Proposition d’un Modèle de Maturité

Proposition d’un Modèle de Maturité

Objectifs

Le MM que nous avons développé se veut, en premier lieu, adapté aux petites entreprises qui ont des ressources financières et humaines « limitées ». Il se devait donc d’être relativement simple pour être utilisé efficacement par un grand nombre d’entreprises sans connaissance particulière dans les TIC ou sans compétence 3D manifeste. Les efforts d’analyse et de synthèse préparatoires ont également permis de proposer un outil plus pertinent, et surtout résolument ciblé sur le secteur de la rénovation. Afin d’aider le public visé à se remettre en question et faire qu’il soit plus facilement convaincu, nous avons mis en œuvre la vision de Azzouz et al., à savoir que « la simplicité doit être présente dans un outil d’AM24 “complexe” » (Azzouz, Shepherd et Copping, 2016). Il doit être construit autour d’un langage clair, d’une description des mesures, d’un cadre structuré et de recommandations rigoureuses sur la façon de l’utiliser ». Ceci nous semble être la clé du succès et a été le leitmotiv de notre proposition, dont la forme et le fond devaient : – permettre aux entreprises de s’auto-évaluer et de réaliser un état des lieux de leurs activités ; – offrir la possibilité de communiquer et de conseiller certains principes utiles au déploiement et au fonctionnement collaboratif BIM ; – faire émerger certaines lacunes ou faiblesses qui risqueraient de mettre en difficulté l’entreprise lorsque le projet est déjà « opérationnel » ou en phase de démarrage ; – faciliter l’interrogation et le questionnement sur des thèmes qui se sont avérés être, à l’issue de l’état de l’art, des FCS sur lesquels il est donc important de s’adosser ; – fournir un outil de suivi des avancées obtenues, expérience après expérience, afin de constituer ou d’alimenter des tableaux de bord ; – permettre aux entreprises de se comparer entre elles, d’utiliser un langage commun et de tendre vers un modèle et un fonctionnement coopératif. Ces critères nous ont permis de sélectionner et de créer l’ensemble des questionnements et des réponses à choix multiples représentatives des différents niveaux de maturité.

Méthodologie et orientations du MM proposé

Principaux choix effectués

Au-delà des nombreuses informations que l’état de l’art nous a permis de dégager, il convient d’apporter quelques précisions.  La mise en place de simples échelles de référencement ou de questionnaires à choix multiples par de nombreux modèles s’avère facile à utiliser, mais reste parfois considérée comme un moyen trop subjectif (Wu et al., 2017). Toutefois, une entreprise novice en BIM et découvrant seule cette approche ne sera pas en mesure d’utiliser des outils complexes pour établir avec précision son propre bilan. Cela risquerait d’engendrer d’importantes dépenses liées à la formation et surtout à l’intervention de sociétés de conseils. En dépit des lacunes que certains choix effectués pour construire BiM²FR peuvent entraîner, nous avons cependant privilégié un modèle et un ensemble de questions relativement simples, rendant ainsi le modèle ouvert et accessible au plus grand nombre. Cette simplicité n’empêchera pas, pour autant, de s’interroger sur le recours éventuel aux conseils d’experts externes.  BiM²FR prend la forme d’une succession de questions. Il aborde des thèmes classiques, déjà présents dans la littérature, mais aussi des thèmes novateurs, à savoir inspirés de nos rencontres avec les utilisateurs potentiels, ou semblant nécessaires au regard de la littérature et de nos analyses. C’est pour cela, par exemple, que conformément aux propositions soulevées en partie 2.5.6, une réflexion sur un état d’esprit « coopératif » (décrit comme un potentiel d’alliances pour les PME (Rezgui et Miles, 2010) ou un processus de collaboration interorganisationnel (Cao, Li et Wang, 2017)), a été proposé car un tel état d’esprit facilite l’atteinte de certains objectifs liés au BIM (Mellon et Kouider, 2014). Il en est de même pour l’importance centrale et première que prennent les étapes d’estimation et d’élaboration des devis bien en amont de la rénovation en tant que telle. Ces points ne sont pas abordés dans les MM existants et figurent logiquement dans notre proposition finale.  Il est essentiel de rendre notre développement gratuit et accessible à la plupart afin d’éviter les reproches et obstacles que rencontrent certains MM onéreux (Badrinath, Hsieh et Kumar, 2016).  Nous veillerons ensuite à éviter certaines faiblesses mises en évidence par de nombreuses études (Giel et Issa, 2013). À savoir, par exemple, qu’à un faible niveau de maturité ou en phase de « modélisation à base d’objets » on constate un manque de coordination et de collaboration avec d’autres utilisateurs BIM et avec le client (Dakhil, Underwood et Al Shawi, 2016). Ce dernier doit avoir un rôle prépondérant dans le choix et la mise en œuvre d’un modèle coopératif. Cela passe par l’élaboration d’éléments cruciaux telles que les obligations d’Employer Information Requirements (EIR), traduites dans la nouvelle norme (ISO, 2018) par Exigences d’Echange d’Informations. Ces dernières pouvant être intégrées aux Conventions BIM, notre modèle devra mettre l’accent à la fois sur cette place centrale du client ainsi que sur l’existence des Conventions BIM. Par conséquent, nous proposons un indice de maturité d’élaboration de Conventions BIM, appelé « Maturité de Convention BIM » visant à rendre compte des forces ou des faiblesses de l’industriel vis-à-vis des contenus et de la rédaction de ces conventions.  Nous sommes aussi convaincus que le développement d’un modèle spécifiant les objectifs et les transitions aide l’utilisateur à rédiger une feuille de route au moment du processus d’implémentation du BIM (Wu et al., 2017). De ce fait, lorsque des choix devaient être opérés entre plusieurs modèles redondants, nous avons retenu, à qualité égale, le modèle proposant le plus grand nombre de niveaux de maturité et représentant ainsi avantageusement le processus d’implantation incrémentale à venir pour l’entreprise. Ce fut notamment le cas du MM inspiré du NBIMS Capability Model, qui propose 10 niveaux de maturité par thème traité. Pour un thème donné, plus le nombre de niveaux et d’étapes est important, plus le processus incrémental apparaît clairement et saura être déployé de manière efficace. Les problématiques de la stratégie (première question présentée dans le Tableau 12), de la quantité et du type d’indicateurs à déployer et à suivre pour gérer un projet ou certains processus métiers (questions 25 et 26 du Tableau 13), sont ainsi concernées.

