Rôle et fonctionnement du système lymphatique

Le cancer du sein

Actuellement, le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez la femme. En effet, il représente plus du tiers de l’ensemble des nouveaux cas de cancer. En France, il est estimé qu’une femme sur 8 sera confrontée au cancer du sein au cours de sa vie. En 2018, 58 459 nouveaux cas ainsi que 12 146 décès ont été recensés.
Le cancer du sein peut aussi toucher les hommes (1% des cas et souvent de mauvais pronostic). Le cancer du sein est donc un véritable problème de santé publique. Il représente la principale cause de mortalité par cancer mais c’est aussi la première cause de mortalité évitable. En effet, il est estimé que plus de 40% des décès par cancer pourraient être évités au moyen de changements de comportements individuels ou collectifs.
Il est néanmoins constaté que ce taux de mortalité est en baisse depuis 2005. Cette amélioration est particulièrement liée au programme national de dépistage organisé mis en place en 2004. Actuellement, le plan repose sur un examen clinique des seins et une mammographie réalisés tous les deux ans chez les femmes de 50 à 74 ans asymptomatiques et sans facteur de risque significatif. En 2019, le taux national de participation a été de 48,6%.
Un diagnostic précoce permet un traitement plus efficace et moins lourd augmentant ainsi les chances de guérison. En France, 60% des cancers du sein sont diagnostiqués à un stade précoce contre 30% à un stade intermédiaire et seulement 1 cancer sur 10 est diagnostiqué à un stade avancé. Le mois d’octobre est depuis 25 ans l’occasion pour les femmes de participer gratuitement à ce dépistage, lors de l’Octobre Rose.
L’objectif principal du Plan Cancer 2014-2019 est de réduire la mortalité en favorisant un diagnostic précoce et en garantissant l’accès à une prise en charge optimale. Le but est de préserver au maximum l’autonomie et la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer.
Il est primordial que les professionnels de santé jouent un rôle de prévention. Le cancer du sein a de nombreux effets secondaires aussi bien pendant, qu’après le traitement. L’un des effets indésirables le plus courant est le lymphœdème.Il est estimé que l’incidence du lymphœdème secondaire au cancer du sein est d’environ 21%, c’est-à-dire qu’une femme sur cinq en développera un. Ce dernier peut engendrer une diminution de la fonction, détériorer la qualité de vie et entrainer des séquelles psychologiques telles que l’anxiété et la dépression.
Parmi les traitements du lymphœdème des membres supérieurs, il semblerait qu’une nouvelle technique de contention élastique en plein essor soit capable de réduire le volume de ce dernier après cancer du sein : il s’agit du kinésio tape.

Les différents types de cancer du sein

Il existe plusieurs types de cancer du sein qui évoluent différemment selon les cellules à partir desquelles ils se développent. Certains sont « agressifs » et évoluent très rapidement, tandis que d’autres sont plus lents. Dans la plupart des cas, le développement d’un cancer du sein prend des mois, voire plusieurs années.
Le cancer du sein le plus courant (95%) est l’adénocarcinome (cancer du tissu glandulaire) qui se développe à partir des cellules épithéliales de la glande mammaire. Les adénocarcinomes naissent le plus souvent à partir des cellules des canaux et plus rarement à partir des cellules des lobules. Les sarcomes (cancer du tissu conjonctif) et les lymphomes malins mammaires (cancer du système lymphatique du sein) sont beaucoup plus rares (environ 1% des cas).
Deux types de cancer sont à distinguer : les cancers in situ et les cancers infiltrants. Les adénocarcinomes in situ ou non invasifs .
Un carcinome est dit « in situ » lorsque les cellules cancéreuses restent dans leur emplacement d’origine, c’est-à-dire uniquement à l’intérieur des canaux ou des lobules du sein, sans que la tumeur n’ait franchi la membrane basale.
Il y a ainsi respectivement : Le carcinome canalaire in situ (CCIS) : représente 80 à 90% des cancers du sein in situ. Le carcinome lobulaire in situ (CLIS) : plus rare, concerne 10 à 15% des cancers du sein in situ. Il correspond à une forme bénigne et est considéré comme un facteur de risque de développer un cancer du sein et non comme un précurseur direct.
Les adénocarcinomes infiltrants ou invasifs : Ils représentent la grande majorité des adénocarcinomes du sein. Il s’agit d’un carcinome infiltrant lorsque les cellules cancéreuses se sont propagées à l’extérieur des canaux et des lobules et qu’elles ont commencé à envahir les tissus voisins de la glande mammaire. S’il n’est pas traité, il peut se propager vers les ganglions lymphatiques (et plus particulièrement les ganglions axillaires) ou vers d’autres parties du corps provoquant ainsi des métastases.
Le carcinome canalaire infiltrant est le plus courant des cancers du sein infiltrants (70 à 80% des cas). Le cancer lobulaire infiltrant est plus rare (8%).

