Structure des peuplements des poissons

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Composition spécifique

Au total vingt-huit (28) espèces de poisson réparties dans quinze (15) familles ont été inventoriées dans l’AMP pour l’ensemble des deux campagnes de pêches (Tableau III).
La famille des Mugilidae reste la plus représentée avec six (6) espèces. Ensuite suivent les Cichlidae et les Sciaenidae avec trois (3) espèces chacune, puis les familles des Ariidae, des Carangidae, des Clupeidae et des Soleidae avec deux (2) espèces chacune. Toutes les autres familles sont représentées chacune par une seule espèce (Tableau III).

Structure des peuplements des poissons

Abondance et biomasse relatives

 Abondance relative
Les espèces les plus abondantes sont : Sarotherodon melanotheron (73%), Parachelon grandisquamis (20%), Coptodon guineensis (7%). Les autres espèces représentent chacune moins de 7% de l’effectif total pour l’ensemble des deux campagnes de pêche (Figure 4).
 Biomasse relative
Les espèces dominantes en biomasse sont : Sarotherodon melanotheron (60%), Parachelon grandisquamis (27%) et Coptodon guineensis (13%). Les autres espèces représentent chacune moins de 13% de la biomasse totale pour l’ensemble des deux campagnes. (Figure 5).
La répartition des catégories écologiques a été décrite en fonction de la richesse spécifique, de l’abondance et de la biomasse.

Répartition de la richesse spécifique par catégorie écologique

Dans l’AMP de Niamone-Kalounayes, six (6) catégories écologiques définies par Albaret, (1999) sont répertoriées.
Les formes dominantes sont les Estuariennes d’origine marine (Em) et les Marines estuariennes (ME) qui représentent chacune 35,71% de la richesse spécifique. Ensuite il y a les Estuariennes strictes (Es) et les Marines accessoires (Ma) avec 10,71% des espèces chacune. Enfin les Marines occasionnelles (Mo) et les Estuariennes d’origine continentale (Ec) représentant chacune 3,57% de la richesse spécifique (Figure 6).

Répartition de l’abondance par catégorie écologique

Pour l’abondance, les Estuariennes strictes (Es) dominent le peuplement avec 67,52%. Les Estuariennes d’origine marine (Em), les Marines estuariennes (ME) et les Estuariennes d’origine continentale (Ec) représentent respectivement 23,83%, 5,8% et 1,96%. Les Marines accessoires (Ma) et les Marines occasionnelles (Mo) viennent en dernière position avec respectivement 0,70 et 0,10% (Figure 7).

Répartition de la biomasse par catégorie écologique

En termes de biomasse, les espèces Estuariennes strictes (Es), Estuariennes d’origine marine (Em) et Marines estuariennes (ME) sont plus représentées avec respectivement 47,03%, 33,10% et 15,48% de la biomasse totale. Les Estuariennes d’origine continentale, les Marines accessoires et les Marines occasionnelles représentent respectivement 2,71%, 1,26% et 0,40% (Figure 8).

Etude des catégories trophiques

Répartition de la richesse spécifique par catégorie trophique

Le peuplement de poissons est réparti dans sept (7) catégories trophiques. Les catégories p2-ge, les he-de, et les p1-bt sont les plus représentées avec respectivement 33,33%, 25,92% et 14,81% des espèces. Ensuite viennent les he-ph, les p1-mc, et p2-pi représentant chacune 7,40% et enfin les p1-zo avec 3,70%. Il est aussi important de préciser que les catégories p2-ge et he-de se distinguent nettement par rapport aux autres moins importantes (Figure 9).

Répartition de l’abondance par catégorie trophique

Les herbivores à prédominance phytoplanctophage ou microphage (he-ph) et détritivores ou brouteurs (he-de) sont plus abondants dans l’AMP, représentant respectivement 60,91% et 25,69%. Ensuite viennent les prédateurs de deuxième niveau généraliste (p2-ge), les prédateurs de premier niveau à prédominance benthophage (p1-bt), et les prédateurs de deuxième niveau à prédominance piscivore (p2-pi) qui représentent respectivement 8,26%, 1,46% et 1,25%. Les catégories restantes (p1-mc et p1-zo) représentent chacune moins de 1% de l’abondance totale (Figure 10).

Répartition de la biomasse par catégorie trophique

La biomasse est essentiellement dominée par les espèces des catégories he-ph et he-de représentant respectivement 39,83 et 34,31%. Ensuite elles sont suivies des p2-ge, p1-bt et p2-pi avec respectivement 13,44%, 6,80%, et 4,88%. Les p1-mc et p1-zo représentent chacune moins de 1% de la biomasse totale (Figure 11).

