Mise au point d’un protocole d’acclimatation de vitroplants de manioc

Origine et classification du manioc

Origine : Toutes les espèces du genre Manihot sont originaires d’Amérique latine, du centre et des caraïbes. Certaines d’entre elles ont été introduites en Afrique entre le 16 ème et le17ème siècle par les Portugais (Silvestre et Arraudeau, 1983) et plus récemment en Asie (Bellotti et Kawano, 1980 ; Lovera, 1997).
Description morphologique : Partie aérienne Le manioc (Manihot esculenta Crantz), est une plante vivace, dicotylédone et tubéreuse. Il possède un appareil aérien à développement sympodial simple. On distingue deux types d’axes selon la terminologie d’Hailé (Medard et al., 1992). Les axes proleptiques, ou ramifications latérales, sont issus du développement de bourgeons axillaires suite à la levée de la dominance apicale. Les axes sylleptiques tirent leur origine de la transformation des méristèmes végétatifs terminaux en méristèmes floraux (Second et al., 1997). La tige de couleur variable (verte, marron ou brune) suivant l’âge et la variété, présente un aspect noueux du fait de la présence de cicatrices pétiolaires proéminentes.
Les feuilles sont palmées, alternes, simples et caduques. Le pétiole (1 à 13 lobes), sa forme et l’orientation générale du limbe peuvent évoluer au cours du temps. Les feuilles sont de couleurs variables, quelques fois pourpres au jeune âge, et vert clair à vert foncé (Cours,1951).
L’inflorescence est un racème terminal comportant des fleurs unisexuées (Janssens, 2001). Généralement seules les inflorescences apparues au-delà du sixième mois deviennent fonctionnelles et correspondent à des grappes de 20 à 60 fleurs (Dulong, 1971).
Les fleurs, mâles ou femelles, possèdent 5 périanthes de couleur jaunâtre ou rougeâtre. Les fleurs femelles s’ouvrent en premier lieu et sont suivies environ une semaine plus tard, par les fleurs mâles (IITA, 1990).
Le fruit est une capsule déhiscente, globulaire de 1 à 1,5 cm de diamètre. Il possède 6 fines ailes longitudinales. L’endocarpe ligneux renferme trois loges d’une graine. Les graines sont ellipsoïdes, longues de 10 à 12 mm et caractérisées par une caroncule bien développée, typique de la famille des euphorbiacées (Banganingwa, 2011).
Structure du tubercule : Deux types de racines peuvent se distinguer chez le manioc : les racines nodales et les racines basales. Les premières sont des racines issues des nœuds en contact avec le sol. Les secondes sont des racines issues de la partie basale de la bouture. Une coupe transversale d’un tubercule montre : une écorce externe grise violacée, jaunâtre ou brune formée de liège ; une écorce interne de 2 à 10 mm d’épaisseur ; un phelloderme, blanc ou rose plus ou moins violacé, pauvre en fécule et riche en produit toxique ; un cylindre central blanc ou jaune clair riche en fécule.
Les tubercules ont des formes très variables et pèsent entre 0,1 et 3 kg chacun. Un pied de manioc peut produire 5 à 6 kg de tubercules et parfois plus (IITA, 2009 et Luzembo, 2012).

Besoins nutritionnels de la plante

L’azote intervient dans de nombreuses phases métaboliques de la plante de manioc notamment dans la synthèse des enzymes et des composés azotés (chlorophylle et acides aminés). L’apport en azote doit être équilibré (5-10 Kg/Ha). La carence en azote se traduit par une faible croissance, un palissement des feuilles et un jaunissement de leurs extrémités (Egle, 1992).
Le phosphore intervient dans la phosphorylation des carbohydrates et leur transformation en amidon. La plante a besoin d’un apport équilibré de 5 à 10 kilogrammes de phosphore par hectare. Le manioc tire bien parti des sols à faibles réserves en phosphore. La carence en phosphore entraîne une réduction de la taille des plantes (Egle, 1992).
Le potassium occupe une place essentielle dans la production des racines tubérisées du manioc (Silvestre et Arraudeau, 1983). Les besoins de la plante varient entre 10 à 20 kilogrammes de potassium par hectare. La carence en potassium se traduit par une réduction de la taille de la plante, une diminution du nombre et de la largeur des lobes et/ou un jaunissement des feuilles âgées avec un brunissement des extrémités (Egle, 1992).