Rôle et fonctionnement du système lymphatique

Le système lymphatique est composé de vaisseaux de calibres différents qui sont les capillaires initiaux, les pré-collecteurs, les collecteurs et les ganglions lymphatiques. Ces vaisseaux drainent les liquides interstitiels de l’organisme vers les organes lymphoïdes tels que les ganglions lymphatiques, la rate et les amygdales.
Le système lymphatique joue un rôle majeur dans le fonctionnement du système immunitaire. Il aide également à maintenir l’hydratation du système interstitiel et draine les macromolécules pour qu’elles reviennent dans la voie sanguine.
Les ganglions lymphatiques filtrent les cellules nocives afin d’éliminer les déchets présents dans la lymphe. Ils ont aussi un rôle très important dans la défense de l’organisme en produisant des cellules immunitaires.
Les vaisseaux lymphatiques transportent la lymphe des tissus corporels vers le cœur. La lymphe est composée d’un excès de liquide, de protéines et de débris cellulaires. La contraction des vaisseaux lymphatiques, les mouvements musculaires pendant l’exercice et la respiration profonde stimulent la circulation lymphatique.
Plusieurs ensembles de ganglions lymphatiques évacuent la lymphe de chaque sein. Ils sont principalement localisés :
Au niveau supra claviculaire (ganglions sus-claviculaires) et sous claviculaire (ganglions sous-claviculaires ou infra-claviculaires).
A l’intérieur du thorax, autour du sternum (ganglions mammaires internes). Au niveau de l’aisselle (ganglions axillaires). La plupart des cancers du sein se manifestent dans cette région du fait qu’elle contienne beaucoup de tissu glandulaire.
Les ganglions axillaires sont répartis en 3 niveaux selon leur proximité au muscle grand pectoral : inférieure, centrale et supérieure.

Qu’est-ce qu’un lymphœdème ?

Le lymphœdème, ou œdème lymphatique, est une maladie chronique évolutive. Il correspond à un gonflement d’une partie du corps causé par l’accumulation anormale de liquide lymphatique à forte teneur protéique dans les tissus corporels. Il peut survenir suite à un dysfonctionnement du système lymphatique qui devient incapable de drainer les grosses molécules, formant ainsi des œdèmes riches en protéines. Il en découle alors un ralentissement voire un blocage de la circulation lymphatique conduisant à une augmentation du volume d’un ou de plusieurs membres. Si le lymphœdème s’installe, son évolution vers la fibrose fera de lui une pathologie irréversible. Il existe deux types de lymphœdème :
Le lymphœdème primaire fait partie des maladies rares. Il résulte d’une malformation constitutionnelle du système lymphatique qui ne s’est pas développé normalement. Il peut apparaître à tout moment de la vie, sans cause connue.
Le lymphœdème secondaire, plus fréquent, peut survenir de trois façons différentes : par obstruction du système lymphatique pouvant être soit exogène (tumeur, kyste) soit endogène (filariose) ,par insuffisance fonctionnelle, par destruction des vaisseaux ou des ganglions lymphatiques.
Dans cette revue, nous traiterons uniquement du lymphœdème secondaire par destruction des ganglions lymphatiques. Ce dernier survient lorsque le système lymphatique est endommagé suite à un traumatisme, une intervention chirurgicale ou un traitement réalisé.
Concernant le cancer du sein, le lymphœdème peut apparaître à la suite d’un curage ganglionnaire, d’une ablation du ganglion sentinelle ou encore de la radiothérapie axillaire. En effet, ces interventions perturbent la circulation de la lymphe au niveau des aisselles ou des clavicules y entrainant ainsi son accumulation.
Le risque d’apparition d’un lymphœdème secondaire à un cancer du sein augmente avec le nombre de ganglions retirés et le type de chirurgie pratiquée au niveau du creux axillaire. Le lymphœdème des membres supérieurs survient dans 24 à 49 % des cas lors d’une mastectomie totale et dans 2,4 à 49 % des cas lors d’un curage ganglionnaire axillaire.
Les patientes ayant subi une dissection du ganglion axillaire ont un risque 4 fois plus élevé de développer un lymphœdème que celles ayant eu une biopsie du ganglion sentinelle.
Aujourd’hui, le risque de lymphœdème est moins fréquent en raison des progrès de la chirurgie et de la radiothérapie qui permettent un traitement moins agressif au niveau de l’aisselle.
Le surpoids ou l’obésité et la diminution du niveau d’activité physique peuvent également être considérés comme des facteurs de risque d’apparition d’un lymphœdème.
Un lymphœdème secondaire à un cancer du sein survient généralement au niveau des membres supérieurs mais il peut également toucher une partie plus localisée du membre (bras, avant-bras, main, doigt) ou alors atteindre d’autres parties du corps comme la paroi thoracique, la région scapulaire ou le sein.

