L’impact de l’IDE sur le commerce cas des industries manufacturières

L’impact de l’IDE sur le commerce cas des industries manufacturières

Les investissements directs étrangers et le commerce : complémentarité ou substitution ?

Dans le troisième chapitre de cette thèse, nous avons étudié et analysé une partie de la littérature qui a montré son grand intérêt aux motifs et aux déterminants du choix de localisation. Cependant, certaines approches théoriques et empiriques ont dépassé ce cadre d’analyse en cherchant les répercussions du choix de localisation des firmes sur le commerce. Traditionnellement les théories de l’IDE et du commerce international se sont développées séparément. La théorie du commerce international essaie d’expliquer pourquoi les pays font du commerce et les théories des IDE essayent d’expliquer pourquoi une firme investit dans un pays étranger. La relation de complémentarité ou de substitution entre IDE et commerce extérieur a été le sujet de nombreux débats à la fois théoriques et empiriques depuis les années 1970. En effet, les théories économiques du commerce international et du comportement des firmes multinationales (FMN) n’aboutissent pas à des conclusions claires et unifiées sur cette relation. Dans la littérature sur le commerce international, on distingue souvent les investissements de nature horizontale et les investissements de nature verticale. Un IDE horizontal consiste à une simple duplication de la firme ; les filiales étrangères produisent donc des biens identiques à ceux de leur maison-mère. Ce type d’IDE vise à faciliter l’accès de l’investisseur à un marché étranger solvable aux perspectives de développement favorables. Certains facteurs (obstacles tarifaires ou non tarifaires aux échanges, coûts de transport) affectant la compétitivité des exportations, l’investisseur préfère implanter à l’étranger des entités reproduisant, comme dans son pays d’origine, toutes les étapes du processus de production afin de servir le marché local. Au contraire, un investissement vertical a pour but de fragmenter les différentes étapes de conception, de production et de commercialisation de ses produits en implantant dans différents pays des filiales qui produisent des biens intermédiaires et/ou finaux différents. La première approche théorique pour expliquer le lien entre flux de biens et flux d’IDE fut proposée par Mundell (1957). L’auteur part du cadre théorique traditionnel d’Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS) reposant sur les hypothèses de concurrence pure et parfaite, absence de coûts de transport entre les pays et fonctions de demande et de production à rendements d’échelle constants identiques à tous les pays. Dans cette théorie, la substituabilité entre commerce et IDE va provenir des différences de rémunération du capital entre les pays. Les pays fortement dotés en capital disposent d’une rémunération pour ce facteur relativement plus faible. Ce facteur va donc se déplacer dans les pays relativement moins doté en capital afin de percevoir une rémunération supérieure. Selon ce modèle, les mouvements de capitaux proviennent des pays du Nord en direction des pays du Sud. Ces derniers vont alors produire davantage de biens intensifs en capital, biens qu’ils importaient auparavant. Il y a donc une substituabilité parfaite entre flux d’investissements et flux de commerce : les importations de biens intensifs en capital sont remplacées par des entrées de capitaux. S’il y a parfaite mobilité des capitaux, le transfert Chapitre IV L’impact de l’IDE sur le commerce : cas des industries manufacturières algériennes 110 de capital va faire disparaître les avantages comparatifs des pays et donc le commerce international. Cependant, les hypothèses de cette théorie sont beaucoup trop restrictives et l’abandon de l’une d’entre-elles aboutit à des conclusions différentes. Ainsi, Kojima (1975), en relâchant l’hypothèse de fonctions de production identiques, montre que la mobilité des capitaux peut augmenter le commerce international si les entreprises domestiques investissent dans des secteurs pour lesquels le pays d’origine dispose de désavantages comparatifs. Markusen (1983) affirmera, ainsi, que la relation de substitution entre flux de biens et flux de capitaux est l’exception, et la complémentarité, la règle. La théorie de l’organisation des firmes va apporter de nouveaux éléments essentiels au débat. Derrière la notion de flux de capitaux, il y a une décision faite par une firme domestique d’investir dans un marché étranger. Ainsi, une entreprise qui souhaite produire à l’étranger doit comparer les désavantages liés à cette opération, en termes de coûts liés à la distance, la langue, le cadre institutionnel etc…, avec ceux des alternatives à cette opération : l’exportation ou l’exploitation d’une licence. Cette approche « éclectique » formulée par Dunning (1977) est connue sous le nom de paradigme OwnershipLocalisation- Internalisation (OLI). Selon cette théorie, le choix entre les trois alternatives dépend de trois avantages : l’avantage spécifique (innovation, marque, brevets, etc…), l’avantage à la localisation (proximité des consommateurs, connaissance des concurrents locaux, etc…) et l’avantage à l’internalisation. S’ils sont réunis la firme choisit de pénétrer le marché étranger et réalise donc un IDE. Si l’entreprise dispose seulement d’un avantage spécifique et d’un avantage à l’internalisation, elle choisit d’exporter. Enfin, si elle dispose uniquement d’un avantage spécifique, elle décide de vendre une licence à une entreprise locale. Cette théorie confirme donc le lien de substituabilité entre IDE et commerce en fonction des avantages dont dispose l’entreprise.

