Finance comportementale

Finance comportementale

Délimitation du champ de la recherche

Afin de clarifier la problématique, nous apportons des précisons sur l’objet du choix avant de circonscrire le champ de cette recherche. 

Un choix contextuel

Selon Mangot (2013), les premiers développements du champ de la finance comportementale ont permis de mettre au jour les limites des postulats de l’économie néoclassique qui prévalaient jusqu’alors en finance. L’hypothèse de rationalité des individus a été confrontée à la réalité empirique des comportements, ce qui a donné naissance aux biais, aux heuristiques aux préférences subjectives et aux effets de contexte. Ces deniers traduisent la sensibilité des préférences à différents effets : effet de présentation ou cadrage, environnement social (normes sociales, biais moutonnier…), états internes (humeurs, émotions…) etc. Schmidt (2010) explique que les écarts constatés entre les modèles logiques économique et les modèles comportementaux provient de l’hypothèse d’invariance qui pose que les solutions d’un problème de choix rationnel ne dépendent pas de la manière selon laquelle le choix est présenté. Il en résulte que le décideur et l’observateur du décideur n’ont pas à être distingués. Or, si cela est exact face à une situation de pure logique (choix entre plusieurs options assorties d’une distribution de probabilité ou loterie), cela ne l’est plus pour une analyse comportementale. Dans ce cas, le décideur fait face à une situation de choix qui peut contenir un enjeu direct qui n’existe que pour lui et pas pour l’observateur, cet enjeu peut être de nature affective (plaisir espéré, peine redouté…) ou cognitive et fonction des représentations subjectives induites par le contexte, ce dernier peut se définir de façon un peu vague comme « tout ce qui enveloppe la situation du choix ». Par son objectif, cette recherche fait de l’incidence du contexte sur la décision l’élément central étudié ce qui l’oppose à l’approche qui prévaut en économie, notamment dans les théories de la décision et des jeux où une décontextualisation totale permet de se focaliser sur une approche rationnelle des décisions et constitue en sus, le gage d’une plus grande validité externe des résultats (Petit, 2013). 

Un choix de deuxième ordre

Nous nous situons dans le cadre d’un investissement financier réalisé par un investisseur individuel. Nous définissons le choix d’ordre 1 (ou choix de premier ordre) comme celui qui consiste à sélectionner une classe d’actif plutôt qu’une autre (par exemple action, obligation, livret, equity crowdfunding …) Nous définissons le choix d’ordre 2 (ou choix de deuxième ordre) comme celui qui consiste à sélectionner un actif spécifique dans la classe d’actif préalablement choisie par le choix d’ordre 1. Le choix d’ordre 2 correspond par exemple au code Isin d’un instrument financier sur les marchés ou à la dénomination sociale de l’entreprise sur une plateforme d’equity crowdfunding. Dans notre cas, nous faisons le choix de pas nous appuyer sur théorie psychanalytique le choix d’ordre 1 est celui de l’equity crowdfunding, aussi le ‘choix’ auquel il est fait référence dans les questions centrales et secondaires est un choix de deuxième ordre consistant à choisir un projet parmi d’autres sur une plateforme d’equity crowdfunding. D’après la théorie positive du portefeuille ou théorie du portefeuille comportemental de Shefrin et Statman (2000), les investisseurs individuels tiennent une comptabilité mentale pour construire un portefeuille en couches superposées formant une pyramide orientée des investissements les moins risqués (la base) vers les investissements les plus risqués (le sommet). Chaque couche ou compartiment représente une classe d’actif qui est fonction d’un objectif de placement (objectif de sécurité, objectif de revenu, objectif de croissance et objectif de richesse). Or selon Fenouillet (2016), un objectif (ou finalité) est la cible vers laquelle est dirigée une motivation. Ces éléments nous permettent de préciser que le choix d’ordre 1 est lié aux objectifs de l’investisseur, eux même associés à ses motivations. La littérature sur l’equity crowdfunding nous indique que les motivations des sponsors du crowdfunding sont multiples et mixtes (intrinsèques et extrinsèques), aussi les objectifs associés peuvent être décorrélés du couple rendement / risque, nous ne nous limitons donc pas aux quatre objectifs de la pyramide de Shefrin et Statman.  Figure 1.1 : Représentation graphique de l’objet de recherche Légende ECF = equity crowdfunding M1 est le n-uplet des motivations de l’investisseur pour son choix d’ordre 1 O1 est le n-uplet des objectifs associés à la motivation M1 Chaque composante de O1 est associé à une composante de même rang (i) dans M1 : mi ~> oi D2 est l’ensemble des déterminants du choix de deuxième ordre, ceux-ci sont de nature affective et cognitive, ils sont également contextuels, c’est à dire liés aux caractéristiques du projet en cours d’évaluation. Ces déterminants recouvrent certaines motivations du choix d’ordre 1 qui perdurent durant cette seconde phase (Intersection M1 et D2). Comme nous l’avons déjà indiqué, les motivations de 1er ordre devraient persister au moment du choix de deuxième ordre, c’est pourquoi M1 apparaît dans la zone CHOIXD’ORDRE 2. Finalement, cette recherche est centrée sur D2, le n-uplet des déterminants contextuels23 affectifs et cognitifs du choix d’un investisseur individuel entre plusieurs projets d’equity crowdfunding disponibles sur une plateforme.

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