Rôle des marches hebdomadaires DANS Le processus d’intégration régionale

Les infrastructures et les équipements

La communauté rurale de Sinthiang Koundara n’est pas bien pourvue en matière d’infrastructures et d’équipements. Seul le chef-lieu dispose d’un centre de santé dirigé par un infirmier chef de poste. 

Les postes de sécurité et de contrôle

Cependant, Manda Douane grâce à sa position stratégique, abrite les services de sécurité, de douane et des Eaux et Forêts. Ces différents services étatiques participent à la protection des populations et de leurs biens, à la lutte contre le banditisme transfrontalier, le trafic illicite de la drogue, la préservation des ressources forestières durement éprouvées par une surexploitation abusive. La police transfrontalière filtre les flux d’étrangers en provenance de la Guinée, de la Gambie, de la Guinée Bissau, de la Mauritanie et du Mali. Les documents exigés aux ressortissants de l’espace CEDEAO sont la carte d’identité nationale et le carnet de vaccination contre la méningite et la fièvre jaune. Si le poste de Gendarmerie dépend de la brigade de Kalifourou Linkéring, celui de la douane est du ressort de la sous-brigade de Vélingara. Pendant longtemps, l’Etat du Sénégal avait misé sur une industrialisation légère de transformation de produits alimentaires tels le sucre et l’huile. Et pour la protéger, il avait instauré un arsenal juridique qui organise l’entrée, la sortie et la circulation des marchandises dans son territoire notamment au niveau des frontières. C’est dans ce sens qu’intervient l’administration des douanes en vue d’appliquer et de faire respecter et de sanctionner tout manquement à ces prescriptions (Kanouté D, 2009). 

Les infrastructures sanitaires et scolaires

Une case de santé mal équipée, avec un personnel n’ayant pas la formation adéquate, donne les premiers soins à Darou Salam Manda. Les patients souffrant de certaines pathologies sont 30 soit référés au poste de santé de Sinthiang Koundara ou à l’hôpital de Tambacounda pour les cas les plus graves. Quant aux infrastructures scolaires, la CR compte trois collèges d’enseignement moyen (Sinthiang Koundara, Manda Douane et Coumbadiouma) et une vingtaine d’écoles élémentaires .Le village de Darou Salam Manda possède deux établissements : une école élémentaire créée en 1998 et dénommée école de Carrefour Manda et, un collège d’enseignement moyen ouvert en 2010 et polarisant les villages de Timindalla, Courbambey, Hafia, Madina Kocoum, Kocoum Doulo et Missirah Kouba (CR de Madina Gounasse). Sa création entre dans le cadre de la mise en œuvre du PDEF dont l’un des trois axes majeurs est l’accès et le maintien des enfants dans le système éducatif au moins jusqu’à l’âge de 16 ans. Les élèves de cette localité éprouvaient d’énormes difficultés pour poursuivre leurs études à Tambacounda ou à Sinthiang Koundara. 

L’électrification

A l’instar de la plupart des localités de la communauté rurale de Sinthiang Koundara, le village de Manda Douane n’est pas électrifié. Et pourtant, il est traversé par le réseau de haute tension de la centrale de Vélingara qui alimente la cité religieuse de Madina Gounasse située à 26 km au sud de Manda Douane. Les habitants de la CR de Sinthiang Koundara satisfont leurs besoins énergétiques à partir de groupes électrogènes et utilisent des lampes à gaz ou à pétrole pour s’éclairer. Le chef-lieu dispose d’une centrale locale construite par l’ASER dans le cadre de son programme d’électrification rurale. La centrale, avec deux moteurs diésel, alimentait le village en électricité de 19 h à 24 h. Malgré l’installation de poteaux électriques, la centrale a cessé de fonctionner à cause d’un problème d’approvisionnement en combustibles, les populations comptant toujours sur le Conseil rural payer la facture. Quelques maisons ou boutiques du loumo sont dotées de lampes solaires alimentées par des panneaux. Dans les autres villages, les populations ont peur de l’installer par crainte des bandits transfrontaliers surtout si leur localité est éloignée du poste de gendarmerie. 

