L’histoire des Ghaznavides

GHAZNI, LA CAPITALE DES GHAZNAVIDES

L’histoire des Ghaznavides a fait l’objet d’une étude très complète par Bosworth. Dans deux monographies et un nombre considérable d’articles qui offrent une approche compréhensive, cet auteur a proposé une reconstitution détaillée des contextes politique, social et culturel revue les phases et les acteurs principaux du pouvoir ghaznavide, tout en mettant l’accent sur ses rapports avec les dynasties des territoires voisins.324 Dans ce but, nous nous appuierons sur les travaux de Bosworth, ainsi que sur un certain nombre d’études récentes qui apportent des éclairages sur les dynamiques caractérisant cette période de l’histoire de l’Iran médiéval.325 La première partie de notre analyse touchera à la phase de la fondation de l’État (fin IVe/Xe siècle), qui coïncide avec le déclin des Sāmānides et la répartition de leurs  domaines entre les Ghaznavides et le Qarakhanides. La deuxième partie sera consacrée à la « première période » ghaznavide (première moitié Ve/XIe siècle), caractérisée par la Seljuqides. Finalement, nous tracerons les contours de la « deuxième période » ghaznavide (mi-Ve/XIe – fin VIe/XIIe siècles), marquée par le déplacement progressif des centres du Les germes de la naissance du pouvoir ghaznavide ont été semés dans le cadre des luttes internes qui ont secoué l’État sāmānide dans la deuxième moitié du IVe/Xe siècle (3.1.1). Alptigīn, l’un des commandants militaires turcs qui rivalisaient pour le contrôle des provinces sāmānides, a joué un rôle crucial à cet effet. Après avoir exercé des fonctions d’envergure sous ʿAbd al-Malik Ier (343-50/954-61), à la mort de celui-ci en 350/961 il fut obligé de quitter le Khurasan à cause de la rivalité avec d’autres commandants militaires, et il décida de conduire son armée en Afghanistan oriental. Ce territoire, bien que formellement annexé à l’État sāmānide, restait éloigné des centres du pouvoir et était contrôlé par des pouvoirs non musulmans. C’est donc en faisant appel au jihād qu’Alptigīn affronta le fils du Kābul-Shah et un gouvernant local portant le titre de Lawīk et s’installa à Ghazni, où il dut reconnaître un environnement favorable au maintien de son pouvoir. 326 À la mort d’Alptigīn (vers 352/963), son fils, puis des commandants militaires choisis parmi ses ġulāms lui succédèrent au gouvernement de la ville, en prêtant allégeance au pouvoir central sāmānide. Le pouvoir de cette lignée de ġulāms était déjà en déclin lorsque, en 366/977, Sebüktigīn fut capable d’empêcher le retour du Lawīk, tout en s’assurant la loyauté de l’armée et le contrôle de Ghazni. Bien que la figure de Sebüktigīn ait été mythifiée par la littérature postérieure, le portrait d’un esclave militaire originaire d’Asie centrale qui a su se distinguer et monter en puissance dans les rangs de l’armée d’Alptigīn n’est pas invraisemblable au vu du contexte historique de l’époque.

La « première période » (première moitié du Ve/XIe siècle)

Sebüktigīn gouverna Ghazni pendant plus de vingt ans pour le compte des Sāmānides et il sut étendre son pouvoir en menant des campagnes en direction de Bust (367/977-78) et de sāmānide afin de contrer la révolte des chefs militaires Fāʾīq et Abū ʿAlī Sīmjūrī. Après les premières victoires, Sebüktigīn et son fils Maḥmūd, qui l’accompagnait dans les combats, furent récompensés par l’attribution des titres honorifiques (Naṣir al-dawla et Sayf al-dawla) et de la gouvernance des villes principales du Khurasan (Balkh, Hérat, Nīšāpūr). Les luttes contre des coalitions qui menaçaient le pouvoir central sāmānide se prolongèrent après la mort de Sebüktigīn, survenue en 387/997. Le titre de « al-amīr al-ḥājib al-ajall » figurant sur le tombeau de ce gouverneur local atteste que sa position était restée formellement subordonnée à l’autorité des Sāmānides jusqu’à la fin de sa carrière.

Maḥmūd b. Sebüktigīn, après s’être assuré par la force le contrôle de Ghazni ‒ initialement hérité par son frère Ismāʿīl ‒ retourna au Khurasan pour garder les privilèges obtenus sur ce territoire. Face à la faiblesse montrée par les derniers Sāmānides, le calife al-Qādir lui accorda une patente d’investiture sur le Khurasan : en 389/999, Maḥmūd prenait ainsi les titres de Walī amīr al-muʾminīn et de Yamīn al-dawla et célébrait son couronnement à Balkh. La même année, le qarakhanide Naṣr b. ʿAlī entra à Nīšāpūr et déposa le dernier souverain sāmānide, ʿAbd al-Malik II.330 Maḥmūd, comme son père avait tenté de le faire avant lui, négocia une répartition de sphères d’influence avec les Qarakhanides qui avaient entretemps renforcé leur pouvoir en Transoxiane. Une frontière fut établie sur l’Oxus, mais, par la suite, l’Ilig Ḫān Naṣr essaya à plusieurs reprises de déborder dans le Khurasan. En 398/1008, dans la plaine de Katar, près de Balkh, l’armée de Maḥmūd infligeait une défaite décisive aux forces de ce souverain et de Qādir Ḫān Yūsuf et stabilisait les frontières. Malgré un certain nombre d’alliances politiques et matrimoniales conclues entre les premiers Ghaznavides et les Qarakhanides.

 

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