PORTAGE ET TRANSMISSION DE NEISSERIA MENINGITIDIS

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Traitement curatif

A cause de la sévérité des méningites, il est crucial de traiter le patient dès que l’infection est suspectée sans attendre l’obtention des résultats de la culture ou du laboratoire. Le premier traitement qui a entrainé une diminution du taux de mortalité des épidémies de méningite a été l’antisérum antiméningococcique, administré en 1906 par voie intrathécale sur des patients atteints de méningite (Artenstein & Laforce, 2012). Le chloramphénicol huileux à longue durée d’action a été prouvée efficace contre les épidémies de méningite à méningocoque dans la CAM au milieu des années 1970 (Saliou et al., 1977) et a été recommandé par l’OMS en un protocole d’une à 2 injections intramusculaires depuis 1995 (WHO, 1995). D’autres médicaments prouvés efficaces contre Nm incluent la benzylpénicilline et l’ampicilline en intraveineux, le chloramphénicol ou la ceftriaxone en intraveineux ou intramusculaire (WHO, 1997). Cependant les protocoles avec plusieurs injections journalières ne sont pas pratiques lors des épidémies. Le traitement de première ligne reste la pénicilline ou l’ampicilline. Les céphalosporines à large spectre d’activité peuvent être utilisées en cas de résistance à la pénicilline ou si le diagnostic est incertain (de Souza et al., 2011). Plusieurs études ont montré l’efficacité d’une dose journalière de ceftriaxone pendant 4 jours (Roine et al. 2000 ; Martin al., 1990 ; Kavaliotis et al., 1995). Ces protocoles courts sont efficaces à cause des propriétés pharmacologiques de la ceftriaxone incluant une longue demie vie dans le sang (8h) et dans le liquide céphalo rachidien (LCR) (14h) (Scholtz et al., 1998).
La gestion des cas de méningite dans la CAM a été révolutionnée en 1938 par l’introduction des sulfonamides en Afrique de l’ouest francophone (Lapeysonnie, 1963). Après l’émergence de la résistance du méningocoque aux sulfonamides, le chloramphénicol huileux à longue durée d’action s’est montré efficace, facile à administrer, avec un coût raisonnable (Puddicombe et al., 1984).
Au Niger, le chloramphénicol a été le médicament le plus utilisé entre 2003 et 2006 aussi bien dans les formations sanitaires périphériques que dans les hôpitaux, indépendamment de l’étiologie de la méningite bactérienne ou du contexte épidémiologique (Boisier et al., 2007a). Nathan et ses collaborateurs ont de leur côté montré que l’administration de la ceftriaxone en une dose unique est aussi efficace qu’une dose de chloramphénicol (Nathan et al., 2005). La ceftriaxone devrait constituer une alternative de première ligne au chloramphénicol en cas d’épidémies de méningite à méningocoque, du fait de son efficacité, sa facilité d’utilisation et son faible coût.

Traitement préventif (prophylaxie)

