Répartition des répondants selon les motifs de leur incarcération

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Caractéristiques de la population

Une nette prédominance masculine a été retrouvée dans notre série (89%) avec un sex-ratio à 8,1. Ce constat s’explique par le fait que la population carcérale est plus souvent composée d’hommes que de femmes et corrobore ce qui a été décrit dans plusieurs études, notamment dans celles réalisées dans la sous-région, notamment : Nanema D à Ouagadougou [47] et Sablé P. S. à Abidjan [63] qui notent une prédominance de détenus de sexe masculin de l’ordre de 95% et 75,6% respectivement. Ce même constat est aussi observé hors de l’Afrique comme en Italie, [65] et en France [57]. La moyenne d’âge de notre étude était de 35 ans avec plus de la moitié (53%) des répondants âgés de moins de 35 ans témoignant ainsi de la jeunesse de la population carcérale. Une moyenne d’âge plus jeune de 28 ans a été décrite par Dembélé I. N. [16] au Mali et Ouédraogo Ousmane [55] au Burkina Faso. Près de deux tiers (60%) des détenus dans notre série étaient scolarisés, ce qui est relativement proche du taux de scolarisation d’une étude menée à Ouagadougou, notamment 55% [56]. Des taux de scolarisation plus élevés sont retrouvés dans des prisons des pays développés notamment en France où il se situe à 90% [20]. Plus de la moitié (52,2%) de notre cible était mariée. Nos résultats étaient différents de ceux décrits dans les maisons carcérales de la sous-région où 77% des détenus étaient célibataires à Abidjan [63], et 67% à Bamako [16]. De même, au Canada, où les pensionnaires des prisons fédérales [69] ne comptaient que 31% de couples engagés chez les détenus. La quasi-totalité des enquêtés (91,8%) était de nationalité sénégalaise. Ces résultats sont conformes à ceux retrouvés dans d’autres enquêtes où l’on rencontre toujours une nette domination des autochtones dans la population carcérale [49]. Vu que ces derniers constituent la majorité de la population générale ils se retrouvent donc logiquement majoritaires au sein des prisons. Presque les trois quart de notre cible étaient à leur première incarcération avec une durée médiane d’emprisonnement de 24 mois. Cette notion de première incarcération a été retrouvée dans l’étude de Sable en Côte d’Ivoire [63] dans 96% des cas et dans l’étude de Nanema D. au Burkina [47] dans 84% des cas. La moitié était en détention préventive, ce qui témoigne des lenteurs des procédures qui amènent les détenus à séjourner longtemps en prison avant d’être jugés ; un constat qui corrobore ce qui a été décrit au Mali par Dembélé [16]. Par contre des durées de détention inferieures ont été décrites par Stasi en Italie [65]. Les principaux motifs d’emprisonnement de notre population d’étude étaient liés aux faits de drogue dans 35,3%, de vol dans 13,5% et d’homicide dans 10,7% des cas. Les délits liés au viol représentent 8,2%. Les infractions liées à la drogue ont été décrites dans les pays du nord à des proportions plus importantes, par exemple aux Etats unis où plus de la moitié était incarcérée pour un motif lié à la drogue [23]. Quant au viol comme motif d’incarcération, des résultats similaires à ceux décrits dans notre série ont été retrouvés en France [21] et à Bamako [16]. Bien qu’un motif lié à la drogue soit l’une des principales raisons d’emprisonnement, seuls 4,2% des détenus affirmaient continuer à s’adonner à cette pratique. Un moindre pourcentage d’utilisateurs de drogue (19%) est constaté à la maison centrale d’arrêt de Bamako [16] contrairement à ce qui a été décrit en Italie où 61% de détenus utilisaient la drogue [65]. L’utilisation de drogues injectables n’a pas été documentée dans notre série contrairement à ce qui a été retrouvé dans la sous-région et en France à des taux variables : 8 ,3% [63] et 22% [39]. De même, la proportion de toxicomanes par voie intraveineuse parmi les détenus était supérieure à 10% en Russie, en Slovaquie et en Ukraine [23]. Cette non-documentation dans notre série peut être due au fait que l’usage de drogues est prohibée dans nos contrés et passible de répressions sévères, ce d’autant plus que ceux qui affirmaient utiliser de la drogue préféraient garder secret le mécanisme de procuration.

