Déficience motrice et intellectuelle

Au Québec, le taux de prévalence de la déficience intellectuelle (DI) et des troubles envahissants du développement (TED) pour une population âgée de 15 ans et plus est de 3% (Fournier et al., 2014). Les causes de la déficience sont souvent d’ordre génétique ou elles sont d’origines inconnues. Elle survienne aussi lors du stade de développement embryonnaire et après la grossesse (Georges-Janet, 2002). Les facteurs environnementaux tels qu’une carence grave de stimulation ou bien un problème en cours de grossesse de malnutrition, de maladies somatiques sont considérés comme des risques potentiels (American Psychiatrie Association, 2003). Par ailleurs, l’étiologie de la déficience intellectuelle a des répercussions qui engendrent des troubles de dysfonctionnement associé tels que l’épilepsie, les troubles gastriques ou intestinaux, un ou plusieurs déficits sensoriels ou encore des troubles de comportements (Zilsjtra & Vlaskamp, 2005).

La sphère physiologique

Le système nerveux est composé du système nerveux central (SNe) et du système nerveux périphérique (SNP). La fonction du SNe est, notainment, de gérer les informations sensorielles, de coordonner les mouvements musculaires et le SNP, quant à lui, régule le fonctionnement des autres organes. Un dysfonctionnement du SNe, et ce, dès la grossesse lors du développement du cerveau, peut engendrer de la spasticité musculaire. La spasticité se définit par « un accroissement anormal du tonus musculair qui se traduit par une raideur musculaire persistante, des spasmes (contractures d’apparition soudaine) ou les deux» (Cauraugh, 2010). Lorsque cette pathologie est présente, les symptômes montrent des changements dans les tissus musculaires, cartilagineux et articulaires ainsi qu’une perte de contrôle des actions volontaires, parfois saccadées, pouvant entraîner des muscles rigides et contractés en permanence (rigidité étant souvent le terme associé). La spasticité provoque une contraction anormale de plusieurs muscles à la fois et affecte donc la coordination des membres en raison d’uri manque de synergie neuromusculaire. La spasticité et les troubles de la mobilité sont des symptômes particuliers qui sont souvent présents lors d’une paralysie cérébrale (Reid et al., 2011). L’expression de la paralysie cérébrale peut se manifester par une hémiplégie (paralysie d’un seul côté du corps), une diplégie (paralysie des membres supérieurs ou inférieurs) ou une quadriplégie (paralysie des segments corporels sous-cervicaux). Un autre syndrome qui peut être présent est le syndrome de Rett. Cette encéphalopathie neurodéveloppementale très particulière touche essentiellement les enfants de genre féminin et est caractérisée dans sa forme typique par une décélération globale du développement psychomoteur, suivie d’une perte des acquisitions cognitives et motrices survenant après une période de développement normal.

Sur le plan musculaire, les muscles spécifiques affectés principalement par les déficiences neurologiques sont les triceps suraux, les ischio-jambiers et les psoas iliaques (Mane lia & Backus, 2011). L’ amélioration de la mobilité est considérée comme étant importante pour le développement de nombreuses habiletés sociocognitive et verbale (Galdin et al., 2010). Ainsi, les éléments à considérer plus particulièrement, d’un point de vue fonctionnel, sont les amplitudes articulaires et la spasticité en lien avec le massage. De ce fait, l’impact sur les contractures musculaires, le patron de marche et le positionnement sont secondaires tout comme l’autonomie fonctionnelle mais observable par l’évaluation de changements musculo-squelettiques et d’activités nerveuses.

