Aspects thérapeutiques et toxicologiques du Cannabis sativa L.

Aspects thérapeutiques et toxicologiques du
Cannabis sativa L.

Description

Famille des Cannabacées

Les Cannabacées regroupent des plantes herbacées annuelles ou vivaces, aromatiques et possèdent un appareil sécréteur de résine [9]. La pollinisation des fleurs se fait par anémophilie (pollinisation par le vent) [10]. Ainsi, la famille des Cannabacées comprend les caractéristiques suivantes :  les feuilles sont alternes ou opposées, stipulées, pétiolées, entières ou composées-palmées, à limbes entiers ou découpés ;  les inflorescences situées en cymes condensées, comprennent principalement les fleurs qui sont régulières, minuscules, actinomorphes, unisexuées et dioïques. Elles sont groupées en inflorescences axillaires ou terminales, munies de bractées persistantes et les périanthes sont simples. Ces fleurs quant à elles, sont variées et présentent les caractéristiques suivantes : les fleurs mâles sont réunies en thyrses multiflores ouverts ; les fleurs femelles sont serrées en cymes spiciformes pauciflores condensées ; le calice est composé de cinq sépales libres (fleurs mâles) ou partiellement soudés (fleurs femelles) ; la corolle est nulle ; l’androcée est constituée de cinq étamines, toutes fertiles, oppositisépales. Au niveau des étamines, les anthères sont dorsifixes à déhiscence longitudinale ; le gynécée est formé de deux carpelles soudés et chacune ne porte qu’un ovule anatrope et pendant. Le style est court et apical ; l’ovaire supère est uniloculaire ; 10  le fruit (chènevis) est un akène, à graine albuminée et à embryon courbe

Cannabis sativa L.

Le Cannabis sativa L. est une herbe dressée à tige cannelée pouvant atteindre de 1 à 4 mètres de haut. Dans la partie inférieure de la plante, les feuilles stipulées sont opposées, palmatiséquées avec 5 à 7 segments inégaux allongés et dentés. Vers le sommet de l’axe du cannabis, les feuilles deviennent alternes, simples ou seulement à 3 segments (Figure 2) [11]. Figure 2 : Feuille de Cannabis sativa L. [5]. Sur la feuille de la plante se présentent des poils cystolithiques, des poils tecteurs et des poils sécréteurs de résine. En effet, ce sont ces derniers, qui sont abondants dans le cannabis riche en résine (Figure 3). Les poils sécréteurs de résine sont présents surtout sur les bractées qui entourent les fleurs femelles [11]. 11 Figure 3 : Bractée d’une plante femelle riche en résine [8]. En ce qui concerne la répartition entre les sexes, elle est proche de 50/50. A la germination, on ne peut pas distinguer les jeunes plantes mâles, des plantes femelles. C’est seulement durant la dernière phase de croissance, lorsque débute la formation des fleurs, que la détermination du sexe devient possible. Les plantes mâles développent de petits sacs de pollen qui serviront à féconder les plantes femelles à stigmates poilus et résineux [11]. Lorsque la plante fleurit, ce sont les inflorescences femelles ou sommités fleuries qui secrètent une résine, dans laquelle est concentrée une grande partie du contenu en cannabinoïdes (principaux éléments pharmacologiquement actifs du cannabis) de la plante, sous forme de fins cristaux adhérents aux fleurs et aux feuilles. La plante femelle est plus riche en résine que la plante mâle

