EVALUATION DES PERTES DIRECTES ET INDIRECTES DE L’EPIZOOTIE DE FIEVRE

EVALUATION DES PERTES DIRECTES ET INDIRECTES DE L’EPIZOOTIE DE FIEVRE

Importance 

 Importance médicale et hygiénique 

Sur le plan médical, la FVR est une infection grave d’évolution rapide et mortelle en moins de 36 heures chez les agneaux. Chez l’animal, la maladie entraîne une mortalité chez les jeunes et un taux d’avortements élevé. Les pertes conséquentes à la FVR peuvent atteindre 70% dans le cheptel (DAVIES et MARTIN, 2003). Sur le plan hygiénique il s’agit d’une zoonose majeure. En effet lors des poussées épizootiques en Egypte en 1977-78, il y a eu un million de personnes touchées, 2000 cas cliniques dont 600 fatals(LEFEVRE, 1997). Chez l’homme la contagiosité de la maladie est très élevée. En effet tout chercheur non vacciné s’occupant de la FVR est certain de la contracter quelles que soient les précautions prises, ce qui en fait une zoonose professionnelle (LEFEVRE, 1997). 

 Importance économique

 L’importance économique de la FVR relève de la très forte mortalité des jeunes animaux et du taux d’avortement important chez les femelles gestantes sans négliger la diminution voire la perte totale de la production de lait chez les femelles en lactation. Lorsqu’une épizootie se déclare, en plus de l’impact direct pour la santé publique et animale, un fort impact socio-économique se ressent dans les pays touchés. En effet, en causant des pertes directes et indirectes, elle est susceptible de mettre en danger la sécurité alimentaire des zones rurales touchées. Après l’épizootie de 2007 au Kenya, une étude a montré que les pertes économiques engendrées s’élèvent à 32 millions de dollars (RICH et WANYOIKE, 2010). Les pertes les plus importantes se font ressentir par les producteurs de lait, à cause du nombre important d’avortements. Il y a aussi des pertes pour les commerçants et les bouchers liées au taux de mortalité élevé. Certains abattoirs ont même été contraints de cesser leur activité. De plus, en raison d’une forte diminution de la demande, le prix de la viande rouge diminue de manière drastique, ce qui affecte sérieusement les marchés internes et externes. En outre, les produits animaux contaminés sont interdits à l’exportation. Les pertes s’expriment donc aussi bien au niveau national qu’international (RICH et WANYOIKE, 2010). 

Répartition géographique et épidémiologie 

La fièvre de la vallée du Rift est une arbovirose zoonotique qui touche les ruminants principalement, et l’Homme occasionnellement. Elle a été identifiée pour la première fois au Kenya, en 1930 (DAUBNEY et al., 1931). Depuis, le virus a été identifié dans une trentaine de pays causant des épidémies et épizooties périodiques (BIRD et al., 2009). La maladie a été diagnostiquée pour la première fois en dehors du continent africain en 2000, dans la péninsule arabique. Les premiers cas humains ont été diagnostiqués en 1976 au Soudan et en Egypte (BIRD et al., 2009). Actuellement, la fièvre de la vallée du Rift est enzootique en Afrique subsaharienne, émergente en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique et à fort potentiel d’émergence en Europe, en Asie et en Amérique. Elle est inscrite sur la liste A des maladies à déclaration obligatoire par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE, 2014). La fièvre de la vallée du Rift a été identifiée pour la première fois au Sénégal en 1987 (MINEL, 2007). Des foyers avaient été déclarés en 1986 dans le sud de la Mauritanie. Depuis cette période, plusieurs épizooties se sont succédées; les plus marquantes ayant eu lieu en 1995, 1999, 2003 (DIREL, 2007) et 2013(DIREL, 2013 cité par MOISSON et PETERMANN, (2014). L’épizootie de 2013 a fait l’objet d’une déclaration à l’OIE. Le rapport final déclarant la fin de l’épizootie a été publié le 20/05/2014. 

