UN MODELE ELARGI DE LA GESTION DES RISQUES

UN MODELE ELARGI DE LA GESTION DES RISQUES

L’introduction des incertitudes dans les évaluations que peuvent faire les acteurs des situations à risques, nous permet de mettre en exergue un continuum entre les différentes classes, que nous avions définies dans la première partie de ce chapitre. Les situations ne sont alors plus strictement définies, mais incertaines au moins quant à une part non négligeable des situations considérées. Des proximités ou des distances importantes peuvent être mises en lumière et une typologie de ces zones d’incertitude peut être élaborée. Ces zones d’incertitudes seront alors le lieu de modes de gestion particuliers, qui ont tous le point commun de découler d’une démarche de gestion des risques. Nous allons voir que s’intéresser aux situations mettant en scène des actions organisées permet de mettre en lumière des modes d’action et de représentations inédits dans les situations à risques (3.1). De cette analyse peut, enfin émerger une série de conditions à l’élaboration d’une nouvelle gestion des risques plus aptes à pallier la crise des représentations et les difficultés de l’action collective à gérer les situations d’incertitudes (3.2).

UNE REPRESENTATION ENRICHIE DE LA GESTION DES SITUATIONS D’INCERTITUDE

Nous avons mis en évidence précédemment l’existence d’incertitudes liées à la fois aux moyens d’action disponibles et à la relativité de la notion d’acceptabilité dans les situations à risques. Pour montrer les implications de ces incertitudes sur la gestion des risques, nous devons croiser ces deux grilles d’analyse des situations à risques de manière à faire apparaître dans une modélisation simple des modes d’action contingents relatifs à des situations à risques particulières. Nous allons voir tout d’abord que l’on peut définir 4 grands types de situations à risques (3.1.1). Nous situerons ensuite les zones d’incertitudes, que nous avons définies précédemment, comme autant d’interfaces entre ces types de situations. Ces zones posent problème dans des situations d’action collective (3.1.2).

UN MODELE ELARGI DE LA GESTION DES RISQUES DEUXIEME PARTIE : LES NOUVEAUX ENJEUX DU MANAGEMENT DES RISQUES

Quatre grands types de situations Nous avons vu précédemment que notre modèle initial pouvait être perturbé par l’introduction d’incertitudes de différents types dans les situations. Nous avons vu aussi que ce modèle ne permettait pas réellement de définir des modes d’actions particuliers correspondant à chacun des types de situations rencontrés en croisant l’acceptabilité de ces situations avec leur capacité à être gérées. Par ailleurs, nous avons vu que la précaution telle que les théories traditionnelles la définissent semblait conduire les acteurs à une impasse en terme d’action. Nous avons donc trouvé intéressant de faire apparaître dans le modèle précédent un continuum en ce qui concerne les deux dimensions considérées et de représenter les situations dans cet espace ainsi défini. Nous avions précédemment défini 4 zones qui correspondaient à 4 attitudes face aux risques. Ici, nous nous intéresserons aux interfaces entre ces zones et aux incertitudes que ces interactions peuvent engendrer. De là, nous tenterons de dégager une typologie des modes d’action en gestion des risques contingents aux types de situations à risques considérées. Intéressons nous tout d’abord aux zones que nous avons caractérisées dans la première partie de ce chapitre.Dans la zone 1, il n’existe aucun moyen d’action connu qui permettrait de changer la situation à risques considérée : la situation est ingérable. Par ailleurs, la situation est acceptable, car elle ne peut être refusée de part l’absence de moyen d’action recensé. On est typiquement dans le cas de ce que les anciens appelleraient un coup du sort ou de la nature. C’est la fatalité et la seule façon d’y faire face est de s’y soumettre et d’en admettre les conséquences. Ce sont les situations auxquelles fait référence Dupuy lorsqu’il envisage des situations qui laissent les acteurs « impuissants devant le risque » ((Dupuy, 2002) p 49). Il faut cependant bien distinguer les situations qui se trouvent dans cette zone de celles qui sont dans la zone 3. En effet, si l’on suit le cadre d’analyse de Romain Laufer (Laufer, 1993), ces situations se trouvent encore dans le cas où la science est à même de distinguer ce qui est relatif à la nature et ce qui est du fait des hommes, c’est à dire de la culture. Or, ces situations sont de plus en plus rares. En effet, rares sont les situations qui n’impliquent pas à un moment donné des actions humaines. Ainsi, les inondations catastrophiques de Vaison-la-Romaine sont à la fois la résultante d’un déchaînement de la nature et de sa combinaison avec la décision de construire des habitations en zone inondable. Le tremblement de terre de Kobe est à nouveau une manifestation particulièrement violente de la nature mais, il n’est rien sans son occurrence dans une zone urbaine fortement peuplée et aux constructions ne répondant pas aux normes parasismiques. L’émergence de la catastrophe est donc souvent liée à des actions menées par les hommes dans le temps au travers de la situation.

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