Culture

La culture du cannabis remonte à des siècles, mais actuellement, il est surtout cultivé pour son utilisation en tant que drogue et non pour ses autres applications (industrielle et médicale). Ceci est facilité par le fait que le cannabis est connu comme une plante extrêmement robuste, qui est capable d’une adaptation remarquable . La plante de cannabis est cultivée à des températures allant de 14 à 27° Celsius. Elle peut pousser dans un sol légèrement alcalin mais préfère un pH compris entre 6 et 7 [1]. Concernant la nature du sol, le cannabis est capable de pousser dans des sols difficiles comme le sable, mais ne pousse pas bien dans un sol argileux. S’agissant des éléments minéraux, le cannabis est une plante « vorace », qui puise beaucoup de nutriments et en particulier de l’azote dans le sol, particulièrement avant et durant la floraison. De plus, la plante préfère la lumière solaire directe [1]. Par rapport à sa capacité de rétention d’eau, la plante de cannabis se contente de peu d’eau après les six premières semaines de vie car elle possède une puissante racine principale, mais ne fleurit qu’en présence d’humidité régulière. Par ailleurs, la plante de cannabis a besoin d’un sol bien drainé afin d’éviter que ces racines ne pourrissent [1]. En plus des éléments abordés ci-haut, les climats arides semblent favoriser la production de résine et réduire les risques d’infection par les champignons et les moisissures. La plante est résistante à de nombreux insectes prédateurs et elle est même utilisée comme haie pour protéger les autres cultures contre les insectes. En revanche, le cannabis est vulnérable aux mites d’araignées, et aux pucerons [1]. La plus grande partie du cannabis cultivé aujourd’hui dans les pays occidentaux, provient de croisements effectués à partir de variétés dont le cycle végétatif est court. Le cannabis peut être produit en intérieur comme en extérieur, et même dans des régions tempérées ou fraîches .

Culture d’extérieur

Dans les pays chauds, le cannabis sécrète une résine qui le rend poisseux au toucher. Cette résine est responsable des propriétés psychotropes. La teneur en résine varie avec l’origine géographique. Par exemple, en climat tempéré, le 13 cannabis ne contient que des traces de résine alors qu’en climat tropical, cette teneur augmente au détriment de la qualité des fibres. Ainsi, la culture en extérieur est la plus largement utilisée dans les zones de production massive que ce soit pour les fibres ou la résine [11 ; 13]. En climat tempéré, les graines sont traditionnellement plantées entre les mois de Mars et de Mai. La plante fleurit de Septembre à Novembre, ce qui représente un cycle de développement d’environ six mois, avec une seule possibilité de récolte. Cependant, lorsqu’on se rapproche de l’équateur, il est possible d’obtenir deux récoltes à partir d’un même champ [1]. La culture en extérieur peut se faire dans le cadre d’une :  culture traditionnelle en plein champ ; ce mode de culture constitue un travail à plein temps, de manière saisonnière pour les cultivateurs. Les producteurs clandestins du cannabis peuvent la planter au milieu d’autres types de culture pour la masquer [1].  culture moderne en extérieur ; il s’agit d’un mode de culture qui fait appel aux techniques les plus récentes, quel que soit la localisation géographique de la culture, y compris la culture de « guériila », c’est-à-dire lorsque l’on fait pousser le cannabis sur des terres n’appartenant pas au cultivateur

Culture d’intérieur

Les méthodes de culture en intérieur ont été mises au point, afin d’accroître le rendement de manière spectaculaire, en faisant appel au croisement de meilleurs génotypes de plusieurs plantes de cannabis et à une technologie de pointe permettant aux cultivateurs de récolter six fois dans l’année en intérieur et produisant du cannabis dans un espace réduit (figure 4) [1,14]. Figure 4 : Plantation de cannabis en intérieur [14]. Dans certains pays européens (France, Allemagne), les opportunités de culture en extérieur étant limitée, le cannabis est souvent cultivé par une méthode hydroponique (sans terre) avec un éclairage artificiel. Cependant, de nombreux auto-producteurs préfèrent la culture dans la terre (souvent appelée « organique ») [1]. La culture en intérieur est généralement destinée à produire la sinsemilla, c’est à dire une culture dans des conditions optimales de lumière, de température et d’hygrométrie, avec des graines sélectionnées, qui produisent davantage de résine. Elle permet d’obtenir des teneurs en THC beaucoup plus élevées, pouvant dépasser 20% et atteindre 35 %.Ce nouveau mode de culture permet de produire l’herbe (forme classique de la drogue) d’une haute qualité. C’est un produit sans graines et il est entièrement composé de fleurs non pollinisées de la plante femelle. Ainsi, la sinsemilla donne lieu à une drogue puissante.

