PAUVRETE et CIVISME  

PAUVRETE et CIVISME  

Dynamique au sein des tendances de la pauvreté globale 

Madagascar, pays très pauvre au regard du revenu moyen par habitant A partir de 1970, le revenu par habitant de Madagascar s’est constamment dégradé pour s’établir à environ 255 dollars US en 1998. Exprimé en dollars de 1987, le PIB/hab du pays est passé de 353 dollars US en 1970 à 199 dollars US en 1995, soit une baisse d’un peu moins de la moitié en 25 ans. Seuls, deux pays dans le monde – le Niger et la Sierra Leone – ont connu des performances aussi faibles que celles de Madagascar. Pendant cette période, le PIB/hab des pays en développement a presque doublé, passant de 474 dollars à 867 dollars US. Il n’est donc pas étonnant de retrouver aujourd’hui Madagascar, classé au 168ième rang sur 174 pays classés à l’échelle mondiale alors que le niveau du PIB/hab de ce pays en 1960 était supérieur à ceux des pays comme la Thaïlande ou le Swaziland qui occupent maintenant les 49ième et 105ième rang respectivement. (Données du rapport mondial PNUD 1998) Ces deux pays sont aujourd’hui respectivement, neuf fois et quatre fois plus riches que Madagascar, du point de vue du revenu moyen par habitant. Un tel écart de revenu entre ces pays et Madagascar nécessite que l’on examine l’évolution de la situation économique de ce pays depuis 1960, année de son accession à l’indépendance. Entre 1960 et 1972, l’organisation économique du pays est restée assez proche de ce qu’elle était avant son accession à l’indépendance. Au cours de cette période, l’économie malgache a connu un taux de croissance assez modeste (3,1 % par an) pour permettre une réelle amélioration de conditions de vie des populations dont le revenu moyen est resté sensiblement le même, douze ans après l’indépendance. En 1972, le gouvernement d’alors décida de rompre avec les orientations de la décennie précédente, pour instaurer une politique garantissant un plus grand contrôle par les nationaux, des principaux rouages de l’appareil de production (nationalisation des 71 entreprises contrôlées par des intérêts étrangers, limitation des investissements étrangers, prépondérance de l’Etat dans la gestion des activités économiques, commerciales et financières avec comme conséquences un contrôle systématique des prix et une apparition des lourdeurs dans les procédures administratives) Devant le bilan décevant obtenu jusqu’en 1978 (le taux moyen de croissance a été nul entre 1972 et 1978), le Gouvernement lança entre 1978 et 1980, un programme d’investissements publics massifs, quadruplant du coup la dette extérieure du pays. Ces mesures n’ont pas permis d’éviter que l’économie ne s’enfonce jusqu’en 1984, dans une crise profonde qui s’est traduite par une croissance réelle moyenne par habitant négative de –4,6 % entre 1980 et 1984. La production vivrière, qui assure les moyens de subsistances à la majorité des pauvres, a stagné en 1972 et 1980, en raison des niveaux généralement trop bas des prix des denrées agricoles. De même, les cultures d’exportation, qui n’ont pas bénéficié d’incitations suffisantes ont vu leurs productions chuter. Privé de ressources financières, le Gouvernement s’est vu contraint de réduire ses dépenses. C’est ainsi qu’entre 1980 et 1983, les dépenses réelles d’éducation et de santé ont baissé, respectivement de 12 % et 16 % par an en moyenne, réduisant ainsi les opportunités d’accès aux services sociaux essentiels pour les populations. Entre 1984 et 199021, un programme d’ajustement macroéconomique a été mis en place (plus précisément à partir de 1987) pour stimuler la croissance. La série de mesures qui a été prise (libéralisation du commerce intérieur, déréglementation des prix, dévaluation de la monnaie, libéralisation du régime des importations) a permis au pays de bénéficier d’un appui important de la communauté des bailleurs de fonds (les dons courants sont passés de 7,2 milliards de FMG en 1985 à 18,6 et 24,5 milliards FMG en 1987 et 1988 respectivement pour atteindre 55,8 et 66,8 milliards de FMG en 1989 et en 1990 respectivement). Dans l’ensemble, l’économie a progressé au cours de cette période (+2,6 % par an en moyenne) mais pas assez pour compenser la forte croissance de la population. Si le secteur agricole a été celui qui a le plus bénéficié des nouvelles orientations de politique économique (entre 1988 et 1990, l’agriculture a enregistré une croissance de 3,2 %), le secteur industriel a connu un redressement modeste 20 Les données mentionnées dans ce paragraphe ont été tirées du Rapport sur le développement humain publié par le PNUD (1998 / 2001) 21 La source est la même que celle des chiffres donnés auparavant. 72 (0,8 % entre 1988 et 1990 et 3,4 % entre 1986 et 1988) puisque sa production est restée inférieure à son niveau de 1981. Mais il y a eu également des perdants de l’ajustement : les victimes directes des mesures de compression et plus généralement, ceux qui n’ont pas pu tirer profit des nouvelles possibilités d’exercer des activités économiques découlant des mesures de libéralisation en raison notamment de la détérioration des infrastructures du pays. La période de transition politique qu’a connue Madagascar entre 1991 et 1994, a vu s’arrêter le processus de redressement enclenché par l’application du PAS, en raison des divers troubles sociaux et politiques qui ont entraîné une baisse importante des investissements (les taux d’exécution de certains projets atteignaient à peine 10 %) et une explosion des déficits budgétaires (de – 73,8 milliards de FMG en 1990, ils sont passés à – 320,7 milliards de FMG en 1991 pour atteindre – 742,7 milliards de FMG en 1994). La tendance du PIB par habitant a été brutalement inversée avec un rythme de – 3,3 % par an en moyenne au cours de cette période. Entre 1994 et 199722, le PIB a connu une croissance de 2,6 %, inférieure à la croissance de la population estimée à 2,8 % par an. Au cours de cette période, l’inflation a été ramenée de 45,2 % en 1995 à 7,4 % en 1997, ce qui n’est pas étranger à la forte croissance des investissements privés qui ont été multipliés par trois. Mais cet apport du secteur privé n’a pas suffi à compenser la contraction globale des investissements publics. Cette succession de mauvaises performances économiques, dues à de mauvais choix politiques et stratégies de développement, explique que le revenu moyen par habitant à Madagascar soit aujourd’hui inférieur de moitié à son niveau de 1960. Cette dégradation des revenus n’a pas été sans conséquence sur le niveau du développement humain du pays. 