Indices Synthétiques

La richesse spécifique (S) pour l’ensemble des deux campagnes de pêche est de 28 espèces. La valeur moyenne de l’indice de Shannon Weaver (H’) est égale à 3,6. L’indice d’équitabilité de Piélou (J) est égal à 0,75.

Structures en taille

La figure 12 montre une certaine hétérogénéité de la répartition des tailles dans l’ensemble des deux campagnes de pêches expérimentales. Les espèces les plus abondantes sont celles dont la longueur totale est comprise entre 7 et 27cm avec plus de 90%. Les tailles dominantes dans l’ensemble des deux campagnes sont comprises entre 12 et 18 cm et correspondent aux espèces: Hemichromis fasciatus, Ilisha africana, Coptodon guineensis, Eucinostomus melanopterus, Citharichthys stampflii et Sarotherodon melanotheron. La plus grande taille est observée chez Dasyatis margarita avec 54 cm. La plus petite taille correspond à Monodactylus sebae avec 7 cm (Figure 12).

Répartition spatiale des peuplements de poissons

Répartition spatiale par abondance

Le tableau de la distribution des variances suggère de retenir les deux premiers axes qui expliquent 62,15 % de l’inertie totale (Tableau III).
La projection des points moyens sur les axes met en évidence trois groupes caractéristiques de peuplement différent. Le premier groupe, projeté à gauche de l’axe 1 est représenté par la station de Tobor débarcadère. Dans ce groupe la famille des Cichlidae (Hemichromis fasciatus) reste la plus abondante. Le deuxième groupe au centre des deux axes regroupe l’ensemble des autres espèces rencontrées à l’exception de la famille des Carangidae (Caranx senegallus) caractérisant le troisième groupe. Ce dernier se projette en aval de l’axe 2 et concerne la station du pont de coubalan (Figure 13).

Répartition spatiale par catégorie écologique

Le tableau de la distribution des variances suggère de retenir les deux premiers axes qui expliquent 80,03% de l’inertie totale (Tableau IV).
L’analyse factorielle par correspondance de la répartition des catégories écologiques par station met en évidence deux groupes caractéristiques représentants deux peuplements différents.
Au centre des deux axes se regroupent les stations de : Goumel, ile aux oiseaux, Fleuve (entré tobor), Boudody, Tobor (sanécounda), Pont Coubalan, Bolong Coubalan et Bolong Finthiock. Dans ce groupe, sont représentées la pus part des catégories écologiques à l’exception des espèces estuariennes d’origine continentale. Ces espèces (Ec) sont majoritairement représentées dans la station de tobor débarcadère projetée en aval de l’axe 1.
Tableau V: Distribution des variances de l’AFC pour la répartition des catégories écologiques par station

Répartition spatiale par catégorie trophique

Le tableau de la distribution des variances suggère de retenir les deux premiers axes qui expliquent 65,60% de l’inertie totale (Tableau V).
L’AFC des catégories trophiques par station montre quatre (4) grands groupes caractéristiques. Projeté en amont de l’axe 2, le premier groupe représenté par la station de boudody reste dominé par les p1-zo. Trois stations constituent le deuxième groupe projeté en amont de l’axe 1 : Goumel, le bolong de coubalan et le bolong de Finthiock. Dans ce groupe, sont représentées les p1-mc et les he-ph. Le troisième groupe est projeté en amont de l’axe 1 mais aussi en aval de l’axe 2. Il regroupe les stations telles que : l’ile aux oiseaux, le fleuve entré tobor et tobor débarcadère. Deux catégories trophiques dont les p2-ge et les p1-bt y sont plus représentées. Enfin le quatrième groupe projeté en aval de l’axe 2 avec les stations de tobor sanécounda et du pont de coubalan. Dans ce groupe sont présent les p2-pi et les he-de.
Tableau VI : Distribution des variances de l’AFC pour la répartition des catégories trophiques par station