Contraintes à la production

Malgré son endurance, le manioc est attaqué par plus de 50 ravageurs et maladies (Théberge et al., 1985) qui réduisent la production et compromettent la sécurité alimentaire des populations (Coulibaly et al., 2002).
Maladies des feuilles, des tiges et des racines : Les maladies des feuilles et des tiges les plus répandues sont la mosaïque africaine du manioc, la bactériose, l’anthracnose, la nécrose du bourgeon et la maladie des stries brunes (IITA, 2000).
La mosaïque du manioc est causée par un virus qui s’introduit dans les feuilles et les tiges de la plante. Elle est transmise d’une plante à l’autre par un aleurode du genre, Bemisia tabaci (IITA, 1990). Parmi les maladies des racines, il existe celle des stries brunes du manioc. Sa diffusion résulte de l’utilisation de boutures prélevées sur des pieds contaminés. La transmission d’un pied à l’autre serait aussi assurée par des insectes (IITA, 2000). Le pourrissement des racines du manioc est dû à différents types de champignons vivant sur ou dans le sol. Ceux-ci apparaissent généralement dans les sols mal drainés et dans les jachères forestières nouvellement défrichées (IITA, 2000).
Les principaux insectes et acariens ravageurs de la plante : Bien qu’un grand nombre de ravageurs infligeant des dégâts au manioc soit connu, certains sont d’une importance économique mineure, tandis que d’autres sont des ravageurs majeurs causant des dégâts économiques sérieux (Mahungu et al., 2014). Les ravageurs dont les dégâts affectent tant la qualité que la quantité de la production du manioc ainsi que le matériel de plantation sont : les ravageurs majeurs (la cochenille farineuse du manioc, l’acarien vert du manioc et la cochenille africaine des racines et tubercules) ; les ravageurs émergeants (les thrips du manioc et la punaise hémiptère Helopeltis) ; les ravageurs mineurs et les vecteurs des maladies (les criquets, la cochenille des tiges, la mouche blanche et la punaise initiatrice de l’anthracnose).

Croissance et développement

On distingue quatre phases principales dans le développement du manioc que sont la reprise, l’installation, le développement du système aérien et la tubérisation des racines (Cours, 1951). Ces différentes phases se chevauchent partiellement. La phase de reprise des boutures dure 3 à 6, voir 15 jours. Elle correspond aux premières émissions de racines nodales puis basales et à la sortie d’une ou plusieurs tiges. L’installation dure 1 mois et demi à 2 mois. C’est la phase pendant laquelle la plante vit sur les réserves de la bouture.
Le développement aérien est marqué par une croissance rapide de la plante, une édification rapide du feuillage, la fabrication des réserves avec un début de stockage dans les racines.
Cette phase dure également 1 mois et demi à 2 mois. La tubérisation des racines est la phase pendant laquelle il y a une accélération du gonflement des racines. Rythmée par les conditions climatiques, elle dure jusqu’à la récolte (Egle, 1992).

Composition chimique du tubercule

Selon Okezie et al., (1982), la teneur en eau des racines varie entre 51 et 71 % de matière fraiche (MF), celle des sucres, entre 30 et 35 % de matière sèche (MS) et les protéines entre 0,6 et 2,6 % de MS. Ces teneurs varient en fonction de la variété, de la localité, de l’âge de la plante récoltée et des conditions environnementales (Balagapolan et al., 1988).L’amidon, constituant majeur, est caractérisé par sa faible teneur en amylose (environ 17 % de MS), comparée aux amidons de pomme de terre (22 % MS) et de maïs (21 % MS). Les protéines du manioc sont riches en arginine et faibles en certains acides aminés essentiels tels que la méthionine, la lysine, le tryptophane, la phénylalanine et la tyrosine (Falade et al., 2010). Cependant les racines présentent une certaine toxicité liée à la présence de composés cyanogènes (la linamarine à 97 % et la lotaustraline 3 %) et de facteurs antinutritionnels.

Table des matières

CHAPITRE I. INTRODUCTION 
CHAPITRE II. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
II.1 ORIGINE ET CLASSIFICATION DU MANIOC
II.2 DESCRIPTION MORPHOLOGIQUE
II.2.1 Partie aérienne
II.2.2 Structure du tubercule
II.2.3 Composition chimique du tubercule
II.3 CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT
II.4 EXIGENCES ECOLOGIQUES DE LA PLANTE
II.5 BESOINS NUTRITIONNELS DE LA PLANTE
II.6 CONTRAINTES A LA PRODUCTION
II.6.1 Maladies des feuilles, des tiges et des racines
II.6.2 Les principaux insectes et acariens ravageurs de la plante
CHAPITRE III. MATERIELS ET METHODES
III.1 MATERIEL VEGETAL
III.2 CULTURE IN VITRO
III.3 SUBSTRATS D’ACCLIMATATION
III.4 PREPARATION DES SUBSTRATS D’ACCLIMATATION
III.5 PROTOCOLE D’ACCLIMATATION DES VITROPLANTS
III.6 SUIVI ET ENTRETIEN DES VITROPLANTS
III.7 ANALYSES STATISTIQUES ET TRAITEMENT DES DONNEES
CHAPITRE IV. RESULTATS 
IV.1 Évolution du taux de survie
IV.2 Effet du mode d’acclimatation
IV.3 Effet du type de substrat
IV.4 Comparaison des boutures horticoles et des vitroplants
CHAPITRE V. DISCUSSION 
V.1 Evolution du taux de survie pour deux périodes d’acclimatation différentes
V.2 Effet du mode d’acclimatation
V.3 Effet du type de substrat
V.4 Comparaison des boutures horticoles et des vitroplants
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES 

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