Le risque de change et la possibilité du change à terme en Algérie

Le risque de change et la possibilité du change à terme en Algérie

Comme tous les autres moyens ou instruments internes ou externes de la couverture des risques de change, le change à terme est l’instrument le plus utilisé à travers le monde, par sa simplicité de fonctionnement et de mise en place, c’est un instrument sûr de couverture du risque de change. Le change à terme peut prendre la forme d’achat ou de vente à terme des devises, c’est-à-dire il consiste à éliminer la position de change. Pour l’Algérie, l’existence d’un marché de change à terme va permettre à la l’entreprise de bien gérer l’exposition au risque de change inhérent à l’activité économique, de réduire l’incertitude liée aux flux en devises, de permettre à l’entreprise d’augmenter sa valeur à travers la maitrise des coûts et en plus d’améliorer ses liens contractuels avec ses clients et créanciers. Dans cette section, nous allons présenter la possibilité du change à terme en Algérie et son évolution, et ce compte tenu de la réglementation en vigueur. 

L’impact de l’absence d’outils de gestion du risque de change

L’entreprise algérienne doit prévoir les fluctuations des taux de change et de gérer le risque qui l’est inhérent par ses propres moyens ou par les moyens des banques ou autres institutions spécialisées, qui dotent des moyens humains et matériels suffisants et adéquats et qui ont développé divers instruments et techniques de couverture. Cette entreprise doit calculer correctement ses coûts de production, elle doit connaître à l’avance le coût de couverture du risque de change et l’intégrer aux coûts de la production. Avec ce coût, l’entreprise achète la «certitude» qui lui permet surtout de se concentrer sur son métier de production de biens et services. Aujourd’hui encore, les banques algériennes dans leur ensemble demandent à leurs clients de former une provision du risque de change PREG en dinar, pour couvrir leurs opérations de change dans le cadre des opérations du commerce extérieur. L’importateur algérien doit signer obligatoirement une attestation du risque de change par laquelle il dégage sa banque du risque de change éventuel. A cet effet, les banques algériennes exigent au préalable de leurs clients importateurs de constituer une PREG (provision reçue en garantie) pouvant atteindre 110% du montant du contrat. Les banques n’ont pratiquement aucun risque sur les opérations de change puisque la perte de change est Le risque de change et la possibilité du change à terme en Algérie Chapitre IV : La couverture des risques de change pour les opérateurs économiques algériens. 224 complètement assumée par leurs clients importateurs. Pour nos entreprises, qui se retrouvent, malgré elles, privées de la possibilité de se couvrir contre le risque de change et qui seront désormais tenues de supporter des surcoûts financiers supplémentaires injustifiés, c’est leur compétitivité qui sera diminuée.