DISCUSSION

Le nombre d’espèces inventorié est faible comparé à ceux observés dans l’estuaire de la Casamance par Albaret (1987) avec 85 espèces réparties dans 44 familles. Au total, 28 espèces de poissons réparties dans 15 familles ont été inventoriées sur l’ensemble des deux campagnes. Toutes les 28 espèces inventoriées dans cette présente étude figurent parmi les 85 espèces rencontrées par Albaret (1987) dans l’estuaire de la Casamance. Par contre, 57 espèces signalées par Albaret (1987) n’ont pas été rencontrées dans cette étude. La richesse spécifique de l’AMP de Niamone-Kalounayes est moins importante que celle observée dans les AMPs du Bamboung et de Sangomar dans le Sine-Saloum. Ecoutin et al. (2012) ont inventorié 57 espèces de poissons dans l’AMP du Bamboung pendant la période de 2008 à 2010. Au total 61 espèces ont été inventoriées dans l’AMP de Sangomar à l’issue de deux campagnes de pêches expérimentales (Mavouroulou, 2016).
Bien entendu, cet inventaire de l’ichtyofaune est incomplet car réalisé avec une seule technique d’échantillonnage (la senne de plage) qui, bien que performante, ne permet pas d’atteindre certaines espèces, en particulier celles qui sont strictement inféodées à la mangrove et aux zones profondes. D’autres facteurs peuvent également expliquer ce faible résultat par exemple le type d’habitat mais également l’effort de pêche qui peut être très important dans la zone.
Dans l’ensemble, trois espèces dominent le peuplement de poissons avec 82,97% de l’effectif total pour une biomasse 64,65%. Ces espèces sont représentées par Sarotherodon melanotheron, Parachelon grandisquamis et Coptodon guineensis avec respectivement 60,89%, 16,20% et 5,88% de l’effectif total. Les travaux de Albaret (1987) dans cette partie de la Casamance montrent une forte abondance de Ethmalosa fimbriata, Sarotherodon melanotheron, Parachelon grandisquamis et Coptodon guineensis.
Les résultats de Mavouroulou (2016) indiquent que les quatre espèces dominantes dans l’AMP de Sangomar sont Sardinella maderensis, Ethmalosa fimbriata, Gerres nigri et Brachydeuterus auritus. Ces quatre espèces représentent à elles seules 87,3% de l’abondance totale pour une biomasse de 89,2%.
Les travaux réalisés par Albaret et al. (2004) dans l’estuaire de la Gambie montrent également une biomasse dominée respectivement par Pseudotolithus elongatus, Ethmalosa fimbriata et Ilisha africana. Dans l’AMP de Bamboung, Ecoutin et al. (2014) ont montré une biomasse dominée par Ethmalosa fimbriata. Six catégories écologiques parmi les huit définies par Albaret (1999) sont présentes dans le peuplement (Em, ME, Es, Ma, Mo, et Ec).
La composante marine (Em, ME, Ma, Mo) représente 86,5% de l’ensemble des différentes catégories écologiques présentes. Bien que relativement assez bien représentées (3 espèces), les Ma sont rarement enregistrées et numériquement faibles. Le groupe des Em reste particulièrement diversifié (10 espèces) de même que celui des ME. Par contre, le groupe des Mo reste le plus faiblement représenté avec une seule espèce (Gymnura micrura). Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Mavouroulou (2016) dans l’AMP de sangomar (estuaire du Sine Saloum). La seule exception concerne les espèces à affinité continentales dont l’absence confirme la prédominance de l’influence marine dans l’estuaire du Sine Saloum. Les peuplements dominants dans l’AMP de Sangomar sont : les ME avec 26,2%, les Mo avec 24,6%, les Em avec 21,3% et les Ma avec 16,4%. Les estuariennes strictes Es représentent 4,9% de la richesse totale (Mavouroulou, 2016). Une seule espèce estuarienne d’origine continentale (Ec) a été enregistrée. Il s’agit de Hemichromis fasciatus. Ces résultats sont également similaires à ceux trouvés dans l’estuaire de la Gambie par Albaret et al. (2003) à l’exception des espèces continentales occasionnelles (Co). Le peuplement de l’AMP de Bamboung est majoritairement formé d’espèces de catégorie écologique Estuarienne d’origine marine (Em) et Marine Estuarienne (ME), (voire Marine accessoire, Ma) (Ecoutin et al., 2012).
Les études faites par Diouf (1996) et Albaret (1994), ont montré que l’Estuaire du Saloum est très ouvert sur l’océan. Cette ouverture du fait de sa faible pente lui donne un aspect de plus en plus salé de l’aval vers l’amont ce qui explique l’absence des espèces à affinité continentale.
L’étude des structures trophiques du peuplement met en évidence la présence de sept catégories. Les espèces dominantes sont les prédateurs de deuxième niveau (p2-ge), les herbivores détritivores (he-de) et les prédateurs de premier niveau à prédominance benthophage (p1-bt) avec respectivement 33,33%, 25,92% et 14,81% des espèces. Par contre, l’abondance et la biomasse restent dominées par les phytoplanctophage ou microphages (he-ph) et les détritivores (he-de). En revanche, dans l’AMP de Sangomar, on assiste à une dominance des zooplanctophages (p1-zo) aussi bien en abondance qu’en biomasse (Mavouroulou, 2016).
Les résultats de Seret (1982 ; 1983) dans le Sine Saloum et Page (1984) sur la Gambie, deux estuaires voisins de la Casamance, montrent une plus grande ressemblance entre l’ichtyofaune de la Casamance et du Saloum. Ils présentent tous les deux une évolution hydrologique semblable, surtout du point de vue de la salinité (Page, 1984). En effet toutes les espèces répertoriées par Seret (1982 ; 1983a ; 1983b) dans le Sine-Saloum sont présentes en Casamance. Par contre, un grand nombre de zooplanctophages présents en Gambie, dans les zones à sa1inité relativement faible, n’ont pas été capturées en Casamance (Page, 1984).
Selon Albaret, (1987), les espèces capables de se maintenir en amont du fleuve Casamance sont pratiquement toutes des utilisatrices directes de la production primaire. Le Coptodon, l’ethmalose, et les mulets sont phytophages essentiellement et souvent détritivores. Ils se distinguent par leur opportunisme alimentaire (Fagad, 1971). Dans cette partie amont où le réseau trophique se simplifie à l’extrême, Elops lacerta reste l’unique prédateur (Albaret, 1987). La survie et la prolifération des espèces y sont directement dépendantes de la disponibilité de ressources alimentaires abondantes et en particulier d’une forte production primaire (Albaret, 1987). Le Reste et al. (1986) ont mis en évidence la productivité de la partie amont du fleuve Casamance et la présence d’une biomasse phytoplanctonique élevée. Cette biomasse, généralement constituée en grande partie de cyanophycées, reste utilisable par S. melanotheron et L. falcipinnis. Ces espèces figurent parmi les rares à pouvoir les assimiler grâce à un pH gastrique très faible facilitant la lyse cellulaire et la digestion (Payne, 1978). La partie amont de la Casamance est donc une région où l’environnement aquatique est à la fois fortement instable et très rigoureux (Albaret, 1987). Les réserves trophiques disponibles sont (au moins momentanément) fort abondantes pour certaines espèces. C’est une région où la prédation est réduite et la compétition interspécifique est faible (Albaret, 1987). Bien que représentés par un nombre relativement faible d’espèces, les filtreurs opportunistes comme Ethmalosa fimbriata sont susceptibles de se nourrir de phytoplancton, ou zooplancton en fonction du milieu (Roberts et al., 2005). Elles constituent fréquemment l’essentiel de la biomasse de poissons des milieux estuariens lacustres (MEL) d’Afrique de l’Ouest (Albaret, 1994). Les chaînes trophiques dans ces MEL se caractérisent donc par la diversité des producteurs primaires qui assurent une production abondante toute l’année (Diouf, 1996).

