ANALYSE DES SYSTEMES DE PRODUCTION

ANALYSE DES SYSTEMES DE PRODUCTION

Aspects théoriques et méthodologiques de l’approche des systèmes de production

 Dans cette étape du travail il s’agit de comprendre le fonctionnement des systèmes de production et leurs perspectives d’évolution. Après avoir caractérisé les logiques agronomiques des différents systèmes de cultures bananière, nous déterminons les interactions, qu’il s’agisse de synergies, de complémentarités (spatiales, utilisation de sous-produits, etc.,) ou de rivalités103 (ressources, main d’œuvre, etc.,) et leur raison d’être en fonction du contexte agro-écologique et socio-économique de chaque type de producteur. Pour comprendre le cadre théorique sur lequel se base l’analyse appliquée il est nécessaire de pendre en compte le concept de système de production auquel nous faisons référence : Le système de production agricole est défini comme « la combinaison, dans le temps et l’espace, de ressources disponibles et de productions elles-mêmes végétales et animales. Il peut également être conçu comme une combinaison plus ou moins cohérente de sous-systèmes productifs » (Dufumier, 1996) La méthode retenue pour déterminer quelles exploitations étudier garantit que l’information obtenue sera représentative et significative : représentative car elle garantit que tous les systèmes de production bananière de chacune des régions choisies auront bien été étudiés et significative car elle garantit l’obtention d’informations qui sont parfois caractéristiques de cas isolés ou marginaux (processus d’innovation récent, exploitations en voie de disparition, nouvelles relations commerciales, etc,.) Ce type de recherche contraint à mettre en place un échantillonnage raisonné qui est une méthodologie d’échantillonnage non basé sur des probabilités mais plutôt réfléchi de manière à représenter et une caractériser la diversité des situations rencontrées. En d’autres termes nous n’effectuons pas une recherche aléatoire où chaque individu aurait la même probabilité d’être inclus dans l’échantillonnage. L’échantillonnage raisonné garantit que l’on n’oubliera pas d’étudier des exploitations qui présentent une dynamique particulière même si elles sont sousreprésentées dans l’univers analysé. En fait, il peut être très pertinent d’identifier les innovations technologiques et organisationnelles qui peuvent surgir dans certaines exploitations pionnières (nommées « faibles signaux » du développement). Il est également indispensable de prendre en compte les exploitations minoritaires qui par leur taille ou les relations de production qu’elles maintiennent avec l’extérieur sont un élément clef de la dynamique socioéconomique : ce sera notamment le cas des grandes plantations qui représentent une source de travail. Pour cela, il ne s’agit pas de remplir un nombre infini de questionnaires mais plutôt de choisir un nombre déterminé d’exploitations dans chaque région pour englober toute la diversité des systèmes de production bananière et pour disposer du temps nécessaire pour chacune d’entre elles. C’est donc là que se pose le problème de l’échantillon et de sa représentativité : quel échantillon fut choisi dans chaque région ? Quel exemple de chaque type d’exploitations ? L’échantillon raisonné est basé sur l’identification préalable (ou pré-typologique) effectuée par la lecture de paysages, des entretiens avec des informateurs et une analyse historique de la différentiation des systèmes de production (voir chapitres I et II). L’échantillon raisonné choisi dans chaque région a permis de caractériser la diversité des situations agro-économiques des producteurs, des plus riches aux plus pauvres, qu’ils soient nombreux ou non. Il convient de souligner que la typologie des systèmes de production est un des produits de l’étude et qu’elle se constitue grâce à une révision minutieuse d’une esquisse initiale qui acquiert de la 271 précision au fur et à mesure de l’avancée de l’analyse et de la collecte d’informations. Pour la réalisation de la recherche il fut indispensable de localiser et d’informer différents dirigeants et leaders des diverses zones afin de tenter d’obtenir un meilleur accueil dans les plantations bananières (surtout celles supérieures à 20 hectares). Les réunions, les séminaires ou les événements réalisés par les producteurs ont été mis à profit pour présenter la thématique de recherche et de cette manière nous avons pu établir les dialogues initiaux et les premiers échanges d’information. Une autre stratégie de contact avec les producteurs consista à parcourir les différentes régions afin de rencontrer des producteurs et de leur expliquer de manière amicale et individuelle le sens de ce travail. En parallèle avec l’immersion dans les régions étudiées, nous avons procédé à une recherche documentaire et à des entretiens historiques. Les entretiens ont eu lieu pour la plupart avec des personnes ayant longtemps vécu dans la région et qui avaient constaté les principaux changements intervenus dans le secteur. Les entretiens historiques se basèrent sur un dialogue ouvert même si une ébauche de questionnaire fut utilisée pour guider le dialogue. (annexe 2). Les outils utilisés pour réaliser l’étude agro-technico-économique furent l’observation et les 135 entretiens avec les producteurs et agents économiques de l’agro-chaîne. Les observations sur le terrain permettent aussi bien d’identifier les grandes hétérogénéités de l’environnement, les différents systèmes de culture et les autres activités économiques existantes que d’accéder à une vision globale du contexte socio-économique. Les entretiens se basèrent sur des questions ouvertes et semi-ouvertes pour éviter la monotonie et comprendre les logiques de chaque agriculteur. D’autre part, une fois l’information compilée elle a été traitée pour l’analyser et la comparer avec les résultats économiques ; pour cela il fut nécessaire de calculer la Valeur Ajoutée Nette -VAN104- qui correspond à la richesse totale moyenne créée par une exploitation en un an.(Cochet, Devienne, 2006). 