L’impératif d’une mise en place d’un mécanisme de couverture du risque de change

Comme on l’a justifié précédemment, les risques de change sont la source de pertes de change pour de nombreuses entreprises dans le monde, surtout dans les périodes où les cours de change accusent une importante volatilité. Les opérateurs algériens, qu’ils soient importateurs ou exportateurs nécessitent de recourir à la couverture du risque de change, car le taux de change du dinar ainsi que ceux d’autres monnaies étrangères ne sont pas fixes. Ces taux de change sont sources des fluctuations et d’incertitude, de risque de pertes ou de coûts supplémentaires. Ces fluctuations influencent négativement les trésoreries de ces opérateurs et même leur comportement vis-à-vis des décisions commerciales et/ou financières de court terme, de moyen ou de long terme qui affectent à l’investissement. Par exemple, Le taux de change du dinar par rapport à l’euro et le dollar américain, a significativement fluctué dans les années passées. Une dépréciation du dinar pénalise l’importateur et favorise l’exportateur, considérons la période récente allant du 31 septembre 2014 au 05 septembre 2015, la situation était plus grave, concernant par exemple le dollar américain, le taux de change USD/DZD était de 79,86 au 31 septembre 2014. Entre décembre 2017 et mars 2018, le cours de change de l’euro face au dollar est passé de 1,18 à 1,23 dollar, soit une appréciation de 4,24 %. En revanche, l’euro s’est déprécié face au dollar de près de 5,69 %, entre mars et juillet 2018. En phase avec ces évolutions, le dinar s’est légèrement apprécié face au dollar de 0,86 % entre décembre 2017 et mars 2018 et s’est déprécié face à l’euro de 3,04 % sur la même période. Inversement, entre mars et juillet 2018, le dinar s’est déprécié face au dollar de 3,09 % et s’est apprécié de 1,02 % face à l’euro. Il est clair que les importateurs qui ont opté pour une facturation en dollar américain ont dû subir d’importantes pertes de change. A contrario, les exportateurs ayant recouru à la même devise de facturation devaient avoir réalisé d’importants gains de change. Chapitre IV : La couverture des risques de change pour les opérateurs économiques algériens. 225 Après le passage du taux de change fixe au système du change du flottement administré en 1996, la banque d’Algérie et dans le cadre de cette politique de change, poursuit l’objectif d’un maintien d’un taux de change réel effectif (TCRE) stable. Elle veille à ce que ce taux soit à son niveau d’équilibre ou, du moins, il en serait très proche. D’où la nécessité de le stabiliser à ce niveau. Théoriquement, le TCRE est la résultante de trois variables: le TCN du dinar par rapport à une devise étrangère (EUR, USD…), le rapport des niveaux des prix domestiques et étrangers ou le différentiel d’inflation (entre l’inflation en Algérie et l’inflation dans les pays dont relèvent le panier de devises) et le rapport des échanges entre l’Algérie et ses principaux partenaires. Les deux dernières variables sont exogènes, elles s’imposent à notre petite économie. Par conséquent, la stabilisation du TCRE à son niveau d’équilibre ne peut se faire que par l’ajustement du TCN, si l’une et /ou l’autre de ces deux variables connait des modifications, seule variable que la Banque d’Algérie peut contrôler. Mais si le TCRE est une bonne variable de politique macroéconomique, il n’intéresse pas directement, voire pas du tout l’opérateur économique individuel. C’est le TCN qui intéresse ce dernier en tout premier lieu. C’est le montant de dinars qui lui importe lorsqu’il doit encaisser ou décaisser pour une unité de monnaie étrangère. C’est donc sur la base du TCN qu’il prend ses décisions d’importer, d’exporter, voire même d’investir. Or, il ne sait ni la direction ni l’ampleur de l’ajustement que subirait le TCN du dinar puisque la trajectoire de son flottement n’est pas indiquée par la banque d’Algérie à l’avance, d’où le risque de change contre lequel il doit se couvrir.

Les instruments de couverture du risque de change économiquement nécessaires à toute entreprise algérienne ouverte à l’international

Il est nécessaire d’activer le mécanisme de couverture du risque de change dans l’entreprise algérienne, qu’elle soit exportatrice ou importatrice. Cette couverture participe à la bonne gestion de sa trésorerie et à la rationalisation de ses coûts, puisque, le risque de change* est un facteur important déterminant le coût de la production. En outre, elle lui permettra de réaliser des gains importants en devises qui seront utilisés pour dynamiser le * Nous distinguons entre le risque d’appréciation de la devise étrangère qui influence négativement les exportations, et le risque de dépréciation qui influence négativement les importations marché interbancaire de change. Pour ce faire, plusieurs instruments de couverture du risque de change sont disponibles. Parmi ces instruments, la réglementation algérienne en retient un : le change à terme, qui concerne uniquement les transactions commerciales. Donc, il est légalement et techniquement possible pour les banques commerciales d’offrir à leur client ce type d’instrument. Le change à terme est très ancien, et le seul instrument réglementairement autorisé en Algérie. Pour mettre en place le mécanisme de couverture du risque de change à travers le change à terme, les banques commerciales demandent de la Banque d’Algérie d’alimenter leur trésorerie en devises nécessaires afin de pouvoir offrir ce produit à leur client et animer le marché interbancaire de change. Comme on l’a dit précédemment, le risque de change se pose toujours quand les opérateurs économiques utilisent des monnaies différentes dans leurs transactions et dont les taux de change sont variables. Ces variations peuvent être favorables ou défavorables. La situation diffère s’agissant d’un importateur ou d’un exportateur, deux situations possibles : un importateur va subir une perte, c’est-à-dire, il décaisse en plus en cas d’appréciation de la devise de règlement* face à sa monnaie nationale et vice versa. La deuxième situation, qui concerne l’exportateur, il subira aussi une perte ou il encaisse en moins si la devise de règlement se déprécie par rapport à sa monnaie nationale et vice versa. C’est donc pour l’une ou l’autre de ces deux situations qu’il y a risque de change, car il y a une perte** qui en découle consistant en un décaissement en plus ou en un encaissement en moins.

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