CARACTERISTIQUES DU HEROS ET DU LÂCHE

CARACTERISTIQUES DU HEROS ET DU LÂCHE

D’après l’analyse ontologico-phénoménologique que nous venons d’effectuer, nous constatons qu’il y a une certaine synonymie entre conscience, intentionnalité, réflexion, le pour-soi et la réalité-humaine. Tous ces vocables signifient une seule chose : l’homme de Sartre qui se saisit dans une perpétuelle absence, se définit par une quête incessante de lui-même, et qui n’existe qu’en nouant des relations avec les autres pour-soi comme lui et les objets du monde. Entretenir des relations avec le monde des objets signifie, exactement, observer les objets du monde et s’en servir. Dans le sens existentiel, se servir de quelque chose implique une attitude consistant à agir sur les phénomènes en vue de les utiliser ou de les transformer tout en se transformant soi-même. C’est effectivement en effectuant cette opération que la réalité-humaine découvre son existence. Conçue ainsi, l’existence n’est ni un état ni un attribut ; elle est bien une activité ou acte de l’homme agissant consciemment sur le monde. Nous nous trouvons encore une fois ici dans le réalisme sartrien lequel, situant l’homme dans le monde, le fait vivre dans un perpétuel mouvement. Ce mouvement décisif qui s’avère être une sorte d’ouverture permanente au monde, permet à l’homme d’affirmer son existence concrète. Dans la mesure où l’existentialisme sartrien est d’abord une philosophie réaliste, principalement une philosophie de la subjectivité, il est naturel que le thème de l’acte et de son rapport avec la liberté occupe une place privilégiée. L’homme n’y est pas saisi de manière abstraite à travers des concepts abstraits ; au contraire, il se révèle et se découvre à travers ses actes libres. En ce sens, il s’avère impossible d’analyser les caractéristiques du héros et du lâche sans poser le problème de l’acte libre.

l’homme qui se situe « partout où il est, à son travail, chez lui, dans la rue »1. D’ailleurs, même l’existence est étroitement liée et unie à l’action : c’est bien à mon acte personnel que je peux confirmer mon existence. C’est l’acte qui permet à l’existant particulier d’agir sur les objets. Entendons par agir, l’action de créer ou de modifier un objet. En ce sens, toute action exige de l’agissant une prise de conscience de l’acte qu’il accomplit, car créer ou modifier suppose une disposition de moyens en vue d’une fin. C’est ainsi qu’un acte est par nature intentionnel : toute action est une manifestation d’un choix originel, pensé avant d’être réalisé. Toute action, en ce sens, est pratiquement libre, puisqu’elle résulte d’un acte réfléchi à partir d’un motif bien déterminé. Existe donc celui qui agit consciemment à partir des actes libres. Or, le héros comme le lâche se manifeste au monde à partir de ses actes, puisqu’il est ce qu’il se fait. Par conséquent, l’acte est le signe de la vraie existence et de la vraie liberté. Contemporaine de l’acte libre, la liberté se confond pratiquement avec l’existence du héros et du lâche. L’unique question qu’on se poser ici à partir de cette première approche est celle-ci : si le héros et le lâche sont des existants qui apprennent leur liberté et leur existence à partir des actes qui les engagent dans le monde, qu’est-ce qui les différencie ?

détaillé ni de discuter d’une manière significative la théorie sartrienne de la liberté2 qui, à notre avis, demanderait, elle seule, une longue et minutieuse étude. En fait, toute philosophie de l’existence postule la liberté comme principe de sa réflexion. Loin d’être une notion, la liberté est synonyme de l’existence même du pour-soi, dans la mesure où il est celui qui se fait être : elle est ce projet qu’à l’homme de Sartre de réaliser son être-au-monde. Elle n’est pas un droit octroyé au héros ou au lâche ; elle est, au contraire, un fait auquel tous deux sont condamnés. Etre libre ne signifie pas authentiquement obtenir ce qu’on veut, mais se déterminer à choisir soi-même par ses actes. Définie ainsi, la liberté existe aussi bien dans le désir que dans la volonté proprement dite de l’homme pour se dépasser. D’ailleurs, le pour-soi en tant que De ce fait, la liberté telle que la conçoit Sartre ici ne peut être que la conscience ou la réflexion qui ne sont rien d’autre que le pur néant du pour-soi. Le héros et le lâche sont donc deux consciences qui s’apprennent successivement par leurs actions. Mais la lâcheté et l’héroïsme ne sont pas des états biens définis comme la maladie, la richesse ou la pauvreté ; ils ne sont pas non plus produits de l’héritage ni d’un déterminisme quelconque. Ils sont bien le résultat des actions de l’homme : la réalité-humaine ne naît pas lâche ou héros, mais elle le devient par ses actes ; car,

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