POLITIQUE AGRICOLE, INSECURITE ALIMENTAIRE ET PAUVRETE

POLITIQUE AGRICOLE, INSECURITE ALIMENTAIRE ET PAUVRETE

L’agriculture tient un rôle primordial dans la satisfaction des besoins humains.

La physiocratie : l’agriculture est seule source de richesse

La physiocratie est un courant de pensée de la seconde moitié du XVIIIème siècle notamment des années 1756 à 1768. Cette école repose en grande partie sur la théorie de François Quesnay. Ce dernier est considéré comme le fondateur de l’école physiocratique. A cette époque, les économistes au sens où on les entend actuellement n’existaient pas encore. Les auteurs des théories économiques accomplissaient d’autres métiers. François Quesnay figure parmi ces auteurs : il était chirurgien. Quesnay et les physiocrates définissent l’économie comme une science des richesses matérielles. Ils partagent l’idée que seule l’agriculture est source de richesse. En effet, pour eux, l’industrie et le commerce sont improductifs. Cette idée se trouve complètement en contradiction avec celle de la théorie précédente : le mercantilisme. Ce dernier attribue une très grande place à l’Etat en vue d’accroître la richesse d’une nation. De ce fait, l’Etat prend un grand rôle dans l’accumulation des métaux précieux considérés comme « richesses » durant ses époques. L’Etat favorise l’ouverture vers l’extérieur en limitant la sortie de métaux et en encourageant son entrée. Le commerce est alors un moyen d’enrichissement. Un des concepts nouveaux marquant les physiocrates est leur conviction de l’existence d’un « ordre naturel » gouvernant l’ensemble de la vie économique. Etymologiquement, physiocratie vient du mot « phusis » signifiant « nature » et « kratos » qui veulent dire « puissance ». Ainsi, la nature est seule source de richesse pour ces physiocrates. Pour eux, cet ordre engendre des lois universelles se manifestant à tout moment et à tout lieu dans les activités économiques et sociales. Cet ordre conduit à l’harmonie, et il faut le connaître et le respecter. La perturbation de cet ordre nui la société et l’économie. En effet, les physiocrates prônent le libre échange des produits. Par conséquent, ils soutiennent le « laisser faire, laisser aller » afin d’attribuer à la société la plus grande liberté possible. Les échanges se réalisent librement entre les acteurs. Le rôle de l’Etat est ainsi réduit d’où la neutralité économique de l’Etat contrairement à l’approche mercantiliste. Dans une société, deux types deux biens sont produits : les produits agricoles et les produits manufacturés. La production de ces deux types de biens nécessite chacune des facteurs de production. 15 Pour la production des biens agricoles, ces facteurs sont les terres, les travailleurs et le capital sous forme de bétails. Les produits manufacturés exigent des matières premières comme les produits agricoles locaux ou importés. L’ouvrage de Quesnay « le tableau économique » paru en 1759 analyse l’économie sous forme de circuit. Dans cette analyse, Quesnay rapproche la circulation des biens produits dans une société avec la circulation du sans dans le corps. Ainsi, il distingue trois (3) classes dans une société : la classe des propriétaires terriens, la classe productive et la classe stérile. Chaque classe est considérée comme un organe du corps. Pour Quesnay, l’interdépendance entre ces trois classes subsiste et est incontestable. La classe des propriétaires terriens comprend ceux qui possèdent les terres. Ces propriétaires prêtent leurs terrains aux cultivateurs. En contre partie, ils reçoivent de la part des exploitants des terres, un revenu ou un produit net de la culture. Ce revenu leurs est payé annuellement et leurs sert de subsister et d’acquérir des biens. La classe productive comprend ceux qui travaillent la terre. Généralement, elle est formée par ceux qui produisent la richesse annuelle de la nation, grâce à leur production agricole. Ces producteurs empruntent auprès des propriétaires terriens la terre. La classe stérile comprend tout le reste de la population effectuant des métiers hors l’agriculture comme le commerce ou travailleurs dans les industries. Le schéma suivant montre l’interdépendance entre ces trois classes. 16 Ce tableau économique présente l’interrelation de ces trois classes. Il en ressort que seul le secteur agricole est productif puisque seul la ferme offre un surplus à partir des produits agricoles. Les artisans et les ouvriers ne font que transformer ces produits. Ce schéma est une représentation simplifiée. En réalité, ce processus se répète à chaque fois. Partant d’une récolte de 5 Milliards (5M sur le schéma), la classe productive conserve 2 Milliards pour sa subsistance et pour la nouvelle semence. Cette classe paie 2 Milliard au propriétaire foncier pour l’avoir emprunter le terrain. La classe productive a besoin d’autres produits à part les produits agricoles donc elle consacre 1 Milliard (1M sur le schéma) pour en acquérir. Ensuite, la classe des propriétaires terriens utilise les 2 Milliards (2M sur le schéma) reçus pour moitié de nourriture et moitié des produits manufacturés. Ainsi, la classe stérile recevant 1 Milliard de la part de la classe productive et 1 Milliard également de la classe propriétaire foncier. Cette classe stérile dépense ses 2 Milliards pour acheter de la nourriture et des matières premières vers la classe productive. A la fin, les 5 Milliards du départ sont restitués à la classe productive et le même processus recommence. L’analyse de Quesnay marche de cette manière. L’interdépendance entre les classes fait l’objet du tableau économique de Quesnay (1759). Ce tableau permet de dégager des lois économiques et des règles. Pour Quesnay, ce sont des règles naturelles méritant d’être respecté. C’est la raison pour laquelle, les physiocrates attribuent une grande importance à la production agricole. L’activité agricole est la seule capable de produire un surplus appelé « produit net ». Autrement dit, une production disponible dérivée de la fertilité de la terre. Ainsi, il s’agit d’un don naturel que seule la classe productive puisse en jouir. Bref, si Quesnay (1759) avec les physiocrates constatent que l’agriculture tienne un rôle de pilier du développement pour l’économie ; dans ce même regard, Lewis (1954) remarque la complémentarité du secteur agricole et du secteur industriel. Le secteur agricole disposant un surplus de main-d’œuvre alimente le secteur industriel nécessitant plus de maind’œuvre. Ce déplacement de facteur de production est au cœur de développement. La partie suivante étale cette vision de Lewis (1954)

