Une rivière aménagée et entretenue

Une rivière aménagée et entretenue

Le curage et le faucardement de l’Orge. Pour profiter pleinement de l’Orge comme d’un atout, et pour essayer de limiter les désagréments liés à sa présence, les habitants des différentes communes traversées par la rivière se doivent d’entretenir cette dernière, d’en prendre soin, notamment en organisant son curage et son faucardement. Le curage d’un cours d’eau signifie l’extraction de son lit de toutes les vases, immondices et sédiments qui ont pu s’y accumuler. Afin de faciliter son exécution, il est en général précédé d’un faucardement679, c’est-à-dire de la coupe des roseaux et autres herbes aquatiques encombrant le lit de la rivière. Si ces travaux sont réalisés dans le but de favoriser le bon écoulement de l’Orge et de garantir une certaine qualité de son eau, au profit des usiniers et des riverains, ils sont rendus nécessaires par l’utilisation qui est faite du cours d’eau. En effet, l’action combinée des habitants qui se servent de la rivière comme d’un égout et des usiniers qui retiennent son cours et jouent constamment avec son débit est particulièrement propice à un processus d’eutrophisation. Celui-ci se définit par un « enrichissement naturel ou artificiel d’une eau en matières nutritives » 680. Lesdites matières nutritives ou apports organiques sont apportés par les déchets rejetés par les riverains, lesquels s’accumulent au fond de la rivière et sont difficilement charriés par le cours de l’eau du fait de l’activité des usines681. Alors, « les nitrates et phosphates solubles, issus de l’action des bactéries sur ces déchets, [se] diffusent jusqu’à la surface éclairée, où 679 Ou faucardage.  Une rivière aménagée et entretenue. ils favorisent une prolifération excessive d’algues et autres plantes »  C’est ainsi que l’envasement de l’Orge favorise la pousse d’une flore aquatique encombrante, laquelle en se décomposant participe à la formation de nouvelles vases ainsi qu’à la libération de dioxyde de carbone, ce qui a pour résultat l’auto-entretien du processus. Il s’agit par conséquent d’un cercle vicieux que l’Homme se doit de briser lorsque la situation devient trop préoccupante, d’autant qu’une accumulation trop importante d’herbes à la surface de l’eau peut causer le développement de mauvaises bactéries du fait de la difficile pénétration des rayons ultraviolets et de leur pouvoir désinfectant. Le curage de l’Orge ne peut se faire de manière isolée. Il doit être réalisé sur une partie assez conséquente du cours d’eau. Cela nécessite une certaine entente entre les divers propriétaires riverains et/ou d’usines. Les travaux sont ainsi organisés par le souspréfet de Corbeil en collaboration avec les maires des différentes communes concernées, eux-mêmes travaillant de concert. Malgré un léger flottement suite à l’épisode révolutionnaire, le curage de la rivière reprend rapidement étant donné l’état de cette dernière qui n’a pas été curée depuis les années 1770.A Arpajon, du fait de l’urbanisation plus concentrée qu’ailleurs autour de l’Orge dans sa partie inférieure, des travaux se préparent dès l’an V684. En effet, les deux bras de la rivière, dont beaucoup d’habitations sont riveraines, nécessitent un curage pour garantir la salubrité publique ainsi que les besoins des habitants et des usiniers685. Les ouvrages sont divisés en quatre et soumis à l’adjudication à hauteur de 1,52 franc le mètre courant. Ainsi la première partie est évaluée à 1557,79 francs pour une distance de 1024,86 mètres, la seconde à 88,84 francs pour 58,45 mètres, la troisième à 547,88 francs pour 360,45 mètres, et la quatrième à 2082,40 francs pour 1370 mètres plus une grille à fournir en face des deux conduits traversant l’Orge estimée à 24 francs

