Système des anciennes unités de mesures à Madagascar

Télécharger le fichier original (Mémoire de fin d’études)

DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

L’estimation et mesure de surface du sol à Madagascar reste dans le concept des mesures traditionnelles : un savoir-faire qui s’est perpétué de génération en génération. A la différence, le système métrique jugé légale prend une difficulté pour se mettre en place dans les pratiques agricoles à Madagascar surtout dans le domaine d’agriculture et plusieurs paramètres sont mis en jeu. D’où la partie de discussion et de recommandation suivante évoquera l’analyse sur les unités traditionnelles de mesures, les problèmes rencontrés sur l’installation du système métrique, ainsi que les perspectives pour instaurer ce dernier système.

Analyse sur les unités traditionnelles de mesure

De jour en jour et progressivement l’intelligence humaine s’ingénie à passer d’une estimation à une précision. Dès lors la persistance sur l’utilisation des unités traditionnelles de mesure inclut les paramètres temps et espace qui pourront induire une variabilité. Mais selon ces caractéristiques des unités traditionnelles de mesure, cette variation ne se révèle pas essentiellement en unités de superficies utilisées par les paysans Malgaches : elle ne se confirme qu’aux d’autres unités comme en mesure des longueurs, des profondeurs, des capacités. Assurément les paysans Malgaches continuent d’utiliser la méthode d’estimation de mesure en surface par attachement à des savoirs faires anciens qu’ils ont hérités. Du coup ces autres unités citées ci-dessus sont liés directement au commerce tandis qu’à celle de la surface, les unités traditionnelles utilisées ne sont appropriées que pour l’entente entre les paysans Malgaches.
L’estimation de mesure se fait par l’usage des unités de pratique agricole conformément aux travaux effectués. Généralement sur le terrain les agriculteurs utilisent l’unité à base de repiquage : Ketsam-bavy10. En effet les travaux effectués par les femmes sont fréquemment invariables, synchrones et cohérentes. Pour plus de précision, après tout travail du sol surtout que le planage est ainsi réalisé, l’homogénéité des terres à repiquer implique que moindre sont les conditions qui peuvent influencer l’écart de variation d’une femme à une autre en terme de « tâche effectuée » : la quantité et la qualité du travail sont approximativement les mêmes. Mais s’ajoute à cela les travaux spécifiques aux hommes, surtout le « labour » ou Asan-dahy11, peuvent varier selon le type de travail du sol ou même le type du sol lui-même et qu’ensuite les performances peuvent également fluctuer. Le travail de repiquage est limité en temps précis pour ne pas vouer à l’échec de la transplantation des plants tandis que le travail de labour n’est pas effectivement conditionné en temps et le mode de travail n’est pas synchrone.
Plus précisément, les paysans Malgaches cadrent leurs estimations de mesures en usage de l’unité exprimée en surface repiquée ou Ketsan-dray. Étant donné que le Ketsan-dray représente une unité, alors elle change selon le nombre de main d’œuvre nécessaire pour une surface donnée (Par exemple : le Ketsan’enina qui est souvent destiné pour le repiquage d’une surface de rizière d’environ 12.12 ares si l’unité Ketsan-dray est fixé pour une superficie de 2.02 ares). Mais bien que communément les paysans utilisent cette unité comme étant la base d’estimation de superficie, ils ne peuvent point se passer des autres unités liées à des opérations culturales spécifiques incluant les Asan-dahy, Ava, et le Jinja. En tenant compte de ces dernières, les paysans se permettent d’estimer les nombres en main d’œuvres qu’ils nécessiteront pour une culture de riz en une surface de terre quelconque : ils considèrent chaque opération culturale ramenée en nombre de travailleur comme unité et bien que par salariat ou par une entraide les unités ont des valeurs en superficie qui sont en fonction de la productivité du travail considérée par tâche. Dès lors ces nombres en main d’œuvre exprimés par les unités propres aux autres opérations culturales sont proportionnels à la surface de terre cultivée.
Suivant les itinéraires techniques en riziculture, à chaque opération correspond une unité de mesure spécifique pour les paysans Malgaches. Du fait que les travaux agricoles se répartissent en activités propres aux hommes et aux femmes, les unités utilisées par ces paysans en sont liées. Etant donné que pour les hommes les travaux de préparation de parcelle, le labour, le sarclage (angady ou sarcleuse), la récolte (faucille ou l’angady) ; pour les femmes le semis, le repiquage, le sarclage manuel, la récolte manuelle : des unités de superficies équivalentes aux quantités de travaux ramenées en nombre d’unité par chaque pratique se sont appréhendées et sont marquées par les suffixe « -ray », « -roa », etc. De ce fait, l’hypothèse 1 stipulant que « les mesures de surfaces rizicoles varient selon les opérations culturales » est vérifiée. Liées à la pratique, les unités de mesures s’adaptent aux conditions de milieu et aux techniques usagées :