La mesure du travail 

C’est peut être la mesure sur laquelle règne la plus grande incertitude. Le terme de travailleurs désigne l’ensemble de la main d’œuvre familiale et salariée (permanente et temporaire) travaillant sur l’exploitation agricole. Elle est exprimée en Unité de travail Humain (UTH). Une UTH représente 280 journées de travail d’une personne adulte dans l’année à raison de 5,5 jours de travail par semaine107 et entre 7 – 9 heures de travail par jour. Les mesures de prix Les prix sont la grandeur économique dont la mesure est la plus incertaine. Toute évaluation économique devrait rendre compte d’une analyse de la sensibilité des résultats et des scénarios correspondants. La durée du travail nous a conduit à préférer les prix moyens et les prix planchers débarrassés des variations conjoncturelles, prix moyens fixés entre la saison des prix hauts et celle des bas prix perçus par les agriculteurs. Cependant il est impératif de signaler qu’il existe des différences de prix entre chacun des types de producteurs bien que le produit ait les mêmes caractéristiques (caisse de banane pour l’exportation 22XU). Pour obtenir le prix moyen acquitté au producteur nous avons établi une moyenne pondérée entre les prix et les volumes de chaque semaine par rapport au suivi de prix effectué en 2005. De cette façon, nous avons choisi pour une plus grande facilité méthodologique des calculs économiques de maintenir un prix moyen constant, différencié et stable pour toutes les catégories de producteurs. Mais il est nécessaire de mentionner que les prix de la banane en Equateur sont peu constants et assez instables, mais cependant bien différenciés selon les différents types de producteurs.

Les critères de différenciation

La différentiation sociale amène l’apparition de groupes sociaux qui vont réagir de différentes manières selon les ressources dont ils disposent. La composition et le niveau de revenus de chaque groupe est une des plus importantes manifestations de la nature des relations que ces groupes maintiennent vis-à-vis des moyens de production. D’autres variables tels les niveaux de capitalisation, la composition du capital, la distribution des rentes institutionnelles par le biais de politique publique et le contrôle de l’Etat sont également liées à l’accès aux moyens de production (Gaybor, 1987). Il est donc fondamentalement important de fixer et d’expliquer les critères de différentiation qui furent utilisés, produits de l’analyse historique et de la lecture du paysage dans chacune des régions d’étude. 

L’accès à la terre

 Ce critère permettra de connaître la quantité de terre possédée par les unités productives. Dans ce sens, les producteurs peuvent posséder des terres consacrées aux cultures et des pâturages pour l’élevage des animaux. • Producteurs qui cultivent de très grandes superficies de banane. (>200) • Producteurs qui cultivent des grandes superficies de banane. (50-200ha) • Producteurs qui cultivent d’importantes superficies de banane. (20-50) • Producteurs qui cultivent des superficies moyennes de banane. (10-20) • Producteurs qui cultivent de petites superficies de banane.. (5-10ha) • Producteurs qui cultivent de modestes superficies de banane. (<5 ha.

Gestion de la main d’œuvre familiale (participation du propriétaire de l’exploitation) 

Ce critère met en évidence le degré de participation du producteur dans les activités productives. Cette analyse nous permet de différencier la catégorie sociale à laquelle appartiennent les producteurs. Producteurs capitalistes absents. Ce terme sera utilisé pour nous référer aux producteurs qui ne se trouvent pas de façon permanente ou partielle sur l’exploitation. Dans ce sens, ce sont ceux qui n’incorporent pas de force de travail familiale dans les activités productives agricoles. En outre ils ont la capacité suffisante pour répartir géographiquement leurs plantations bananières dans différentes régions du littoral équatorien afin de diminuer les risques dus aux situations climatiques. Producteurs capitalistes présents. Cette catégorie fait référence aux producteurs qui se trouvent de façon permanente ou partielle sur leurs terres et réalisent des activités de gestion administrative (recherche de quotas, paiement du personnel entre autres). Cependant ils 276 n’ajoutent pas de force de travail directe dans les travaux agricoles. Bien que dans quelques cas ils aient les moyens de répartir géographiquement leurs propriétés dans plusieurs régions, la plupart d’entre eux lorsqu’ils possèdent plusieurs propriétés les ont dans le même secteur. Producteurs patronaux Cette expression fait référence aux producteurs qui participent aux activités productives de la culture mais cependant concernant la structure de l’exploitation ils ont besoin en permanence d’une main d’œuvre salariée. Producteurs familiaux Ce terme se rapporte à la catégorie de producteurs qui en plus de travailler dans l’exploitation se voient contraints de travailler sur d’autres domaines de manière occasionnelle.

Capital et technicité (Outils et équipements)

 Ce critère permet de différencier le niveau de capitalisation des différentes catégories de producteurs. Nous différencions ainsi : Producteurs possédant des exploitations à haut niveau de capital et avec des équipements techniques. Ceux qui possèdent plus d’une unité de traitement du fruit (unité de conditionnement) avec un niveau élevé d’investissement. Ainsi que ceux qui possèdent des systèmes internes de transport du fruit (funiculaire), une infrastructure pour l’irrigation, des véhicules pour l’exploitation, entre autres. Producteurs possédant des exploitations avec un niveau moyen de capital et parfois des équipements. Ce sont les exploitations avec une ou plusieurs unités de conditionnement avec un niveau d’investissement moyen, avec ou sans funiculaire. On peut éventuellement y trouver une infrastructure pour l’irrigation, un véhicule à usage de l’exploitation entre autres.

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