La sphère de l’affect 

Tel que mentionné précédemment, la stimulation tactile pratiquée très tôt s’ avère très importante pour un développement normal du nourrisson. L’enfant l’utilise comme forme primaire de communication et explore le monde de cette façon (Field, 2004). La construction de la connaissance se fait via un rapport affectif avec l’objet. L’acte d’apprendre est ce qui va transformer les connaissances en savoirs propres. Ces savoirs, appris à un niveau non verbal, semblent subsister en présence d’une atteinte cérébrale. Par exemple, les personnes présentant un trouble du syndrome autistique (TSA) possèdent une zone du cerveau où les neurones du cortex temporal et amygdaloïde sont sensibles et sélectifs aux perceptions sociales (Pelphrey et al., 2011). Ce terme est utilisé pour comprendre les dispositions psychologiques définies par des gestes, des expressions faciales et des objets. Même si les désordres liés à la communication, aux comportements répétitifs et aux intérêts restreints font partie intégrante des désordres du TSA, le mécanisme de développement du cerveau est  activé par les perceptions sociales. Conséquemment, le mode de communication non verbale, tel que le toucher, pourrait être une approche thérapeutique envisageable quand une pathologie neurologique empêche la compréhension de la communication verbale. En effet, une étude du comportement menée chez des nouveaux nés montre que le toucher mécanique induit par le massage agit comme renforcement des mouvements moteurs appris en bas âge (perez & Gewirtz, 2004). Une autre étude chez 20 enfants autistes âgés entre 3 et 6 ans a montré qu’un massage de 15 minutes par soir pendant un mois améliore le comportement et les problèmes ‘reliés au sommeil (Escalona et al., 2001).

Sur le plan tactile, les comportements des enfants présentant un handicap peuvent être difficiles à cerner, parce que ces derniers réagissent soit par une hypersensibilité (réaction forte) ou soit à l’inverse par une hyposensibilité (réaction faible) (Grandin et al., 1992). Le massage doit donc être réalisé par un massothérapeute qui devra prendre le temps d’établir un lien de confiance avec l’enfant et connaître ses réactions afin de bien les interpréter en raison d’une communication verbale souvent limitée. Le potentiel du toucher chez les enfants autistes aiderait à l’intégration scolaire et à la relaxation. Les habiletés sociales telles que le contact visuel et la communication entre enfants et adultes ont été investiguées et les parents qui utilisent le toucher ont rapporté avoir plus de facilité à communiquer avec leurs enfants (Cullen et al., 2005). Une autre étude sur les effets du massage au préscolaire chez des enfants âgés entre 4 et 6 ans et administré par du personnel formé en massothérapie, montre une amélioration au niveau de l’attention des élèves, une réduction des problèmes somatiques et une diminution des comportements agressifs mesurés par « The Child Behavior Checklist }) (Knorring et al., 2008).

Les systèmes sensori-moteur, perceptuel et représentatif sont donc en étroite interaction les uns avec les autres et réagissent bien à la massothérapie. La notion du schéma corporel, qui agit de concert avec ces systèmes, est développée particulièrement par le toucher et l’intégration des informations issues des sens et des connexions neuronales qui se forment. Le schéma corporel est autrement défini comme « une représentation plus ou moins consciente que l’individu a de son propre corps en tant qu’entité statique et dynamique: position dans l’espace, posture respective des divers segments, mouvements executés, contact avec le monde environnant» (Marchais, 1970).

Table des matières

CHAPITRE 1 INTRODUCTION
CHAPITRE II LA MASSOTHÉRAPIE
2.1 Définition
2.2 Approche en massothérapie
2.3 Techniques de massage
2.4 Défmition des manœuvres
2.5 Constats sur les connaissances actuelles
2.6 Fondements théoriques
CHAPITRE III DÉFICIENCE MOTRICE ET INTELLECTUELLE
3.1 Étiologie
3.2 La sphère physiologique
3.3 La sphère de l’affect
3.4 Effets de la massothérapie chez des sujets présentant des problèmes de
développement moteur
CHAPITRE IV PROBLÉMATIQUE ET HypOTHÈSE
CHAPITRE V ARTICLE
CHAPITRE VI. CONCLUSION GÉNÉRALE

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