Politique de l’Algérie en matière d’IDE

L’Algérie, une économie émergente, est de plus en plus sollicitée par les investisseurs étrangers. Les IDE proviennent essentiellement de trois pays européens : la France, l’Espagne et l’Italie, qui sont en même temps les principaux partenaires commerciaux de l’Algérie. D’une manière générale, les investissements étrangers en Algérie ont suivi une évolution contrastée depuis les années 70, en effet, après une longue absence dans l’économie nationale, les flux des IDE ont connus une reprise depuis 1996, grâce aux réformes entreprises mais aussi au cadre d’appui à l’investissement offert par les autorités algériennes. Ainsi, depuis 2000, l’Algérie commence à attirer un nombre important d’investisseurs étrangers, qu’ils soient de pays développés ou de pays en développement. Néanmoins, la plupart des investissements réalisés sont concentrés dans le secteur des hydrocarbures au détriment des autres secteurs d’activités qui essayent de se ferrer une place. L’attractivité de la l’Algérie en matière d’IDE est due à ses nombreux avantages comparatifs:L’année 1993 (Le code de 1993 (Décret législatif n° 93-12 du 05/10/1993) a été décisive pour le choix du passage à une économie fondée sur l’initiative privé, privilégiant les mécanismes de marché pour la répartition des ressources nationales et l’ouverture de l’économie algérienne à l’économie mondiale. Ce dispositif institutionnel et réglementaire est très incitatif. Il traduit le souci du législateur algérien d’attirer les capitaux étrangers dans les meilleures conditions. Cette loi repose sur les principes fondamentaux suivants : – Liberté d’investir pour les résidents et non résidents ; – Déclaration d’investissement comme procédure simplifiée; – Désignation du guichet unique de l’APSI, comme une autorité unique de soutien et assistance aux investissements; – Affirmations des garanties de transfert de capital investi et son bénéfice ainsi que la garantie de recours à l’arbitrage international; -Institution des dispositifs d’encouragement et d’incitation à l’investissement, fondés sur le régime général et les régimes particuliers. L’ordonnance du 20/08/2001 a été promulgué pour pallier aux résultats décevants en matière d’investissements étrangers et de rendre plus aisé et plus attractif le cadre de l’investissement en Algérie. Ainsi, cette ordonnance a élargi le concept d’investissement, en étendant son champ d’application et en renforçant les avantages et les garanties pour les investisseurs, avec la simplification des formalités administratives liées à l’investissement. Pour accompagner les investisseurs et promouvoir les investissements en Algérie, les pouvoirs publics ont décidé de créer plusieurs organes, nous avons l’Agence Nationale de Développement de l’Investissement (ANDI) (créée par l’article 21 de l’Ordonnance n° 01-03 du 20 août 2001) et qui correspond à l’organe principal en matière d’investissement placée sous la tutelle du Conseil National de l’Investissement (CNI) (qui est créé par l’article 18), le guichet unique créé par l’article 23, mais aussi la création du fond d’appui à l’investissement par l’article 28 et qui est destiné à financer et à prendre en charge la contribution de l’Etat dans le coût des avantages consentis aux investissements, notamment les dépenses des travaux d’infrastructures nécessaires à la réalisation de l’investissement. L’ordonnance de 2001 élargit aussi le champ d’intervention de l’investissement privé national et étranger à certains secteurs qui étaient exclusivement réservés à l’État et organise le cadre juridique des privatisations. Dans cette ordonnance la liberté d’investir est toujours garantie mais limitée aux activités non réglementées, c’est-à-dire celles qui ne sont pas soumises à une réglementation spéciale ou au régime de l’autorisation préalable (hydrocarbures, création d’institutions financières ou compagnies d’assurance). A cet effet, cette loi élargit le champ des investissements aux activités de production, de biens et de services ainsi qu’aux investissements réalisés dans le cadre de l’attribution de concession ou de service et à l’exception du secteur des hydrocarbures, où l’investissement étranger est limité à des accords d’association avec l’entreprise publique SONATRACH, il n’y a pas de restrictions quant au pourcentage du capital pouvant être détenu par un investisseur étranger.

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