Méthodologie retenue

Même si les 8 MM retenus et présentés en partie 2.5.7.3 sont perfectibles, ils vont apporter une base de questionnement et un crédit scientifique intéressants à notre proposition. Le mode opératoire retenu pour extraire et retenir le meilleur de ces MM a été de répertorier Proposition d’un Modèle de Maturité 79 l’ensemble des questions et approches proposées (plus quelques idées fortes émanant d’autres modèles qu’il était irréaliste de vouloir intégrer complètement). À partir de cela nous avons pu constituer une première base de données de plus de 185 questions débouchant sur plus de 800 réponses envisageables. Il a ensuite été nécessaire de réaliser des regroupements par thèmes abordés. Un certain nombre de redondances sont alors apparues. Les questions considérées hors sujet ou trop complexes ont été soit simplifiées, soit mises de côté pour d’éventuels futurs travaux. De ce fait, l’outil et les termes utilisés sont volontairement simplifiés pour correspondre aux réalités des entreprises visées. Pour ces raisons, nous avons cherché à retirer tout ou partie des éléments destinés aux organisations fortement structurées et avancées tels que : l’existence de BIM Planning Committee, de Senior Leadership, etc.

Choix d’orientation : le soutien aux entreprises et interentreprises

Les pratiques et habitudes de travail relativement peu cadrées des entreprises du secteur les rendent peu préparées pour que nous puissions espérer déployer certains processus métiers liés à la mise en œuvre du BIM. Par conséquent, la plupart des entreprises devront être accompagnées durant cette transition. Ceci explique le questionnement relatif au soutien puis à l’acquisition progressive d’autonomie ajouté aux modèles existants via la question 10 du Tableau 13. Nous supposons ici que la compétence BIM sera, de premier abord, externe (mais peut, bien entendu, être interne à l’entreprise), et que l’autonomie, synonyme de maturité grandissante, se développera progressivement au sein des sociétés. Par ailleurs, comme cela a été mis en évidence dans l’état de l’art, il semble nécessaire d’inciter les entreprises à davantage de travail coopératif et à créer entre elles différentes formules d’alliances. Dans ce but, et de manière totalement originale par rapport aux MM existants, nous insistons à travers les questions 6, 12 et 13 sur ces approches en essayant de les mettre en évidence. Le niveau de maturité ultime, proposé par exemple à la question 12, pour les phases d’estimation/élaboration de devis, est une réflexion selon laquelle un membre du groupe d’entreprises serait chargé de recueillir un ensemble de données numériques utiles pour retranscrire le bâtiment existant et les besoins du client. Dans ce scénario, chaque participant du projet serait en mesure de constituer de façon synchrone en BIM ses propres contributions et estimations liées à ses activités. Une telle réponse « concertée », qui peut s’apparenter à l’approche IPD, permettrait aussi de réduire les reprises de propositions très chronophages comme nous l’avons présenté à travers la Figure 24 : Proposition d’une modélisation des processus « courants » en rénovation. Des compléments aux propositions de Succar (question 13) ont enfin été apportés afin d’accentuer cette vision de modèle coopératif. Au terme de cette étude préliminaire, tous les outils et concepts scientifiques, ainsi que les idées et remarques personnelles qu’ils ont fait naître, nous permettent d’élaborer un MM adapté au secteur de la rénovation et de ses acteurs. 

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