TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PAYSANS POSITIVEMENT DEVIANTS

TRAJECTOIRE DE RESILIENCE DES PPD

Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 

Le riz revêt d’une importance stratégique et capitale dans la politique publique de Madagascar. Les dirigeants successifs en étaient conscients et l’ont par conséquent intégré dans leur politique de gouvernance afin d’asseoir leur pouvoir et leur notoriété. En effet, le premier régime post colonial a prôné « la politique du ventre », la deuxième république, sous l’impulsion du Livre Rouge et le socialisme, a ciblé l’autosuffisance en riz pour l’année 1990. La dernière ère de la troisième république, à travers sa politique de révolution verte, a mis dans sa ligne de mire encore et toujours cette fameuse autosuffisance en riz. La production rizicole constituait l’intérêt principal du développement rural à l’image de l’Opération du Développement Rural qui s’est transformée en Opération de Développement Rizicole puis en Observatoire Du Riz. En outre, les techniques améliorées de production rizicole prometteuses telles que le SRI, le SRA et le PAPRIZ ont fait le cheval de batail de la vulgarisation pendant des années. Malgré tout, le Pays reste tributaire de riz importé pour assurer l’alimentation de sa population. Delà découle la problématique de recherche pour cette partie : tant d’efforts pour atteindre l’autonomie en riz mais peu de progrès tangible et pérenne dans la réalité quotidienne. Particulièrement à Moramanga, cette autonomie en riz est passée de 06 mois à 09 mois voire 11 mois pour les paysans positivement déviants (PPD) grâce aux projets de sécurité alimentaire et de développement agricole. Dans la foulée, deux questions de recherche se posent : – quelles sont les priorités post projet des PPD dans la gestion de leur exploitation ? – comment se comporte l’autonomie en riz des exploitations agricoles pendant et après les projets d’appuis ? – comment les exploitations des PPD se projettent-elles dans le temps ? L’objectif principal de cette partie est de comprendre le modèle de trajectoire de résilience des PPD. Les objectifs spécifiques sont : – de définir l’ordre de priorités de gestion des petites exploitations agricoles, – de connaître l’influence de la priorité paysanne sur sa sécurité alimentaire et – d’avoir une idée prospective sur la tendance paysanne en matière d’autonomie en riz. Les hypothèses de recherche sont (i) l’orientation des PPD est dictée par des logiques stratégiques, (ii) la capabilité des PPD se différencie après les projets d’appui et (iii) il y a une trajectoire de résilience. Les résultats attendus de la partie sont : – les priorités de résilience des PPD et leur importance dans l’autonomie en riz, – les différents types de capabilité des PPD, – le modèle de trajectoire de résilience des PPD. Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 118 Seront ainsi exposés progressivement les matériels et méthodes spécifiques utilisés, les résultats des études sur la priorité de résilience des PPD et la différenciation de leur autonomie en riz dans le temps. Les discussions relatives à la trajectoire de résilience des PPD et leur différenciation termineront la partie. 4.1 Matériels et méthodes Tel que mentionné dans l’introduction, cette partie est consacrée à l’étude de la résilience des PPD. La démarche comprenait deux étapes. En premier lieu était étudiée la priorité de gestion des exploitations des PPD selon les données de l’enquête. Puis en second lieu était étudiée en profondeur la capabilité et la stratégie de résilience des PPD à travers les différentes variables de capabilité afin d’aboutir à la trajectoire de résilience des PPD.

La variable de la priorité de gestion des exploitations des PPD

Les PPD ont leur propre constat sur l’évolution de leur sécurité alimentaire depuis la fin des projets. Lors de l’enquête, il leur a été demandé quelle est d’après eux la cause de l’évolution, tantôt négative tantôt positive, de leur situation alimentaire. Les causes de la sécurité alimentaire ainsi évoquées sont à l’origine de la motivation et de l’orientation de l’exploitation des PPD ; elles dessinent en grande partie leur perception et par la suite leur trajectoire de résilience dans le but de parvenir à une meilleure stabilité et un équilibre convenable. Ces causes et priorités étaient regroupées pour constituer ainsi les variables conjoncturelles indiquant la priorité des PPD, autrement dit leur orientation.

L’autonomie en riz

L’autonomie en riz des exploitations agricoles est la durée en mois pendant laquelle le ménage du PPD n’utilise que sa production en riz pour son alimentation principale. C’est la durée de son autosuffisance en riz où il ne s’approvisionne pas en riz de l’extérieur du ménage. La variable autosuffisance en riz du ménage a été retenue par les projets de sécurité alimentaire pour mesurer la sécurité alimentaire des ménages ruraux (ADRA, 2008). Jauger la situation à travers cette variable, cinq ans après la fin des projets d’appuis, permet de faire un constat préliminaire de l’évolution des PPD dans le temps. Les scores de cette variable ont été recueillis pendant les enquêtes par questionnaire réalisées auprès des PPD. 

Les variables de la capabilité

La capabilité est définie comme la possibilité d’être et d’agir voire affronter les risques encourus (Lalau, 2011). C’est l’aptitude de concevoir des buts, des engagements et des valeurs. Ainsi les variables de la capabilité dans le cadre de cette étude sont celles relatives à Trajectoire de résilience des paysans positivement déviants 119 la capacité de l’exploitation agricole et celles qui indiquent ses possibilités. Ce sont notamment 1. La taille de l’exploitation 2. Le nombre de moyens de production acquis après le projet d’appui 3. Le nombre de mobiliers acquis après le projet d’appui 4. Le nombre de matériels motorisés acquis après le projet d’appui 5. Le nombre de bâtiments réhabilités ou construits après le projet d’appui 6. Le nombre de zébus acquis après le projet d’appui 7. Le nombre de revenu non agricole 8. L’acculturation agricole A noter que les variables « mobilier » et « zébus » permettent d’avoir une idée sur la condition et le niveau de vie des PPD. Un PPD qui a un meilleur score en mobilier veut dire qu’il a la possibilité d’une meilleure condition que ceux qui ont acquis moins de biens mobiliers. De même, le zébu est un signe de richesse : plus le cheptel est grand en effectif, plus le paysan est riche étant donné que l’élevage de bovins joue le rôle d’une banque rurale. L’objectif était de mener une étude holistique de la capabilité des exploitations agricoles des PPD afin de sortir le profil de leur capabilité respective.

Les analyses statistiques

Les études statistiques des données ont été réalisées moyennant l’ANOVA, la statistique descriptive, la CAH, les tests d’égalité d’échantillons indépendants et l’AFC. Les tableaux et les graphiques sont choisis selon le cas pour illustrer et mettre en exergue les résultats.  

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