Cameroun expérience et enjeux

CAMEROUN : EXPERIENCE ET ENJEUX

Ces 30 dernières années, le Cameroun a connu une croissance modérée, assortie d’une amélioration limitée des indicateurs socioéconomiques. L’activité économique s’est fortement contractée entre 1977, année où la production pétrolière a démarré, et 1986, lorsqu’elle a atteint son pic . La chute du revenu par habitant qui en est résulté a contribué à accroitre la pauvreté et à détériorer des indicateurs de développement humain décevants..

Comme il est constaté dans Berg et al. (2013), la faible dotation en réserves et l’horizon à court terme qui lui est associé amplifient encore les difficultés budgétaires. Aux termes des accords contractuels entre les compagnies pétrolières internationales et le gouvernement, une part relativement élevée des recettes pétrolières revient à l’État sous forme de redevances et d’impôts. Les recettes pétrolières ont été économisées à l’étranger pendant les premières années d’exploitation et peuvent avoir été en partie utilisées pour surmonter la crise économique entre 1985 et 1988 (Gautier et Zeufack, 2009). La graphique 1 montre que la trajectoire suivie par l’investissement public corrobore cette hypothèse, celui-ci ayant augmenté davantage que les recettes pétrolières (en pourcentage de PIB) pendant cette période.

Pendant la deuxième Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance soutenue par le FMI (2000-04), un objectif de zéro a été fixé pour le solde budgétaire global. Cet objectif devait être atteint en procédant à un ajustement du DPNP. Les résultats mitigés obtenus suite à l’application de cette règle et la nécessité d’avoir davantage de prévisibilité dans les dépenses primaires ont donné lieu à un objectif budgétaire différent le programme. Les remboursements de dette/d’arriérés rééchelonnés du pays, et non les dépenses primaires ont alors constitué les variables d’ajustement en cas de contraintes de financement dues aux fluctuations des cours pétroliers internationaux. Concrètement, un ralentissement du règlement de la dette/des arriérés accompagnerait des recettes pétrolières inférieures aux prévisions et compenserait la détérioration du solde global. À l’inverse, des recettes pétrolières supérieures au niveau projeté devaient servir à accélérer le remboursement de la dette et des arriérés du pays (Cossé, 2006). Dans l’ensemble, les dépenses d’investissement public ont suivi les recettes du secteur pétrolier d’une manière relativement étroite entre 1980 et 2011. Toutefois, depuis 1991, les recettes pétrolières ont été constamment supérieures aux dépenses d’investissement, signe qu’elles ont aussi été utilisées pour financer les dépenses courantes ou pour constituer des réserves (graphique 1). Compte tenu de ce qui précède, la faiblesse du lien entre investissement public financé par le pétrole et croissance au Cameroun semble être une sorte d’énigme. Benjamin, Devarajan et Weiner (1989) ont tenté d’expliquer cette fragile corrélation par les effets du «syndrome hollandais».

Gauthier et Zeufack (2009) estiment que des pratiques de gouvernance douteuses, à l’origine de dépenses d’investissement improductives, ont joué un rôle clé. Ils avancent que, si une grande partie des recettes pétrolières durant les premières années d’exploitation a été épargnée à l’étranger, il n’y a guère d’informations sur leur véritable ampleur. Leurs estimations suggèrent qu’un montant relativement important de ces recettes (54%) ne peut être retracé. Une autre explication, qui a un rapport direct avec l’analyse présentée ici, est la question de l’efficience de l’investissement public. Gupta et al. (2011) constatent qu’ajuster le stock de capital aux fins de l’efficience de l’investissement public montrent que la prise en compte de l’efficience réduit de plus de moitié le stock de capital suggéré par l’investissement cumulé. Tabova et Baker (2011) constatent que l’investissement ne stimule pas la croissance dans les pays producteurs de pétrole de la zone CFA, en raison de l’inefficience de l’investissement, de l’absence d’institutions solides et d’une mauvaise gouvernance. Entre 2002 et 2011, le ratio investissement public/PIB du Cameroun était en moyenne de 3,5 %, comparé à 10 % dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et plus de 7 % en Afrique subsaharienne..

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