Table des matières

1 INTRODUCTION
2 MATERIEL ET METHODES
2.1 Présentation de la zone d’étude
2.2 Méthodes
2.2.1 Période d’échantillonnage
2.2.2 Sites d’échantillonnage
2.2.3 Protocole d’échantillonnage
2.2.4 Paramètres biologiques
2.3 Traitement et analyse des données
2.3.1 Indices Synthétiques
2.3.2 Abondance et biomasse relatives
2.3.3 Catégories écologiques
2.3.4 Catégorie trophiques
2.3.5 Structures en taille
2.3.6 Répartition spatiale des espèces
3 RESULTATS
3.1 Composition spécifique
3.2 Structure des peuplements des poissons
3.2.1 Abondance et biomasse relatives
3.2.2 Etude des catégories écologiques
3.2.2.1 Répartition de la richesse spécifique par catégorie écologique
3.2.2.2 Répartition de l’abondance par catégorie écologique
3.2.2.3 Répartition de la biomasse par catégorie écologique
3.2.3 Etude des catégories trophiques
3.2.3.1 Répartition de la richesse spécifique par catégorie trophique
3.2.3.2 Répartition de l’abondance par catégorie trophique
3.2.3.3 Répartition de la biomasse par catégorie trophique
3.2.4 Indices Synthétiques
3.2.5 Structures en taille
3.2.6 Répartition spatiale des peuplements de poissons
3.2.6.1 Répartition spatiale par abondance
3.2.6.2 Répartition spatiale par catégorie écologique
3.2.6.3 Répartition spatiale par catégorie trophique
4 DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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