Adopter une approche multisectorielle et structurelle

Adopter une approche multisectorielle et structurelle

La mise en place d’un système de protection sociale adéquat et répondant à la situation devrait être envisagée. Nous tenterons de tracer quelques lignes de réflexion relatives aux prises en compte de la réalité socioculturelle et institutionnelle, puis aux défis et contraintes à la fonctionnalité de ce système.

Une réponse communautaire en termes de protection sociale

La participation communautaire dans les activités de protection sociale est un aspect de la protection sociale qui n’est pas la moindre. A Madagascar, la famille et la communauté détiennent un rôle très prégnant dans la vie de l’individu, elles demeurent une sorte de filet de sécurité et même en ville, l’esprit d’entraide qui peut en découler est toujours propice pour les individus. L’allocataire n’a plus seulement à établir qu’il respecte les conditions créant l’ouverture d’un droit à l’assistance ; il doit s’engager dans des activités qui prouvent sa volonté de sortir d’une situation de dépendance ; il est soumis à une obligation de performance. (MOREL 2000). L’assistance peut s’avérer efficace si elle est connectée à la sphère de la famille.

NIYIBIZH44 (V), en 2000, dans son Etude du problème des sans abri de la ville d’Antananarivo, a précisé que « l’insertion n’est pas seulement une obligation faite au bénéficiaire en contre partie de la prestation qu’il touche mais c’est en même temps une obligation pour la collectivité qui doit se mobiliser pour proposer des « contrats d’insertions » adaptés à la situation du destinataire » Les interventions ciblées des ONGs, associations auprès des groupes vulnérables spécifiques tels que les handicapés, les sans-abri, les orphelins, etc. demeurera faible tant que le Gouvernement ne s’applique pas à établir un programme dans le cadre duquel des contrats d’intervention seraient octroyés à des ONG ayant les compétences requises mais aussi une participation communautaire. Ceci nécessiterait l’établissement de normes pour la prestation de services dans chaque zone et la mise en place d’un mécanisme d’octroi de contrats et de supervision.

Enfin, les programmes qui explorent les facteurs favorisant la survivance de la famille élargie, dans laquelle les échanges de services et de biens doivent être envisagés. Ainsi ces initiatives peuvent inspirer la naissance ou maintenir la survivance des solidarités communautaires qui, autrefois, englobaient le voisinage, est plus circonscrite aujourd’hui. « Les événements importants jalonnant l’existence, les naissances mais, plus encore, les mariages et les deuils, sont encore l’occasion de larges retrouvailles familiales». (CONDON 1999 : 129) Assiste-t-on à un retrait de l’État au profit de la société civile ou bien plutôt à une tentative de revitalisation des solidarités au sein de cette dernière ? (HELTFTER 2009). Est t- il envisageable de penser à une autre forme de solidarité nationale pour constituer un filet de sécurité pour la population précaire ?

Les défis d’une politique de protection sociale adéquate

C’est grâce à des réflexions sociologiques sur la pauvreté que des décisions internationales et des politiques mondiales sur l’approche de pauvreté ont changé. PAUGAM parle de centrer l’étude des pauvres sur l’acteur, GODINOT (2010 : 21) rappelle que « il y a dix ans, la Banque mondiale réalisait une enquête auprès des populations en situation de pauvreté, exceptionnelle par sa démarche et son ampleur, puisqu’il s’agissait de solliciter « les voix des pauvres » et de recueillir leur opinion dans une cinquantaine de pays en développement »

Le système de protection sociale constitue un dispositif particulier de lutte contre la pauvreté, dans ce sens chaque pays se doit de trouver le « bon système qui répond à leur réalité socioéconomique et aussi culturelle. L’exemple de deux pays la France et les Etats- Unis analysé dans l’ouvrage de MOREL S. (2000) révèle l’importance d’une prise en compte de la réalité et de l’histoire pour répondre à une logique.47 La protection sociale est « l’expression de coutumes assistancielles différentes ». La spécificité naît de l’histoire de chacun des pays qui a produit une culture, des coutumes, des institutions au travers desquelles se sont définies deux statuts économiques de la pauvreté et deux modes de contrôle social des pauvres.(FREYSSINET 2001).

Pour faire face à un risque d’assistanat caractérisé par la paupérisation de la population et une augmentation de nombre de ménages à « assister », un changement plus structurel doit s’opérer. « Les personnes assistées par les centres sont des couches rejetées par le système C’est pourquoi, au lieu de concentrer tous les efforts sur les aspects palliatifs de l’accompagnement vers l’insertion, il faut d’abord procéder au changement du système ». (Propos avancés par un Responsable d’une plate forme d’ONG).

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