Des changements apportés au cours d’eau

Peu de rivières peuvent prétendre continuer de couler dans leur lit naturel dès lors qu’elles ont connu une présence humaine prolongée. L’Orge ne fait pas exception, elle a été aménagée bien avant le XIXe siècle et continue de l’être à cette époque. C’est en faveur des usines que l’Orge, dans une grande partie de son cours, a été détournée de sont lit naturel et portée dans un lit artificiel plus élevé, pour lui donner plus de pente et donc plus de force motrice, l’ancien lit étant conservé pour servir de fossé de décharge et d’assainissement722. A approximativement un kilomètre en aval du moulin de Joppelin, la rivière s’écoule d’ailleurs dans un canal jugé artificiel, et ce, sur près de cinq kilomètres jusqu’à son embouchure avec la Seine à Mons723. Le lit originel de l’Orge est en fait peu différent de celui du second bras de la rivière, également appelé canal de décharge, qui va se jeter dans la Seine à Châtillon724. Il est dit que la partie forcée de la rivière, jugée factice, est le fruit du détournement des eaux par les moines de St-Denis, installés à Athis plusieurs siècles auparavant, dans le but d’alimenter leurs moulins725. Arpajon également est un bon exemple d’aménagement ancien du cours d’eau. C’est au cours du XVIIIe siècle que le lit de l’Orge est rectifié par le maréchal de Noailles pour former une belle place demi-circulaire entourée d’eau726. Cependant, l’urbanisation encore plus ancienne faite autour de la rivière a très tôt abouti sur son aménagement. Au XIXe siècle, l’Orge dont la largeur varie entre huit et quinze mètres au passage de la commune est alors décrite comme encaissée entre deux murs de berges très élevés. La hauteur des dits murs est telle, que le puisage de l’eau domestique ou industrielle ne peut se faire que par des escaliers descendant jusqu’à la surface du cours d’eau7 nombreuses boëles établies le long du cours inférieur de la rivière d’Orge. Ces cours d’eau en connexion avec le lit principal de la rivière ont pour beaucoup été creusés bien avant le début du XIXe siècle ; ils font partie intégrante de l’Orge. Il existe deux types de boëles : celles qui ne font que se jeter dans la rivière, et celles qui prennent leur départ depuis cette dernière. Les premières sont considérées comme de petits affluents puisqu’elles ont été creusées pour assainir les prairies, et que par conséquent elles conduisent une quantité non négligeable d’eau à la rivière. C’est par exemple le cas du Mort-Ru sur Villiers, uniquement alimenté par l’égout des terres de la Ville-du-Bois, à ne pas confondre avec celui d’Athis qui provient d’une source située dans le parc de Savigny. Les secondes en revanche partent du cours principal de l’Orge avant de rejoindre la rivière plus en aval (Annexe 47). Elles servent soit à l’irrigation des terres qu’elles traversent, soit à leur assèchement. Elles permettent également de mieux répartir l’eau en cas de crues, et jouent un rôle important lors des curages. Même si elles ne sont pas considérées comme des affluents, ces boëles contribuent également à amener un peu plus d’eau à la rivière d’Orge. En général, les premières boëles trouvent leur origine naturellement, sous la forme d’un ru, mais sont creusées par les habitants pour permettre un meilleur assèchement de leurs terres. C’est par exemple le cas du canal du grand fossé qui traverse Grigny, Fleury, Ste-Geneviève et StMichel avant d’approvisionner l’Orge728. Ce même canal fait par ailleurs l’objet d’un recouvrement partiel au niveau des habitations à St-Michel729. En outre, le 10 mai 1856, un arrêté préfectoral730 vient autoriser les deux communes de Villiers et Longpont à améliorer le Mort-Ru. Le préfet prescrit pour cet affluent de l’Orge une largeur de deux mètres et demi au sommet des berges et d’un demi-mètre au fond du lit, pour une profondeur d’un mètre. Tous ces aménagements contribuent notamment à mieux alimenter le cours principal de la rivière d’Orge. Pour ce qui est des secondes boëles, celles-ci sont la plupart du temps le fait des propriétaires riverains. Il existe en effet de nombreuses demandes allant dans ce sens, adressées au préfet de Seine-et-Oise ou au sous-préfet de Corbeil731 . Comme énoncé plus haut, la majorité des demandes met en avant l’assainissement du terrain traversé par la tranchée projetée. 

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