Différentes formes de drogue

Plusieurs produits peuvent être obtenus à partir de la plante de cannabis, ceux-ci se répartissant en trois catégories principales:  l’huile de cannabis,  l’herbe de cannabis (les feuilles et les fleurs de la plante),  la résine de cannabis (les sécrétions compressées de la plante). La teneur en THC de ces différentes formes, varie selon les zones, les modes de production, les parties de la plante utilisées et les procédés de fabrication. Pour la propagation de la drogue, l’herbe de cannabis est la forme la plus répandue en Amérique du Nord et la plus grande partie du reste du monde, alors que la résine de cannabis est la forme la plus répandue en Europe et dans quelques régions traditionnellement productrices de résine comme le nord du Maroc. L’huile de cannabis quant-à-elle est peu répandue en Europe [1]. Le plus souvent, le cannabis est fumé sous forme de cigarette « Joints » mais également dans une pipe « bang », le cannabis peut être aussi consommé sous forme de gâteau « space-cake » ou en infusion [16]. I.5.1. Huile de cannabis L’huile de cannabis est un liquide visqueux de couleur marron foncé. Elle est obtenue par extraction dans un solvant comme l’alcool (90°) ou par distillation à partir de la résine ou des feuilles. Elle contient environ 60% de THC et peut être fumée ou ingérée. Ce qui fait d’elle la drogue la plus concentrée en THC

Herbe de cannabis

L’herbe (marijuana) est un mélange séché de sommités fleuries pouvant contenir en proportions variables de feuilles, de tiges et de graines. La texture de l’herbe ressemble à celle du thé avec une odeur forte caractéristique [16]. La marijuana contient en moyenne 10% de THC. Elle est fumée à l’état pure « pétard » ou mélangée avec du tabac « joint » dans du papier à cigarette. Elle peut aussi être fumée dans des pipes à kif « shilom », dans des narguilés « chicha » ou dans des pipes à eau « bang »

Résine de cannabis

La résine « haschich » est la poudre brune obtenue par battage et tamisage des feuilles et des sommités florales sèches. Elle contient jusqu’à 35% de THC. Le haschich est mélangé avec divers ingrédients (henné, curry, terre, graisse animale ou végétale, cire…). La résine est ensuite compressée sous forme de « plaquettes » ou « savonnettes » dont la taille et le poids sont très variables. Ces plaquettes sont vendues au consommateur sous formes de barrettes de 2 à 10 g [12]. La résine est surtout utilisée pour la confection des joints, de la manière suivante : on fait chauffer une petite quantité de haschich qu’on mélange avec du tabac, et qu’on fume dans du papier à cigarette. Une étude réalisée en France en 2005, indique qu’un joint moyen contient entre 20 et 50 mg de THC correspondant à l’absorption de 3,5 et 24 mg par usager, selon sa manière de fumer .