Les infrastructures hydrauliques

La fourniture en eau est assurée par un forage et quatre puits traditionnels. Cet ouvrage hydraulique, construit en 1998 grâce à l’appui financier de l’ONG World Vision à hauteur de 31 200 millions de F CFA, connait des problèmes récurrents entre autres des pannes fréquentes, des conflits entre les villages qui le partagent : les deux villages de Manda et celui de Timindalla. L’insuffisance des points d’eau fait que la fourniture du liquide précieux est un véritable casse-tête dans le village et entraine souvent des heurts entre populations et autorités locales. En 2009, une marche organisée par la population contre la pénurie d’eau qui sévissait dans le village avait entrainé un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre. Elle s’était soldée par des blessés de part et d’autre, l’interpellation et la condamnation de certains responsables du village dont le directeur de l’école, accusé d’être l’instigateur de ces troubles. Cette doléance de la population est prise en compte comme une priorité dans le PLD de la CR avec le fonçage d’un second forage pour la fourniture en eau potable des populations, des usagers du marché hebdomadaire et pour l’abreuvage du cheptel. Figure 2 : Les Infrastructures et Equipements à Manda Douane. 32 5. Les réseaux de télécommunications. En plus de la SONATEL, le second opérateur de téléphonie mobile, Tigo y a implanté une antenne pour faciliter les communications. Gamtel, la société de téléphonie de la Gambie voit son signal émettre jusqu’à Manda Douane. Notons l’existence d’une station d’essence à l’entrée Est du village. Cependant malgré sa position de carrefour routier, Manda Douane ne dispose pas de réceptifs d’accueil pour l’hébergement des vendeurs du marché hebdomadaire et, des ressortissants étrangers et touristes en transit se rendant dans les autres pays de la sous-région. En somme, malgré l’insuffisance des infrastructures et des équipements structurants, les potentialités économiques, notamment agricoles et pastorales, les relations historiques multiséculaires entre les populations de cet espace frontalier ainsi que sa position géographique de carrefour routier et son rôle de relais dans la chaîne de redistribution des produits entre Diaobé et les autres centres économiques du pays , plaident pour l’essor des activités commerciales à Manda Douane. 

DYNAMISME DU SECTEUR COMMERCIAL A MANDA DOUANE, DU MARCHE QUOTIDIEN AU MARCHE HEBDOMADAIRE

 Le dynamisme du secteur commercial ne s’explique pas seulement par les conditions naturelles et géographiques favorables. Face au retrait des structures étatiques d’encadrement et de commercialisation des produits agricoles, encouragé par les politiques d’ajustement structurel imposées par les institutions de Bretton Woods, les populations ont pris en charge leur destin en mettant en place des réseaux de distribution marchande, véritables liens entre les villes et les campagnes. C’est dans ce contexte que le marché hebdomadaire de Manda Douane a vu le jour. Ce lieu d’échanges économiques a été crée peu après celui du marché quotidien. A. Le marché quotidien de Manda Douane. 

Naissance

Sa création remonte à l’époque du bitumage de la route nationale N° 6 reliant Tambacounda et Ziguinchor au début des années 1980. Le marché quotidien ressemble plus à une foire de redistribution des produits de réexportation provenant de la Gambie à partir des magasins localisés à Bolibana, Fatoto et Lamoy. La présence de marchés où pullulent les produits gambiens semblent être tolérés par les douaniers qui eux- mêmes s’y ravitaillent en sucre, lait et tomates concentrés en pots en divers catégories, nescafé, nescao, café, bouteilles de boissons. Les voyageurs en transit n’hésitent pas un seul instant à s’y ravitailler en raison des prix bon marché proposés pour l’achat des produits et divers articles. Toutefois, arrivés au poste de contrôle de Koumpentoum et de Kaffrine, les voyageurs s’étonnent de se voir déposséder de leurs provisions par les douaniers en service. Cette situation est incompréhensible pour les voyageurs qui ne comprennent pas qu’on leur arrache des produits achetés sur le sol sénégalais. 

 Evolution

Le marché quotidien, devenu plus attractif a stimulé les autres acteurs commerciaux particulièrement les grossistes spécialisés dans la redistribution des denrées alimentaires, les restauratrices et vendeurs de légumes à étendre les activités du marché. La présence de fonctionnaires liée à la mise en place des services étatiques comme l’école, la police, la gendarmerie, la douane, les Eaux et Forêts ainsi, que l’intensification du trafic routier sur les deux axes : la RN 6 et la D 223 ont boosté le développement du marché quotidien remarquable avec son étalement latitudinal dans le sens Manda- Tambacounda. Dans cet axe, la communauté rurale y a construit des cantines en location pour augmenter ses recettes. L’axe Manda –Vélingara accueille les boutiques grossistes de vente de produits de première nécessité (riz, huile, savons), les gargotes, le débit de ventes de boissons alcoolisées, le magasin de commercialisation des produits phytosanitaires détenu par la SPIA. 