Connaissance sur le VIH

Notre enquête nous a permis d’apprécier les connaissances des détenus sur le VIH/SIDA, en particulier sur les sources d’information, les modes de transmission, les fausses croyances concernant la transmission, la différence entre séropositif et SIDA, les moyens de prévention et les fausses croyances sur la prévention. Les principales sources d’information sur le VIH citées par les détenus étaient les medias comme la télévision 70,8% et la radio 56,6%. Ces medias demeurent les meilleures sources d’information sur le VIH/SIDA et les autres pathologies infectieuses en général ; ce qui en fait également les meilleures sources d’information pour la sensibilisation, l’éducation et l’information sur les pathologies infectieuses. De nombreux auteurs [19, 32, 38, 54] ont signalé les mêmes résultats, et ce ; quelle que soit la cible (étudiants, artistes, population générale …). Cependant, une enquête menée à Abidjan faisait état de détenus informés à propos du VIH, hormis les médias, par d’autres détenus appelés pairs éducateurs qui étaient eux-mêmes formés à animer des séances d’IEC au sein des prisons [2]. Notre enquête a révélé que les détenus avaient de bonnes connaissances des modes de transmission, dont les plus cités sont respectivement la transmission sexuelle (98,1%) et la transmission sanguine (97,5%). La transmission de la mère à l’enfant est le type de transmission le moins connu avec cependant un taux important de 77,2% des réponses. Et globalement 63,5% de nos enquêtés avaient cité à la fois les trois modes de transmission. Comparativement, d’autres enquêtes sur des détenus ont révélé des résultats mitigés. En effet, le niveau de connaissances des détenus vis-à-vis de l’infection à VIH est apparue relativement bon avec 77 % à 80 % de réponses positives pour les trois principaux modes de contamination en France en 1999 [39] par contre une faible proportion de détenus (16%), dans l’étude de Ouédraogo à Ouagadougou[55], avait de bonnes connaissances sur les voies de transmission. Le niveau de connaissance des détenus concernant la transmission mère-enfant, bien qu’étant le mode de transmission le moins cité dans notre série, est nettement plus élevé que ce qui a été décrit par Ciss au Sénégal (17%) [9] et Tatagan A. au Togo [66], où seuls 27% des enquêtés connaissaient ce mode de transmission. Malgré une bonne connaissance des modes de transmission de l’infection VIH, les fausses  croyances la concernant continuent d’occuper une part importante, par exemple près de la moitié des détenus (48,4%) croyaient qu’on pouvait être atteint par le VIH à cause d’un mauvais sort jeté par un marabout/féticheur et 45,8% pensaient que la piqûre de moustique ou d’autres insectes pouvait transmettre la maladie. D’autres fausses croyances pouvant entrainer des attitudes discriminantes étaient aussi constatées dans des proportions non négligeables, comme le fait de croire que le VIH pouvait se contracter en portant les vêtements de personnes infectées (15,4%) , en utilisant le même seau d’eau qu’une pvVIH pour se laver (12,9%), en partageant son repas (8%) ou en lui serrant la main. Les fausses croyances relatives à la transmission par piqure de moustique ont été également décrites dans plusieurs études comme celle d’Ousmane Ouedraogo [55] dans laquelle 58% des détenus pensaient de même ou encore celle de Nathalie Lydié [39] qui montre que les détenus redoutaient davantage des situations comme les piqûres de moustique, le don de sang et les soins dentaires. Les détenus interrogés dans notre série avaient de bonnes connaissances sur la notion de séropositivité. En effet, 79% des enquêtés savaient qu’une personne infectée par le VIH pouvait avoir l’apparence d’un individu en bonne santé. Cependant parmi ceux qui connaissaient cette notion de séropositivité il y avait des enquêtés qui ignoraient qu’une telle personne pouvait transmettre la maladie. Ainsi la proportion de détenus sachant qu’une personne séropositive pouvait transmettre le VIH s’élevait à 73,8%, ce qui signifie que plus du quart de notre population d’étude risquerait de se fier à l’apparence de leurs partenaires pour ne pas se protéger durant les rapports sexuels. Nos résultats sont supérieurs à ceux retrouvés par Ka [4] où cette différence entre séropositivité et SIDA était connu par à peine 53,4% des détenus à Nouakchott A propos des moyens de prévention contre le VIH/SIDA, 94,7% des détenus savaient qu’il était possible de se protéger contre cette maladie sans précision du moyen utilisé. Concernant la protection contre la transmission par voie sexuelle, les détenus avaient de bonnes connaissances des différents moyens de protection. Le préservatif était, avec 91,8% des cas, le plus cité des moyens de prévention de la transmission sexuelle, suivie de la fidélité (88%) et enfin l’abstinence citée dans 76,4% des réponses. Globalement 63,5% des détenus interrogés avaient cité à la fois l’abstinence, la fidélité et le port systématique du préservatif comme moyens de prévention de la transmission sexuelle. Dans l’étude de Ka. [4], la quasi-totalité (99%) des détenus interrogés à Nouakchott savait que le préservatif était un moyen de prévention contre la transmission sexuelle mais les autres moyens semblaient ne pas être pris en compte dans cette étude. Contrairement à notre étude et celle de Nouakchott, les connaissances des différents types de prévention sexuelle des détenus enquêtés par O. Ouédraogo n’ont pas été détaillées. CLadite étude montrait cependant que seulement 6 % des incarcérés ont été sensibilisés sur les attitudes à avoir pour éviter la transmission sexuelle [55]. Pour ce qui est de la connaissance des moyens de prévention de la transmission sanguine, la proportion de détenus ayant cité l’utilisation de seringues ou d’aiguilles stérilisées était de 67,4% dans notre série. Les autres études retrouvées s’intéressaient essentiellement aux programmes d’échange de seringues contre la transmission sanguine chez les UDVI en milieu carcéral, impliquant des connaissances sur les moyens de prévention de la transmission sanguine. De tels programmes servent à contrer le partage du matériel d’injection ; une pratique très répandue dans les prisons des pays développés comme on le retrouve dans la compilation d’études d’Obradovic [50] dans la revue internationale des expériences avec entre autres 86% dans une étude canadienne [40] et entre 70 et 94% en Australie [62]. Le programme d’échange de seringues (PES) est timidement introduit dans les prisons des pays développés : 1 prison sur 185 en Allemagne, 41 prisons sur 82 en Espagne, 11 prisons sur 113 en Suisse [50].

