Ecriture et lecture

Ecriture et lecture

Ecrire la jouissance, c’est la représenter sur la scène diégétique, par exemple dans les débordements bacchiques des personnages, ou bien dans la représentation d’un monde pulsionnel et de corps débridés. Mais la jouissance ne se réduit pas à cette seule question de la mise en scène et, donc, de son imaginarisation. Il s’agit également de prendre en compte la jouissance qu’autorise le texte, de voir comment cette jouissance s’inscrit dans la lettre même du texte et, ainsi, de voir comment un « petit morceau » de jouissance, un plus-de-jouir, peut se déposer sur nous, lecteur. Cette jouissance, c’est « l’affinité de l’art littéraire avec cette part de l’inconscient qui échappe à la C’est ainsi qu’au gré de nos pérégrinations de lecteur dans les méandres et la structure quelquefois labyrinthique de la fiction de Carter, les textes nous réservent d’heureuses surprises : ce peut être un signifiant qui essaime dans un texte en jouant sur les sonorités, ou l’inscription d’une répétition qui fait symptôme et vient gêner la vectorialité du récit, ou bien encore le trouble créé par l’équivoque ou l’homophonie. Il appartient au lecteur de se laisser traverser ou non par ces accidents de texte.  qui contraint constamment le lecteur à se déplacer, sans aucune certitude de ne pas se faire berner. Par ailleurs, l’art de la dérision est manié avec brio, de sorte que le lecteur peut être momentanément réduit à quia. Pour quiconque est habitué à soumettre un texte, la lecture de la fiction cartérienne peut être un joyeux entraînement à lâcher prise. par exemple, écrire sur la différence sexuelle mise en acte à travers des personnages de travesti et de transsexuel, c’est être confronté à une impossibilité à nommer le personnage de façon stable et définitive. Ainsi, le lecteur fait l’expérience d’une étrange division qui est le résultat d’une défaillance du langage à tout dire et tout écrire. D’autre part, au détour d’une hésitation sur le genre grammatical d’un élément de la phrase, le crayon ou les doigts sur le clavier « trébuchent », hésitent, et se perdent dans l’inscription du féminin ou du masculin.

. Nous remarquerons également que la fiction d’Angela Carter apparaît fréquemment dans les programmes de littérature des Universités britanniques dans le cadre des « women’s studies ». Il est probable qu’une anthologie de la littérature féministe la ferait figurer en bonne place. . Par ailleurs, certaines lectures des œuvres de Carter se concentrent principalement sur un point de vue féministe, en ce sens qu’elles tendent à mettre en lumière la façon dont sa fiction met en scène des relations et des luttes au cœur  Par exemple, Lorna Sage considère PNE comme « an allegory of the painful process by which the 1970s women’s movement had had to carve out its own identity from the unisex mould of 1960s radical politics » (Angela Carter, Plymouth: Northcote House, 1994, p. 35). Ou bien encore, Patricia Duncker affirme, à propos de The Bloody Chamber : « [it] carries an uncompromisingly feminist message » (« Re-Imagining the Fairy Tales: Angela Carter’s Bloody Chambers », Literature and History X/1 (Spring 1984), p. 12). Brooks Landon a vu dans la fiction de Carter « an attempt to construct a feminist mythology » (« Eve at the End of the World: Sexuality and the Reversal of Expectations in Novels by J Russ, A. Carter, and T. Berger. » In Erotic Universe: Sexuality and Fantastic Literature, Donald Palumbo ed., Connecticut, Greenwood Press, 1986, p. 70). De tels exemples sont The Women’s Movement has been of immense importance to me personnally and I would regard myself as a feminist writer, because I’m a feminist in everything else and one can’t compartmentalise these things in one’s life. […] I can date to that time and to some of those debates and to that sense of heightened awareness of the society around in the summer of 1968, my own questioning of the nature of my reality as a woman. How that social fiction of my Pour la notion de « gender », nous renvoyons au point de vue féministe de Sally Robinson : « Any subject […] is marked by gender, race, class, and other cultural differences. The mechanisms of that marking are the means by which one becomes a woman […]. Gender, thus, can be conceived as a system of meaning, rather than a quality « owned » by individuals » (Engendering the Subject, Albany, State University of New York Press, 1991, p. 1). Elle précise son point de vue en faisant référence à Judith Butler : « Gender is a “doing” rather than a “being” « 

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