La rifampicine, la ceftriaxone, l’azithomycine et les quinolones (ciprofloxacine) sont utilisés en chimioprophylaxie pour les personnes les plus en contact avec les malades par exemple dans les dortoirs, les services militaires, les hôpitaux et les écoles (de Souza et al., 2011). Cependant, la vaccination demeure la meilleure stratégie de prévention des méningites en particulier lors des épidémies où la chimio prophylaxie post-exposition n’est pas très efficace et entraîne un risque d’antibio-résistance (Rouphael et al., 2009).
Plusieurs types de vaccins ont été développés pour combattre les méningites. Trois types sont actuellement trouvés sur le marché: le vaccin polysaccharidique, le vaccin polysaccharidique conjugué à une protéine ou vaccin conjugué et plus récemment le vaccin contre le NmB utilisant les protéines extra membranaires de la bactérie (Hedari et al., 2014). Il est cependant très important de déterminer le sérogroupe responsable de la méningite afin de choisir le vaccin pour la riposte aux épidémies.
Le vaccin polysaccharidique est fabriqué à partir d’extraits purifiés de la membrane externe de la bactérie qui est composée de plusieurs molécules de sucre attachées. Ce vaccin déclenche la réponse immunitaire des anticorps, mais pour plusieurs raisons, il n’est efficace que chez les grands enfants et les adultes (Shao et al., 2009) pendant seulement 3 à 5 ans (Joshi et al., 2009). Ce vaccin est faiblement immunogène chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans (Stephens, 2007) qui ont un système immunitaire immature incapable de riposter à la bactérie qui cause la méningite. En plus, des doses répétées entraînent une hypo réactivité du vaccin notamment avec le sérogroupe C, bien que les implications cliniques d’une telles observations ne soient pas claires (Tan et al., 2010). Les vaccins polysaccharidiques ont également montré un effet négligeable sur le portage nasopharyngé et donc ne préviennent pas la transmission et ne confèrent pas d’immunité de groupe (Dbaibo et al., 2013 ; Poolman & Borrow, 2011). Le premier vaccin polysaccharidique anti méningococcique était dirigé contre les sérogroupes A et C, en réponse à une épidémie de méningite survenue dans les années 1970 chez des militaires américains (Patel et al., 2005). Actuellement le vaccin polysaccharidique est commercialisé sous la forme de vaccin bivalent (sérogroupes A et C), trivalent (sérogroupes A, C, W) et tétravalent (sérogroupes A, C, W et Y) (Granoff et al., 2013 ; Croxtall et al., 2012). La faible immunogénicité de ce vaccin chez les nourrissons et sa faible réactivité après des doses répétées ont conduit au développement et à l’utilisation des vaccins conjugués antiméningococciques qui permettent de surmonter ses limites.
Dès les années 1990, les vaccins conjugués deviennent largement utilisés dans les pays développés. Le vaccin conjugué contient une partie de la bactérie qui stimule la réponse immunitaire et une protéine porteuse en vue d’augmenter la réponse immunitaire. Deux vaccins conjugués, utilisant respectivement une toxine diphtérique et une protéine mutante comme protéine porteuse, avaient une licence d’utilisation aux Etats Unis d’Amérique: MenACWY-DT (Menactra®) et MenACWY-CRM (Menveo®). Récemment un vaccin quadrivalent conjugué à une toxine tétanique MenACWY-TT (Nimenrix®) a eu l’approbation d’utilisation en Europe en 2012. Ces vaccins sont supérieurs aux vaccins polysaccharidiques car ils stimulent l’immunité chez les enfants de moins de 2 ans et la mémoire immunologique dans tous les groupes d’âge immunologiques entrainant un rehaussement de la réponse avec des doses successives (Harrison et al., 2006). Ils procurent un titre élevé d’anticorps bactéricide dans le sérum et une protection de longue durée. En plus, ces vaccins n’entrainent pas d’hypo réactivité après des doses répétées (Gardner et al., 2006 ; Patel et al., 2005). Les vaccins conjugués sont actuellement disponibles en monovalent A ou C aussi bien qu’en vaccin conjugués tétravalent (A, C, W et Y) (Reisinger et al., 2009). Le nouveau vaccin conjugué MenAfriVac® (A) ayant un profil d’innocuité chez le jeune enfant et supérieur du point de vue immunologique au vaccin polyosidique (WHO, 2007) a été introduit dans la CAM en 2010.
Le vaccin antiméningococcique B: Aucun des vaccins polysaccharidiques ou conjugués ne protège contre la méningite à NmB. Pour procurer l’immunité, il utilise les vésicules extra membranaires et les antigènes de surface du lipopolysaccharide non capsulaire au lieu des polysaccharides et contient 3 protéines recombinantes dérivées des souches de méningocoque B (Hedari et al., 2014).