Table des matières

DEDICACES
À NOS MAITRES ET JUGES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. GENERALITES SUR L’INFECTION A VIH
1.1 Définition
1.2 Epidémiologie
1.2.2. En Afrique subsaharienne
1.2.3. Au Sénégal
1.3 Physiopathologie
1.3.1 Virus
1.3.2 Cycle de réplication
1.3.3 Manifestations immunologiques
1.4 Modes de transmission du VIH.
1.4.1 Transmission par voie sexuelle
1.4.2 Transmission par voie sanguine
1.4.3 Transmission verticale
1.5 Histoire naturelle du VIH
1.5.1 Phase de primo –infection
1.5.2 Phase de séropositivité asymptomatique
1.5.3 Phase symptomatique
1.6 Diagnostic de l’infection VIH
1.6.1 Diagnostic indirect
1.6.2 Diagnostic direct
1.7 Prise en charge du patient infecté par le VIH
1.7.1 Buts
1.7.2 Moyens
1.7.2.1 Prise en charge psychosociale
1.7.2.2 Prise en charge nutritionnelle
1.7.2.3 Prise en charge vaccinale
1.7.2.4 Traitement antirétroviral
1.7.3 Les indications du traitement.
2. Particularité du VIH chez les détenus
2.1. Prévalence du VIH en milieu carcéral
DEUXIEME PARTIE
1. CADRE D’ETUDE
1.1 ENQUETE NATIONALE DE SURVEILLANCE COMBINEE DU VIH
1.2 LE MILIEU CARCERAL SENEGALAIS
2. MATERIEL ET METHODE
2.1. Type d’étude et période d’étude
2.2. Population d’étude
2.3 Méthodes et outils de collecte
2.3.1 Composition des équipes et rôles des différentes catégories d’agents
3. SAISIE ET EXPLOITATION DES DONNEES
4. CONSIDERATIONS ETHIQUES
5. LIMITES ET CONTRAINTES DE L’ETUDE
6. RESULTATS
6.1 Caractéristiques sociodémographiques
6.1.1 Répartition de la population enquêtée selon le sexe
6.1.2 Répartition selon l’âge
6.1.3 Répartition des détenus selon la scolarisation
6.1.4 Répartition des détenus selon le statut matrimonial
6.1.5 Répartition des détenus selon la nationalité
6.1.6 Répartition des détenus selon le lieu d’incarcération
6.1.7 Répartition des répondants selon la durée de leur incarcération
6.1.8 Répartition des répondants selon les motifs de leur incarcération
6.1.9 Répartition selon l’utilisation de drogue
6.2 Connaissances sur le VIH/SIDA
6.2.1 Sources d’information sur l’infection à VIH
6.2.2 Connaissance sur les modes de transmission
6.2.3 Fausses croyances sur la transmission de l’infection à VIH.
6.2.4 Connaissances sur la différence entre séropositif et Sida
6.2.5 Connaissances des moyens de prévention contre le VIH/SIDA
6.2.5.1 Prévention de la transmission sexuelle
6.2.6 Fausses croyances sur la prévention contre le VIH/SIDA
DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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