La théorie de Lewis (1954) 

la complémentarité du secteur agricole et du secteur industriel Lewis figure parmi les économistes du développement et le plus remarquable de sa génération par sa réflexion. Il considère porteur de développement économique le phénomène de déplacement des facteurs de production du secteur agricole vers le secteur industriel. Pour Lewis (1954), une économie est caractérisée par la coexistence de deux secteurs notamment le secteur agricole et le secteur industriel. Le secteur agricole se caractérise par une faible productivité. Ce secteur est également caractérisé par des techniques traditionnelles dans le processus de production. En effet, la productivité marginale dans ce secteur tende à s’annuler. Les activités les plus remarquables figurant dans ce secteur sont composées par l’agriculture et l’élevage. A l’opposé du secteur agricole, le secteur industriel est marqué, par une forte productivité animée par les techniques de production modernes. Les activités de transformation, manufacturières, minières, ou commerciales appartiennent à ce secteur. L’importance attribuée à l’investissement pour élargir et améliorer la production en quantité et en qualité est un autre aspect du secteur industriel moderne. Lewis (1954) remarque le nombre relativement petit du secteur industriel comparé eu secteur agricole. Lewis (1954) met l’accent sur ce dualisme. Dans son ouvrage intitulé « Development with Unlimited supplies of labor » paru en 1954, il fournit une analyse du modèle de développement. Selon lui, dans un premier temps, le secteur moderne est caractérisé par l’abondance de demande d’emploi par rapport à l’offre d’emploi. Ainsi, suivant la loi de l’offre et de la demande, le salaire qui se forme sera faible. 18 L’entreprise dispose d’une grande opportunité pour accroitre son profit. Comme, le développement de ce secteur est conditionné par l’accumulation de capital, il devient possible pour l’entreprise de s’étendre. Le secteur agricole présentant une faible productivité est le secteur disposant plus de main-d’œuvre. Nombreuses sont les raisons : ce secteur n’exige pas d’une qualification requise ni une somme importante pour produire. En effet, l’accès à ce type de secteur est plus facile. Puis, avec l’accroissement de la population, la productivité marginale dans ce secteur tende à s’annuler. Le produit par tête est donc très faible et l’épargne devient impossible. Dit autrement, avec l’accroissement de la population, l’addition d’un travailleur dans l’agriculture n’a aucun effet sur la production. Lewis (1954) qualifie de « surplus de travail » cette situation. Ce surplus de travail sera ainsi transféré dans le secteur non-agricole. Le secteur agricole offre un surplus de main-d’œuvre disponible pour remplir le secteur industriel. Le secteur industriel absorbe ces travailleurs de plus. Le but primordial de Lewis est de partager le travail au point d’atteindre une productivité marginale croissante. La théorie de Lewis (1954) accorde une grande importance à l’industrialisation. Lewis (1954) encourage les politiques publiques orientées vers la protection des entreprises nationales. C’est la raison pour laquelle les politiques économiques des pays en développement se concentrent davantage sur l’industrialisation. Malgré cela, Lewis (1954) remarque le rôle essentiel joué par l’agriculture et il n’a jamais sous estimé ce secteur. Dans son ouvrage, Lewis (1954) montre le rapport entre ces deux secteurs : la disponibilité en main-d’œuvre dans le secteur agricole alimente le besoin en main-d’œuvre dans le secteur industriel. Concernant les salaires, les classiques ont avancé que l’excédent de l’offre de travail entraîne une diminution des salaires. Pourtant, une offre illimitée de main-d’œuvre se manifeste fréquemment dans les pays où la population est si grande par rapport au capital et aux ressources naturelles. Un taux marginal de productivité de travail négligeable ou même négatif subsiste dans ces pays. De ce fait, l’existence de « chômage déguisé » dans ces pays est incontournable surtout dans le secteur agricole. Le chômage déguisé se manifeste par l’accomplissement des travaux ne correspondant pas à la capacité du travailleur. En effet, le salaire de ce dernier est en dessous de ce qu’il est censé gagner. Pourtant, pour Lewis (1954) les salaires dans les secteurs modernes sont déterminés par les coûts d’opportunité. Le coût d’opportunité est le prix du renoncement aux avantages engendrés en accomplissant une activité à d’autres avantages obtenus grâce à l’adoption d’une autre activité. En conséquence, la productivité de la main-d’œuvre n’influe pas sur les salaires. 19 La théorie de l’économie duale de Lewis (1954) permet de mieux comprendre à quel point l’industrie est importante pour résoudre le problème d’excès de main-d’œuvre dans le secteur agricole. Ils permettent également de retracer le rôle du secteur agricole dans l’alimentation en main-d’œuvre dans les secteurs capitalistes.

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre 1 : L’agriculture dans l’histoire de la pensée économique
Section 1 : L’agriculture comme un obstacle au développement
Section 2 : L’agriculture comme pilier du développement
Chapitre 2 : Analyse rapide de l’efficacité de la politique agricole malgache
Section 1 : Eléments contextuels et historiques
Section 2 : L’agriculture : moteur ou obstacle au développement ?
CONCLUSION

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