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Généralités sur la plante, pharmacologie et effets pathologiques et troubles psychiques liés à la consommation de cannabis
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS SUR LA PLANTE
I. Plante
I.1. Historique
I.2. Classification
I.3. Description
I.3.1. Famille des Cannabacées
I.3.2. Cannabis sativa L
I.4. Culture
I.4.1. Culture d’extérieur
I.4.2. Culture d’intérieur
I.5. Différentes formes de drogue
I.5.1. Huile de cannabis
I.5.2. Herbe de cannabis
I.5.3. Résine de cannabis
II. Composition et propriétés physico-chimiques
II.1. Composition
II.2. Propriétés physico-chimiques
CHAPITRE 2 : PHARMACOLOGIE
I.Pharmacocinétique du Δ9-Tétrahydrocannabinol
I.1. Absorption
I.2. Distribution
I.3. Métabolisme
I.4. Elimination
II.Système cannabinoïde
II.1. Présentation
II.2. Ligands cannabinoïdes
II.2.1. Endocannabinoïdes
II.2.2. Δ9-Tétrahydrocannabinol
II.3. Récepteurs cannabinoïdes
II.3.1. Récepteurs CB1 / CB2
II.3.2. Distribution des récepteurs et mécanisme d’action
CHAPITRE 3 : EFFETS PATHOLOGIQUES ET TROUBLES PSYCHIQUES LIÉS À LA
CONSOMMATION DE CANNABIS
I.Effets pathologiques dus au cannabis
I.1. Sur le système gastro-intestinal
I.2. Sur les glandes endocrines
I.3. Sur l’appareil pulmonaire
I.4. Sur l’appareil cardio-vasculaire
I.5. Sur la fonction de reproduction
I.6. Sur le système immunitaire
I.7. Sur l’œil
I.8. Sur l’appareil rénal
I.9. Effets dermatologiques
I.10. Effets neurologiques
II.Troubles psychiques
II.1. Ivresse cannabique
II.1.1. Effets psychoactifs à faible dose
II.1.2. Effets psychoactifs à forte dose
II.2. Troubles psychotiques induits
II.2.1. Schizophrénie
II.2.2. Dépression
II.2.3.Anxiété
II.2.4. Déficits cognitifs
II.3. Troubles neuropsychiatriques pouvant s’associer à la psychose
II.3.1.Syndrome amotivationnel
II.3.2.Syndrome de dépersonnalisation
Deuxième partie : Aspects thérapeutiques et toxicologiques
CHAPITRE 1 : ASPECTS THÉRAPEUTIQUES
I.Applications cliniques
I.1. Activité anti-glaucomateuse
I.2. Activité antiépileptique et antispasmodique
I.3. Activité anti-inflammatoire
I.4. Effet bronchodilatateur
I.5. Activité analgésique
I.6. Activité antiémétique
I.7. Activité sur la prise de poids et le traitement de l’obésité
I.8. Activité à l’égard du syndrome métabolique
I.9. Activité anticancéreuse
II. Produits utilisés
II.1. SATIVEX®
(Δ9-tétrahydrocannabinol, cannabidiol)
II.2. Cannabinoïdes de synthèse
II.2.1. MARINOL® (Dronabinol)
II.2.2. CESAMET® (Nabilone)
II.2.3. Levonantradol
II.2.4. ACOMPLIA® (Rimonabant)
CHAPITRE 2 : ASPECTS TOXICOLOGIQUES
I.Dépendance et Tolérance
I.1. Théorie de l’escalade
I.2. Dépendance
I.3. Tolérance
I.4. Sevrage
II. Tests de Dépistage
II.1. Test urinaire
II.1.1. Prélèvement
II.1.2. Techniques de dépistage et de dosage
II.1.2.1. Méthodes immunochimiques .
II.1.2.2. Méthodes chromatographiques
II.1.3. Interprétation
II.2. Test salivaire
II.2.1. Prélèvement
II.2.2. Techniques de dépistage et de dosage
II.2.2.1. Méthodes immunochromatographiques
II.2.2.2. Méthodes chromatographiques
II.2.3. Interprétation
II.3. Test sanguin
II.3.1. Prélèvement
II.3.2. Techniques de dépistage et de dosage
II.3.2.1. Méthodes chromatographiques
II.3.3. Interprétation
II.4. Autres tests de dépistage
II4.1. Dans la sueur
II.4.2. Dans les ongles
II.4.3. Dans les cheveux
II.5. Tableau récapitulatif
III.Prise en charge des intoxications
III.1. Traitement d’urgence
III.2. Prise en charge et suivie
III.3. Traitement psychologique et approche social
III.3.1. Psychothérapie individuelle
III.3.2. Thérapie du groupe
CONCLUSION.

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