Repiquage en foule/ sarclage

Le repiquage en foule étant une méthode qui consiste à repiquer en tous sens a l’avantage d’être très rapide et ne nécessite pas un travail en groupe synchronisé comme le repiquage en ligne (Rajaobelina, 1993). Dès lors concernant les travaux spécifiques aux femmes, vu que ce système est avantageux en vitesse d’avancement, une large surface du sol peut être repiquée par une seule femme. Mais en vue des inconvénients majeurs qui sont : l’impossibilité d’utiliser la houe rotative, une densité de peuplement peu maîtrisée et des déplacements moins aisés à l’intérieur du champ, le sarclage demande ainsi plus de temps ainsi que de travaux. En effet l’élimination des mauvaises herbes dans le champ se fait par la main. Par contre généralement en ce type de système, le sarclage ne se fait qu’une seule fois (Rajaobelina, 1993).

Repiquage en ligne/ le sarclage

Son adoption nécessite l’utilisation d’une corde et d’une règle graduée en fonction des espacements désirés. En plus d’être un travail lent vu qu’il exige beaucoup plus de temps il demande une action minutieuse, alors les surfaces repiquées par les femmes en optant le SRM sont moins que celles qui sont repiquées en SRT. Ce type de repiquage offre la possibilité d’utiliser une sarcleuse (Rajaobelina, 1993).
En terme d’unité donc, selon une estimation : la surface repiquée en moyenne par une femme en SRM qui est représenté par le Ketsan-dray égale à 2,02 ares, est inférieur à la surface repiquée en moyenne par une femme en SRT qui est représenté par le Ketsan-dray égale à 2,59 ares. En ce qui concerne le sarclage, d’après les résultats, l’unité Avan-dray de 3,30 ares en SRT face à Avan-dray de 0,76 ares du système moderne est en opposition du fait que la surface sarclée en ce dernier système devrait être beaucoup plus car le repiquage en ligne offre la possibilité d’utiliser la houe rotative pour le sarclage et permet de maîtriser la densité de peuplement. Mais à bien y analyser, cette inversion s’explique par l’usage de l’outil sarcleuse qui doit être suivi d’un arrachage des mauvaises herbes manuel sur la ligne : cela requiert beaucoup de temps. En outre, le sarclage en SRM se fait 2 fois : le premier sarclage qui aura lieu après 20 jours du repiquage n’utilise qu’une sarcleuse, mais le deuxième sarclage, 20 jours après le premier sarclage nécessite à la fois la sarcleuse et suivi d’un arrachage à la main (Ongon-tanana). Donc en SRT un paysan peut sarcler 3 fois de superficie dans le même temps nécessaire à 2 paysans pour faire un désherbage manuel.

Table des matières

INTRODUCTION
Partie 1 : MATERIELS ET METHODES
1. Revue bibliographique
2. Travaux d’enquêtes
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.2. Collecte de données
2.3. Analyses des données
2.4. Limite de la méthodologie
Partie 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
1. Systèmes de mesures internationaux
1.1. Système métrique
2. Système des anciennes unités de mesures à Madagascar
2.1. Signification et cohérence des unités de la pratique
2.2. Caractéristiques des unités traditionnelles de mesures
2.2.1. Usages des unités traditionnelles en milieu rural
2.2.2. Variabilité des unités traditionnelles de mesures
3. Méthode d’estimation sur deux types de système de riziculture à Madagascar
3.1. Cas de la synthèse bibliographique : Méthode d’estimation et mesure de surface agraire en Système de Riziculture Traditionnel (SRT)
3.2. Cas des enquêtes sur terrain : Méthode d’estimation et mesure de surface agraire en Système de Riziculture Modernisé (SRM)
Partie 3. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Analyse sur les unités traditionnelles de mesure
2. Problèmes sur l’installation du système métrique
3. Perspective pour instaurer le système métrique
CONCLUSION
Références bibliographiques et webographiques
ANNEXE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *