n’est pas la cible directe, l’objectif de stabilité de prix devient difficile à atteindre en cas de volatilité de certains composants de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC). La BCM doit être capable de mesurer la composante permanente de l’inflation que l’on appelle inflation sous-jacente  . Ce concept décrit la tendance de l’évolution à long terme de l’inflation. Donc, c’est un indicateur de l’inflation tendancielle.

Concepts et définitions

Les termes autour de l’inflation

L’inflation n’est pas une hausse temporaire du niveau général des prix. C’est un processus durable. La déflation est le contraire de l’inflation, c’est-à-dire une baisse durable du niveau général des prix. La désinflation est la baisse du taux d’inflation. Donc, il y a toujours de l’inflation mais à un taux plus faible. La stagflation est une situation où l’infation et la stagnation de l’activité économique coexistent. L’inflation sous-jacente, quant à elle, est définie comme la composante permanente (de long terme) de l’indice des prix (Bryan et Cecchetti ; 1994). Cette composante est liée à la croissance de la masse monétaire.

Par contre, l’inflation de court terme est la composante non permanente (de court terme) de l’inflation. Des chocs comme la hausse du prix du pétrole et des matières premières peuvent provoquer la déviation de l’inflation de sa tendance de long terme. Les chocs monétaires pourraient aussi provoquer la variation à court terme de l’inflation. Si les prix s’ajustent rapidement à ces chocs, l’impact pourrait être plus important aussi bien à court terme qu’ à long terme (Bjornland, 2000).

Les concepts d’anticipations

Il y a deux types d’anticipations : l’anticipation adaptative et l’anticipation rationnelle, introduites dans la littérature macroéconomique par Phelps (1967), Friedman (1968) et Lucas (1972).

Le concept d’anticipations rationnelles (ou efficience des marchés en finance des marchés) se définit comme la meilleure prévision possible des agents économiques en consultant toute l’information disponible (passée et présente) à l’instant où l’anticipation est formée. De plus, les agents connaissent le modèle dans lequel ils évoluent.

En finance des marchés, les informations sont reflétées dans les prix (Fama, 1970). Ces prix peuvent être des cours des actions par exemple.

En économie monétaire, le niveau d’information detenue par les agents économiques concernant la politique monétaire menée par la banque centrale influe sur l’efficacité de cette politique. Nous verrons qu’une politique monétaire parfaitement anticipée est inefficace.

Dans le cas d’une anticipation adaptative, les agents se basent tout simplement sur l’information passée pour faire des prévisions ; mais ils ne prennent pas en compte les changements dans les politiques économiques. Par conséquent, ils peuvent faire des erreurs. Mais au fur et à mesure que le temps passe, les agents apprennent de leurs erreurs dans le passé et vont ainsi améliorer leurs anticipactions.

La courbe de Phillips

A l’origine, Phillips (1958) s’intéressait à la vérification empirique de l’excès de demande sur le marché du travail au Royaume-Uni. Lorsqu’il y a excès de demande de travail de la part des entreprises, le salaire augmente. La courbe de Phillips lie donc négativement la variation du revenu nominal et le taux de chômage noté U.

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Samuelson et Solow (1960) ont remplacé la variable variation du revenu nominal par le taux d’inflation afin de donner une relation théorique entre l’inflation et le chômage. Ils ont supposé que les acteurs économiques sont victimes de l’illusion monétaire. Alors, la variation de revenu nominal est égale à la variation de prix notée π. Ainsi, on peut établir une courbe décroissante décrivant la relation entre l’inflation et le chômage .

Il y a une relation de causalité entre l’inflation et le chômage : une baisse du chômage entraîne une hausse du taux d’inflation. Les autorités font alors face à un arbitrage entre l’inflation et le chômage. En effet, si l’objectif du gouvernement est l’emploi ; il faut laisser les prix augmenter. Par contre, si on veut la stabilité des prix, le chômage doit augmenter.

Les théories sur la neutralité monétaire

Morana (2004) rapporte que la base théorique la plus utilisée par les économistes dans le cadre de la mesure de l’inflation sous-jacente est la Théorie Quantitative de la Monnaie ou TQM. Il est donc nécéssaire, en premier lieu, d’expliquer cette théorie, son évolution et les critiques en son encontre.

La TQM

La Théorie Quantitative de la Monnaie a été élaborée par Fisher (1911). C’est une formalisation de la théorie classique de la neutralité monétaire.

L’équation des échanges

Tout d’abord, il y a l’équation des échanges représentée par l’identité :

MV ≡ PY (2.1)

Où M est le niveau de la masse monétaire (offre de monnaie) ; V représente la vitesse de circulation de la monnaie ; P est le niveau général des prix et Y est le niveau de production réelle.

La TQM est l’interprétation de l’identité ci-dessus. Elle stipule que toute augmentation de la masse monétaire entraîne une hausse de prix. La vitesse de circulation de la monnaie étant constante et la production est déterminée par les facteurs réels (capital et travail).

L’hypothèse qui transforme l’identité (2.1) en Théorie Quantitative de la Monnaie est la constance de la vitesse de circulation de la monnaie ou, dans un cadre plus réaliste, la stabilité de son évolution dans le temps. En effet, selon Fisher, les facteurs qui font varier la vitesse de circulation sont d’ordre structurel : évolution technologique, habitudes de paiement, etc. Ils évoluent lentement.

En logarithme , l’identité devient :

m + v = p + y

En différence première,

∆m + ∆v = ∆p + ∆y

A un niveau de production donné (∆y = 0) et comme la vitesse est constante (∆v = 0), toute augmentation de l’offre de monnaie entraîne une inflation au même taux (∆m = ∆p). Il y a donc une relation de causalité : l’offre de monnaie cause l’inflation et c’est l’inflation sous-jacente. Tout cela suppose aussi que le prix soit flexible. D’où l’affirmation de Friedman (1963, p.17) : « L’inflation est toujours et partout un phénomène purement monétaire dans le sens où elle est, et peut être, simplement provoquée par une augmentation plus rapide de la quantité de monnaie en circulation que du niveau du produit ».

Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : Approche théorique : neutralité monétaire, courbe de Phillips et inflation sous-jacente
Chapitre 1 : Concepts et définitions
Chapitre 2 : Les théories sur la neutralité monétaire
Chapitre 3 : Méthodologie de calcul de l’inflation sous-jacente
Partie II : Modélisation empirique : Approche VAR de l’inflation sous-jacente
Chapitre 4 : Présentation du modèle
Chapitre 5 : Analyse des données
Chapitre 6 : Estimation du modèle VAR et calcul de l’inflation sous-jacente
Chapitre 7 : Etude des fonctions de réponses impulsionnelles et de l’efficacité de la politique monétaire
Chapitre 8 : Réflexion sur les politiques à adopter
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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