Les traitements du lymphœdème

Le lymphœdème est une pathologie chronique dont les symptômes peuvent être diminués, mais qui ne peut pas être totalement guérie. Il n’y a pas, à ce jour, de traitement curatif connu du lymphœdème secondaire au cancer du sein.
Cependant, différents traitements symptomatiques existent et ont comme objectif commun d’augmenter la circulation lymphatique, réduire au maximum le volume de l’œdème, restaurer la fonction et l’esthétique du membre affecté et limiter les complications de la défaillance du système lymphatique. Ces complications sont majoritairement des infections récurrentestelles que la lymphangite, la cellulite et l’érysipèle. Ce dernier étant le plus fréquent touchant près de 20 à 40% des lymphœdèmes.
Ces traitements peuvent être physiques, pharmacologiques ou chirurgicaux. En général, la prise en charge du lymphœdème implique une association de l’ensemble d’entre eux.
Le traitement physique utilisé dans la prise en charge du lymphœdème repose sur différentes thérapeutiques recommandées par la HAS qui sont : Le drainage lymphatique manuel, La compression médicale, La pressothérapie pneumatique, Les exercices physiques, La thérapie décongestive complexe (TDC).
La thérapie décongestive complexe est aujourd’hui reconnue comme le traitement de référence du lymphœdème. La prise en charge optimale de ce dernier se déroule en deux phases distinctes : Une phase dite « intensive », de deux à quatre semaines, destinée à réduire au maximum le volume du lymphœdème (de 30 à 60%). Elle associe quotidiennement du drainage lymphatique manuel effectué par un masseur-kinésithérapeute ayant reçu une formation spécifique, des bandages compressifs multicouches peu élastiques, des exercices de mobilité sous bandages et des soins d’hygiène de la peau.
Une seconde phase dite de « maintien » ou « d’entretien » qui vise à conserver et à maintenir la réduction volumétrique de l’œdème obtenue pendant la phase précédente. Elle repose essentiellement sur du drainage lymphatique simple, le port quotidien de vêtements de compression, des exercices de mobilité et des soins de la peau.

Table des matières

1 Introduction
1.1 Le cancer du sein
1.1.1 Anatomie du sein
1.1.2 Origine et description de la pathologie
1.1.3 Les différents types de cancer du sein
1.1.4 Les facteurs de risque
1.1.5 Les symptômes
1.1.6 Les stades et grades du cancer
1.1.7 Les traitements
1.2 Le lymphœdème 
1.2.1 Rôle et fonctionnement du système lymphatique
1.2.2 Qu’est-ce qu’un lymphœdème ?
1.2.3 Diagnostic et classification
1.2.4 Les traitements du lymphœdème
1.3 Le kinésio tape
1.3.1 Description de ce nouveau concept
1.3.2 Composition et mécanisme physiologique
1.3.3 Rôles et effets physiologiques
1.3.4 Mode d’application
Hypothèse théorique 
Intérêt de cette revue de littérature
Objectifs P.I.C.O 
2 Méthode 
2.1 Critères d’éligibilité des études
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.3 Méthode d’extraction et d’analyse des données
3 Résultats
3.1 Description des études
3.1.1 Diagramme de flux
3.1.2 Tableau présentant les études exclues après lecture complète
3.1.3 Tableau présentant les études incluses
3.2 Risques de biais des études incluses
3.2.1 Grille d’analyse utilisée
3.2.2 Synthèse des biais retrouvés
3.3 Effets de l’intervention sur les critères de jugement
3.3.1 Effets sur le critère de jugement principal
3.3.2 Effets sur les critères de jugement secondaires
4 Discussion
4.1 Analyse des résultats principaux
4.2 Analyse des résultats secondaires
4.3 Applicabilité des résultats en pratique clinique 
4.4 Qualité des preuves 
4.5 Biais potentiels de la revue de littérature
4.6 Limites de la revue
5 Conclusion
5.1 Implication pour la pratique clinique
5.2 Implication pour la recherche
6 Bibliographie 

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