Espèces affectées 

De nombreuses espèces animales sont touchées par le virus de la fièvre de la vallée du Rift, mais avec une réceptivité et une sensibilité qui varient en fonction de l’espèce et de l’âge de l’animal. La maladie affecte les mammifères, principalement les ruminants, domestiques et sauvages (OLIVE et al., 2012)  mais peut également toucher l’Homme en cas de pic épizootique. L’épidémie de 2010 en Mauritanie a démontré que les dromadaires, en plus des séroconversions, pouvaient mourir de la maladie (EL MAMY et al., 2011). Il semble que les moutons soient plus sensibles que les bovins ou les chameaux. 

 Mode de transmission

 Le virus se propage chez les animaux par l’intermédiaire de piqûres de moustiques infectés. Plusieurs genres de moustiques peuvent jouer le rôle de vecteurs : Culex, Aedes, Anopheles, Mansonia, et aussi des mouches hématophages (simulies), des culicoïdes, des tiques du genre Ripicephalus de façon occasionnelle. En Afrique de l’Ouest notamment au Sénégal, les principaux vecteurs appartiennent aux genres Aedes (Ae. vexans) et Culex (Cx. poicilipes) (FONTENILLE et al., 1998 ; DIALLO et al., 2000). Les Aedes sont capables de transmission trans-ovarienne (PEPIN et al., 2010), ce qui permet au virus de se maintenir durablement dans la nature, les œufs pouvant survivre plusieurs années dans des conditions de sécheresse. Les moustiques du genre Culex apparaissent tardivement au cours de la saison des pluies et assurent souvent l’amplification de la maladie (MONDET et al., 2005). En cas de forte densité vectorielle, et si le virus et les hôtes sensibles sont également présents, le nombre de cas augmente. Une épizootie de FVR se manifeste d’abord, en général, par une vague d’avortements dans le bétail, signe annonciateur de l’épidémie. Elle s’étend d’abord chez les animaux et touche l’homme secondairement. La contamination se produit chez l’homme par contact avec le sang, les sécrétions, le lait cru ou la viande d’animaux infestés. Le virus pénètre chez l’homme par inoculation (blessure avec un couteau souillé), par inhalation (contamination de laboratoire) ou par ingestion (lait ou viande crus). On n’a jamais observé de transmission interhumaine directe du virus. Dans certaines régions, un cycle enzootique est observé. Il est dû à la persistance de vecteurs biologiques de la maladie dans certaines zones.

Diagnostic

Diagnostic virologique

Les différentes méthodes disponibles pour le diagnostic de la FVR sont l’isolement viral, l’immuno-diffusion en gélose Agar (AGID), l’immunochimie et l’histopathologie, l’Elisa des Ag de capture ou la RT-PCR développée il y a quelques années (OIE, 2008). L’isolation virale est un test très sensible et très spécifique mais nécessite des prélèvements lors de la phase virémique. Son exécution demande donc de grandes précautions de biosécurité. La RT-PCR permet un diagnostic précoce de la maladie avec une bonne sensibilité et une bonne spécificité (OIE, 2008 ; PEPIN et al., 2010).

Diagnostic sérologique

La séroneutralisation est une technique très spécifique qui peut être utilisée pour plusieurs espèces mais c’est une technique longue, fastidieuse et qui nécessite la manipulation de virus actifs donc de fortes conditions de biosécurité (OIE, 2008). Les autres techniques d’analyse sérologique sont l’ELISA, l’inhibition par hémagglutination et le test de fixation du complément. L’ELISA est un test facile d’utilisation et permet l’obtention rapide des résultats (CETRE-SOSSAH et al., 2009). 

Traitement

 La fièvre de la vallée du rift étant une maladie virale, chez l’animal comme chez l’homme, il n’existe pas de traitement spécifique contre cette maladie. Des traitements antirétroviraux ont été testés et font preuve d’une certaine efficacité, lorsqu’ils sont administrés très précocement lors d’infections expérimentales (BIRD et al., 2009).