Table des matières

1 INTRODUCTION
2 ETAT DE L’ART
2.1 EPIDEMIOLOGIE
2.2 FACTEURS DE RISQUE
2.3 MODELES HYPOTHETIQUES
2.4 PATHOGENICITE – IMMUNOGENICITE
2.5 CLONES
2.6 PORTAGE ET TRANSMISSION DE NEISSERIA MENINGITIDIS
2.7 CLINIQUE
2.8 DIAGNOSTIC
2.9 TRAITEMENT.
2.9.1 TRAITEMENT CURATIF.
2.9.2 TRAITEMENT PREVENTIF (PROPHYLAXIE)
2.9.3 PENURIE DE VACCINS DANS LA CEINTURE DE LA MENINGITE
2.10 INTRODUCTION DU VACCIN MENAFRIVAC® DANS LA CEINTURE AFRICAINE DE LA
MENINGITE.
2.10.1 NECESSITE D’UN NOUVEAU VACCIN POUR LA CEINTURE AFRICAINE DE LA MENINGITE
2.10.2 LES CAMPAGNES DE VACCINATION AVEC LE MENAFRIVAC®
2.10.3 IMPACT DU VACCIN MENAFRIVAC®
2.11 SURVEILLANCE ET STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES EPIDEMIES DE MENINGITE
2.11.1 SURVEILLANCE ET STRATEGIE DE LUTTE AVANT MENAFRIVAC®.
2.11.2 SURVEILLANCE ET STRATEGIE DE LUTTE APRES MENAFRIVAC®
2.11.3 HISTORIQUE DE LA SURVEILLANCE DES MENINGITES AU NIGER…
3 JUSTIFICATION ET OBJECTIFS DE LA THESE
4 METHODOLOGIE
4.1 PRESENTATION DU NIGER.
4.2 DONNEES UTILISEES
4.3 EXPLICATION DES METHODES
4.3.1 CONFRONTATION DES NOTIFICATIONS ET ETIOLOGIES DES CAS
4.3.2 RECHERCHE DES AGREGATS SPATIO-TEMPORELS DE MENINGITE A MENINGOCOQUE C
4.3.3 DEFINITION DES FOYERS EPIDEMIQUES
4.3.4 SIMULATION DE LA SITUATION D’ELIMINATION DU NMA
4.3.5 EVALUATION DE L’EFFICACITE ET DE L’EFFICIENCE DES STRATEGIES DE SURVEILLANCE ET DE RIPOSTE VACCINALE
5 RESULTATS
5.1 QUELLE A ETEL’EPIDEMIOLOGIE DES MENINGITES AU NIGER AVANT ET APRES
MENAFRIVAC®?
5.1.1 QUELLE A ETEL’EVOLUTION DES EPIDEMIES ET DES SEROGROUPES?
5.1.2 QUELLES ONT ETE LES TRANCHES D’AGE LES PLUS ATTEINTES PAR LA MENINGITE?
5.1.3 EXISTAIT-T-IL UNE HETEROGENEITE ENTRE LES INCIDENCES ANNUELLES DE MENINGITES
DES AIRES DE SANTE D’UN MEME DISTRICT?
5.2 LA PRESENCE DU NMC ENTRAINE-T-ELLE FORCEMENT UNE EPIDEMIE ?
5.3 QUELS ETAIENT LA LOCALISATION ET LE RISQUE DE SURVENUE DES AGREGATS
SPATIO-TEMPORELS DE MENINGITE A MENINGOCOQUE C?.
5.4 EST-CE QUE LES CARACTERISTIQUES DES FOYERS EPIDEMIQUES ETAIENT
COMPARABLES PAR SEROGROUPE ?
5.5 QUELLE EST LA MEILLEURE STRATEGIE DE REPONSE CONTRE LES EPIDEMIES DE
MENINGITE AVANT ET APRES MENAFRIVAC®?
5.6 LA STRATEGIE DE SURVEILLANCE ET DE REPONSE ACTUELLE EST-ELLE ADAPTEE AU
NMC ?
6 DISCUSSION
7 SYNTHESE.
8 CONCLUSION
9 RECOMMANDATIONS
10 PERSPECTIVES ET PRIORITE DE RECHERCHE
11 BIBLIOGRAPHIE
12 PRODUCTION SCIENTIFIQUE ACQUISE AU COURS DE LA THESE
12.1 LISTE DES PUBLICATIONS ENTRANT DANS LE CADRE DE LA THESE
12.2 LISTE DES COMMUNICATIONS ORALES DANS LE CADRE DE LA THESE
12.3 LISTE DES COMMUNICATIONS AFFICHEES DANS LE CADRE DE LA THESE
12.4 LISTE DES PUBLICATIONS HORS SUJET DE THESE
13 ANNEXES.

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