 Le marché hebdomadaire de Manda Douane

 Le développement du marché permanent a poussé la collectivité locale qui voulait augmenter ses recettes budgétaires, et suite à la demande de ses populations de faciliter leur approvisionnement correct en produits manufacturés et l’écoulement de leurs productions agricoles, à solliciter auprès du Sous-préfet de Bonconto l’autorisation d’ouverture du marché hebdomadaire ou loumo. Ainsi, le processus aboutit en 1997 à la tenue du premier loumo de Manda Douane. Il faut souligner comme le note Fanchette S. (2009) que les autorités ont différé la création de ce loumo pourtant réclamée par les populations de peur de voir cette localité au carrefour des routes menant à Médina Gounasse, à Kolda et Tambacounda d’être un espace de lutte entre collectivités locales voisines. La frilosité des autorités déconcentrées est motivée par les batailles de position menées par les CR de Médina Gounasse et de Sinthiang Koundara pour abriter le loumo de la partie orientale du département de Vélingara. Finalement la CR de Sinthiang Koundara remporte le jackpot aidée par sa position géographique et le conflit politico-religieux entre les deux communautés ethniques de Médina Gounasse16. Pourtant Manda Douane n’est pas la première initiative en matière d’implantation du loumo dans la communauté rurale. Sinthiang Koundara, le chef-lieu en abritait depuis 1978, mais l’expérience ne fit pas long feu du fait de la concurrence des loumo de Diaobé, Dinguiry et Lamoy plus attractifs, de la faiblesse de l’offre et de la clientèle et de l’accessibilité. 

 Localisation du site

Comme la plupart des loumo du département de Vélingara, celui de Manda Douane se déroule de part et d’autre des deux axes routiers qui traversent le village : la route nationale 6 et la route départementale 223 menant à la frontière guinéenne et passant par la cité religieuse de 16 Il s’agit du conflit entre les deux communautés tidjane, l’une composés par les toucouleurs et l’autre par les peuls du Fouladou. 35 Madina Gounasse. Le sol est sablo-argileux avec une pente dans le sens Ouest- Est, occasionnant des ravinements par endroits dus à l’érosion hydrique. De ce fait, le marché est inondé par endroits durant la saison pluvieuse le rendant quasi-impraticable. Le site est accessible mais l’exigüité du marché avec des étals étendus sur la chaussée y limite la circulation des voitures et la mobilité.

La périodicité

 Le marché hebdomadaire de Manda Douane se tient tous les mardis de 08 h à 20 h. Les flux de personnes de biens et de services sont plus importants en saison sèche (Novembre à Mai) qu’en hivernage (Juin à Octobre). Cette variabilité saisonnière dans le fonctionnement du loumo s’explique par le fait que les paysans qui se transforment en commerçants occasionnels sont occupés par les travaux champêtres pendant la saison pluvieuse. Il s’y ajoute la faiblesse du volume des produits agricoles proposés pendant cette période, de la faiblesse des revenus des populations locales plus préoccupées par les stratégies à mettre en œuvre pour gérer la période de soudure. Le jour du loumo peut être avancé ou retardé suivant sa coïncidence avec les évènements à caractère religieux : fêtes musulmanes (Korité, Tabaski), pèlerinage (Daaka de Madina Gounasse). 

 Structuration du marché

 Le marché est structuré selon la nature des produits échangés ou l’origine géographique de ses vendeurs. Ainsi, le loumo de Manda Douane s’est inspiré de ses devanciers comme Diaobé pour son fonctionnement. Le marché est structuré en quatre secteurs : le centre, c’est le domaine des produits du crû (arachide, mil, niébé, bananes, légumes), le sud pour les produits (huile de palme, avocat, piment noir) venant de la Guinée directement ou via Diaobé, l’Est est spécialisé dans la vente des produits manufacturés en provenance de la Gambie et de la Mauritanie tandis que l’Ouest est le fief des articles venant de l’intérieur du Sénégal, de la restauration de la quincaillerie, du textile et le forage. Si à Diaobé la spécialisation des différentes parties du marché selon le type de produits échangés est plus nette, telle n’est pas le cas à Manda Douane où les lieux de vente des 36 produits s’entremêlent. Cependant suivant l’origine géographique des vendeurs et des produits échangés, quatre zones s’individualisent.