Moyens de lutte et de contrôle de la maladie au Sénégal

Au Sénégal, un programme de surveillance de l’activité du virus de la fièvre de la vallée du Rift (FVR) comportant un suivi clinique et un suivi sérologique de troupeaux sentinelles vivant dans les zones à risque (vallées du fleuve et du Ferlo) a été mis en œuvre dès la fin de l’épizootie de 1987 par la Direction de l’élevage et l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) (http://www.fao.org/docrep/005/ac818f/ac818f02.htm).On peut prévenir les flambées de FVR chez l’animal avec un programme durable de vaccination. Des vaccins à virus atténué, inactivé ou tué ont été mis au point pour l’usage vétérinaire. Le vaccin à virus vivant atténué possède un pouvoir pathogène résiduel et présente un risque lors de son utilisation (SHOPE et al., 1982). Deux types de vaccins ont été testés par ORESHKOVA et al. (2013) sur des agneaux. Dans les deux cas, une seule injection suffit. Un essai en station expérimentale a été mené par VON TEICHMAN et al. (2011) sur des veaux. Ils ont testé les vaccins à virus atténués Clone 13 et Smithburn. Les limitations ou l’interdiction des déplacements des animaux d’élevage peuvent être efficaces pour ralentir l’extension du virus d’une zone infectée à des zones indemnes.  

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: la fièvre de la vallée du Rift dans le monde et au Sénégal et l’impact socioéconomique des maladies animales
CHAPITRE 1 : la fièvre de la vallée du Rift dans le monde et au Sénégal
1.1. Définition
1.2. Importance
1.2.1 Importance médicale et hygiénique
1.2.2 Importance économique
1.3. Répartition géographique et épidémiologie
1.3.1 Espèces affectées
1.3.2 Mode de transmission
1.4. Diagnostic
1.5. Traitement
1.6. Moyens de lutte et de contrôle de la maladie au Sénégal
CHAPITRE 2 : Evaluation de l’impact économique des maladies animales
2.1. Approche économique des maladies animales
2.2. Estimation du coût d’une maladie animale
2.2.1 Approche micro-économique
2.2.1.1 Les coûts directs
2.2.1.2 Les coûts indirect
2.2.2 Approche macro-économique
DEUXIEME PARTIE : Evaluation des pertes économiques directes et indirectes de l’épizootie de FVR de 2013 au Sénégal
CHAPITRE 1 : Méthodes de recherche
1.1. ZONES D’ETUDE ET POPULATION CIBLE
1.1.1 Présentation de la zone des Niayes
1.2. Déroulement des enquêtes et support
1.2.1 Enquête rétrospective
1.2.1.1 Phase de pré-enquête
1.2.1.2 Echantillonnage
1.2.1.3 Phase d’enquête formelle
1.3. Analyse et traitement des données
1.3.1 Coûts directs
1.3.1.1 Coûts directs liés à la mortalité
1.3.1.2 Coûts directs liés à la morbidité
1.3.1.3 Coût de contrôle de la maladie
a) Le coût du diagnostic
b) Le coût du traitement et de la prophylaxie
c) Coût de la coordination
1.3.2 Coûts indirects
1.3.3 Estimation de l’impact économique
1.3.4 Analyse coûts-avantages
Chapitre 2 : Résultats, discussion et recommandations
2.1. Résultats
2.1.1 Résultats de l’enquête rétrospective
2.1.1.1 Indices de santé épidémiologiques
2.1.1.2 Evaluation économique
2.1.1.2.1 Estimation des coûts directs
2.1.1.2.1.1 Calcul des pertes dues à la mortalité
2.1.1.2.1.2 Calcul des pertes dues à la morbidité
a) Calcul des pertes dues aux avortements
b) Calcul des pertes dues à la chute de production lactée
c) Pertes malgré la lutte entreprise par les fermes
2.1.1.2.1.3 Coût de la lutte
a) Le coût du diagnostic
b) Calcul des pertes dues au traitement et à la prophylaxie
c) Coût de la coordination (cc)
2.1.1.2.2 Coûts indirects
2.1.1.3 Coût de la maladie et Analyse coût-avantage
2.2. Discussion et recommandations
2.2.1 Méthodologie
2.2.2 Enquête rétrospective
2.2.2.1 Epidémiologie et Indices de santé
2.2.2.2 Analyse de l’importance économique de la FVR
a) Analyse des pertes enregistrées par les producteurs
b) Analyse des pertes enregistrées par les femmes
c) Analyse de l’effet zoonotique de la maladie
d) Analyse du ratio bénéfice/coût
2.2.3 Recommandations
Conclusion
Références bibliographiques

 

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