Les tendances du développement humain 

Comme l’ont montré les différents rapports mondiaux sur le développement humain publiés par le PNUD depuis 1990, le lien entre prospérité économique et développement humain n’est ni automatique ni évident. La croissance du revenu et la progression de la consommation ne sont pas une fin en soi, mais plutôt des moyens de faire progresser le développement humain. Ces progrès peuvent être mis en lumière de 73 manière plus précise par une évaluation de certaines de ces composantes essentielles que sont le revenu, la longévité, le savoir et la participation. (Pour autant, le développement humain ne s’arrête pas à ces seules dimensions. Il s’attache aussi à des notions comme, le droit à la dignité, la liberté individuelle et la maîtrise de sa destinée, le sentiment d’appartenance à une communauté) Le revenu étant bien évidemment, l’un des principaux moyens pour un pays de faire progresser le développement humain, on peut comprendre pourquoi les contreperformances de l’économie de Madagascar ne lui ont pas permis de réaliser également dans ce domaine des progrès significatifs. Madagascar appartient au groupe des 98 pays dont le classement selon l’IDH à l’échelle mondiale en 1966 (153ième rang sur 174 pays) est plus favorable que celui selon le PIB/hab (168ième sur 174 pays). Pour ce pays, cela traduit le fait que la chute du revenu n’a pas entraîné un recul du développement humain dans des proportions équivalentes. 23Entre 1960 et 1995, l’indicateur de développement humain (IDH) de Madagascar (La valeur de l’IDH pour chaque pays indique le chemin qui lui reste à parcourir pour atteindre certains objectifs prédéfinis : une durée de vie moyenne de 85 ans, l’accès à l’éducation pour tous et un niveau de vie correct – mesuré par le PIB/hab ajusté pour tenir compte de la parité du pouvoir d’achat – . La valeur de l’IDH varie de 0 à 1 et permet d’établir des comparaisons internationales. L’IDH mesure ainsi le progrès global d’un pays en termes de développement humain et indique l’ampleur du défi qui consiste pour ce pays à trouver le moyen de réduire son retard vis-à-vis de la valeur maximale égale à 1.) est passé de 0,237 à seulement 0,348, traduisant un progrès beaucoup plus lent que ceux observés dans la plupart des pays africains et des pays ayant des niveaux similaires dans les années 60. Globalement, en comparant les progrès des uns et des autres sur trois décennies, on observe que Madagascar n’a réduit son déficit en termes d’IDH que de 7,0 % entre 1960-70, 7,5 % entre 1970-80 et 8,0 % entre 1980-92. Pour les mêmes périodes le Botswana a affiché des taux correspondants de 9,7 %, 18,1 % et 43,7 % et la Thaïlande des taux de 14,6 %, 16,0 % et 55,1 %. 

Table des matières

Introduction générale
PREMIERE PARTIE :UNIVERSALITE, MONDIALISATION ET RELATIVITE de la CULTURE
CHAPITRE I : Nature et culture
CHAPITRE II : Mondialisation et passeurs culturels
CHAPITRE III : Problématique des conflits entre culture d’identité et culture de pauvreté
DEUXIEME PARTIE :
URBANISME ET LOGIQUE ENVIRONNEMENTALE
CHAPITRE I : Etat des lieux dans les bas quartiers
CHAPITRE II : Le civisme dans le contexte d’un village pauvre
CHAPITRE III : Socio-psychologie de la culture de pauvreté des échantillons
TROISIEME PARTIE :
CIVISME ACTIF ET MODELS
CHAPITRE I : Le projet M/3 AINGA
CHAPITRE II : « Project Citizen »
CHAPITRE III : Education civique par rapport aux institutions
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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